Frédéric Bey a écrit:
Pour les combats antiques, je crois en effet que rien de mieux que GBoH n'a jamais été trouvé. Même les analyses et le système de simulation de Sabin n'arrive pas à d'aussi bon résultats.
Sur quel plan ?
En fait j'ai boudé GBOH précisément parce que sa représentation de la guerre antique est inexacte. Attention, ce n'est pas que Berg s'est fourvoyé, du tout. Sa reproduction des caractéristiques propres aux différents types de troupes et des avantages relatifs des différentes armées est excellente. Pour les affrontements localisés (ex: une ligne de phalangites contre une ligne de légionnaires), c'est très bien. Mais dès que l'on passe à la bataille dans sa globalité, cela ne marche tout simplement plus. On ne retrouve pas dans le récit d'une bataille à GBOH quelque chose de conforme à ce que les historiens savent des batailles antiques, tout simplement parce que le système de GBOH est faussé par la perfection même de ses détails. Pour corrigé cela, à savoir l'impossibilité du système à reproduire le cours normal d'une bataille, GBOH doit donc recourir à des correctifs qui ne sont plus historique: système de momentum (quoiqu'on en dise, il ne reproduit pas l'action réel d'un chef sur la bataille), règles spécifiques à chaque bataille.
Si l'on prend Cannes, GBOH ne peut simuler cette bataille que par des règles spécifiques qui orientent la bataille vers le résultat attendu.
La force de Lost Battles, c'est d'arriver au même résultat sans règle spécifique, par l'inertie même du système, ce qui est le propre de ce que l'on peut attendre d'une simulation.
Le système de Berg est excellent si l'on veut disserter sur les forces et les faiblesses respectives de la légion et de la phalange, mais pas pour comprendre la guerre antique dans sa globalité. Lost Battles nous permet par contre d'étudier ces questions: pourquoi tel choix, pourquoi telle stratégie ?
Ce que j'aime beaucoup dans Lost Battles, c'est que ce système reproduit quelque chose de rare: l'inertie propre à la guerre ancienne. Une fois les armées élancées, un processus s'enclenche et seuls les grands généraux peuvent encore avoir un impact important sur son cours. Le placement, la phase d'approche est donc essentielle: c'est quelque chose de quasi inexistant à GBOH, mais au coeur de Lost Battles. Dans ce dernier système, le cours des évènements est fluide: la bataille se déroule dans sa globalité, quelques soient les stratégies des joueurs. A GBOH, il se passe quelque chose là où les joueurs le décident: on peut passer d'un choc violent à la totale passivité, comme si les combattants étaient en liaison permanente avec le cerveau de leurs commandants. Ce résultat m'a beaucoup frustré: GBOH ne tenait pas sa promesse de départ, à savoir une simulation juste de la guerre antique.