Oui, c'est vrai que je ne me suis pas présenté. Je suis (jeune) enseignant en histoire-géo à Reims, wargamer occasionnel, et j'ai donc l'habitude de traîner sur lestafette ou strategikon... Je m'étais jusque-là contenté de lire, mais ce sujet m'intéresse fortement et provoque (à juste titre) des réactions plus fortes que d'autres...
J'ai lu la plupart des auteurs qui ne rencontrent pas ton assentiment
et (trop?) peu de leurs détracteurs. J'ai le sentiment que la plupart ne cherchent qu'à disculper l'Etat, au nom de leur patriotisme outragé (ce que je ne comprends d'ailleurs pas, car pour ma part, je ne crois pas à la fiction selon laquelle les intérêts et la volonté de l'Etat sont les intérêts et la volonté du peuple français ; je ne me sens donc pas personnellement visé quand on critique l'action de mon pays en tant qu'Etat).
Pour l'attentat, je tenais juste à dire que son importance est dérisoire au regard de la préparation matérielle (ex : listes d'opposants...) et morale (ex : propagande ethniste pour le moins carabinée...) du génocide les mois précédents. Mettre l'accent sur cet épisode (à l'instar de ce qu'a fait le juge Bruguière) revient à brouiller insidieusement la question des responsabilités et à ramener le tout à une "énième boucherie interethnique africaine" (comme le fait de mettre un "s" à génocide, à la manière des partisans du Hutu Power, ce que seuls des hommes politiques/journalistes/historiens français font à ma connaissance? encore une fois, cela ne revient pas à minimiser ou a fortiori à nier les massacres commis par le FPR, mais la distinction entre massacres et génocide n'est pas qu'une vaine question de sémantique).
S'agissant du rôle des FAR au Zaïre (et au Congo-Brazza si ma mémoire est bonne), je n'ai plus la référence exacte (probablement Verschave), mais j'imagine mal en effet l'Etat français ne pas essayer de tirer parti des restes de l'outil militaire qu'il avait grandement contribué à forger... L'opération Turquoise a d'ailleurs permis (effet d'aubaine dirons certains...) de préserver en partie cet outil.
S'agissant de la remarque de Johann, il est évident que la "version officielle" de Kagame l'a beaucoup servi dans la région... tout comme il me paraît évident que la "version officielle" de l'Etat français (le primat des préoccupations humanitaires dans la politique française au Rwanda) n'est contestée que par une très faible minorité de citoyens en France.
Enfin, s'agissant de la question de la diffamation, il me semble qu'en l'occurence c'est surtout l'Etat français et certaines de ses personnalités et/ou institutions qui sont l'objet des critiques. Ce sont donc eux les plus susceptibles d'attaquer en diffamation. Et étant donné la gravité des accusations, j'imagine mal un tribunal ne pas condamner les auteurs en question si leurs travaux sont si peu étayés que cela...
A l'inverse, je ne vois pas bien quel intérêt Verschave et consorts pourraient avoir à attaquer en justice Péan ou tel ou tel général, si tant est qu'ils auraient envie de consacrer une partie de leurs moyens (que j'imagine moins importants que ceux de l'Etat français) à cela...