Je vais laisser le mot de la fin, s’il y en a une, à d’autres.
Bon, soyons clair, le fond du problème n’est pas le rôle de l’armée française mais le génocide des tutsi – 800 000 victimes, peut-être plus, Ternon citant Prunier p. 334, dont 10 000 à 30 000 hutu, des « bavures » ou des personnes hostiles au « Hutu Power », ceci pour Thucydide.
BH qui prétend avoir beaucoup lu, bien plus que moi en tout cas, n’en a retiré que des « convictions pas des certitudes » et bien non. Car il n’accepte que les arguments des négationnistes, et encore, sans toujours le reconnaître. Il me reproche de ne pas lire ses bons auteurs jusqu’au bout. Ais-je tort, oui, bien sûr, ils peuvent être par ailleurs, très pertinents, mais je n’ai pas de temps à leur consacrer. Je n’ai pas non plus lu Faurisson – pas tout à fait vrai en plus … - Rassinier, Garaudy. Le « point Godwin » a déjà été évoqué et nous sommes fondamentalement dans la même démarche, le « politiquement correct » vs "les auteurs qui n’hésitent pas à remettre en cause la propagande dominante et qu’il faut donc lire" - la formule est personnelle.
J’ai dit négationnistes, oui, car Péan et Lugan ont cette démarche. Et Tauzin les suit. S. Smith, est plus « modéré » voire confus.
En effet, des zones d’ombre subsistent dans le fil des événements et l’attentat vs l’avion en est la plus brillante illustration. C’est l’angle d’attaque, avec un avantage, une organisation guère sympathique, le FPR « tutsi ». Et si le FPR détruit l’avion, ce qui provoque le génocide (Lugan cf son blog, Péan), le rôle de la France et de son armée n’est pas critiquable.
Evidemment, si le FPR détruit l’avion, provoquant le génocide, il est capable de pire encore, d’où l’argument, « mineur » selon BH, de la milice à l’avant-garde du génocide commandée et infiltrée par des Tutsi (Lugan, cf son blog). Nous sommes là dans la pensée complotiste qu'on trouve aussi chez Péan. J’ai du mal à croire que M. Tauzin ai pu arrêter un FPR aussi machiavélique, qui donnerait des leçons au Mossad, au Smersh et à la CIA, avec 69 paras en 1993 – cf son interview au Point … En passant, je ne "cherchais" pas ce type d'argument mais il m'a choqué, oui.
Penser qu’un attentat, aussi brutal soit-il, puisse provoquer un acte aussi difficile à organiser qu’un génocide c’est évidemment aussi ne pas connaître la nature de ce crime. C’est peut-être parce qu’il n’y a pas eu de génocide CQFD. Et le rôle de la France est alors remarquable car son intervention ne peut-être que strictement humanitaire. Sinon, le choléra fait 30 000 victimes dans les camps au Zaïre – Ternon p. 353-354. En 1995, 750 000 des 1, 7 M de réfugiés sont rentrés – Ternon p. 362. Ces deux précisions sont pour Thucydide.
Enfin, le FPR, devenu l’APR, a massacré des « hutu » avant, pendant et après le génocide. Ses massacres n’ont pas l’ampleur du génocide de 1994 – enfin, selon Ternon entre autres - mais sont bien utiles à la démonstration négationniste, surtout en 1997, quand la guerre civile gagne le Zaïre – je remarque au passage que d’aucun charge uniquement le FPR/APR pour ces crimes quand, pour le Rwanda, quand on parle du génocide et des crimes « hutu », d’aucun évoquent aussitôt le FPR. Donc, si le FPR massacre en 1997, pourquoi pas autant, voire plus en 1994. Selon Smith, 220 000 « hutu » périssent en 1997. Il sous-entend « par la main du FPR » mais sa démonstration est floue p.127-128 « Négrologie », pour Thucydide.
Pourquoi défendre ces thèses ? Zapata a présenté Péan sous un jour peu flatteur, Lugan, je ne sais pas, je ne comprends ni son "raisonnement", ni sa "pensée". Tauzin, évidemment, défend son « pré carré ».
Il ne suffit pas de présenter une liste de lecture pour prétendre connaître un sujet. Encore faut-il savoir qui en sont les auteurs et donner du crédit à et accepter leurs théories. Leur bagage & bibliographie personnelle ne suffit pas à en faire des porteurs de vérité, surtout quand leur « vérité » est une insulte à la raison. Jouer ensuite de l'ironie et traiter les autres de "militant", bof...
Je remercie les personnes avec lesquelles j’ai échangé, du côté « politiquement correct » et d’autres plus « sceptiques », tel superben.