Bien sûr Furet, comme on l'a dit plus haut. Qu'il ait été coco ou non n'a aucune importance. Qui ne l'a été à un moment donné dans les intellectuels de sa génération ? Le serait-il resté que ceci ne permettrait pas de disqualifier l'historien, incontestable.
Mais je voudrais aussi te faire un "cadeau" en te recommandant à tout prix une série de livres qui me sont chers: la série Les hommes de la Liberté de Claude Manceron. A moins que réédité entretemps, c'était malheureusement pour la plupart des tomes épuisé ou difficile à trouver voici 8 ans quand je l'ai dévoré, faudra chercher un peu chez les bouquinistes ou sur le web. Et puis c'est un travail colossal mais inachevé, Claude Manceron est mort avant d'avoir pu mener à bien son projet ahurissant. Les 5 tomes parus ne couvrent que 1778-1789 ! Mais alors là, quel bonheur de lecture ! C'est sûr, c'est peut-être de l'histoire de papa, centrée sur les acteurs. Mais quel "roman", quelle merveilleuse capacité à faire vivre sous nos yeux les personnages qui allaient faire la révolution... Une fresque formidable, avec le tempérament de Manceron (sacré bonhomme !) qui ne cache pas ses sympathies et détestations (quel plaisir de le voir dépeindre Marat !). Attention: si tu ouvres le premier tome, tu ne t'arrêtes plus.
Le silence dans lequel est tombé Manceron est vraiment injuste: le bonhomme était attachant, courageux (frappé par la polio dans son enfance), talentueux. Son idole était Michelet. Bien sûr, c'était sans doute décalé par rapport aux modes de l'époque, trop lyrique. Ce fut édité par Laffont et pas par Tallandier. Mais pourquoi ne pourrait-on pas apprtécier à la fois Furet et Manceron? Qu'il n'ait pas pu mener son projet à terme est, d'un strict point de vue égoïste, une tragédie pour le lecteur. Ce qu'il a pu écrire est déjà lumineux. Encore une fois, une pure jubilation de lecteur.