From "Le général Souham - Sur tous les champs de bataille de la Révolution et de l’Empire - Par Gérard Souham
Édition Stock ( 19 février 1990 ) ISBN 2-234-022320
"Souham établit son quartier général à Pancorbo et rassemble quarante mille hommes de là jusqu'à Mirada. Dès le 13 octobre, ses avant-gardes poussent des reconnaissances jusqu'à Monasterio où se trouvent les défenses avancées de Wellington. Le 15, les régiments les plus éloignés sont mis en route; le 18, les trois divisions d'avant-garde sous le commandement d'un compatriote, Maucune, occupent Monasterio, à moins de vingt kilomètres de Burgos. Deux jours plus tard, comme le rapporte le colonel Béchaud, « les huit divisions de l'armée du Portugal, jointes par huit à neuf cents fantassins de celle du Nord, arrivent par une marche en différentes directions à la hauteur de Monasterio, avec la cavalerie des deux armées, l'artillerie marchant avec les divisions auxquelles elle est attachée ».
Wellington, sans doute impressionné par cette martiale ordonnance, profite de la nuit du 21 au 22 pour quitter subrepticement ses lignes et lever le siège de Burgos; Souham pénètre dans la ville le 22 octobre, avant midi: « Délivrants et délivrés, rapporte Béchaud, tous étaient dans une gaieté, dans un épanchement de cœur soldatesque, qui offrait le coup d'œil le plus agréable, le plus fait pour exciter la sensibilité des militaires de tous grades et leur retremper l'âme... »
Le 23, Souham en personne entraîne toute la cavalerie de l'armée à la poursuite de Wellington, dont il sabre allégrement l'arrière-garde malgré la présence effective du général anglais, qui ne peut que prendre la fuite. Le soir même, l'armée campe à Villadrigo, au sud-ouest de Burgos, après avoir parcouru plus de quarante-cinq kilomètres. Le 24, talonnant l'armée fugitive, Souham chasse les ennemis de Quintana del Puent et de Majaz, où il s'établit. La poursuite continue le 25; les Anglais, après avoir franchi le Carrion, font sauter le pont et se massent sur les hauteurs de Villa Muriel. Souham, qui espère pouvoir en finir, partage ses troupes en deux corps: l'aile droite s'empare de Valence, gagnant un passage du Carrion; l'aile gauche se poste en face de Villa Muriel. Mais Wellington profite encore de la nuit pour s'esquiver.
Le 26, à l'aube, Souham rassemble ses troupes et reprend la route de Valladolid. Les jours suivants, les deux armées se suivent de part et d'autre du Duero, Wellington faisant sauter les ponts l'un après l'autre pour empêcher le passage des Français. Ce ralentissement des poursuites permet à l'artillerie française de rallier le gros de l'armée près de Valladolid, où Souham est accueilli triomphalement; au même moment, les Anglais sortent du côté opposé. Le 30 octobre, enfin, Souham établit son quartier général à Tordesillas. Français et Anglais sont face à face de part et d'autre du fleuve, et vont y rester jusqu'au 6 novembre. Wellington a donné ordre à Hill d'abandonner Madrid et de venir le rejoindre. À la suite de cet abandon, Joseph et Soult ont réoccupé Madrid, puis se sont mis en route vers la Tormès.
Le 7 novembre, Souham fait partir son armée en trois colonnes convergentes vers Salamanque, depuis Toro, Tordesillas et Medina del Campo. Les soixante-quinze mille hommes de Wellington et de Hill sont répartis sur deux lignes: l'une, sur la rive droite de la Tormès, couvre Salamanque; l'autre, étirée des monts Arapiles à Alba de Tormès, occupe la rive gauche du fleuve. Si Wellington semble alors accepter le combat, contraint et forcé, Souham et ses troupes sont prêts à tailler l'ennemi en pièces, et leur ardeur n'a d'égale que l'inquiétude qui règne dans le camp anglais. Wellington avouera dans ses Mémoires que c'était « the worst military sittuation I was ever in » !
..... Le 24 novembre 1812, il était rappelé en France. La gloire l'avait frôlé de près !"