santino a écrit:Pour Ilipa ( où j'ai effectivement oublié sur le coup que le centre romain était ibère ) :
1. Il est incertain de faire s'opposer des contingents ibères.
2. Pourquoi chercher la solution stupide quand on peut taper où ça fait le plus mal ? Croire que Rome ne compte que sur la supériorité de son infanterie serait dénigrer l'inventivité tactique de nombre de ses généraux, Scipion en tête. Il fallait être Varron ou Regulus pour croire que le choc frontal permettrait de nier le manque de solidité de ses flancs !
3. Scipio et ses légions ne manoeuvrent plus comme les rigides formations du début de la guerre. Nous le verrons plus bas avec Trebia ou Cannes.
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Le sens de ta question de base est : infanterie lourde contre infanterie lourde, la légion est-elle surévaluée dans SPQR ? La réponse, au vu des sources sur la période, est clairement non malgré certaines étrangetés dans la modélisation de R. Berg. Reprenons donc, avec l'histoire, le jeu, et la méthode de J. Keegan à nos côtés :
1. Bagradas 255.
L'infanterie romaine ne se remettra pas d'un choc d'éléphants suivi d'une charge de l'infanterie de Xanthippe, alors que la cavalerie punique se rabat sur ses flancs. L'usage combiné des armes, la vraie force d'une armée héllénistique, joue à plein. Sur son flanc gauche, ayant visiblement évité le poids de la charge des pachydermes, la ligne romaine se fraie un passage à travers l'infanterie lourde punique. Ces troupes mises à mal semblent être des mercenaires ( à moins que Polybe ne veuille mettre en avant la virtus des troupes civiques par rapport à des professionnels payés, mais c'est là tirer le texte sans certitudes ), que rien ne permet toutefois de traiter en infanterie moyenne gauloise comme le fait R. Berg. On voit que Griffith, Caven et Sabin en font clairement des lourds, à défaut de pouvoir prouver l'usage de sarisses. Cette victoire locale ne sauvera pas la bataille, mais on voit la capacité de la légion, du fort au fort, à faire assez rapidement ( le temps est compté avec la cavalerie punique qui se rabat ) la différence avec les lourds d'en face. Essaye la bataille avec des HI à la place des PH et MI de Berg, les mêmes manoeuvres devraient te donner le même résultat.
2. Trebia
Le centre punique ne semble pas capable, du fort au fort, d'empêcher la percée des légions et la fuite de 10 000 hommes. On remarquera deux choses intéressantes dans cette bataille. D'abord, ce sont les vélites et hastati qui assurent la percée, et non les meilleures troupes romaines ( sans doutes déjà tournées à ce stade de la bataille ). Ensuite, la légion est trop rigide encore pour profiter de cette percée et se rabattre sur les flancs adverses... pas de tribun audacieux comme à Cynéscophales, pas d'articulation souple : c'est une phalange, au sens général du terme, qui affronte alors Hannibal. Citons pour finir Sabin à ce sujet " beside being outgeneraled and finding themselves ambushed, encircled by superior cavalry, soaked, frozen, exhausted and famished, the central legions still managed to defeat formidable opponement in frontal infantry contest with only a small advantage in numbers."
Le momentum d'Hannibal dans le jeu rend généralement cette percée peu probable, mais les Puniques et leur AS peuvent souffrir comme dans la réalité si les légions viennent au contact.
3. Cannes
Cette fois la légion n'a pas eu le temps de briser le centre adverse et pour cause : Hannibal a retenu l'alerte de Trebia et formé son centre en une formation convexe capable de retarder la rupture. Par contre, nous avons ici affaire à une infanterie moyenne, qui souffre incroyablement sous la poussée ( SV a évoqué précédemment les pertes remarquables du vainqueur en cette circonstance ). Du choc des lourds, la légion étant prise en tenaille par sa contre-partie, il n'y a pas grand'chose à tirer sinon qu'une légion flanquée, comme toute autre troupe, est une légion morte. Se confirme aussi le constat que ces légions précoces ne sont pas capables de manoeuvrer - Varron n'aidant pas - pour faire face comme l'auraient fait des cohortes mariennes ou une armée scipionienne.
Même remarque ludique que pour Trebia, en plus prononcé... Cannes n'est définitivement pas la bataille la mieux adaptée au système de commandement.
4. Baecula
Hasdrubal est surpris dans son camp, son infanterie lourde, engagée "trop peu et trop tard" enfoncée malgré l'avantage de la position. La défaite est inéluctable face à un adversaire mieux commandé et qu'un terrain accidenté n'arrête pas. Les phalanges l'apprendront d'ailleurs à leurs dépends quelques années plus tard, ce que reflète très bien le scénario Cynéscophales ( la colline de trop pour la phalange... ). Quoique, dans cette bataille improvisée, l'armée macédonienne parvient à déployer ses lourds ( les romains sont surpris eux aussi de devoir se battre ) là où l'incurie du Varron punique n'y est pas parvenue.
Ludiquement, la meule est assurée pour les puniques, mais il est peut probable que les lignes de lourds se retrouvent face à face vu la souplesse tactique des Romains en cette bataille.
5. Metaurus
On ne sait rien de l'affrontement des centres, sinon que la légion est désavantagée par sa position face aux lourds puniques.
Je me demande à ce sujet pourquoi R. Berg fait passer ces derniers de PH à HI entre Baecula et Metaurus, ne s'agit-il pas des mêmes soldats passés d'Espagne en Italie ? Ici tu devras compter avec le terrain mais la HI devrait céder à terme... en même temps, il faut être fou pour ne pas taper sur les Gaulois bourrés pour en finir proprement...
6. Ilipa
Vu plus haut. On remarquera l'incapacité des lourds puniques à rompre la ligne pour aller tenter d'enfoncer les Ibères du centre romain, là où une armée légionnaire aurait probablement tenté sa chance ( l'aile de Bagradas et le centre de Trebia semblent "en l'air" au moment de leur percée, ce qui empêche d'ailleurs la bataille d'en être globalement changée ). On peut évidemment rejeter la faute sur le génial commandement punique, qui semble avoir son lot de sommités lui-aussi, mais on peut tout autant s'interroger sur la différence de momentum entre les deux types de troupes que nous comparons ( le problème étant qu'on ne sait pas grand chose de l'encadrement des troupes puniques... )
7. Zama
L'infanterie lourde d'Hannibal est en réserve. L'affrontement d'infanterie n'est pas en faveur des Puniques. Sans doute les vétérans d'Hannibal tiennent-ils la ligne jusqu'au retour de la cavalerie romaine, mais ce n'est pas spécialement un exploit : supérieure en nombre ( deux pour un toutes infanteries confondues ), confrontée aux hastatii ( les principes et triarii, la meilleure infanterie des légions donc, ont vraisemblablement pris les ailes ); fraîche face à des soldats qui ont déjà affrontés les éléphants et les deux lignes précédentes, l'infanterie lourde punique est incapable ne serait-ce que d'égaler la performance légionnaire de Trebia.
Mélange de HI et PH sur le terrain pour Berg... Sabin ne fait pas la distinction. Passer tout le monde en HI pourrait être intéressant pour voir le résultat dans la mesure où l'infanterie lourde punique, comme dans la réalité, devrait engager des hastaires ayant déjà pris des pas de cohésion.
Conclusion : rien ne permet de dire que la légion est surévaluée dans ce jeu. Elle ne craint pas les autres infanteries lourdes en face à face, sinon les piques des phalanges, seules capables de s'en sortir victorieusement du fort au fort. Comme les vrais commandeurs romains, le joueur devra toutefois compter sur bien plus que cela pour parvenir à la victoire, et s'en verra parfois privé par des handicaps mortels ( commandement, cavalerie... ).On ne gagne pas un duel simplement en brandissant l'épée la plus tranchante, même s'il ne fait pas de mal de l'avoir de son côté ^^
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