31 Juillet 1759
Région de Minden, Westphalie.
En fin de journée, Ferdinand de Brünswick, général en chef des Alliés, reçu un rapport établi à 17:00 par le Lt-général Wangenheim, commandant le corps Hanovriens détaché sur la gauche de l'armée, près de Todtenhausen : "Le Col. Lückner, sur la rive gauche de la Weser, rapporte que ses postes avancés ont entendu la "Marche" jouée dans le camps de Broglie, et vu beaucoup de poussière".
Ferdinand de Brunswick avait, lui même, déjà fait une reconnaissance.
De toutes évidences, les Français préparaient quelque chose...
Les Français allaient-ils attaquer ou allaient-ils retraiter ?
Ferdinand décida de tenir prête son armée et donna ses ordres.
L'alerte fût donnée immédiatement et les troupes se préparèrent.
Les chevaux furent sellés et bridés, l'infanterie équipée et les artilleurs harnachés.
Wangenheim fût averti qu'il devait occuper ses positions préparées (redoutes).
Les autres officiers généraux, qui commandaient les différentes colonnes de l'armée principale, devaient quant à eux s'assurer des positions qu'ils allaient devoir occuper... et des routes qu'ils allaient devoir suivre.
Tout avait cependant déjà bien été préparé : des passerelles avaient été jetées sur le ruisseau Lander. Des trouées avaient été aménagées dans les haies ou les murets et les points de passage avaient été indiqués et tracés. Rien n'avait été laissé au hasard.
La marche d'approche allait s'effectuer en 8 colonnes : sur la droite était la cavalerie de Sackville, puis les colonnes d'infanterie de Spörcken, Wutginau et Imhoff, puis la cavalerie de Holstein-Gottorp. Les 3 colonnes restantes étaient constituées d'artillerie.
L'armée devait se mettre en route à 1:00 du matin, le 1er Août.
Côté Français, certains commençaient à être contrariés, voire à s'irriter...
Le général en chef de l'armée d'Allemagne, le maréchal de Contades, venait de se faire rappeler à l'ordre par le ministre de la guerre, le duc de Belle-Isle : l'armée était inactive depuis maintenant 16 jours et ne mettait pas à profit la belle campagne opérée avec succès depuis le 20 mai.
Cette inaction commençait à coûter très cher aux finances françaises.
De plus, certains généraux Français s'impatientaient également.
Il était plus que temps pour le maréchal de Contades de donner ses ordres !
Le 31 juillet, à 18:00, Contades s'exécuta, tout en sachant que le terrain entre les marais du Grosses Tormoor et la ville de Minden était un véritable goulot d'étranglement, ponctué de villages et de bruyères hautes.
Ce terrain ne semblait pas, selon Contades, permettre le déploiement traditionnel, avec la cavalerie sur les flancs et l'infanterie au centre.
De plus, pour l'effet de surprise, l'avance de l'armée se devait d'être effectuée de nuit et rapidement.
Contades prépara donc son armée à un déploiement peu orthodoxe, sur un front étroit, et qui plus est, de nuit.
Ses ordres furent ainsi les suivants :
- La Réserve du duc de Broglie devait lever le camps à la tombée de la nuit, traverser la Weser à hauteur du pont de pierre de Minden, se diriger vers le nord et se joindre à l'artillerie et les Grenadiers de France et Royaux devant le supporter.
De Broglie devait avancer rapidement vers Todtenhausen et repousser le corps de Wangenheim afin d'exposer le flanc gauche de Ferdinand de Brunswick.
La grande rapidité de cette action était primordiale. L'attaque devait nécessairement s'effectuer à l'aube (avant 05:00) et prendre l'ennemi par surprise.
- L'armée principale devait lever le camp et se déployer sur une ligne Malbergen-Hahlen.
Le mouvement devait se faire en 7 colonnes via les ponts jetés à cet effet sur le Bastau pour arriver vers les zones de déploiement aux environs de l'aube.
Une fois l'aube commençant à poindre, les colonnes devaient se déployer en formation de bataille : l'infanterie sur les flancs à Malbergen et Hahlen et la cavalerie au centre, l'artillerie devant se placer sur les flancs afin de protéger en enfilade le front de la cavalerie.
- Entre De Broglie et la colonne d'infanterie la plus à droite, une autre colonne, commandée par le chevalier de Nicolaï, devait, au cas où, renforcer l'attaque de De Broglie.
Contades ne donna pas d'ordres pour la suite des évènements.
Ces ordres dépendront du succès de l'attaque de De Broglie et "suivant les circonstances"...
Ainsi, les deux généraux en chef donnèrent leurs ordres quasiment aux mêmes instants.
L'un pour une marche de nuit et une attaque à l'aube contre un ennemi dans une position parfaitement reconnue.
L'autre pour une marche de nuit et une attaque à l'aube contre un ennemi se déployant.
Chacun avait ses interrogations :
- De Broglie va-t-il attaquer comme planifié ? Les marches des 8 colonnes françaises vont-elles s'effectuer sans confusion et dans les temps ?
- Les ordres donnés par Ferdinand arriveront-ils à leurs destinataires et seront-ils bien pris en compte ? N'ont-ils pas été donnés trop tardivement ?
Dernière édition par Fred59 le Ven 22 Jan 2016 - 12:43, édité 1 fois