Je viens de m’acheter le bouquin. La lecture est très plaisante, j’ai déjà fini le premier chapitre dans lequel l’auteur explique que les germes de la défaite remontent au lendemain de la première guerre mondiale (c’est la théorie bien connue de « c’est la faute à Versailles »).
Clémenceau aurait perdu la paix. L’auteur utilise l’expression d’un « feu mal éteint » pour parler d’une guerre en 39-40 qui ne serait que le prolongement de la précédente. En somme, ce serait toujours la même guerre, avec dans l’intervalle une sorte de période de guerre froide de 21 ans…
La « paix de châtiment » infligée à l’Allemagne qui compromet l’avenir en suscitant l’esprit de revanche. S’ajoute à cela l’idée selon laquelle en Allemagne le sentiment dominant est que la guerre n’a pas été véritablement perdue (et donc qu'elle continue dans l'esprit national), d’ailleurs le lendemain du 11 novembre 1918, les troupes allemandes auraient défilé dans un Berlin en liesse qui fête les « soldats qui reviennent invaincus d’un combat glorieux »
Foch se serait arcbouté sur une logique purement militaire (mais peut on le lui reprocher ?) dans l’idée d’établir un cordon sanitaire en utilisant la rive gauche du Rhin entre la France et l’Allemagne. Au passage il faut souligner que la doctrine défensive qui trouvera son apogée avec la construction de la ligne Maginot et autres lignes « maginettes » est déjà conceptualisée.
La phrase prophétique de Foch : sans la rive gauche du Rhin « ce n’est pas la paix c’est un armistice de vingt ans ! » est très juste, malheureusement les autres acteurs de l’époque se placent non sur le registre militaire mais sur celui politique et diplomatique : les anglais ne veulent pas d’une nouvelle Alsace Lorraine et Wilson aux USA s’inquiète de la nervosité française sur cette question.
Bainville écrit dans son livre « les conséquences politiques de la paix », à propos du militarisme allemand : « il ne manquera que l’occasion et l’homme qui mettront ce militarisme en mouvement »...
Or, déjà juste après les troubles suscités par l'occupation de la Ruhr et les 140 morts dus aux affrontements, Hitler parlera dans Mein Kampf à propos d'un chef de commando fusillé pour sabotage et ancien de Verdun de la mort du "premier soldat du IIIème Reich"...
Quant au général Fonville, sans doute l’un des plus remontés envers l’Allemagne à l’époque : « Jamais l’Allemagne ne se soumettra pleinement aux exigences de désarmement telles que les formule le traité [de Versailles]. Elle rusera, elle camouflera et, toutes les fois qu’on voudra y regarder de plus près, on la trouvera en flagrant délit »