Avant propos.
Ceci est le début d’un compte rendu d’une partie du jeu Close Action de Clash of Arms, auquel je joue par correspondance. Cette partie a pour thème la bataille de la baie de Chesapeake, qui opposa le 5 septembre 1781 Anglais et Français. Elle se déroulera sur un an et je vous tiendrez fidèlement informé (sans pour autant dévoiler à mes valeureux adversaires rien qui puisse nuire à la stratégie de mon camp). J’ai l’honneur et l’avantage d’être en charge de la frégate la Santa Monica. J’ai réussi à trouver sur internet quelques informations concernant le bateau et son capitaine, de sorte que ce que vous lirez dans cette première contribution et globalement historique. Pour rester dans l’ambiance, j’emploie de nombreux termes de la marine à voile dont vous trouverez, pour l’essentiel la définition ici http://www.histoire-de-fregates.com/nouvellepage10.htm
Setup 15h30
Capitaine de Vaisseau John Linzee
En cette après-midi du 5 septembre 1781, le capitaine John Linzee, accoudé sur la lisse de la dunette de sa frégate, la Santa Monica (n°7), examinait avec satisfaction la ligne de bataille anglaise qui s’étendait sous ses yeux, divisée en trois escadres.
La Santa Monica était rattachée à l’escadre du contre-amiral Hood, maintenant à l’arrière garde de la ligne.
Elle se composait de l’Alfred (n°1), 74 cannons aux ordres de Bayne ; du Belliqueux (n°2),64 cannons du capitaine Brine ; de l’Invincible (n°3), 74 commandé par Saxton, du Barfleur (n°4), navire amiral de 98, portant le pavillon du contre amiral Sir Samuel Hood et commandé par le capitaine Alexander Hood ; du Monarch (n°5), 74 sous la férule du capitaine Reynolds et du Centaur (n°6) dernier bâtiment de ligne de l’escadre, 74 commandé par John Inglefield
Au centre se trouvait l’escadre du contre-amiral Graves comprenant l’America (n°, 64 ; le Resolution et le Bedford (n°9 & 10), 74 ; le London (n°11), navire amiral de 98 ; le Royal Oak et le Montagu(n°12 & 13), 74 ; l’Europe (n°14), 64 et la frégate le Richmond (n°15).
Enfin, à l’avant-garde, l’escadre du contre-amiral Drake forte de l’Adamant (n°16), 50 ; du Terrible et de l’Ajax (n°17 & 18), 74 ; du Princessa (n°19), 70 portant la marque de Drake ; de l’Alcide (n°20), 74 ; de l’Intrepid (n°21), 64 ; du Shrewsbury (n°22), 74 et des deux frégates la Fortunée et la Nymphe (n°23 & 24).
Au large, vers le sud s’étalait la ligne française en cours de déploiement.
Linzee comptait pas moins de 24 voiles dont la plupart semblaient être des vaisseaux de ligne de 3ème rang (80à 64 canons) et l’un d’eux, celui portant la marque de l’amiral de Grasse , un 1er rang (100 canons ou plus).
Le combat serait rude !
Et il n’avait aucune confiance dans les nombreux membres d’équipage que la presse avait ramassé en Ecosse, sur les îles Orcades et Shetland.
Il avait encore à l’esprit la mutinerie de juillet 1781. La Santa Monica relâchait à Antigua. Le 16 juillet au matin, alors que Linzee revenait d’une tournée à terre, il avait trouvé son équipage rassemblé sur le pont , refusant d’obéir aux objurgations du premier lieutenant, Mr Leekey. Ces criminels hurlaient qu’ils étaient prêts à se battre pour leur Roi et leur pays mais sous les ordres d’un autre capitaine ou sur un autre navire.
Linzee était connu pour être tatillon à l’excès, sans doute pour tenter de dissimuler son manque de confiance en lui. Il oscillait entre un laxisme coupable, menaçant sans sanctionner les fautes de ses subordonnés et des crises d’autoritarisme brutales.
Sur les conseils des capitaines Stanhope, Sutherland et Iggleston, il avait dû se résoudre à faire intervenir l’infanterie de marine du Santa Monica et du Pegasus.
Il espérait qu’à la vue des soldats, les mutins rentreraient dans le rang ; il n’en fut rien !
Ils se mirent à hurler de plus belle et à leur jeter tout ce qu’ils avaient sous la main.
Linzee donna l’ordre de tirer et le matelot Donovan fut tué, immédiatement les autres se rendirent.
Ils furent jugés lors d’une cour martiale se tenant sur le Barfleur, sous la présidence du contre-amiral Hood, et plusieurs meneurs furent pendus.
Depuis, la tension entre l’équipage et Linzee était palpable.
Comment se comporteraient-ils au combat ?
Pour tenter de dissiper ces sombres pensées, le capitaine se remémorait ces derniers jours.
La flotte anglaise avait été envoyée par l’Amirauté pour empêcher la flotte de l’amiral de Grasse de venir en aide aux insurgés.
Sûr de la trouver dans la baie de Chesapeake, Drake avait réussi à y arriver le premier, le 25 août, pour placer ses forces en bonne position pour barrer la route aux français.
Le 30 août, la flotte française avait été repérée doublant le Cap Henry.
Mais ce maudit Drake avait refusé d’attaquer les français alors la ligne anglaise avait vent arrière !
Et les français avaient disparu dans la baie, sans doute pour débarquer des hommes et des armes pour aider les rebelles à écraser Cornwallis dans Yorktown.
Ce matin du 5, vers 9h30, l’aspirant Dundee était venu frapper à la porte de la cabine de Linzee pour lui annoncer que la frégate la Solebay avait signalé avoir aperçu la flotte française à l’encre dans le sud-ouest.
Tandis que « les grenouilles » s’activaient dans l’étroit chenal entre le Cap Henry et le Banc Middle Ground pour se mettre en bataille en louvoyant contre le vent poussant vers la terre, la flotte anglaise était restée désespérément inactive.
Ce n’est qu’à 11h00, que Drake avait donné l’ordre de former la ligne, tribord amures, avec un intervalle de deux encablures entre les navires.
Les deux flottes étaient à contre bord, pratiquement par le travers l’une de l’autre, lorsque Drake, qui se situait alors à l’arrière garde, donna l’ordre s’approcher de l’ennemi.
Toute la ligne anglais vira, vent arrière pour se trouver sous amures bâbord, au près, soit au même bord que les français.
La Santa Monica filait toutes voiles dessus.
Elle était élancée et manœuvrait bien, même si Linzee trouvait que les hommes lambinaient aux bras.
C’était une frégate espagnole de construction récente, capturée par le Pearl en 1779, lors du siège de Gibraltar.
Elle avait été réarmée en 38 canons et envoyée dans les caraïbes pour lutter contre les briseurs de blocus et corsaires américains.
Linzee ouvrit sa montre, elle affichait 15h30.