Sturm a écrit:Eh bien, si tu as autant de doute sur ce que les historiens écrivent et racontent, je te plains...
C'est un jugement facile que de dire que TOUS ces gens ne réussissent absolument pas à se détacher d'eux-mêmes pour transcrire les faits sans laisser transpirer leur propre vécu et/ou affect. De plus, c'est bien pour corriger les erreurs d'interprétation que tel ou tel sujet est sans cesse remis sur l'ouvrage, afin de développer davantage la réflexion au vue des nouvelles sources et/ou documents. Tu oublies aussi la transdisciplinarité, volonté de plus en plus présente, pour utiliser des méthodes d'analyse provenant d'autres disciplines comme la sociologie ou l'anthropologie...
In fine, si je te suis bien, TOUS les livres d'histoire sont « engagés »/« partisans » ; alors dans ce cas-là, pourquoi s'échiner à poursuivre l'écriture et/ou la lecture de tels ouvrages si tout est biaisé d'avance ? Et pour paraphraser quelqu'un de bien connu : « On nous aurait menti ? ».
Je te trouve bien pessismiste et pour ma part, mais c'est probablemant mon côté « rousseauiste », je préfère croire à l'effort des gens qui cherchent à écrire l'Histoire telle qu'elle a été...
mais pasque justement c'est bin la l'interet. en confrontant les théories (car ce sont bien des théories) et les thèses on peut se faire une idée, qui restera de toute façon personnelle, sur une question. Mais croire que les historiens arrivent à s'extraire completement de leur vécu est une illusion. par ailleurs je n'ai pas dit qu'il sont tous partisans ou engagés, mais qu'ils sont tous influencés au minimum par le propre moi de l'historien, et que ceci distord forcément en partie la vision de l'historien. on ne parle pas de mensonge ici, mais de nature humaine
pour être plus parlant je vais prendre un exemple avec la déchéance des français par bao dai en 45 apres le coup de force japonais
si on regarde la chose il y a 3 angles pour regarder
- les faits : bao dai a déclaré la déchéance des français d'indochine
- l'interprétation "pro française" : il le fait sous la contrainte (il sait qu'il va perdre beaucoup et que son propre pouvoir dépend des français et que les japonais ne sont pas tendre avec leur fantoches)
- l'interprétation "pro japonaise" : il ne le fait pas sous la contrainte (il veut se venger des français qui le prennent pour un moins que rien)
prendre simplement les faits, du moins les faits relatés (mais je vais passer sur la partialité ou pas des gens qui relatent sinon on a pas fini), ne suffit pas. Il faut donc savoir pourquoi. Mais le pourquoi n'est pas clair. Reste donc la solution de présenter les 2 théories. Sauf que à ce faire, un livre d'histoire devient vite illisible, de même qu'une théorie vue que des interrogations comme ça t'en a 12 par pages et rarement seulement 2 interprétations. Il faut donc éliminer les options les plus improbables, faire une synthèse ou proposer une 3e théorie. Les 3 ensembles étant possible. C'est ça le travail de l'historien en général, tenter de faire la part des choses, avec tel ou tel documents qui corobore ou pas tel ou tel théorie. Alors déjà les documents en question sont eux même "orientés" par leurs auteurs, mais même sans ça, au final la solution choisit se fait suite à une idée générale dégagé par l'historien, et cette idée générale est forcément influencée, même marginalement, par son propre vécu et l'image mentale qu'il se fait de la personne en question (ici bao dai donc). Au final rien n'est jamais tranché, et les exemples de théories les plus probables qui sont en fait infirmées plus tard par tel ou tel chose sont légions. Est ce que pour autant il faut tout jeter au loup? non bien sur et je ne le fait pas (et qui suis je de toute façon pour m'arroger ce droit) mais je suis lucide.
Il n'est pas annodin d'ailleurs que j'apprécie surtout les historiens comme Milza (je l'ai déjà dit? ha bon
) car ils présentent leur propre théorie avec celles des autres et mettent le tout en perspéctive. C'est pas facile tous le temps a lire mais au moins je sais sur quoi les controverses portent.
Enfin, plus on s'éloigne dans le temps et plus 2 choses sont à prendre en compte
- Le fait que la polémique se réduit avec le temps
- le fait que plus on s'éloigne du temps présent et plus il est compliqué de comprendre les gens de l'époque.
Ainsi un problème du moyen age c'est qu'on ne sait à peu près rien à 100% de la plèbe. Tout ce qui en ressort est majoritairement de la "spéculation" ou des théories. Est ce a dire qu'il faut les jeter? non bien sur mais il faut être lucide la vision qu'on a du MA est largement différente de celle qu'on avait il y a a peine 100 ans et il y a fort a parier que dans 100 ans ça aura aussi bien bougé. Car beaucoup de choses sont reconstruites sur tel ou tel textes et les sources sont de plus en plus réduite au fur et a mesure qu'on s'éloigne. Si sur un texte contemporain il n'est pas trop compliqué de savoir l'orientation de l'auteur, c'est loin d'etre le cas pour les textes plus anciens. Certains auteurs sont clairement identifiés comme orientés (suétone par exemple) mais de nombreux autres, surtout quand on se base sur un ou deux textes, ne sont pas identifiés. Car en plus de ça plus on s'éloigne dans le temps et plus on s'éloigne du mode de pensé qui est le notre. allez dans une tribue en afrique et comparez leur mentalité à la notre et vous aurez peut etre une idée du fossé en matière de valeur qui nous sépare de nos ancetres. Et apprécier ou comprendre la mentalité de l'époque sans faire appel à notre propre référent de pensé c'est un calvaire. Bien sur le but est justement de le faire et les grands médiévistes sont ceux qui justement qui arrivent à aller au plus loin dans ce mode de pensé, mais personne ne peut arriver à aller jusqu'au bout, il nous manque en quelque sorte le chainon manquant : l'éducation de l'époque.
Alors bien sur Duby est un excellent historien et rare sont ceux qui lui arrivent ne serai ce qu'a la cheville. pour autant lui même n'a pa pu complètment s'absoudre de son propre mode de pensé car c'est absolument impossible, ne serais ce pasqu'on ne sait pas ce qu'il pensait et qu'on ne le saura jamais complètement.
Croire que c'est possible c'est s'illusionner, mais c'est pas pour ça qu'il ne faut pas y tendre car la est bien la finalité de la chose et ce sont ceux qui sont les pus impartiaux qui auront le plus de chance d'etre ce qu'on appel un historien.
ça n'empeche pas que même les meilleurs sont remis en cause par plein d'autre théories qui se basent sur les mêmes documents. L'interet c'est de voir l'ensemble et de s'en faire une synthese personnelle. Voila ce que j'en pense.