Quelques titres de fin 2017 et 2018..
La campagne de l’armée française au Portugal en 1807-1808 fut la première invasion de ce pays par les troupes napoléoniennes. Sous les ordres du général Jean-Andoche Junot, ami personnel de Napoléon et candidat potentiel au maréchalat, après une dure traversée de l’Espagne, l’armée arriva enfin à Lisbonne, trop tard pour empêcher le départ de la famille royale. L’Empereur pouvait désormais réaliser son projet d’inclure le royaume lusitanien dans son orbite.
Dès les premiers jours, Junot, devenu duc d’Abrantès, chercha à se faire aimer et entreprit un vaste programme de réformes. Cependant, rien n’alla comme prévu. La domination française, qui s’accompagnait de contributions et d’exactions, exaspéra le peuple qui se révolta contre les envahisseurs. Les Anglais ne tardèrent pas à débarquer et à mener une campagne victorieuse contre les troupes françaises empêtrées dans d’innombrables difficultés. Après la bataille de Roliça, dans laquelle le général Delaborde fit montre des procédés tactiques que son adversaire, le futur duc de Wellington, utilisera avec succès dans les années à venir, les Britanniques remportèrent une grande victoire à Vimeiro, sans pouvoir l’exploiter. L’habileté diplomatique du général Kellermann permit aux Français de conclure un traité inespérément avantageux. Junot évitait ainsi la colère de Napoléon mais perdait sa chance de gagner un bâton de maréchal.
Première d’une longue série des campagnes des Français dans la péninsule Ibérique, l’expédition de 1807-1808 mérite que l’on s’y attarde. Moins connue que les guerres conduites par Napoléon en personne en Europe centrale, elle constitue un chaînon important dans l’histoire des campagnes militaires du Premier Empire.
Natalia Griffon de Pleineville (Goutina) est rédactrice en chef de la revue Gloire & Empire. Historienne et conférencière, elle a été lauréate du Prix Georges Mauguin de l’Académie des sciences morales et politiques pour sa biographie du général Gazan en 2015.
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En août 1914, deux généraux mythiques s’affrontent : le jeune Erich Ludendorff, qui n’est pas encore le chef de l’armée allemande, et le Belge Gérard Leman, identifié au destin des forts de Liège. Ils luttent sur les bords de la Meuse, dans une bataille de douze jours, la première de la Grande Guerre. Une bataille âpre, associant attaques surprises d’infanterie et bombardement de la place forte. Les Allemands y testent leurs nouveautés, Grosse Bertha et Zeppelin. Autre innovation, la propagande, qui fait ses choux gras de la bataille de Liège, suscitant des polémiques qui ne sont pas encore éteintes un siècle après les faits. En puisant aux sources de tous les belligérants, il est pourtant possible de comprendre le déroulement des opérations et de répondre à quelques questions demeurées en suspens : Pourquoi les forts de Liège se sont-ils rendus ? Qui sont ces francs-tireurs belges que les Allemands ont fusillé par milliers ? La résistance de Liège a-t-elle permis à la France de gagner la bataille de la Marne ?
Jean-Claude Delhez, journaliste, historien, spécialiste de la Première Guerre mondiale, a particulièrement axé ses recherches sur l’année 1914. Ses travaux concernent surtout les armées française, allemande et belge. Après deux ouvrages consacrés à la campagne de 1940, il revient à la Grande Guerre avec son 25e livre.
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Au cours de la guerre de Sécession, le début de l’année 1864 est marqué par un virage important dans la gestion des opérations militaires par les Nordistes. Le général Grant reçoit du président Abraham Lincoln, incarnation du pouvoir politique, le titre de généralissime des armées fédérales. Dans le même temps, le président détermine une série d’objectifs stratégiques à atteindre avant la fin de l’automne 1864 pour assurer sa réélection et éviter qu’une paix de compromis soit signée avec les Confédérés. Il incombe alors à Grant d’établir une stratégie militaire qui prenne en compte les objectifs fixés par le pouvoir politique qui l’a nommé.
Il va donc orchestrer un vaste plan d’ensemble qui coordonne à la fois les efforts de l’US Army mais aussi ceux de l’US Navy sur un front qui va de la côte Est des États-Unis aux confins du Texas afin de venir à bout de la Confédération en détruisant à la fois ses moyens militaires (Armée de Virginie du Nord, Armée du Tennessee, Flotte du golfe du Mexique, etc.) mais aussi en capturant ses nœuds de communication et ses trop rares centres de production industrielle (exemples : Atlanta, Richmond).
L’exécution de ce plan stratégique engage alors sur les différents théâtres d’opérations la mise en œuvre de grandes offensives simultanées. Malgré l’ampleur de cette stratégie continentale, Grant demeure, avec son état-major, sur ce qu’il juge être le théâtre principal des opérations : la Virginie. Il veut rester au plus près du général Meade qui commande la célèbre Armée du Potomac pour veiller à la bonne application de ses directives opérationnelles. La présence face aux Nordistes de l’Armée de Virginie du Nord aux ordres du légendaire général Lee semble en partie justifier ce choix.
Sylvain Ferreira est historien spécialiste de l’art de la guerre de 1850 à 1945, auteur de L’expédition française aux Dardanelles (LEMME EDIT, 2015), La Marne, une victoire opérationnelle (LEMME EDIT, 2017) et L’inévitable défaite allemande (LEMME EDIT, 2018).
Il est également journaliste pour plusieurs revues d’histoire militaire aux éditions Caraktère (Batailles & Blindés, LOS! Ligne de Front), concepteur de jeux de stratégie, consultant pour l’émission « Champs de Bataille » sur RMC Découverte et ancien rédacteur en chef du magazine du Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux de 2014 à 2017.
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25 juillet 1944, après six semaines de combats acharnés en Normandie, les Alliés déchirent soudainement le front allemand. S’engage alors une folle chevauchée qui les mène en 40 jours aux portes de l’Allemagne. La guerre semble gagnée. Chaque général rêve d’être le premier à franchir le Rhin. Mais Montgomery échoue devant Arnhem, Bradley disperse ses forces devant Aix-la-Chapelle, Patton s’enlise sur la Moselle, Patch et de Lattre butent sur les Vosges. Le front se stabilise. Malgré de multiples offensives durant l’automne, les Alliés piétinent, à tel point que le 16 décembre la Wehrmacht riposte dans les Ardennes. Aussi incroyable que cela puisse paraître, les Alliés viennent de perdre l’initiative. Ils ne gagneront pas la guerre à Noël.
Cet ouvrage limpide explique cette désillusion reprenant les pièces du dossier une à une pour mieux les imbriquer et les hiérarchiser. Il brosse un récit rigoureux d’une campagne souvent réduite à quelques épisodes emblématiques tels que la poche de Falaise ou le « pont trop loin » d’Arnhem. Il exhume la retraite allemande, les combats pour dégager les Bouches de l’Escaut, ceux en Lorraine et en Alsace ou autour d’ « Aix-la-Sanglante ». Mais au-delà de ce récit renouvelé, Nicolas Aubin expose pour la première fois l’impact des cultures militaires (éducation des cadres, doctrines, structures administratives, interaction entre alliés) dans l’élaboration et l’exécution de ces opérations. Un regard neuf, fruit de cinq années de recherches, sur une période que l’on pensait connaître.
Agrégé d’histoire, Nicolas AUBIN est l’auteur des Routes de la liberté : la logistique américaine en France et en Allemagne (1944-1945) devenu une référence. Il a participé aux Mythes de la Seconde Guerre mondiale et vient de publier une Infographie de la Seconde Guerre mondiale coécrite avec Jean Lopez et Vincent Bernard.
https://www.economica.fr/livres-campagnes-et-strategies,fr,3,16.cfmSi quelqu'un a un avis sur l'ouvrage de Sylvain Ferreira , merci de m'en faire part (Même en MP !)... Par avance merci...Z.