"Ce pourrait être une magnifique occasion de tuer les parachutistes de Hitler !"
Churchill a décidé de venir aider les grecs sur le continent, les seuls alliés de la Grande Bretagne encore debout.
Il en faisait une question d'honneur, et surtout craignait les répercussions morales d'une chute de la Grèce si la Grande Bretagne l'abandonnait à son sort.
Ce n'était pas une
Fallait il pour autant s'engager en Grèce continentale ?
Ou seulement occuper et défendre la Crète, ce qui aurait été plus réaliste afin de garder cette position clef pour le contrôle de la Méditerranée orientale et surtout constituant une menace sur les puits de pétrole roumains.
Churchill choisit la première option et s'est retrouvé avec une nouvelle évacuation par mer du corps expéditionnaire dont une partie fut débarquée en Crète.
Il a insisté pour que Freyberg, qu'il admirait pour sa bravoure, en soit le chef, contre l'avis de Wavell qui estimait qu'il fallait désormais éviter les batailles perdues d'avance et se concentrer sur l'essentiel: protéger l'Egypte et le Moyen Orient.
"Stay in your positions and don't to rush out when the paratroops come down"
[b]Freyberg était un excellent général, il savait que les largages de parachutistes allemands étaient imminents, le 20 mais étant une date probable selon ULTRA.
Il devait défendre trois aérodromes, Maleme, Rethymnon et Heraklion, ainsi que le grand port de la Canée.
Pour Rethymnon et Heraklion, la défense était beaucoup plus aisée car concentrée directement autour des objectifs, mais faire de même pour la région Maleme-Canea/Suda aurait signifié voir les forces autour de Maleme être isolées de celles de la Canée, sans compter qu' Il croyait à des débarquements allemands par mer, justement sur les plages entre ces deux points clefs,
malgré les garanties offertes par l'Amiral Cunningham commandant la flotte de la Méditerranée orientale.
Il hésitait à faire confiance à ce ce dernier, ayant mal interprété un message issu d'ULTRA, faisant mention d'éventuelles tentatives d'envoi de renforts allemands par mer.
Plusieurs facteurs vont avoir des conséquences cruciales:
1/ Il a donc choisi une défense en ligne de Maleme à la Canée et la zone portuaire de Suda Bay, ce qui a étiré ses forces et obligé à mettre les défenses de Maleme non pas au centre du dispositif mais à l'extrémité ouest de ce dernier.
2/ Alors qu'Il aurait voulu garder sous son contrôle direct une forte réserve pour contre attaquer dès que possible les paras juste largués, il ne lui a pas resté de troupes disponibles pour le faire.
3/ Les unités alliées ont été dispersées (pour couvrir le maximum de terrain et éliminer le maximum de paras) et retranchées dans des positions camouflées, formées de tranchées étroites et couvertes par des réseaux de fil de fer barbelés.
Cela a été très efficace pour dissimuler les troupes aux harcèlements de la Luftwaffe, et allait permettre de massacrer les paras directement largués dessus,
mais pourrait malheureusement constituer un frein à leur mobilité: en effet quitter ses positions pour courir la campagne à la poursuite des parachutistes pouvait affaiblir le dispositif, chaque compagnie retranchée comptant sur ses voisines pour assurer sa sécurité.
4/ Les communications étaient extrêmement malaisées: les lignes de téléphone furent souvent coupées au cours des bombardements et les radios sans fil trop peu nombreuses.
Enfin le relief extrêmement chaotique de l'île gênait les ondes radios.
La plupart des communications se faisaient par messager, le temps qu'il parvienne à sa destination la situation avaient changé.
La complexité des déploiements plus la faiblesse des moyens de communications ne pouvait que compliquer toute tentative d' action coordonnée.
5/Freyberg n'avait pas de forces sous son commandement direct , le commandement de chaque force a été attribué à un général, parfois avisé, parfois obnubilé par son secteur à défendre et rétif à envoyer des renforts ailleurs.
Freyberg, n'ayant souvent que des informations parcellaires et tardives du fait des communications erratiques, et craignant des menaces venues de la mer, allait hésiter à imposer sa volonté à ces différents généraux de contre attaquer tant qu'il était encore temps.
Enfin, il rechignait à imposer son autorité, préférant suggérer ou demander.
6/ Freyberg était un général Néo Zélandais, La 5th NZ division était l'unité la plus grande, et celle qui allait être au coeur de la bataille principale à venir.
Il ne se voyait pas devenir responsable auprès du Gouvernement et de la population de Nouvelle Zélande de trop lourdes pertes.
Or engager une lutte à mort pour garder ou reprendre Maleme airfield pouvait conduire à cette funeste possibilité.
Ayant vécu les hécatombes de la Iere guerre mondiale, Freyberg avait une forte répugnance à gâcher la vie des ses hommes.