Bonjour, voici un compte-rendu d'une partie de test de Rising Eagles entre Thierry et moi sur le scénario de la bataille complète avec brouillard de guerre. Je joue coalisé, Thierry joue Français. J'ai écris le compte-rendu du point de vue d'un observateur russe.
2 décembre 1805, 06h00
Il fait bon, ce matin du 2 décembre. Un brouillard à couper au couteau est tombé sur la région et ne va pas aider le mouvement offensif réclamé par les empereurs Alexandre et François Ier. La veille, l'avant-garde de la 1ère colonne, menée par le général autrichien Kienmayer, a échoué à prendre pied dans le village de Telnitz : l'ennemi y a dépêché la brigade Merle qui s'est solidement établie autour des villages de Telnitz et Sokolnitz, dans le château de Sokolnitz et dans la faisanderie du château. Malgré cet échec, des informations intéressantes ont pu être obtenues : seule une brigade semble couvrir la droite française, couvrant la route de Vienne. Cette information aurait du donner du crédit au général Weyrother, le chef d'état-major autrichien ; mais le vénérable général Kutusov, véritable héro de guerre du peuple de la grande Russie pu finalement faire valoir son avis, notamment à l’ouïr d'une puissante clameur provenant des lignes françaises. Soudain, celle-ci semblait bien plus prête au combat qu'il ne semblait de prime abord.
Le général Kutusov proposa donc quelques modifications dans le plan : seule la 1ère colonne du général Dokthurov et son avant-garde participeraient à l'attaque des villages de Telnitz et Sokolnitz - un chiffre déjà bien suffisant pour détruire une seule brigade. La 2ème colonne sera sur le plateau de Pratzenberg; la 3ème colonne dans Pratze et dans les bois aux alentours; la 4ème colonne occupant le centre depuis le Stare Vinohradi jusqu'à Blaziowitz ; la 5ème colonne (uniquement constituée des réserves de cavalerie) est en soutien des 3ème et 4ème colonnes. Le général Bagration avec l'avant-garde de l'armée, tient l'aile droite et doit couvrir les lignes de communications vers Olmütz. La Garde impériale du Grand Duc Constantin doit faire la jonction entre la 4ème colonne du général Kollowrath et l'avant-garde du général Bagration.
06h30
Les premières troupes se mettent en mouvement. Premier à partir, le général Kienmayer dépêche deux régiments de cavalerie pour une reconnaissance en force du dispositif français autour de Sokolnitz. Ces derniers ne disposent que d'une centaine de tirailleurs du Pô et d'une batterie de canons qui seront refoulés par les cavaliers autrichiens soutenus par nos vaillants ulhans.
07h00
A gauche, l’attaque menée par le général Kienmayer se poursuit, profitant de la fuite des troupes de Soult. La 1ère colonne au grand complet suit de près, devant couvrir ses derrières avant de lancer l’attaque de Telnitz. Le reste de nos glorieuses forces débutent leurs mouvements vers les emplacements qui ont été prévus pour eux. L’ennemi ne montre toujours aucun signe de réaction.
08h00
Le général Kienmayer a vaillamment nettoyé le village de Sokolnitz, que le maréchal Soult semble avoir abandonné, puisqu’aucune contre-attaque sérieuse n’a entaché ce succès. Au centre, nos forces se déploiement le long de la ligne de défense ordonnée par le glorieux général en chef. Sur la droite, le général Bagration est venu entre Bosenitz et Sinitz, menaçant le flanc gauche des Français, tenu par le maréchal Lannes.
Nous voyons enfin l’armée française se mettre en mouvement. A la stupéfaction de cet incompétent de général autrichien qu’est Weyrother, le général Kutusov avait raison : les Français lancent de nombreuses troupes vers notre centre. Cependant, toujours aucune réaction ni au nord, ni au sud. Le général Bagration pense n’avoir à faire qu’au corps du maréchal Lannes et réclame l’autorisation d’attaquer le Santon avec le soutien de la garde impériale, afin de menacer la gauche française.
09h00
Ce satané brouillard se lève enfin, dévoilant la plaine devant notre centre. 50 000 Français s’avancent en ordre de bataille : deux corps d’armée au grand complet et la cavalerie du maréchal Murat. Ne disposant que d’à peine 30 000 hommes, nous nous préparons à un combat difficile. Les batteries sont placées le long de la ligne de manière à battre tout régiment assaillant sous un feu croisé insoutenable.
A gauche, nos troupes font face aux premières contre-attaques de la brigade Merle, rapidement repoussées. Nos cavaliers font de nombreux prisonniers dans la poursuite, mais observent l’arrivée de renforts français venant du sud…Un prisonnier nous assure qu’il s’agit de la division Friant du corps du maréchal Davout…mais ce dernier se trouve à Vienne !
Au nord, le général Bagration attend toujours des nouvelles du général en chef et s’avance lentement et méthodiquement vers le flanc du maréchal Lannes.
Au centre, les combats ont débuté avec l’assaut du corps du maréchal Soult sur les positions tenues par le général Kollowrath et sa 4ème colonne, entre Blaziowitz et le Stare Vinohradi. Blaziowitz sera pris et repris plusieurs fois, mais la valeur des troupes russes sera à nouveau prouvée alors que le village reste finalement entre nos mains. Derrière le 4ème corps français, on peut apercevoir le 1er corps du maréchal Bernadotte, supposé resté à Brünn. A gauche, face à Pratze, s’est déployé la cavalerie lourde du maréchal Murat pendant que des bonnets à poil ont été observés au loin vers Kobelnitz. Il s’agirait d’une division de Lannes, celle d’Oudinot.
10h00
L’enfer se déchaîne. Les dizaines de milliers d’hommes de Soult et Bernadotte attaque de concert la droite du dispositif défensif de la 4ème colonne. Le choc est terrible : notre artillerie tue, tue et tue encore. Les pertes françaises se comptent en milliers qui gémissent sur le champ de bataille devant nos vaillantes lignes qui jamais ne reculent. Dans le climax de la bataille, Blaziowitz change à nouveau plusieurs fois de main, avant d’être encore repris par nos troupes.
Alors que la cavalerie du maréchal Murat engage les troupes de la 3ème colonne du général Przybyzcewski qui se défendent comme des lions, la garde impériale française du maréchal Bessière fait son apparition sur notre gauche, face au général Langeron et sa 2ème colonne. Mais à nouveau, nos troupes montrent leur courage et la ligne tient bon à l’approche de ces troupes redoutables.
Conscient que l’ennemi a tout engagé entre son flanc droit et le centre, le général Kutusov, avec l’aval de notre grand Tsar, autorise le général Bagration à lancer une offensive totale avec le soutien inconditionnel de la garde vers le Santon. Cette position fantastique, fortifiée et tenues par les meilleures troupes du maréchal Lannes appuyées par des dizaines de canons, sera finalement prise après une magnifique attaque coordonnée de nos régiments réguliers et légers. Une charge de notre vaillante cavalerie lourde permettra de prendre définitivement le contrôle de la hauteur alors que le reste du corps de Lannes est obligé de reculer face à l’avance des troupes du grand-duc Constantin.
11h00
Alors que le corps du maréchal Soult tout entier ne parvient toujours pas à briser nos lignes, le maréchal Bernadotte doit engager ses propres forces, jusqu’ici maintenues en réserve. Pour autant, les résultats ne sont pas au rendez-vous, car les Français n’ont pas pris en compte la valeur des troupes russes que nous avons déployées aux endroits stratégiques. Après des dizaines d’assauts menés par plus de 35 000 hommes, le seul succès français sera de posséder les faubourgs de Blaziowitz. Jamais faubourg n’aura coûté aussi cher à une armée !
Pendant que les Français remportait ce ridicule succès au prix de leur sang, le général Langeron réussissait une extraordinaire manœuvre face à la cavalerie de la garde Française et la taillait en pièce. En un seul combat, sous les yeux ébahis de l’Empereur François 1er, le général Langeron venait de prouver au monde que la cavalerie régulière russe et les troupes régulières russes valent la garde française pourtant redoutée ! Quant à la 3ème colonne, elle réussissait à stopper nette l’offensive du maréchal Murat.
Au sud, les renforts du maréchal Davout affluent, mais même 10 000 hommes ne peuvent repousser les troupes légères de Kienmayer soutenues par l’artillerie du général Dokthurov. Ce dernier doit toutefois accepter l’impossibilité de poursuivre l’offensive vers Telnitz, vu l’infériorité numérique flagrante à laquelle il devait faire face. D’autre part, la division Oudinot, entièrement constituée de grenadiers, descendait de Kobelnitz vers Sokolnitz pour soutenir les efforts du maréchal Davout.
Au nord, après avoir pris victorieusement le Santon, le général Bagration refoulait l’ensemble du corps du maréchal Lannes, sans même avoir à faire donner la garde du grand-duc.
12h00
L’heure décisive. Alors qu’au nord, au prix de son bras emporté par un boulet, le général Bagration écrasait définitivement les forces du maréchal Lannes, faisant de nombreux prisonniers, le corps du maréchal Bernadotte faisait demi-tour et marchait rapidement pour tenter de lui venir en aide, mais voyait ses efforts échouer face à l’artillerie de la garde qui repoussa, sans soutient, les masses d’infanteries françaises à grand renfort de mitraille.
Le recul du maréchal Bernadotte fut le signal de l’échec français total au centre, alors que Soult ne tentait plus rien et essayait de sauver ce qui pouvait l’être de son corps d’armée, saigné à blanc. Après l’échec de la cavalerie française, empêtrée dans les carrés de la 3ème colonne, le général Kutusov donna le signal au général Lichtenstein qui lança notre réserve de cavalerie sur la cavalerie française qui fut rejetée en grand désordre, abandonnant des centaines de prisonniers. A nouveau, les évènements prouvèrent la grande supériorité de nos forces.
Même la garde dû se résoudre à reculer après l’échec de la cavalerie de Bessière. Elle fila vers la droite française. Les écrivains militaires français décrirent ce mouvement comme une manœuvre pour détruire la 1ère colonne. Mais nous avons ce qu’il en est : avec la victoire de Bagration au nord, la destruction du centre français, il ne restait guère au Français qu’à s’échapper vers le sud pour éviter l’anéantissement !
D’ailleurs, assailli par les survivants de la brigade Merle, par le corps du maréchal Davout, par la division de grenadiers d’Oudinot et maintenant par la garde impériale, le vaillant général Dukthurov et ses troupes, galvanisées par la présence du général en chef qui dirigea en personne la défense, repoussèrent les Français, en leur faisant de grandes pertes.
13h00
La fin. Tous les moyens français avaient échoué à gauche et le général Dokthurov barrait effectivement la retraite de l’armée Française alors qu’en un contre quatre, Kienmayer tenait le maréchal Davout en respect. Le général Kollowrath et le général Lichtenstein avançaient leurs forces pour détruire l’ennemi brisé. Au nord, la garde détruisait méthodiquement le corps du maréchal Bernadotte.
Tout était terminé. Le lendemain, Bonaparte recevait la déclaration de guerre de la Prusse qui rejoignait notre grande coalition. Quelques jours plus tard, l’Archiduc Charles avait repris Vienne et la retraite de Bohême débutait pour l’armée française qui jamais ne reverrait la France…
Nos pertes furent tout à fait minimes malgré la violence des combats. Moins de 5 000 hommes furent tués ou blessés, dont le général Bagration qui se couvrit de gloire et fut décisif dans son action. Les pertes françaises furent d’au moins 25 000 hommes tués ou blessés et autant de prisonniers.
Analyse :
Le plan Français avait une certaine cohérence, avec une offensive totale au centre et deux ailes défensives sur leurs positions. Toutefois, plusieurs choses devaient mettre à mal ce plan. Tout d’abord, la position de la cavalerie de Murat, en première ligne face à un terrain défensif, n’était certainement pas la meilleure. Avec les modifications des règles de la série, la place d’une réserve de cavalerie est bien derrière, en attendant que la ligne ennemie fatigue pour porter le coup décisif. En tous les cas, elle n’est certainement pas face à villages et forêts.
Ensuite, les corps de Soult et de Bernadotte étaient empêtrés l’un dans l’autre, rendant les attaques difficiles et jamais ils ne purent jouir d’une réelle supériorité. D’autre part, avec la concentration d’autant de troupe, leur artillerie ne fut pas en mesure de les soutenir. Ceci additionné au fait que la majeure partie des attaques fut menée contre la position du village de Blaziowitz, sous le feu de nombreux canons. Ainsi, les Français perdaient de facto un ratio en leur faveur à cause du village, tout en subissant de nombreuses pertes à chacun de mes tirs.
Ce qui fut décisif finalement dans l’échec au centre, c’est le recul volontaire des grenadiers de Duroc et de la garde impériale pour les envoyer vers Sokolnitz pour détruire Dokthurov. Le fait est que ce dernier était effectivement incapable d’avancer plus loin face à Davout, malgré les pertes subies par ce dernier. Il aurait été plus intéressant de concentrer rapidement une offensive pour dégager Sokolnitz, tenu par les autrichiens de Kienmayer, peu solides et d’ignorer Dokthurov.
Au nord, Lannes n’avait aucune chance face à Bagration et la garde impériale. En un contre deux, avec la qualité contre lui et une artillerie russe infiniment supérieure, le désastre était assuré. Peut-être aurait-il mieux valu débuter un repli vers les hauteurs du Zurlan.
Si les grenadiers et la garde s’étaient concentrés face à Langeron, ce dernier aurait rapidement craqué. Toutefois, pour le coup, il aurait été intéressant d’avoir les grenadiers face au village de Pratze, la garde en soutient, le corps de Soult entre le Stare et Pratze et enfin Bernadotte en face de Blaziowitz. Ainsi, le Français aurait eu ses troupes d’élite pour prendre la difficile position de Pratze et ouvrir le verrou gauche du centre, pendant que Soult aurait enfoncé le point faible du centre, la zone entre Pratze et Blaziowitz n’étant quasiment pas défendable. Un tel assaut aurait permis d’ouvrir le centre totalement et de se rabattre d’un côté ou de l’autre. J’aurais été certainement contraint d’utiliser ma cavalerie pour boucher les trous et c’est celle de Murat qui aurait obtenu la décision finale en bousculant Lichtenstein.
De plus, je n’aurais pas pu envoyer la garde en soutien de Bagration dans une situation pareille. Et sans la garde, je n’aurais pas tenté l’attaque sur le Santon.
A ces détails de déploiement et de choix tactiques s’ajoutent bien évidemment la connaissance du système de jeu [notamment les nouvelles règles concernant la cavalerie] qui n’a pas aidé Thierry et m’a donné un avantage tactique important.
Au niveau de mon propre plan, Bagration avait un ordre Santon, lui permettant de se rapprocher en permanence, au rythme souhaité, mais la Garde, elle, avait un ordre « Krug ». Il a fallu attendre 10h et un coup de chance pour changer son ordre et l’envoyer, elle aussi, sur le Santon. L’idée réelle était de conserver un centre très fort mais de sacrifier la 1ère colonne et l’avant-garde de Kienmayer pour prendre Sokolnitz puis Telnitz et imposer les conditions de sudden death au Français. Avec la garde entre Bagration et Kollowrath, j’étais ensuite en mesure d’appuyer Bagration en cas d’offensive au nord, ou le centre en cas d’offensive au centre. C’est en découvrant que Lannes était absolument seul au nord que j’ai pris la décision d’envoyer la garde attaquer au nord. Le fait est que la prise du Santon m’amenait plusieurs avantages : tout d’abord, j’augmentais la difficulté du sudden death français en capturant un deuxième objectif. D’autre part, j’ouvrais directement la route menant au Zurlan (troisième objectif) et à la ligne de retraite française (quatrième objectif !). J’espérais donc déstabiliser mon adversaire et casser son plan de bataille. Le risque était d’abandonner toute réserve au centre et de ne pas pouvoir contre-attaquer en cas de victoire de Soult.
Au final, une partie sympathique tout de même, malgré l’inexpérience de mon adversaire, toujours de bonne humeur. Merci à toi Thierry pour cette partie de test !
2 décembre 1805, 06h00
Il fait bon, ce matin du 2 décembre. Un brouillard à couper au couteau est tombé sur la région et ne va pas aider le mouvement offensif réclamé par les empereurs Alexandre et François Ier. La veille, l'avant-garde de la 1ère colonne, menée par le général autrichien Kienmayer, a échoué à prendre pied dans le village de Telnitz : l'ennemi y a dépêché la brigade Merle qui s'est solidement établie autour des villages de Telnitz et Sokolnitz, dans le château de Sokolnitz et dans la faisanderie du château. Malgré cet échec, des informations intéressantes ont pu être obtenues : seule une brigade semble couvrir la droite française, couvrant la route de Vienne. Cette information aurait du donner du crédit au général Weyrother, le chef d'état-major autrichien ; mais le vénérable général Kutusov, véritable héro de guerre du peuple de la grande Russie pu finalement faire valoir son avis, notamment à l’ouïr d'une puissante clameur provenant des lignes françaises. Soudain, celle-ci semblait bien plus prête au combat qu'il ne semblait de prime abord.
Le général Kutusov proposa donc quelques modifications dans le plan : seule la 1ère colonne du général Dokthurov et son avant-garde participeraient à l'attaque des villages de Telnitz et Sokolnitz - un chiffre déjà bien suffisant pour détruire une seule brigade. La 2ème colonne sera sur le plateau de Pratzenberg; la 3ème colonne dans Pratze et dans les bois aux alentours; la 4ème colonne occupant le centre depuis le Stare Vinohradi jusqu'à Blaziowitz ; la 5ème colonne (uniquement constituée des réserves de cavalerie) est en soutien des 3ème et 4ème colonnes. Le général Bagration avec l'avant-garde de l'armée, tient l'aile droite et doit couvrir les lignes de communications vers Olmütz. La Garde impériale du Grand Duc Constantin doit faire la jonction entre la 4ème colonne du général Kollowrath et l'avant-garde du général Bagration.
06h30
Les premières troupes se mettent en mouvement. Premier à partir, le général Kienmayer dépêche deux régiments de cavalerie pour une reconnaissance en force du dispositif français autour de Sokolnitz. Ces derniers ne disposent que d'une centaine de tirailleurs du Pô et d'une batterie de canons qui seront refoulés par les cavaliers autrichiens soutenus par nos vaillants ulhans.
07h00
A gauche, l’attaque menée par le général Kienmayer se poursuit, profitant de la fuite des troupes de Soult. La 1ère colonne au grand complet suit de près, devant couvrir ses derrières avant de lancer l’attaque de Telnitz. Le reste de nos glorieuses forces débutent leurs mouvements vers les emplacements qui ont été prévus pour eux. L’ennemi ne montre toujours aucun signe de réaction.
08h00
Le général Kienmayer a vaillamment nettoyé le village de Sokolnitz, que le maréchal Soult semble avoir abandonné, puisqu’aucune contre-attaque sérieuse n’a entaché ce succès. Au centre, nos forces se déploiement le long de la ligne de défense ordonnée par le glorieux général en chef. Sur la droite, le général Bagration est venu entre Bosenitz et Sinitz, menaçant le flanc gauche des Français, tenu par le maréchal Lannes.
Nous voyons enfin l’armée française se mettre en mouvement. A la stupéfaction de cet incompétent de général autrichien qu’est Weyrother, le général Kutusov avait raison : les Français lancent de nombreuses troupes vers notre centre. Cependant, toujours aucune réaction ni au nord, ni au sud. Le général Bagration pense n’avoir à faire qu’au corps du maréchal Lannes et réclame l’autorisation d’attaquer le Santon avec le soutien de la garde impériale, afin de menacer la gauche française.
09h00
Ce satané brouillard se lève enfin, dévoilant la plaine devant notre centre. 50 000 Français s’avancent en ordre de bataille : deux corps d’armée au grand complet et la cavalerie du maréchal Murat. Ne disposant que d’à peine 30 000 hommes, nous nous préparons à un combat difficile. Les batteries sont placées le long de la ligne de manière à battre tout régiment assaillant sous un feu croisé insoutenable.
A gauche, nos troupes font face aux premières contre-attaques de la brigade Merle, rapidement repoussées. Nos cavaliers font de nombreux prisonniers dans la poursuite, mais observent l’arrivée de renforts français venant du sud…Un prisonnier nous assure qu’il s’agit de la division Friant du corps du maréchal Davout…mais ce dernier se trouve à Vienne !
Au nord, le général Bagration attend toujours des nouvelles du général en chef et s’avance lentement et méthodiquement vers le flanc du maréchal Lannes.
Au centre, les combats ont débuté avec l’assaut du corps du maréchal Soult sur les positions tenues par le général Kollowrath et sa 4ème colonne, entre Blaziowitz et le Stare Vinohradi. Blaziowitz sera pris et repris plusieurs fois, mais la valeur des troupes russes sera à nouveau prouvée alors que le village reste finalement entre nos mains. Derrière le 4ème corps français, on peut apercevoir le 1er corps du maréchal Bernadotte, supposé resté à Brünn. A gauche, face à Pratze, s’est déployé la cavalerie lourde du maréchal Murat pendant que des bonnets à poil ont été observés au loin vers Kobelnitz. Il s’agirait d’une division de Lannes, celle d’Oudinot.
10h00
L’enfer se déchaîne. Les dizaines de milliers d’hommes de Soult et Bernadotte attaque de concert la droite du dispositif défensif de la 4ème colonne. Le choc est terrible : notre artillerie tue, tue et tue encore. Les pertes françaises se comptent en milliers qui gémissent sur le champ de bataille devant nos vaillantes lignes qui jamais ne reculent. Dans le climax de la bataille, Blaziowitz change à nouveau plusieurs fois de main, avant d’être encore repris par nos troupes.
Alors que la cavalerie du maréchal Murat engage les troupes de la 3ème colonne du général Przybyzcewski qui se défendent comme des lions, la garde impériale française du maréchal Bessière fait son apparition sur notre gauche, face au général Langeron et sa 2ème colonne. Mais à nouveau, nos troupes montrent leur courage et la ligne tient bon à l’approche de ces troupes redoutables.
Conscient que l’ennemi a tout engagé entre son flanc droit et le centre, le général Kutusov, avec l’aval de notre grand Tsar, autorise le général Bagration à lancer une offensive totale avec le soutien inconditionnel de la garde vers le Santon. Cette position fantastique, fortifiée et tenues par les meilleures troupes du maréchal Lannes appuyées par des dizaines de canons, sera finalement prise après une magnifique attaque coordonnée de nos régiments réguliers et légers. Une charge de notre vaillante cavalerie lourde permettra de prendre définitivement le contrôle de la hauteur alors que le reste du corps de Lannes est obligé de reculer face à l’avance des troupes du grand-duc Constantin.
11h00
Alors que le corps du maréchal Soult tout entier ne parvient toujours pas à briser nos lignes, le maréchal Bernadotte doit engager ses propres forces, jusqu’ici maintenues en réserve. Pour autant, les résultats ne sont pas au rendez-vous, car les Français n’ont pas pris en compte la valeur des troupes russes que nous avons déployées aux endroits stratégiques. Après des dizaines d’assauts menés par plus de 35 000 hommes, le seul succès français sera de posséder les faubourgs de Blaziowitz. Jamais faubourg n’aura coûté aussi cher à une armée !
Pendant que les Français remportait ce ridicule succès au prix de leur sang, le général Langeron réussissait une extraordinaire manœuvre face à la cavalerie de la garde Française et la taillait en pièce. En un seul combat, sous les yeux ébahis de l’Empereur François 1er, le général Langeron venait de prouver au monde que la cavalerie régulière russe et les troupes régulières russes valent la garde française pourtant redoutée ! Quant à la 3ème colonne, elle réussissait à stopper nette l’offensive du maréchal Murat.
Au sud, les renforts du maréchal Davout affluent, mais même 10 000 hommes ne peuvent repousser les troupes légères de Kienmayer soutenues par l’artillerie du général Dokthurov. Ce dernier doit toutefois accepter l’impossibilité de poursuivre l’offensive vers Telnitz, vu l’infériorité numérique flagrante à laquelle il devait faire face. D’autre part, la division Oudinot, entièrement constituée de grenadiers, descendait de Kobelnitz vers Sokolnitz pour soutenir les efforts du maréchal Davout.
Au nord, après avoir pris victorieusement le Santon, le général Bagration refoulait l’ensemble du corps du maréchal Lannes, sans même avoir à faire donner la garde du grand-duc.
12h00
L’heure décisive. Alors qu’au nord, au prix de son bras emporté par un boulet, le général Bagration écrasait définitivement les forces du maréchal Lannes, faisant de nombreux prisonniers, le corps du maréchal Bernadotte faisait demi-tour et marchait rapidement pour tenter de lui venir en aide, mais voyait ses efforts échouer face à l’artillerie de la garde qui repoussa, sans soutient, les masses d’infanteries françaises à grand renfort de mitraille.
Le recul du maréchal Bernadotte fut le signal de l’échec français total au centre, alors que Soult ne tentait plus rien et essayait de sauver ce qui pouvait l’être de son corps d’armée, saigné à blanc. Après l’échec de la cavalerie française, empêtrée dans les carrés de la 3ème colonne, le général Kutusov donna le signal au général Lichtenstein qui lança notre réserve de cavalerie sur la cavalerie française qui fut rejetée en grand désordre, abandonnant des centaines de prisonniers. A nouveau, les évènements prouvèrent la grande supériorité de nos forces.
Même la garde dû se résoudre à reculer après l’échec de la cavalerie de Bessière. Elle fila vers la droite française. Les écrivains militaires français décrirent ce mouvement comme une manœuvre pour détruire la 1ère colonne. Mais nous avons ce qu’il en est : avec la victoire de Bagration au nord, la destruction du centre français, il ne restait guère au Français qu’à s’échapper vers le sud pour éviter l’anéantissement !
D’ailleurs, assailli par les survivants de la brigade Merle, par le corps du maréchal Davout, par la division de grenadiers d’Oudinot et maintenant par la garde impériale, le vaillant général Dukthurov et ses troupes, galvanisées par la présence du général en chef qui dirigea en personne la défense, repoussèrent les Français, en leur faisant de grandes pertes.
13h00
La fin. Tous les moyens français avaient échoué à gauche et le général Dokthurov barrait effectivement la retraite de l’armée Française alors qu’en un contre quatre, Kienmayer tenait le maréchal Davout en respect. Le général Kollowrath et le général Lichtenstein avançaient leurs forces pour détruire l’ennemi brisé. Au nord, la garde détruisait méthodiquement le corps du maréchal Bernadotte.
Tout était terminé. Le lendemain, Bonaparte recevait la déclaration de guerre de la Prusse qui rejoignait notre grande coalition. Quelques jours plus tard, l’Archiduc Charles avait repris Vienne et la retraite de Bohême débutait pour l’armée française qui jamais ne reverrait la France…
Nos pertes furent tout à fait minimes malgré la violence des combats. Moins de 5 000 hommes furent tués ou blessés, dont le général Bagration qui se couvrit de gloire et fut décisif dans son action. Les pertes françaises furent d’au moins 25 000 hommes tués ou blessés et autant de prisonniers.
Analyse :
Le plan Français avait une certaine cohérence, avec une offensive totale au centre et deux ailes défensives sur leurs positions. Toutefois, plusieurs choses devaient mettre à mal ce plan. Tout d’abord, la position de la cavalerie de Murat, en première ligne face à un terrain défensif, n’était certainement pas la meilleure. Avec les modifications des règles de la série, la place d’une réserve de cavalerie est bien derrière, en attendant que la ligne ennemie fatigue pour porter le coup décisif. En tous les cas, elle n’est certainement pas face à villages et forêts.
Ensuite, les corps de Soult et de Bernadotte étaient empêtrés l’un dans l’autre, rendant les attaques difficiles et jamais ils ne purent jouir d’une réelle supériorité. D’autre part, avec la concentration d’autant de troupe, leur artillerie ne fut pas en mesure de les soutenir. Ceci additionné au fait que la majeure partie des attaques fut menée contre la position du village de Blaziowitz, sous le feu de nombreux canons. Ainsi, les Français perdaient de facto un ratio en leur faveur à cause du village, tout en subissant de nombreuses pertes à chacun de mes tirs.
Ce qui fut décisif finalement dans l’échec au centre, c’est le recul volontaire des grenadiers de Duroc et de la garde impériale pour les envoyer vers Sokolnitz pour détruire Dokthurov. Le fait est que ce dernier était effectivement incapable d’avancer plus loin face à Davout, malgré les pertes subies par ce dernier. Il aurait été plus intéressant de concentrer rapidement une offensive pour dégager Sokolnitz, tenu par les autrichiens de Kienmayer, peu solides et d’ignorer Dokthurov.
Au nord, Lannes n’avait aucune chance face à Bagration et la garde impériale. En un contre deux, avec la qualité contre lui et une artillerie russe infiniment supérieure, le désastre était assuré. Peut-être aurait-il mieux valu débuter un repli vers les hauteurs du Zurlan.
Si les grenadiers et la garde s’étaient concentrés face à Langeron, ce dernier aurait rapidement craqué. Toutefois, pour le coup, il aurait été intéressant d’avoir les grenadiers face au village de Pratze, la garde en soutient, le corps de Soult entre le Stare et Pratze et enfin Bernadotte en face de Blaziowitz. Ainsi, le Français aurait eu ses troupes d’élite pour prendre la difficile position de Pratze et ouvrir le verrou gauche du centre, pendant que Soult aurait enfoncé le point faible du centre, la zone entre Pratze et Blaziowitz n’étant quasiment pas défendable. Un tel assaut aurait permis d’ouvrir le centre totalement et de se rabattre d’un côté ou de l’autre. J’aurais été certainement contraint d’utiliser ma cavalerie pour boucher les trous et c’est celle de Murat qui aurait obtenu la décision finale en bousculant Lichtenstein.
De plus, je n’aurais pas pu envoyer la garde en soutien de Bagration dans une situation pareille. Et sans la garde, je n’aurais pas tenté l’attaque sur le Santon.
A ces détails de déploiement et de choix tactiques s’ajoutent bien évidemment la connaissance du système de jeu [notamment les nouvelles règles concernant la cavalerie] qui n’a pas aidé Thierry et m’a donné un avantage tactique important.
Au niveau de mon propre plan, Bagration avait un ordre Santon, lui permettant de se rapprocher en permanence, au rythme souhaité, mais la Garde, elle, avait un ordre « Krug ». Il a fallu attendre 10h et un coup de chance pour changer son ordre et l’envoyer, elle aussi, sur le Santon. L’idée réelle était de conserver un centre très fort mais de sacrifier la 1ère colonne et l’avant-garde de Kienmayer pour prendre Sokolnitz puis Telnitz et imposer les conditions de sudden death au Français. Avec la garde entre Bagration et Kollowrath, j’étais ensuite en mesure d’appuyer Bagration en cas d’offensive au nord, ou le centre en cas d’offensive au centre. C’est en découvrant que Lannes était absolument seul au nord que j’ai pris la décision d’envoyer la garde attaquer au nord. Le fait est que la prise du Santon m’amenait plusieurs avantages : tout d’abord, j’augmentais la difficulté du sudden death français en capturant un deuxième objectif. D’autre part, j’ouvrais directement la route menant au Zurlan (troisième objectif) et à la ligne de retraite française (quatrième objectif !). J’espérais donc déstabiliser mon adversaire et casser son plan de bataille. Le risque était d’abandonner toute réserve au centre et de ne pas pouvoir contre-attaquer en cas de victoire de Soult.
Au final, une partie sympathique tout de même, malgré l’inexpérience de mon adversaire, toujours de bonne humeur. Merci à toi Thierry pour cette partie de test !