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[CR]- Harpoon : le Trident de Lombardo

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1[CR]- Harpoon : le Trident de Lombardo Empty [CR]- Harpoon : le Trident de Lombardo Mer 23 Mar 2016 - 20:43

Francis Marliere



Ce qui suit est le compte-rendu d'une partie du wargame naval contemporain Harpoon. Il s'agit d'une partie en solo destinée avant tout à tester le scénario et mes capacités à arbitrer avant une partie multijoueurs, ce qui explique les erreurs tactiques qui émaillent l'affrontement.

Le thème de cette partie est la guerre des Malouines, qui opposa d'avril à juin 1982 l'Argentine et la Grande-Bretagne pour la possession de l'archipel éponyme, au sud de l'Atlantique sud. Le scénario retenu s'intéresse aux opérations navales, aéronavales et sous-marines au moment où la Task Force britannique pénètre dans la zone d'exclusion totale, le 1er mai 1982 à 0000.

L'escadre britannique se trouve alors à environ 200 nm (abréviation de mile marin – nautic mile) au nord-est de Port Stanley, la capitale de l'archipel. Elle comprends deux porte-aéronefs (Hermes et Invincible) emportant à eux deux une vingtaine de Sea Harrier FRS.1 et autant d'hélicoptères anti-sous-marins Sea King HAS.5, et est escortée par une dizaine de destroyers et frégates de la 1ère Flottille.

Ces dix bâtiments de guerre (4 destroyers et 6 frégates) sont un curieux mélange de navires, pour certains extrêmement modernes et pour d'autres totalement obsolètes. Sur les 4 destroyers qui assurent la défense antiaérienne de la flotte, 3 (Sheffield, Glasgow, Coventry) sont des unités récentes de Type 42, armés du système antiaérien Sea Dart. Ce système est capable d'abattre toute cible aérienne dans un rayon de 25 nm, mais fonctionne très mal contre des aéronefs ou des missiles à vol rasant. Le quatrième destroyer, l'Antrim, est un bâtiment ancien équipé du missile antiaérien Sea Slug totalement obsolète. Cette arme, nous le verrons, conserve cependant une certaine utilité pour la lutte de surface.

Les six frégates qui assurent la protection anti-sous-marine de l'escorte appartiennent aux classes Type 22 (Brilliant et Broadsword), 21 (Arrow et alacrity) et Rothesay (Plymouth et Yarmouth). Les premières sont les unités les plus modernes de la Royal Navy. Elles mettent en œuvre une suite anti-sous-marine très performante (sonar 2016, aux capacités bien supérieures du sonar 184 équipant la plupart des autres navires) et deux rampes Sea Wolf. Ces derniers sont des missiles d'autodéfense à courte portée très performants capables d'engager des missiles à vol rasant, comme l'Exocet.

Les frégates Type 21 affichent à l'inverse des caractéristiques bien plus modestes. Conçues pour être économiques à construire et entretenir, elles sont certes silencieuses, mais ne disposent que d'un armement et de senseurs a minima. Leur défense antiaérienne en particulier repose sur un système à courte portée Sea Cat totalement inefficace.

Les bâtiments de la classe Rothesay affichent des performances encore moindres. Bruyantes, dépourvues d'Exocet, et équipées d'un sonar ancien, elles sont inférieures en tous points aux autres navires de l'escorte.

Le groupe aéronaval britannique est accompagné par les pétroliers-ravitailleurs Olmeda et Ressource. Il est également soutenu à distance par les sous-marins nucléaires d'attaque Spartan, Splendid et Conqueror, qui patrouillent respectivement au nord-est, au nord-ouest et au sud des Malouines.

Le dispositif argentin repose sur plusieurs composantes : la flotte, le sous-marin San Luis, l'aviation navale, les bases aériennes du continent et les forces déployées aux Malouines.

La flotte argentine a pris la mer il y a plusieurs jours et est organisée en plusieurs Task Groups. Le TG 79.1, alors au large de Comodoro Ridavadia (donc loin au nord-nord-est de l'esacdre britannique), comprend le porte-avions Veinticinco de Mayo et une escorte de 4 destroyers (Hercules, Santissima Trinidad, Comodoro Py, Segui).

Le TG 79.3, composé du croiseur Général Belgrano et des destroyers Hipolito Bouchard et Piedrabuena, est un peu au nord de l'île des Etats. Les frégates Drummond, Guerrico et Granville forment le TG 79.4, qui évolue à 40 nm à l'ouest du porte-avions argentin.

A l'exception notable des destroyers Hercules et Santissima Trinidad (identiques aux Type 42 à la différence qu'ils sont équipés d'Exocet) et des 3 frégates (avisos A69 de fabrication française armés d'une pièce de 100 mm, d'Exocet et de torpilles anti-sous-marines), les bâtiments argentins sont des navires anciens si ce n'est usés, pour la plupart vétérans de la seconde guerre mondiale. Le porte-avions Veinticinco de Mayo, conçu pendant la guerre et achevé juste après, a servi dans les marines britannique et néerlandaise sous le nom de HMS Venerable puis HNLMS Karel Doorman avant d'être racheté par l'Argentine. Lent et mal armé, il embarque un groupe aérien composé de 8 avions de combat A-4Q Skyhawk, 4 appareils de reconnaissance et lutte anti-sous-marine S-2E Tracker, 2 hélicoptères anti-sous-marins S-61D-4 Sea King et 2 hélicoptères de liaison SA-316B Alouette III.

Armé de 15 pièces de 152 mm et protégé par un épais blindage, le Général Belgrano était un bâtiment redoutable au moment de sa construction, à la fin des années 30. Usé par 45 ans de service dont 4 de guerre dans le Pacifique, et rendu obsolète par les évolutions de la guerre navale, ce croiseur dispose tout de même d'un indéniable potentiel offensif, s'il arrive à portée de tir de ses cibles. Enfin, les 4 destroyers argentins sont des classes Allen M. Sumner et Gearing datant de la fin de la seconde guerre mondiale modernisés pendant les années 60. Dépourvus d'armement antiaérien et dotés d'une suite anti-sous-marine modeste, ces navires ne valent que par leur 4 missiles Exocet qui leur confère un indéniable punch pour le combat de surface.

Le seul sous-marin opérationnel de la marine argentine, le San Luis, patrouille à 50 nm au NE de Stanley, sur la route probable de l'escadre britannique.

L'aviation Navale argentine, modeste en taille, déploie à Rio Grande deux unités capitales dans l'affrontement à venir. L'escadrille aéronavale d'exploration aligne 2 avions de patrouille maritime SP-2H Neptune, chargée de repérer les sous-marins et navires ennemis, tandis que la 2ème escadrille aéronavale de chasse et d'attaque est chargée d'attaquer ces derniers avec ses 4 Super Etendard et 5 missiles air-mer AM.39 Exocet.

L'armée de l'air argentine (Fuerza Aérea Argentina, ou FAA) a quitté ses bases du nord du pays où ses principaux moyens de combat étaient déployés et s'est réorganisée en s'appuyant sur des aéroports civils ou des bases de la marine. Du nord au sud, on recense :
- 7 Canberra (bombardiers), 4 Mirage III (chasseurs )et 2 KC-130 H (ravitailleurs) à Comodoro Ridavadia ;
- 9 A-4C Skyhawk (attaque) et 10 Dagger (chasseurs-bombardiers) à San Julian ;
- 22 A-4B Skyhawk et 8 Mirage III à Rio Gallegos ;
- 9 Dagger à Rio Grande.

Enfin, l'Argentine a déployé l'équivalent de 3 brigades d'infanterie aux Malouines. Ces troupes sont soutenues par des hélicoptères et des avions de combat légers (principalement Macchi 339 et Pucara) déployés sur les bases aériennes avancées de Port Stanley et Goose Green. Ces appareils étant peu adaptés à la lutte anti-navire, j'ai considéré que les argentins les gardaient en réserve pour les combats aéroterrestres à venir et qu'ils n'interviendraient pas dans les opérations.

Francis Marliere



Le plan britannique vise à rendre possible un futur débarquement en érodant les forces terrestres, aériennes et navales argentines. Plus précisément, il prévoit
- d'attaquer, en coopération avec la Royal Air Force, les bases aériennes de l'archipel pour empêcher leur utilisation par les avions de combat ennemis ;
- de traquer le sous-marin San Luis dont la position est connue (suite à l'interception et au décryptage de messages radios argentins) ;
- de provoquer une réaction de la FAA en pilonnant les positions autour de Stanley afin d'engager l'aviation ennemie en combat aérien et l'étriller ;
- de couler ou renvoyer au port la marine argentine.


Le groupe aéronaval est organisé de la façon suivante : les deux porte-avions sont talonnés de près par leur ange gardien (les deux frégates Type 22), le Sheffield et l'Antrim sont déployés sur l'avant en piquet radar tandis que les deux frégates classe Rothesay forment un rideau anti-sous-marin sur l'avant des porte-avions, épaulées par la moitié des Sea King disponibles (les autres étant en alerte). L'escadre file 24 n au sud pour arriver à une centaine de nm à l'est de Stanley à 0700, pour le lancement d'un raid contre Stanley et Goose Green. L'Invincible assure seul les premières patrouilles de combat et recevra ensuite l'aide de l'Hermes quand les avions de ce derniers seront revenus de l'attaque contre les bases aériennes aux Malouines.

Le Coventry et l'Arrow, épaulés par 4 Sea King de l'Invincible, se détachent de l'escadre pour traquer le San Luis. Il progressent à 24 n au sud-sud-ouest puis à 12 n au sud pour rejoindre la zone de patrouille du San Luis et commencer la traque à 8 n.

Le Glasgow et l'Alacrity se séparent du groupe principal à 0700 et filent vers Stanley à 24 n pour un pilonnage commençant à 1100.

Les navires britanniques utilisent leurs radars, mais pas leurs sonars actifs (ce qui, pour le groupe principal me paraît avec le recul stupide, au vu de bruit fait par l'Hermes).


Du côté argentin, les TG 79.1 et .4 avancent à 12 n au sud-est avec la vague idée de se placer dans le dos des anglais. Deux Tracker assurent la défense anti-sous-marine. Le TG 79.3 avance mollement à 8 n vers l'est.

0700 : le raid britannique décolle (12 Sea Harrier de l'Hermes avec chacun 5 BL.755 à lancer en bombardement par dessus l'épaule pour éviter la dca). Peu après, les Neptune, en reconnaissance au nord et au sud des Malouines, repèrent par mesure de soutien électronique (interceptions des émissions radar) les radars de l'Invincible et du Coventry. Par triangulation, les navires sont localisés et leur position est transmise au quartier général de la marine.

Très rapidement, l'amiral Lombardo (le chef des opérations navales, responsable du théâtre d'opérations) ordonne un raid de 2 Super Etendard sur le contact le plus éloigné et s'entend avec son homologue de l'armée de l'air pour que la FAA se charge du contact le plus proche.

Le général Crespo décide que les appareils de San Julian et Rio Grande attaqueront la cible au large des Malouines ; ceux de Rio Gallegos sont trop éloignés, et les bombardiers Canberra de Comodoro Ridavadia trop vulnérables.

0712 : le détecteur d'anomalie magnétique d'un Sea King signale la présence du San Luis ; la chasse commence. Au cours des 3 prochains quarts d'heure, 3 Sea King et 1 Lynx lancent chacun une torpille Mk 46, qui ratent toutes leur cible.

0735 : les Sea Harrier du 800 Sqn passent à l'attaque et largeint leurs munitions en direction du tarmac et des infrastructures de l'aéroport. Les argentins sont secoués par le raid, mais celui-ci ne crée cependant pas de dommages significatifs. Les Sea Harrier étant restés hors de portée de la dca, il n'y a aucune perte.

0800 : les appareils commencent à décoller de San Julian et Rio Grande. A San Julian, 4 Dagger armés de 2 missiles air-air Shaffrir décollent en premier pour établir la supériorité aérienne. Ils sont suivis par 5 autres Dagger armés de bombes, puis de 2 groupes de 5 et 4 A-4 Skyhawk. A Rio Grande, 2 Super Etendard décollent en premier, suivis d'un groupe de 9 Dagger (dont 4 en escorte). Compte-tenu de la distance à parcourir, ces appareils volent à haute altitude pour économiser le carburant.

0820 : l'Arrow est attaqué par le San Luis et contre-attaque. Aucune des torpille ne touche.

0830 : les raids argentins sont repérés par le Coventry. A ce moment, la patrouille de combat est assurée uniquement par l'Invincible (les appareils de l'Hermes y prendront part à partir de 0900) et seuls 2 groupes de 2 Sea Harrier sont en l'air, respectivement au nord-ouest et sud-ouest de l'escadre. Une première patrouille est envoyée au nord-ouest-ouest intercepter les appareils venant de San Julian, et la seconde part à l'ouest, en direction des Daggers de Rio Grande. Le Hermes se préparer à lancer en urgence 4 Sea Harrier.

0848 : deux Sea Harrier engagent le combat avec les 4 Daggers de Rio Grande. Le premier round de combat voit le tir de 2 Sidewinder et 2 Shaffrir, qui ratent tous. Lors du second round, seuls les Sea Harrier parviennent à tirer un missile. L'un rate et l'autre abat un des appareils argentins.

0849 : le combat se poursuit entre les Sea Harrier, désormais sans missile et les 3 Dagger survivants, tandis qu'un peu plus au sud, la patrouille de combat britannique engage l'escorte du raid venant de Rio Grande. Au nord, un Sea Harrier abat au canon 2 Daggers, tandis que son coéuipier évite de justesse un Shaffrir. Le combat au sud est plus indécis. Après une première passe ratée de part et d'autres, les deux Sea Harrier lancent chacun un Sidewinder sur un chasseur argentin. L'un des deux détruit un Dagger mais un appareil britannique est abattu juste après.

0850 : Le Sea Harrier solitaire rompt le combat et laisse passer les 5 Dagger armés de bombes. Un peu plus au nord, c'est le Dagger solitaire qui se désengage, tandis que les 2 chasseurs survivants interceptent la seconde vague de bombardiers de San Julian (5 Dagger gréés en bombardiers). Ces derniers larguent leurs bombes et bidons et manœuvrent pour éviter la « Muerte Negra ». Un des Sea Harrier parvient à se placer dans les '6 heures' d'un des Dagger mais ce dernier esquive les tirs. Les appareils argentins profitent alors de leur vitesse et de la lassitude des chasseurs anglais pour rompre le combat.
Quatre nouveaux Sea Harrier ont décollé de l'Hermes ; ils forment deux nouvelles patrouilles qui se dirigent respectivement au nord-ouest et sud-ouest de l'escadre. Le groupe nord-ouest file à vive allure intercepter les Skyhawk de San Julian qui se rapprochent du groupe anti-sous-marin.

0855 : les 5 Dagger de Rio Grande filent à vitesse maximale au ras des flots en direction du Coventry et de l'Arrow. Le Conventry tire 8 Sea Dart tandis que les appareils s'approchent, et en abat 3. Deux Dagger attaquent la frégate Arrow malgré les tirs d'artillerie et le lancement d'un Sea Cat (infructueux), sans succès.

0900 : le Glasgow repère au sud les deux Super Etendard qui se dirigent au ras des flots et radars éteints au nord-est-est, vers les porte-avions.

0901 : les Super Etendard montent à basse altitude et allument brièvement leur radar. Ils repèrent deux unités (le Sheffield et l'Antrim). La patrouille de combat au sud-ouest des porte-avions se déroute à grande vitesse en direction des avions repérés par le Glasgow.

0902 : les Super Etendard lancent leur Exocet sur chacun des deux piquets radars avant d'être engagés par les Sea Harrier. Au même moment, deux autres Sea Harrier interceptent les Skyhawk de San Julian. Ces derniers jettent leurs bombes et engagent le combat au canon.

Les Super Etendards parviennent à éviter chacun 2 Sidewinder, mais l'un d'eux est finalement abattu au canon. L'appareil survivant rompt alors le combat et s'échappe grace à sa vitesse supérieure.

Les 5 Skyhawk sont vite abattus au Sidewinder, mais l'un d'eux parvient à détruire un Sea Harrier imprudent d'une rafale de 20 mm.

0906 : le Sheffield et l'Antrim présentent leur proue à l'Exocet qui arrive, et tentent de l'abattre avec leurs missiles et leur artillerie, sans succès. Le missile passe à quelques mètres seulement de l'Antrim mais atteint l'arrière du Sheffield. Le destroyer est sévèrement atteint mais reste opérationnel. L'impact et l'incendie consécutif détruisent le hangar d'aviation et avarient l'appareil propulsif (la vitesse est réduite de moitié) et à gouverner. Des brèches dans la coque ont laisser entrer beaucoup d'eau.

0907 : le dernier groupe de Skyhawk est maintenant à vitesse maximale, à très basse altitude, et se dirige vers le groupe anti-sous-marin.

0908 : le Coventry tire 2 Sea Dart, puis quatre autres une minute plus tard. L'un d'entre eux abat un Skyhawk. A 0910, quatre nouveaux missiles sont tirés, sans succès. A 0911, le destroyer lance deux derniers Sea Dart et ouvre le feu avec son artillerie sur le Skyhawk qui l'attaque, et l'abat in extremis. L'Arrow lance un Sea Cat, qui rate, et abat un des deux Skyhawk avec sa pièce de 114 mm. Le Skyhawk restant largue ses bombes. L'une touche la frégate et explose, détruisant par son souffle l'avion qui vient de la larguer. La bombe démolit le hangar et le lance-missile Sea Cat, et y allume deux violents incendies. Très rapidement, les feux et l'eau utilisée pour les combattre ont raison de l'appareil propulsif qui s'arrête temporairement.

0920 : l'escadre britannique se réorganise. L'Antrim vient aider le Sheffield et prend sa place. Le destroyer est remplacé par l Yarmouth. L'escadre fait du sur-place en attendant que le Sheffield aille mieux.

0940 : Un Sea King lance une torpille sur le San Luis, sans plus de succès que précédemment.

1000 : les TG 79.1 et 79.4 augmentent leur vitesse et mettent le cap au sud-sud-est, dans l'espoir d'atatquer les porte-avions britanniques. Un Tracker est catapulté pour une mission de reconnaissance.

1035 : le San Luis est de nouveau localisé et attaqué par un Sea King. Cette fois-ci la chance abandonne le sous-marin argentin, qui est coulé.

Francis Marliere



1100 : le Glasgow et l'Alacrity ouvrent le feu sur les positions argentines autour de Stanley. Le général Menedez (commandant des forces argentines aux Malouines) demande immédiatement l'aide de la FAA. Une série de raid est organisée à partir Rio Gallegos : 6 A-4 (départ à 1130), 4 Mirage III (départ à 1140), 6 A-4 (départ à 1145), 4 Mirage III (départ à 1150), 5 A-4 (départ à 1150) et finalement 5 autres A-4 (départ 1155).

1130 : le Tracker détecte le groupe aéronaval britannique et se retire pour éviter la CAP ; il suit ensuite la TF ennemie par mesure de soutien électronique, en restant sous son horizon radar. Il est remplacé ensuite par un autre appareil.

1200 : le Veinticinco de Mayo catapulte 8 A-4Q. Ceux-ci mettent le cap au sud-sud-est, vers le groupe aéronaval britannique.

1230 : la première patrouille de Mirage arrive à proximité du Glasgow et de l'Alacrity (ils arrivent avant les A-4 car ceux-ci sont plus lents et se ravitaillent en vol). La patrouille de combat engage le combat. Lors du 1er round, le leader britannique abat son homologue argentin avec un Sidewinder. Deux Mirage parviennent à tirer un Matra R.550 Magic sur les deux Sea Harrier, mais ceux-ci esquivent les missiles. Lors du second round, le leader britannique abat un autre Mirage. Les deux chasseurs argentins restant engagent la post-combustion et s'enfuient. Les Sea Harrier, à court de missiles et de carburant retournent à leur porte-avions.

1232 : les Skyhawk du Veinticinco de Mayo sont détectés au radar par l'Hermes et la frégate Broadsword.

1233 : la patrouille de combat la plus proche est déroutée pour les intercepter tandis que l'Invincible tire 2 Sea Dart. Les Skyhawk se séparent en deux groupes de 4 visant chacun un porte-avions.

1234 : le groupe de Skyhawk occidental, qui vise l'Invincible, perd un de ses membres, abattu par un Sea Dart, puis est engagé par les Sea Harrier. Ceux-ci abattent rapidement les 3 appareils restant.

1235 : le groupe de Skyhawk oriental attaque l'Hermes. La frégate Broadsword lance deux Sea Wolf qui abattent chacun un appareil, tandis qu'un troisième Skyhawk est détruit par le Sea Cat de l'Hermes. Le dernier avion largue 2 bombes freinées sur le porte-avions. L'une d'elle explose sur le pont du navire. Les dommages au navire, protégé par son pont blindé, sont modérés, mais deux Sea Harrier et 5 Sea King en alerte sur le pont sont détruits, et trois aéronefs prennent feu.

1240 : le second groupe de Mirage arrive, et patrouille autour de Stanley.

1245 : le premier groupe de Skyhawk repère le Glasgow et l'Alacrity, et passe à l'attaque. Les deux navires mettent le cap au sud pour ouvrir l'arc de tir de leurs armes, et le destroyer lance plusieurs salves de Sea Dart, qui abattent 2 Skyhawk et amènent un 3ème à s'écraser. Un appareil bombarde le Glasgow et 2 autres l'Alacrity, qui ne sont pas touchés.

1300 : le 2ème groupe de Skyhawk de Rio Gallegos arrive à proximité du Glasgow et de l'Alacrity. Le Glasgow tire ses derniers Sea Dart et abat trois appareils. Le Skyhawk visant le Glasgow est abattu par la pièce de 114 mm du destroyer mais ni le Sea Cat ni l'artillerie de l'Alacrity repoussent les deux appareils s'en prenant à la frégate. Celle-ci est encadrée par 6 bombes mais pas atteinte.

1305 : le contrôleur aérien de Port Stanley avertit les 2 groupes de Skyhawk en route pour attaquer ces deux navires de la présence de chasseurs britanniques. Prudemment, les A-4 argentins font demi-tour.

1310 : le A-4Q survivant apponte sur le Veinticinco de Mayo. Au vu de ce que raconte le pilote, l'amiral Allara décide de modifier son plan. Le porte-avions met le cap à l'est à vitesse modérée pour réduire le risque sous-marin, tandis que le TG 79.4, renforcé du Santissima Trinidad et du Comodoro Py (sur lequel vient se poser une Alouette du porte-avions), met le cap à 22 n en direction de l'escadre ennemie. Le porte-avions catapulte un Tracker pour guider ces navires vers leur cible et met le cap à l'est pour rester hors de portée de la bataille qui s'annonc. Ce faisant, le porte-avions se rapproche dangereusement du Spartan.

Durant l'après-midi, les navires du groupe ASM et du groupe de bombardement rejoignent l'escadre britannique, dont le navire amiral brûle encore. Les feux s'étendent et l'amiral Woodward doit transférer son pavillon à bord de l'Invincible. A 1730 l'Hermes doit être abandonné.

Francis Marliere



2000 : un Sea King HAS.5 en reconnaissance détecte les navires argentins, et l'amiral Woodward ordonne à plusieurs de ses navires (Glamorgan, Broadsword, Brilliant, Alacrity) de les intercepter. Au même moment, le Spartan entend le bruit du porte-avions argentin. Il commence alors son approche en alternant périodes d'écoute et d'analyse à 8 n et sprint vers la direction adéquate (au début le sud, ensuite le sud-est) à 24 n.

2200 : les hélicoptères des deux camps décollent et repèrent rapidement l'escadre adverse. Le Sea Dart du Santissima Trinidad dissuade les Lynx britanniques d'attaquer avec des Sea Skua.

2220 : les navires britanniques et argentins, qui naviguent en ligne de font, sont à portée d'Exocet, et passent à l'attaque.
La frégate Drummond lance ses 4 Exocet sur sur l'Alacrity, tandis que le Guerrico et le Granville en lancent chacun 2 sur le Broadsword. Le Santissima Trinidad tire 4 MM38 sur le Glamorgan et le Comodoro Py fait de même sur le Brilliant.
Les navires britanniques lancent tous leur 4 Exocet sur une cible : l'Alacrity engage le Drummond, le Broadsword le Guerrico, le Glamorgan et Santissima Trinidad, et le Brilliant le Comodoro Py.

2221 : les navires ont tourné de 90° pour ouvrir l'arc de tir de leurs armes. Le Glamorgan en profite pour tirer un Sea Slug contre la frégate Granville, tandis que le Santissima Trinidad engage des Exocet avec son Sea Dart. Le lanceur tombe en panne lors du tir du second missile et le premier rate sa cible.

2222 : les missiles sont maintenant proches de leur cible et les navires ouvrent le feu pour tenter de les abattre avant l'impact.
Les argentins, mal armés et peu chanceux, n'en atteignent aucun.
L'Alacrity, contre toute attente, abat un Exocet avec son canon de 114 mm.
Le Broadsword ne parvient à intercepter aucun Exocet, malgré le tir de 4 Sea Wolf.
Le Glamorgan n'abat aucun missile.
Le Brilliant détruit 2 missiles en vol avec des Sea Wolf.

Les missiles arrivent ...
La frégate Drumond est atteinte par les 4 Exocet et totalement détruite.
La frégate Guerrico n'est atteinte "que" par 3 missiles mais subit le même sort.
La frégate Granville est frappée de plein fouet par un Sea Slug et sérieusement endommagée.
Le Santissima Trinidad encaisse lui aussi 4 missiles et est pulvérisé.
Enfin, le Comodoro Py parvient à éviter 2 des 4 missiles mais est désemparé par les 2 autres.

L'Alacrity détourne 2 missiles et est sévèrement endommagée par le 3ème.
Le Broadsword détourne 3 missile et est atteint par un Exocet.
Le Glamorgan est atteint par 3 Exocet et explose car l'un des missile fait exploser la soute du Sea Slug.
Le Brilliant détourne un des deux Exocet et encaisse un missile.

Dans les minutes qui suivent, la frégate Granville et le destroyer Comodoro Py sont achevés par les Sea Skua des Lynx britanniques.

A bord de l'Alacrity, les feux sont vite maîtrisés et l'équipage travaille surtout à restaurer la propulsion (la frégate se traîne à 6 n) et son appareil à gouverner. Pour les deux frégates Type 22, une difficile lutte contre les incendies commence.

2300 : le Veinticinco de Mayo décide, au vu du compte-rendu fait par le Lynx du Santissima Trinidad, de rentrer au port, et met le cap au nord-ouest. Ce changement de cap l'envoie directement sur la position du Spartan, qui jusque-là avait du mal à rattraper sa proie.

2330 : le sous-marin se place à faible distance sur l'arrière du porte-avions et le suit jusqu'à l'aube. Les règles d'engagement des sous-marins britanniques les obligent en effet à identifier visuellement leur cible avant d'ouvrir le feu, afin d'éviter les méprises.

0300 : la frégate Brilliant parvient enfin à bout des feux qui la ravageaient. Le Broadsword a moins de chance et doit être évacué.

0700 : le Veinticinco de Mayo catapulte deux Tracker pour assurer sa défense anti-sous-marine. Les appareils, qui se placent sur l'avant, pour éclairer la route du porte-avions, ne peuvent donc rien contre le Spartan. Ce dernier confirme visuellement l'identité de sa cible et manœuvre pour se placer en position de tir.

0900 : le Spartan tire une salve de 3 torpilles. Atteint par deux d'entre elles, au milieu et sur l'arrière, le porte-avions prend immédiatement une forte gîte, qui va rapidement s'accroître. En moins d'une heure, le porte-avions chavire et coule.

Francis Marliere



Au final, le bilan est extrêmement sévère pour les deux camps. L'Argentine a perdu un porte-avions, un sous-marin, deux destroyers et cinq frégates, ainsi que 39 aéronefs (2 Mirage III, 7 Dagger, 20 Skyhawk, 1 Super Etendard, 1 Lynx, 4 Tracker, 2 Sea King et 2 Alouette). Les pertes humaines sont de l'ordre de 1.500 hommes tués.

La Grande-Bretagne a perdu un porte-avions, un destroyer et une frégate, ainsi que 36 aéronefs (10 Sea Harrier, 18 Sea King, 7 Lynx et 1 Wessex). Un destroyer et 3 frégates sont sérieusement endommagés. Les pertes humaines avoisinent les 300 morts. La Royal Navy est trop affaiblie pour envisager la poursuite de l'opération Corporate et doit se retirer.

La bataille s'achève sur une indéniable victoire argentine, aussi coûteuse qu'inattendue. D'ailleurs, au vu des pertes subies, on peut se demander s'il n'est pas préférable de parler de défaite britannique plutôt que de victoire argentine. Les argentins ont certes repris les Malouines, mais leur outil militaire est brisé. L'Argentine a perdu la marge de supériorité qu'elle avait sur le Chili et les plans de conquête des îles du canal Beagle (Lennox, Picton et Nueva) doivent être abandonnés.

La défaite s'explique avant tout par un certain nombre d'erreurs tactiques ou d'arbitrage, en particulier lors de l'attaque de l'Hermes, la charnière de la partie, qui a été le théâtre de plusieurs bourdes aux lourdes conséquences. Préoccupé par l'arbitrage, qui était l'objet premier de cette partie, j'ai mal placé la patrouille de combat (l'une des deux patrouilles devait en toute logique est positionnée au nord des porte-avions plutôt qu'à l'ouest), et ai mal commandé la frégate Broadsword, qui pouvait manœuvrer de façon à utiliser sa deuxième rampe Sea Wolf. Si cela avait été le cas, le Skyhawk aurait très probablement (75 % de chances) été abattu avant de bombarder l'Hermes.

Pareillement, la décision argentine de constituer un groupe de surface pour achever la Royal Navy était plus que discutable (elle a considérablement terni la victoire argentine en causant la perte du porte-avions et de 5 autres navires de guerre). Cette décision ne s'imposait pas tactiquement mais était motivée par la nécessité de m'exercer à l'arbitrage de ce genre de situation.

Le retour d'expérience de cette partie montre combien Harpoon est un jeu certes magnifique mais également imparfait, exigeant et ambitieux. Avec le recul, je me suis fait les réflexions suivantes :

Harpoon est un jeu conçu selon le principe « Design for Process » (désolé pour l'anglicisme, je ne trouve pas d'équivalent en bon français) et il y a relativement peu d'abstraction : les joueurs sont confrontés à des données brutes qu'ils doivent exploiter, dans une certaine mesure, comme le ferait un officier de marine. C'est la grande qualité du jeu car cela donne une grande liberté, un grand réalisme et une forte immersion. Cela pose cependant de réels problèmes lorsque les participants n'ont pas le savoir faire de professionnels. Elaborer le plan de vol d'un avion de patrouille maritime (qui doit repérer l'ennemi sans se faire abattre) ou manœuvrer un sous-marin nucléaire passant à l'attaque peut s'avérer assez malaisé.

Une autre conséquence de la façon dont Harpoon est conçu est que l'approche est résolument tactique et centrée sur le matériel. Le jeu ne précise pas comment gérer les problèmes de communication et/où de commandement. Lorsque les Neptune argentins repèrent les navires britanniques, il me semblait logique d'imposer un délai pour que l'information soit transmise aux décideurs à travers une chaîne hiérarchique complexe et que les paramètres de la mission (plan de vol, tactiques, etc.) soient établis et communiqués aux pilotes. Malheureusement les règles ne s'intéressent pas à ce genre de problèmes et j'ai improvisé en fixant arbitrairement un délai de 1 heure.

La gestion des raids aériens s'est avérée délicate en raison des missiles antiaériens Sea Dart qui permettaient d'engager les aéronefs à longue distance. Mon interprétation, peut-être discutable, des règles a fait que les destroyers Type 42 pouvaient grâce à leurs deux directeurs de tir lancer de nombreux missiles sur des assaillants avant que ceux-ci ne parviennent en position d'attaque. Cela a conduit à des situations doublement irréalistes, tant du point de vue de l'attrition provoquée que du nombre de missiles tirés. Compte-tenu du volume de feu (d'une dizaine à une quinzaine de missiles lancés) et des probabilités de coups au but (20 % de chances par missile d'abattre une cible), le Sea Dart détruisait statistiquement 2 à 3 appareils, ce qui est tout de même beaucoup pour un système notoirement connu pour être incapable d'engager une cible à très basse altitude. On n'imagine pas plus un destroyer tirant la quasi-totalité de ses missiles en deux brefs engagements : cela ne semble ni possible matériellement ni souhaitable d'un point de vue opérationnel.

La complexité du jeu et l'étendue du théâtre d'opérations rendent nécessaire une certaine souplesse dans l'arbitrage, qui se traduit par d'inévitables approximations dans la gestion du temps et de l'espace. Jouer avec toute la rigueur suggérée par Harpoon n'est envisageable que dans le cadre d'un scénario beaucoup moins ambitieux que celui-ci. Il faudrait en effet pour être précis, noter sur la carte scrupuleusement la position de chaque navire dans chaque escadre, et de chaque aéronefs dans une escadrille. L'expérience prouve que ce n'est ni possible, faute de temps, ni souhaitable, car la carte (pourtant au format A0) serait très rapidement surchargée d'informations au demeurant inutiles. Le principal enseignement de cette partie, dont, je le rappelle, le principal objet était de m'aguerrir à l'arbitrage, est que s'il faut parfois se montrer extrêmement rigoureux, il faut également se contenter d'approximations tant qu'un haut niveau de détail n'est pas indispensable.

Au delà des questions soulevées à propos de la modélisation ou des modalités de jeu, cette partie illustre la difficulté du combat de surface au missile mer-mer. Dans la situation actuelle, où les belligérants disposent des mêmes armes et de systèmes antiaériens empêchant l'emploi offensif d'hélicoptères, il était très difficile d'obtenir un autre résultat que la destruction mutuelle des navires des deux camps.

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