Tout d'abord je tiens à remercier IPO pour son accueil et la possibilité d'avoir pu jouer tout le week end avec Cory et évidemment Cory pour son invitation. Il est un adversaire fort sympathique avec beaucoup d'humour et un œil très critique.
Après avoir découvert le système sur les Quatre Bras, nous avons juste le temps de ranger le matos de la première bataille et de prendre celui de Mont Saint Jean. Pour aider au déploiement assez complexe, une aide de jeu est disponible pour cette bataille, présentant les zones de déploiement de chaque corps.
A nouveau je prends les Français et Corybantes prend les Anglais : "Au moins si je perd je serais pas déçu".
Nous gardons le premier niveau de commandement afin de fluidifier le jeu au maximum.
Ordres de bataille
Français :
Armée du Nord (Napoléon), Aile gauche (Ney)
I Corps : D'Erlon
II Corps : Reille (qui a subit 3.000 pertes aux Quatre Bras. Nous avons joué le scénario historique sans prendre en compte notre partie du matin).
VI Corps : Mouton
III Corps de Cavalerie
IV Corps de Cavalerie
Garde Impériale : Drouot
Soit un total de (en gros) 80.000 hommes.
Armée Anglo-alliée (Wellington)
I Corps : Prince d'Orange
II Corps : Hill
Réserve : Wellington
Cavalerie : Uxbridge
Soit un total d'environ 75.000 hommes.
La première constatation de Corybantes c'est que si sa position a l'air solide, son flanc gauche est en l'air (même si il ne craint rien de la part de la cavalerie, de part le terrain, impraticable à cette dernière). D'autre part, ses corps sont totalement dispersés à travers tout le champ de bataille. Ce qui implique un commandement complet complètement impossible.
A contrario les Français ont déjà deux chefs d'armée et des chefs de corps dont les troupes sont rassemblées.
Le terrain est très favorable à la défense...Mais celui qui prend l'initiative de l'attaque choisit où il fait peser le poids du combat. Pour moi, c'est clairement à droite, face à la gauche anglaise qui ne dispose d'aucune réserve. En effet (voir photo), le déploiement initial (historique) offre une droite anglaise très solide (limite effrayante), en partie établie sur le flanc français et un centre qui ne compte que sur la Haye Sainte pour tenir. La gauche quant à elle ne survivra que tant que tiendront les deux fermes fortifiées sur le flanc droit français.
Mon plan est donc très simple. Avancer l'artillerie de la garde sur les hauteurs face au centre Anglais et y établir la grande batterie avec laquelle le centre sera saigné, le temps que les mouvements préliminaires se terminent.
Le IIème Corps de Reille aura pour objectif l'attaque de Hougoumont afin de provoquer une réaction anglaise de ce côté de la bataille.
Le Ier Corps de d'Erlon aura pour objectif la prise de la Haye Sainte et le blocage du centre anglais.
En liaison entre les Ier et IIème Corps, Drouot mènera la Jeune Garde.
Le VIème Corps de Mouton aura pour objectif de tourner la gauche Anglaise par delà Fichermont. C'est le VIème Corps qui doit amener à la décision.
Le IIIème Corps de Cavalerie de Kellerman aura pour objectif la protection du flanc gauche du IIème Corps.
Le IVème Corps de Cavalerie de Milhaud aura pour objectif l'assaut du flanc gauche anglais avec le VIème Corps.
La Moyenne et la Vieille Garde sont placées en réserve (règle optionnelle que j'ai suivi qui empêche le Français d'utiliser ces gardes tant que les prussiens ne sont pas arrivés sur le champ de bataille).
Voici en gros le plan français et les réactions anglaises qu'il suscitera.
******
Récit de la bataille décisive de la campagne de 1815.
******
Kassomme, Belgique, non loin de Mont Saint Jean, 18 juin 1815, 10h00.
Napoléon observe à la lunette les positions anglaises au loin. Il pleut toujours et le terrain est détrempé. L'heure tourne et l'armée attend les ordres de se mettre en action. A ses côtés, le Maréchal Ney, couvert de gloire après son action d'éclat aux Quatre Bras, attend le signal.
"Qu'en pensez-vous, Monsieur le Maréchal ?"
"Il faut attaquer dès que la pluie cessera. Votre plan est imparable. Le seul obstacle à la victoire n'est pas l'armée anglaise, nous avons montré il y a deux jours que nous pouvions la battre et qu'elle n'est pas invincible. Le seul obstacle ce sont ces fermes fortifiées qui parsèment le champ de bataille. Surtout celle-ci" répond le Maréchal Ney, en montrant du de son bâton l'énorme fortification de Hougoumont. Un drapeau s'y élève, aux armoiries des Foot Guards anglais.
"C'est donc votre objectif premier, Maréchal. Prendre Hougoumont puis provoquer une réaction anglaise contre l'avance du IIème Corps. Soult, veuillez à transmettre aux chefs de corps les instructions suivantes :
- au Général Reille et au Général Kellerman de se placer directement sous les ordres du Maréchal Ney. De former une batterie composée de tous les canons du IIème Corps afin de bombarder Hougoumont.
- au Général d'Erlon de s'avancer vers la Haye Sainte et de se positionner face au centre Anglais. Là, d'y couvrir l'artillerie de la garde qui viendra s'établir en une grande batterie. Papelotte devra également être enlevée dès que possible.
- au Général Mouton de bouger rapidement vers Fichermont puis de tourner le flanc britannique.
- au Général Milhaud de protéger le flanc droit en attendant que Mouton soit en position, puis de le rejoindre rapidement pour appuyer le mouvement tournant.
- A tous, nous ne savons pas où sont les prussiens. Je n'ai aucune nouvelle de Grouchy non plus. Il nous faut donc agir rapidement. Prenez les risques qu'il faudra : si nous gagnons cette bataille, le sort de cette campagne de Belgique sera scellé !"
**********
Position proche du château d'Hougoumont. 11h00.
La pluie avait cessé. Près de nombreuses batteries, des officiers supérieurs observent la position retranchée des Foot Guards et décrivent du doigt des mouvements de divisions.
"Mon général !!"
Le général Reille, commandant le II Corps de l'armée du Nord, se retourne et voit arriver un cavalier à bride abattue.
"Oui, capitaine ?"
"Des ordres de l'Empereur et du Maréchal Ney ! Veuillez débuter l'action !"
"Ah ! Excellent !"
Reille retourne à son état-major, où l'attendent ses divisionnaires qui veulent en découdre. Ils ont déjà vaincu les Anglais aux Quatre Bras et sont motivés.
"Bien, les trois batteries du corps vont entamer le bombardement de la ferme fortifiée. Jérôme, déployez les tirailleurs en avant des batteries. Vous attaquerez dès qu'une brèche aura été faite. 5ème et 9ème Divisions, vous attaquerez par les bois à l'est et en chasserez ces quelques troupes !"
[Déployer des tirailleurs est une prise de risque, on permet à l'ennemi d'attaquer un de ses régiments avec une certaine supériorité numérique. Toutefois, cela permet de gagner du temps et de tirer au fusil à deux cases. Qui plus est...on peut tirer à travers avec l'artillerie.
Avec les trois batteries (puissance de base 6), j'ai une réduction de feu de 1 pour la distance et 2 pour la fortification...Je tombe à 3 par batterie...pour un total de 9. Soit colonne 7 qui est le maximum. Cette colonne, très violente permet de faire en moyenne 2 pertes par tir, avec 2 tirs par tour.
Les anglais protégeant Hougoumont vont donc être la cible d'une terrible puissance de feu et d'une grêle de boulets. L'avantage d'Hougoumont est d'ignorer les tests de moral au feu et les résultats désorganisés au choc.]
*********
Au centre, D'Erlon se met en mouvement avec son corps pour prendre position sur les hauteurs faisant face aux troupes britanniques du centre et de l'aile gauche de Wellington. Rapidement, les canons (très nombreux) du Ier Corps et de l'artillerie de la garde suivent l'infanterie et commencent l’ascension des hauteurs.
[l'artillerie est particulièrement pénalisée dans son mouvement lors de l'ascension des hauteurs, qu'il faut prendre en compte car cela coûte 3 points plus 2 points pour se mettre en batterie...soit la totalité de la capacité de mouvement de l'artillerie non à cheval.]
Sur la droite, avec simplement l'appui d'une batterie à cheval, D'Erlon ordonne à une brigade d'enlever Papelotte. Sans plus attendre, le brigadier s'élance à la tête de ses troupes et repousse les troupes hollandaises qui refluent en désordre.
[Dans le même temps, avec ma ligne de bataille qui s'étire graduellement à mon avancée, je dois déplacer Ney et Napoléon pour assurer chaque général de Corps d'être commandé. Au premier niveau de commandement, chaque général de corps doit être à 10 hex de son général en chef et chaque unité doit être à 6 hex de son général de corps.]
La situation à 11h30, avec la prise de Papelotte. Cette position a été attaquée avec un ratio (après modification des facteurs d'attaque) de 3 contre 2 sans modificateur au dé.
Face à l'avancée de l'armée française, Wellington donne des ordres. Rapidement, les réserves se mettent en mouvement et son plan se dessine petit à petit : renforcer le centre en artillerie et profiter de la protection offerte par Hougoumont qui bloque les Français pour tenter de les tourner par une grande contre-attaque.
Mais les plans de Wellington vont rapidement être perturbés : en effet, après un bombardement intensif de 45 minutes, les Français de Jérome (II Corps) s'élancent sous le commandement direct de Reille et capturent Hougoumont, tuant tous les Foot Guard qui s'y trouvaient, pendant que la 5ème division met les belges en déroute dans les bois d'Hougoumont.
Dans le même temps, Kellerman, dont le corps a été renforcé d'une partie de la cavalerie de la garde, s'est placé sur le flanc gauche français pour empêcher tout mouvement tournant et permettre à l'infanterie du II Corps de manœuvrer.
Au centre, un duel d'artillerie a débuté. Les pertes commencent à s'accumuler. Et si en général l'artillerie britannique se montre très inférieures à l'artillerie française [facteurs de tir moindre car beaucoup d'artillerie à cheval...mais aussi scores risibles de la part de Corybantes qui enchaîne les 1, les 2 et les 3 au dé. Par contre avec de tels dés, les troupes britanniques sont absolument inébranlables. Il y a un avantage à faire des scores pourraves...]
Sur la droite, le VIème Corps de Mouton arrive près de Fichermont et attaque sans soutien la ferme fortifiée...et parvient à l'enlever ! [C'est une bataille décisive et je sais que mon temps est compté. Je prends donc des risques. Après modificateurs des facteurs de combat, je suis en 1/1 dans cet assaut qui m'est favorable après un jet de dé bien senti !]
A 12h00, Hougoumont, Fichermont et Papelotte sont donc déjà entre les mains des Français devant un Wellington médusé. "Logiquement, ça aurait du tenir un petit poil plus quand même..." Pensa le généralissime anglais. Seule tient encore la Haye Sainte plus difficile à couvrir de l'artillerie.
A gauche, Uxbridge et ses cavaliers disputent les hauteurs à la cavalerie de la garde. Charges et contre-charges se suivent.
Enfin en position, le centre Français toujours bloqué par la Haye Sainte, Wellington débute son attaque sur sa droite. Les tirailleurs français de la 6ème Division sont rejetés en désordre et les régiments anglais s'avancent dans la plaine alors que les troupes françaises tentent de se réorganiser après le combat d'Hougoumont.
Au centre, le duel d'artillerie se poursuit alors que les dernières batteries se mettent en place chez les Français. Les pertes anglaises sont extrêmes. Les pertes françaises deviennent tout aussi sensible. Mais de manière générale, les pertes sont très inférieures à ce qu'elles pourraient être, le stress provoquant des erreurs bêtes :
"heu...vous êtes sûr que vous avez mis un boulet, là ?" demande un officier anglais aux artilleurs d'une batterie à cheval.
"well, well, well, o'blady o'blada..." répondirent ces derniers, un peu gênés devant les caissons à munition encore pleins.
"Ok, j'en déduis que non..."
[En fait le duel d'artillerie est un duel de score pitoyables au dé, anglais comme français. D'un autre côté, il a beaucoup plu, il est normal que l'artillerie soit moins efficace, non ?]
Profitant de la chute des fermes fortifiées Fichermont et Papelotte, le VIème Corps de Mouton se redéploie pour son mouvement final, alors que la cavalerie du IIIème Corps se prépare à faire demi-tour, le terrain étant impraticable pour la cavalerie.
Situation à 12h30
La manoeuvre de débordement par le VI Corps
La couverture du flanc gauche par la cavalerie de la garde et de Kellerman
La contre-offensive anglaise bat son plein...mais on devine un problème à venir pour l'unité de tête anglaise...
Il est donc 12h30. Wellington sait que les prussiens sont en route et qu'ils devraient arriver à partir de 13h00 sur le champ de bataille. Et pourtant, en une demie-heure, le sort bascule définitivement entre les mains des français.
En effet, le Maréchal Ney et le Général Reille vont agir avec beaucoup de sang-froid :
Lançant la cavalerie légère du corps, Reille oblige les anglais à se mettre en carré. La cavalerie abandonne sa charge et se replie en désordre. Ceci dit, l'avance anglaise est bloquée et la 9ème Division peut attaquer les carrés en colonne d'assaut. Par ailleurs, par dela les bois, Reille lance les 5ème et 6ème division pour attaquer le flanc de la contre offensive anglaise. Enfin, sur son flanc gauche, Reille laisse aux batteries le soin de se protéger à grand coup de mitraille.
En quelques vingt minutes de combat, l'ensemble des troupes britanniques ayant contre-attaqué est pris, tué ou mis en déroute. Dans le même temps, la cavalerie de Kellerman vient de prendre l'avantage sur le flanc en écrasant un régiment d'infanterie imprudemment avancé, bousculant au passage une batterie d'artillerie dont les servant s'enfuient en voyant des centaines d'hommes courir en hurlant que tout est perdu.
L'aile droite anglaise vient de disparaître.
[Lorsqu'on initie une charge, on ne précise pas la cible de la charge. Dès que la cavalerie est en vue d'une unité d'infanterie, celle-ci peut tenter de réagir et de se mettre en carré. Sauf dans le cas où le cavalerie devient visible au contact : il est alors trop tard pour se mettre en carré.
Ce tour-ci j'ai donc pu attaquer un régiment non en carré et un escadron anglais a échoué sa contre-charge et s'est donc fait bien bousculer. La retraite en désordre de l'infanterie a entraîné - après un échec au test de moral - une batterie d'artillerie]
Sur le flanc droit, Mouton s'avance rapidement vers les hauteurs tenues par la cavalerie anglaise, qui ne peut contre charger du au terrain, impraticable comme on l'a dit. Elle se replie donc en désordre.
[Lorsqu'une unité arrive au contact de la cavalerie on peut tenter immédiatement une contre-charge. Celle-ci est résolue immédiatement et n'empêche nullement d'autres contre-charges. Toutefois, le terrain, très encaissé, empêche toute charge de cavalerie. Attaqué de front par des unités d'infanterie fraîches, il est suicidaire de rester avec la cavalerie qui a le choix de se désorganiser volontairement afin de reculer de 2 hex.]
Il est alors 13 heures. La cavalerie Prussienne arrive enfin sur le champ de bataille, mais est encore bien loin du combat principal et le IVème Corps de Bulow est encore en arrière. Il mettra au moins 2 heures pour se mettre en position d'attaque. Et 2 heures, Wellington n'en dispose plus.
En effet, la manœuvre d'enveloppement de Mouton est achevée. Il n'y a plus qu'à faire s'envoler le centre et bloquer la ligne de retraite vers Bruxelles...Et à poursuivre la cavalerie en désordre avec Milhaud.
Au centre, les pertes anglaises, terribles, ne laissent que peu d'espoir de tenir lorsque les français lanceront l'assaut.
A gauche, l'échec total de l'offensive de Wellington a mis en péril tout son dispositif et Reille peut maintenant se rabattre vers le centre avec l'aide de la Jeune Garde en tête.
Le Ier Corps britannique, qui a subit l'essentiel de l'assaut français, est désespéré : le moral baisse de 2 et toutes les unités doivent tester. Les autres corps ont aussi beaucoup subit. La cavalerie est proche de sa limite, de même que le IIème Corps. La réserve seule peut encore tenir.
Les anglais ont subit en gros 30,000 pertes en deux heures de combats acharnés qui ont raison de leur résistance.
Ne pouvant tenir dans une situation totalement compromise, Wellington se décide à la retraite. La bataille de Mont Saint Jean, après les victoires éclatantes des Quatre Bras et de Ligny, met fin à la campagne de Belgique. L'armée anglaise rembarque pour l'Angleterre et les Prussiens doivent rentrer en Allemagne ; alors que seuls, les Autrichiens acceptent de débuter des négociations.
*****
Le soir même de la bataille de Mont Saint Jean, Wellington, seul regarde une dernière fois les cartes.
"Damn it, you froggies...normalement, je devais tenir Hougoumont. Face à mon centre puissant, la cavalerie française serait venue s'écraser contre les carrés pendant que les prussiens se déployaient sur le flanc français. Pressés de toute part, Napoléon aurait alors du engager sa précieuse garde que nous aurions repoussé par un feu de ligne. Repoussant la garde, la panique se serait emparée de toute l'armée française qui aurait fuie le champ de bataille...C'était un plan imparable..."
La partie a donc duré 4 tours particulièrement intenses pendant lesquels les Français ont pris de nombreux risques et n'ont pas hésité à attaquer en 1 contre 1 lorsque cela s'avérait nécessaires.
De ce que j'ai pu analyser, un mouvement de l'aile droite anglaise sur la gauche française me semble une mauvaise idée dans tous les cas : en effet, l'aile gauche anglaise est très faible et peut facilement sauter par une offensive soutenue - surtout si on y met le VI Corps de Mouton. Si cette aile saute, il ne peut plus y avoir de coordination entre les anglais et les prussiens et d'autre part, le centre sera annihilé en un temps record.
Sachant que Wellington ne voulait pas s'engager sur sa droite, je dois avouer que j'ai du mal à comprendre pourquoi il y a disposé toutes ses réserves. Surtout que sa gauche n'est pas constituée de troupes solides, loin de là. En bref, je pense que le britannique doit jouer la montre et tenir le terrain, renforcer les fermes fortifiées dès que possible en attendant que les prussiens arrivent.
A ce moment-là seulement une contre-offensive doit être pensée pour fixer les français.
En tout cas, j'ai pris beaucoup de plaisir à jouer face à Corybantes qui est un adversaire modèle qui garde toujours le sourire et avec qui il est intéressant de commenter et discuter des options de chacun, même en court de partie.
Je suis impatient de rejouer contre lui et ce sera Leipzig !
Après avoir découvert le système sur les Quatre Bras, nous avons juste le temps de ranger le matos de la première bataille et de prendre celui de Mont Saint Jean. Pour aider au déploiement assez complexe, une aide de jeu est disponible pour cette bataille, présentant les zones de déploiement de chaque corps.
A nouveau je prends les Français et Corybantes prend les Anglais : "Au moins si je perd je serais pas déçu".
Nous gardons le premier niveau de commandement afin de fluidifier le jeu au maximum.
Ordres de bataille
Français :
Armée du Nord (Napoléon), Aile gauche (Ney)
I Corps : D'Erlon
II Corps : Reille (qui a subit 3.000 pertes aux Quatre Bras. Nous avons joué le scénario historique sans prendre en compte notre partie du matin).
VI Corps : Mouton
III Corps de Cavalerie
IV Corps de Cavalerie
Garde Impériale : Drouot
Soit un total de (en gros) 80.000 hommes.
Armée Anglo-alliée (Wellington)
I Corps : Prince d'Orange
II Corps : Hill
Réserve : Wellington
Cavalerie : Uxbridge
Soit un total d'environ 75.000 hommes.
La première constatation de Corybantes c'est que si sa position a l'air solide, son flanc gauche est en l'air (même si il ne craint rien de la part de la cavalerie, de part le terrain, impraticable à cette dernière). D'autre part, ses corps sont totalement dispersés à travers tout le champ de bataille. Ce qui implique un commandement complet complètement impossible.
A contrario les Français ont déjà deux chefs d'armée et des chefs de corps dont les troupes sont rassemblées.
Le terrain est très favorable à la défense...Mais celui qui prend l'initiative de l'attaque choisit où il fait peser le poids du combat. Pour moi, c'est clairement à droite, face à la gauche anglaise qui ne dispose d'aucune réserve. En effet (voir photo), le déploiement initial (historique) offre une droite anglaise très solide (limite effrayante), en partie établie sur le flanc français et un centre qui ne compte que sur la Haye Sainte pour tenir. La gauche quant à elle ne survivra que tant que tiendront les deux fermes fortifiées sur le flanc droit français.
Mon plan est donc très simple. Avancer l'artillerie de la garde sur les hauteurs face au centre Anglais et y établir la grande batterie avec laquelle le centre sera saigné, le temps que les mouvements préliminaires se terminent.
Le IIème Corps de Reille aura pour objectif l'attaque de Hougoumont afin de provoquer une réaction anglaise de ce côté de la bataille.
Le Ier Corps de d'Erlon aura pour objectif la prise de la Haye Sainte et le blocage du centre anglais.
En liaison entre les Ier et IIème Corps, Drouot mènera la Jeune Garde.
Le VIème Corps de Mouton aura pour objectif de tourner la gauche Anglaise par delà Fichermont. C'est le VIème Corps qui doit amener à la décision.
Le IIIème Corps de Cavalerie de Kellerman aura pour objectif la protection du flanc gauche du IIème Corps.
Le IVème Corps de Cavalerie de Milhaud aura pour objectif l'assaut du flanc gauche anglais avec le VIème Corps.
La Moyenne et la Vieille Garde sont placées en réserve (règle optionnelle que j'ai suivi qui empêche le Français d'utiliser ces gardes tant que les prussiens ne sont pas arrivés sur le champ de bataille).
Voici en gros le plan français et les réactions anglaises qu'il suscitera.
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Récit de la bataille décisive de la campagne de 1815.
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Kassomme, Belgique, non loin de Mont Saint Jean, 18 juin 1815, 10h00.
Napoléon observe à la lunette les positions anglaises au loin. Il pleut toujours et le terrain est détrempé. L'heure tourne et l'armée attend les ordres de se mettre en action. A ses côtés, le Maréchal Ney, couvert de gloire après son action d'éclat aux Quatre Bras, attend le signal.
"Qu'en pensez-vous, Monsieur le Maréchal ?"
"Il faut attaquer dès que la pluie cessera. Votre plan est imparable. Le seul obstacle à la victoire n'est pas l'armée anglaise, nous avons montré il y a deux jours que nous pouvions la battre et qu'elle n'est pas invincible. Le seul obstacle ce sont ces fermes fortifiées qui parsèment le champ de bataille. Surtout celle-ci" répond le Maréchal Ney, en montrant du de son bâton l'énorme fortification de Hougoumont. Un drapeau s'y élève, aux armoiries des Foot Guards anglais.
"C'est donc votre objectif premier, Maréchal. Prendre Hougoumont puis provoquer une réaction anglaise contre l'avance du IIème Corps. Soult, veuillez à transmettre aux chefs de corps les instructions suivantes :
- au Général Reille et au Général Kellerman de se placer directement sous les ordres du Maréchal Ney. De former une batterie composée de tous les canons du IIème Corps afin de bombarder Hougoumont.
- au Général d'Erlon de s'avancer vers la Haye Sainte et de se positionner face au centre Anglais. Là, d'y couvrir l'artillerie de la garde qui viendra s'établir en une grande batterie. Papelotte devra également être enlevée dès que possible.
- au Général Mouton de bouger rapidement vers Fichermont puis de tourner le flanc britannique.
- au Général Milhaud de protéger le flanc droit en attendant que Mouton soit en position, puis de le rejoindre rapidement pour appuyer le mouvement tournant.
- A tous, nous ne savons pas où sont les prussiens. Je n'ai aucune nouvelle de Grouchy non plus. Il nous faut donc agir rapidement. Prenez les risques qu'il faudra : si nous gagnons cette bataille, le sort de cette campagne de Belgique sera scellé !"
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Position proche du château d'Hougoumont. 11h00.
La pluie avait cessé. Près de nombreuses batteries, des officiers supérieurs observent la position retranchée des Foot Guards et décrivent du doigt des mouvements de divisions.
"Mon général !!"
Le général Reille, commandant le II Corps de l'armée du Nord, se retourne et voit arriver un cavalier à bride abattue.
"Oui, capitaine ?"
"Des ordres de l'Empereur et du Maréchal Ney ! Veuillez débuter l'action !"
"Ah ! Excellent !"
Reille retourne à son état-major, où l'attendent ses divisionnaires qui veulent en découdre. Ils ont déjà vaincu les Anglais aux Quatre Bras et sont motivés.
"Bien, les trois batteries du corps vont entamer le bombardement de la ferme fortifiée. Jérôme, déployez les tirailleurs en avant des batteries. Vous attaquerez dès qu'une brèche aura été faite. 5ème et 9ème Divisions, vous attaquerez par les bois à l'est et en chasserez ces quelques troupes !"
[Déployer des tirailleurs est une prise de risque, on permet à l'ennemi d'attaquer un de ses régiments avec une certaine supériorité numérique. Toutefois, cela permet de gagner du temps et de tirer au fusil à deux cases. Qui plus est...on peut tirer à travers avec l'artillerie.
Avec les trois batteries (puissance de base 6), j'ai une réduction de feu de 1 pour la distance et 2 pour la fortification...Je tombe à 3 par batterie...pour un total de 9. Soit colonne 7 qui est le maximum. Cette colonne, très violente permet de faire en moyenne 2 pertes par tir, avec 2 tirs par tour.
Les anglais protégeant Hougoumont vont donc être la cible d'une terrible puissance de feu et d'une grêle de boulets. L'avantage d'Hougoumont est d'ignorer les tests de moral au feu et les résultats désorganisés au choc.]
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Au centre, D'Erlon se met en mouvement avec son corps pour prendre position sur les hauteurs faisant face aux troupes britanniques du centre et de l'aile gauche de Wellington. Rapidement, les canons (très nombreux) du Ier Corps et de l'artillerie de la garde suivent l'infanterie et commencent l’ascension des hauteurs.
[l'artillerie est particulièrement pénalisée dans son mouvement lors de l'ascension des hauteurs, qu'il faut prendre en compte car cela coûte 3 points plus 2 points pour se mettre en batterie...soit la totalité de la capacité de mouvement de l'artillerie non à cheval.]
Sur la droite, avec simplement l'appui d'une batterie à cheval, D'Erlon ordonne à une brigade d'enlever Papelotte. Sans plus attendre, le brigadier s'élance à la tête de ses troupes et repousse les troupes hollandaises qui refluent en désordre.
[Dans le même temps, avec ma ligne de bataille qui s'étire graduellement à mon avancée, je dois déplacer Ney et Napoléon pour assurer chaque général de Corps d'être commandé. Au premier niveau de commandement, chaque général de corps doit être à 10 hex de son général en chef et chaque unité doit être à 6 hex de son général de corps.]
La situation à 11h30, avec la prise de Papelotte. Cette position a été attaquée avec un ratio (après modification des facteurs d'attaque) de 3 contre 2 sans modificateur au dé.
Face à l'avancée de l'armée française, Wellington donne des ordres. Rapidement, les réserves se mettent en mouvement et son plan se dessine petit à petit : renforcer le centre en artillerie et profiter de la protection offerte par Hougoumont qui bloque les Français pour tenter de les tourner par une grande contre-attaque.
Mais les plans de Wellington vont rapidement être perturbés : en effet, après un bombardement intensif de 45 minutes, les Français de Jérome (II Corps) s'élancent sous le commandement direct de Reille et capturent Hougoumont, tuant tous les Foot Guard qui s'y trouvaient, pendant que la 5ème division met les belges en déroute dans les bois d'Hougoumont.
Dans le même temps, Kellerman, dont le corps a été renforcé d'une partie de la cavalerie de la garde, s'est placé sur le flanc gauche français pour empêcher tout mouvement tournant et permettre à l'infanterie du II Corps de manœuvrer.
Au centre, un duel d'artillerie a débuté. Les pertes commencent à s'accumuler. Et si en général l'artillerie britannique se montre très inférieures à l'artillerie française [facteurs de tir moindre car beaucoup d'artillerie à cheval...mais aussi scores risibles de la part de Corybantes qui enchaîne les 1, les 2 et les 3 au dé. Par contre avec de tels dés, les troupes britanniques sont absolument inébranlables. Il y a un avantage à faire des scores pourraves...]
Sur la droite, le VIème Corps de Mouton arrive près de Fichermont et attaque sans soutien la ferme fortifiée...et parvient à l'enlever ! [C'est une bataille décisive et je sais que mon temps est compté. Je prends donc des risques. Après modificateurs des facteurs de combat, je suis en 1/1 dans cet assaut qui m'est favorable après un jet de dé bien senti !]
A 12h00, Hougoumont, Fichermont et Papelotte sont donc déjà entre les mains des Français devant un Wellington médusé. "Logiquement, ça aurait du tenir un petit poil plus quand même..." Pensa le généralissime anglais. Seule tient encore la Haye Sainte plus difficile à couvrir de l'artillerie.
A gauche, Uxbridge et ses cavaliers disputent les hauteurs à la cavalerie de la garde. Charges et contre-charges se suivent.
Enfin en position, le centre Français toujours bloqué par la Haye Sainte, Wellington débute son attaque sur sa droite. Les tirailleurs français de la 6ème Division sont rejetés en désordre et les régiments anglais s'avancent dans la plaine alors que les troupes françaises tentent de se réorganiser après le combat d'Hougoumont.
Au centre, le duel d'artillerie se poursuit alors que les dernières batteries se mettent en place chez les Français. Les pertes anglaises sont extrêmes. Les pertes françaises deviennent tout aussi sensible. Mais de manière générale, les pertes sont très inférieures à ce qu'elles pourraient être, le stress provoquant des erreurs bêtes :
"heu...vous êtes sûr que vous avez mis un boulet, là ?" demande un officier anglais aux artilleurs d'une batterie à cheval.
"well, well, well, o'blady o'blada..." répondirent ces derniers, un peu gênés devant les caissons à munition encore pleins.
"Ok, j'en déduis que non..."
[En fait le duel d'artillerie est un duel de score pitoyables au dé, anglais comme français. D'un autre côté, il a beaucoup plu, il est normal que l'artillerie soit moins efficace, non ?]
Profitant de la chute des fermes fortifiées Fichermont et Papelotte, le VIème Corps de Mouton se redéploie pour son mouvement final, alors que la cavalerie du IIIème Corps se prépare à faire demi-tour, le terrain étant impraticable pour la cavalerie.
Situation à 12h30
La manoeuvre de débordement par le VI Corps
La couverture du flanc gauche par la cavalerie de la garde et de Kellerman
La contre-offensive anglaise bat son plein...mais on devine un problème à venir pour l'unité de tête anglaise...
Il est donc 12h30. Wellington sait que les prussiens sont en route et qu'ils devraient arriver à partir de 13h00 sur le champ de bataille. Et pourtant, en une demie-heure, le sort bascule définitivement entre les mains des français.
En effet, le Maréchal Ney et le Général Reille vont agir avec beaucoup de sang-froid :
Lançant la cavalerie légère du corps, Reille oblige les anglais à se mettre en carré. La cavalerie abandonne sa charge et se replie en désordre. Ceci dit, l'avance anglaise est bloquée et la 9ème Division peut attaquer les carrés en colonne d'assaut. Par ailleurs, par dela les bois, Reille lance les 5ème et 6ème division pour attaquer le flanc de la contre offensive anglaise. Enfin, sur son flanc gauche, Reille laisse aux batteries le soin de se protéger à grand coup de mitraille.
En quelques vingt minutes de combat, l'ensemble des troupes britanniques ayant contre-attaqué est pris, tué ou mis en déroute. Dans le même temps, la cavalerie de Kellerman vient de prendre l'avantage sur le flanc en écrasant un régiment d'infanterie imprudemment avancé, bousculant au passage une batterie d'artillerie dont les servant s'enfuient en voyant des centaines d'hommes courir en hurlant que tout est perdu.
L'aile droite anglaise vient de disparaître.
[Lorsqu'on initie une charge, on ne précise pas la cible de la charge. Dès que la cavalerie est en vue d'une unité d'infanterie, celle-ci peut tenter de réagir et de se mettre en carré. Sauf dans le cas où le cavalerie devient visible au contact : il est alors trop tard pour se mettre en carré.
Ce tour-ci j'ai donc pu attaquer un régiment non en carré et un escadron anglais a échoué sa contre-charge et s'est donc fait bien bousculer. La retraite en désordre de l'infanterie a entraîné - après un échec au test de moral - une batterie d'artillerie]
Sur le flanc droit, Mouton s'avance rapidement vers les hauteurs tenues par la cavalerie anglaise, qui ne peut contre charger du au terrain, impraticable comme on l'a dit. Elle se replie donc en désordre.
[Lorsqu'une unité arrive au contact de la cavalerie on peut tenter immédiatement une contre-charge. Celle-ci est résolue immédiatement et n'empêche nullement d'autres contre-charges. Toutefois, le terrain, très encaissé, empêche toute charge de cavalerie. Attaqué de front par des unités d'infanterie fraîches, il est suicidaire de rester avec la cavalerie qui a le choix de se désorganiser volontairement afin de reculer de 2 hex.]
Il est alors 13 heures. La cavalerie Prussienne arrive enfin sur le champ de bataille, mais est encore bien loin du combat principal et le IVème Corps de Bulow est encore en arrière. Il mettra au moins 2 heures pour se mettre en position d'attaque. Et 2 heures, Wellington n'en dispose plus.
En effet, la manœuvre d'enveloppement de Mouton est achevée. Il n'y a plus qu'à faire s'envoler le centre et bloquer la ligne de retraite vers Bruxelles...Et à poursuivre la cavalerie en désordre avec Milhaud.
Au centre, les pertes anglaises, terribles, ne laissent que peu d'espoir de tenir lorsque les français lanceront l'assaut.
A gauche, l'échec total de l'offensive de Wellington a mis en péril tout son dispositif et Reille peut maintenant se rabattre vers le centre avec l'aide de la Jeune Garde en tête.
Le Ier Corps britannique, qui a subit l'essentiel de l'assaut français, est désespéré : le moral baisse de 2 et toutes les unités doivent tester. Les autres corps ont aussi beaucoup subit. La cavalerie est proche de sa limite, de même que le IIème Corps. La réserve seule peut encore tenir.
Les anglais ont subit en gros 30,000 pertes en deux heures de combats acharnés qui ont raison de leur résistance.
Ne pouvant tenir dans une situation totalement compromise, Wellington se décide à la retraite. La bataille de Mont Saint Jean, après les victoires éclatantes des Quatre Bras et de Ligny, met fin à la campagne de Belgique. L'armée anglaise rembarque pour l'Angleterre et les Prussiens doivent rentrer en Allemagne ; alors que seuls, les Autrichiens acceptent de débuter des négociations.
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Le soir même de la bataille de Mont Saint Jean, Wellington, seul regarde une dernière fois les cartes.
"Damn it, you froggies...normalement, je devais tenir Hougoumont. Face à mon centre puissant, la cavalerie française serait venue s'écraser contre les carrés pendant que les prussiens se déployaient sur le flanc français. Pressés de toute part, Napoléon aurait alors du engager sa précieuse garde que nous aurions repoussé par un feu de ligne. Repoussant la garde, la panique se serait emparée de toute l'armée française qui aurait fuie le champ de bataille...C'était un plan imparable..."
La partie a donc duré 4 tours particulièrement intenses pendant lesquels les Français ont pris de nombreux risques et n'ont pas hésité à attaquer en 1 contre 1 lorsque cela s'avérait nécessaires.
De ce que j'ai pu analyser, un mouvement de l'aile droite anglaise sur la gauche française me semble une mauvaise idée dans tous les cas : en effet, l'aile gauche anglaise est très faible et peut facilement sauter par une offensive soutenue - surtout si on y met le VI Corps de Mouton. Si cette aile saute, il ne peut plus y avoir de coordination entre les anglais et les prussiens et d'autre part, le centre sera annihilé en un temps record.
Sachant que Wellington ne voulait pas s'engager sur sa droite, je dois avouer que j'ai du mal à comprendre pourquoi il y a disposé toutes ses réserves. Surtout que sa gauche n'est pas constituée de troupes solides, loin de là. En bref, je pense que le britannique doit jouer la montre et tenir le terrain, renforcer les fermes fortifiées dès que possible en attendant que les prussiens arrivent.
A ce moment-là seulement une contre-offensive doit être pensée pour fixer les français.
En tout cas, j'ai pris beaucoup de plaisir à jouer face à Corybantes qui est un adversaire modèle qui garde toujours le sourire et avec qui il est intéressant de commenter et discuter des options de chacun, même en court de partie.
Je suis impatient de rejouer contre lui et ce sera Leipzig !