Laurenius a écrit:Mon cher Dominique, ta question est fallacieuse. Avant que Mayotte devienne un département d'outre-mer, c'était un territoire d'outre-mer donc une partie de la république. Si annexion il y a eu, c'était en 1975. Il y a trois ans, cela n'a été qu'un changement de juridiction. Oserais tu dire que les habitants de Mayotte n'étaient pas français de 1975 à 2011 ?
Non, ton objection ne fait que déplacer le problème. Car, en fait, ce sont les Comores toutes entières qui ont été reconnues TOM en 1946. Elles dépendaient jusqu'à lors de Madagascar, et ce décrochage préparait sans doute la décolonisation qu'on sentait venir... Donc, lorsque les Comores deviennent indépendantes en 1975, la reconnaissance par la France d'une singularité mahoraise en leur sein constitue bien une annexion de fait, laquelle fait l'objet d'une contentieux franco-comorais à l'ONU et l'UA comme je le précisais. Et la départementalisation de Mayotte en 2011 signifie finalement que nous n'acceptons plus de négocier cette question : c'est bel et bien une annexion. Le problème n'est donc vraiment pas de savoir si je considère nos compatriotes mahorais comme français ou non (je viens de repondre, tiens), mais bien la légitimé de cette annexion en temps que précédent pour le sujet qui nous occupe.
Francis Marlière a écrit:Bastien, personne ne prétend que la Russie est un modèle "admirable". Personne ici je pense n'a de sympathie particulière pour Vladimir Poutine. L'objet de la présente discussion est la perception systématiquement faussée (négative) de ce pays dans les médias tandis que d'autres pays encore moins recommandables sont traités de façon beaucoup plus indulgente.
Je plussoie, à part que je reconnais, comme M. Hacheim, Bir, une certaine sympathie pour le rôle de Vladimir Poutine en temps que dirigeant. En particulier parce que je vois mal comment appliquer les critères de la
gouvernance à l'occidentale - qui ne paraissent de toute façon pas dignes d'être suivie - à un pays qui a subi tour à tour deux guerres mondiales entrelardée d'une guerre civile, une longue dictature, la guerre froide, l'effondrement de sa société et de son économie, son pillage par les groupes d'intérêts occidentaux ou ses propres mafias, et depuis une pression constante de la part des USA via l'OTAN et l'UE.
@ Pascal et Bastien
Je vois que, malgré leur antagonisme atavique, la fine équipe des provinciaux déchaînés vous a fait bon accueil, et je vous remercie d'accepter ainsi le débat au risque de découvrir le souchen
Dans le fond, je trouve que votre opposition de principe à la Russie est surtout déterminée par le caractère "idéal" (en tout cas supposé "préférable à tous les autres", ça reviens au même dans le monde réel) que vous prêtez aux démocraties occidentales. Il faudrait donc défendre les factions/pays qui arborent des principes similaires pour les faire "progresser" vers cette fin de l'histoire que constituerait "notre" modèle ; le tout au prix de quelques guerres - et inutile de protester sur ce dernier terme, je crois que je peux l'employer carrément au vue des précédents qui parlent pour moi.
Or, en ce qui me concerne, je ne peux pas partager cette position pour de nombreuses raisons que je vais tâcher de réduire à deux, d'ailleurs en relations étroite :
1° la première est l'hubris américaine, qui n'a clairement pas su profiter profiter de la position unique que lui conférait sa victoire sur le bloc soviétique pour s'affirmer comme puissance stabilisatrice. A l'inverse, les Etats-Unis jouent même un rôle central dans la déstabilisation de région entières dnasle monde, à commencer par la notre, l'Europe ;
2° la seconde est le déficit démocratique que je ressens dans notre propre société. Ainsi, je pense sioncèrement qu'on ne peut pas associer les most "démocratie" et "Union Européenne" : ce sont les nations européennes (et les Etats-Unis) qui ont inventées les démocraties modernes et ce sont les institutions européennes qui sont actuellement train de confisquer leurs droits politiques aux citoyens de ces démocraties. Ma référence à ce sujet est le résultat du référendum de 2005 sur la Constitution européenne : le "non" du peuple français a été confisqué par la ratification du traité européen de 2008, de la même manière que les suffrages négatifs en Irlande ou aux Pays-bas on été ignorés. La nouvelle Union soviétique dans la guerre froide qui se prépare, ne vous y trompez pas, c'est l'UE !
La relation étroite entre ces deux points, c'est évidement le lien de vassalité entretenu par l'UE envers son mentor américain. Partant de là, je ne pense que ce n'est pas souhaiter la paix ou la progression des droits sociaux et politiques dans le monde, que de proposer à tel ou tel pays de s'associer de près ou de loin à ces deux grands projets foncièrement mortifères que sont l'hégémonisme américain et la construction europenne. Projets qui ont d'ailleurs du plomb dans l'aile, ne vous y trompez pas...
Dans un de mes précédents post sur ce folder, je parlais du rôle possible de rééquilibrage que pouvait jouer la France si elle se déterminait en conformité avec son histoire : vous noterez, qu'à deux reprises, c'est la France qui a su montrer une véléité de résistance à la politique extérieure américaine (l'ONU en 2003 contre la guerre à l'Irak) et à l'UE (référendum de 2005). Depuis, nous avons été réalignés et tenus fermement par des dirigeants qui ont la même ligne politique sur ces sujets, les seuls qui comptent puisqu'ils déterminent le reste. Tant pis, si nous abandonnons le rôle de contrepoids au chaos, la Russie, ou la Chine, ou d'autres puissances émergée des événements s'en chargeront. Mais c'est dommage ! En attendant ce jour, ne vous en déplaise, je m'offusque de voir mon pays se ranger du mauvais côté de la barrière.