Merci pour ton suivi de lecture.
Semper Victor a écrit:Sur la Bosnie, l'analyse est claire et juste.Elle se réfère au passé, il ne s'agit pas de prospective. J'ai bienaimé retrouver les quelques formules passée à la postérité comme "la Bosnie, Suisse des Balkans, est devenue l'Iran des Balkans" ou encore "dans les guerres entre cultures, la culture y perd généralement beaucoup" (en référence aux destructions croisées de mosquées, monastères franciscains et monastères orthodoxes en Bosnie).
Sur l'ex-Yougo, pour y avoir travaillé de longues années juste après laguerre, je pense que l'explication "choc des civilisations" passevraiment à côté de la plaque - même si elle nous a été servie en bouclepar des médias, notamment français, sensibles aux arguments chocs deBelgrade. Ce n'est pas parce qu'un des peuples constitutionnels del'ex-Yougo s'appelait "Musulmans" qu'ils s'inscrivent dans le cadredélité de l'islam mondial contemporain - ce sont avant tout desEuropéens, avec une mentalité d'Européens depuis - au minimum - un bonsiècle. L'identification à l'islam aura été plus forte après la guerrequ'avant - je me souviens plusieurs Bosniaques m'ayant dit "on m'a tirédessus pendant quatre ans parce que j'étais censé être musulman, alorsmaintenant je vais le devenir un petit peu". Là dessus généralement ons'ouvrait une bière.
Quelques bonnes références pour avoir des idées claires sur ce sujet un peu complexe : Paul Garde -Vie et mort de la Yougoslavie (tout y est, et c'est limpide etremarquablement écrit, y compris sur les supposées "haines ancestrales"); Xavier Bougarel - Bosnie, anatomie d'unconflit; Noel Malcolm - Bosnia, a short history. Même le bouquin deRichard Holbrooke - To end a war - pourtant très ricain, estparticulièrement lucide là-dessus. En docu video, Yougoslavie, suicided'une nation européenne, démonte bien les enjeux de pouvoir - pas de domination cultu(r)elle - derrière le conflit.
L'idée même de déclin ou de mise en danger de "l'Occident" (le conceptlui-même me laisse sceptique) me semble être à courte vue. Quand onconstate la puissance et l'expansion de l'Occident aujourd'hui - qui s'est plutôtrenforcée depuis la sortie du bouquin - on ne perçoit pas un dangersimilaire à ceux que l'Occident s'est infligé à lui-même avec deuxguerres mondiales ou, dans une moindre mesure, aujourd'hui, la rouelibre d'un système financier automatisé et autonome qui conditionne lesefforts des investisseurs à des critères aberrants et mortifères.
Et lire après 480 pp que finalement, la sécurité de la planète dépend du dialogue entre cultures - ou autrement dit que plus on parle entre gens différents moins on ne met dessus, c'est pas un peu rageant ?