tyrkir a écrit:
Ensuite je ne dis pas que je serais plus courageux et que je choisirais pour thème l'incendie de la bibliothèque période Omar.
En fait de courage, il serait bon de vérifier les faits en premier lieu.
Je cite le chapitre d'un rapport de recherche bibliographique de Master 2( L'ancienne bibliothéque d'Alexandrie : le regard d'un historien, de Manar Bard:
Pour l’histoire de la bibliothèque d’Alexandrie, la grande question est le délicat
problème de sa fin. Cinq moments ont été envisagés pour dater la destruction de la
bibliothèque.
Une tradition, fondée sur Plutarque, Suétone et Aulu-Gelle, veut que les livres
aient brûlés en 47 av. J.-C., sous le règne de Cléopâtre VII […] lors du siège
d’Alexandrie par César.58 Assiégés par Achillas dans le Bruchion, Jules César,
pour éviter que l’ennemi ne s’emparât de sa flotte laissée sans équipages et sans
surveillance dans le Grand-Port, fit incendier la flotte égyptienne et les arsenaux,
ce qui mit aussi le feu à la Bibliothèque.59 Luciano Canfora réfute cette tradition,
en se fondant sur Dion Cassius, qui mentionne bien un incendie, mais celui de
« dépôts de blé et de livre », c’est-à-dire d’entrepôts dans le port où se trouvaient
des rouleaux de papyrus pour l’exportation. Il est en tout cas certain que la
bibliothèque existe toujours dans l’Egypte romaine.60
Le deuxième moment sont les persécutions menées par Caracalla, durant lesquels il
est quasi sûr que la Bibliothèque eut à pâtir.61
56 LEGRAS Bernard, Lire en Egypte, d'Alexandre à l'Islam, p. 124
57 ibid., p. 125
58 ibid., p. 125
59 BERNAND André, Alexandrie la grande, pp. 120-121
60 LEGRAS Bernard, Lire en Egypte, d'Alexandre à l'Islam, p. 125
61 BERNAND André, Alexandrie la grande, p. 121
BADR Manar | MASTER RIDE | Rapport de Recherche Bibliographique | 2005 | enssib
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Synthèse
Le troisième moment est l’invasion des Palmyréniens conduits par la reine
Zénobie, qui occupent l’Egypte de septembre 270 à mai-juin 272.62 L’empereur
Aurélien fit raser la plus grande partie du Bruchion.63
Le quatrième est en 391, où les chrétiens détruisirent le Sérapéum et sa
bibliothèque, à la suite de l’édit de Théodose interdisant les cultes païens. Il
semble en effet que le Sérapéum ait été détruit par l’évêque Théophile, le préfet
d’Alexandrie et le chef de l’armée égyptienne, avec la permission de l’empereur, à
la suite d’une révolte ouverte fomentée par les païens d’Alexandrie s’opposant à la
fermeture des temples.64
Le cinquième moment est la conquête arabe d’Alexandrie en 642. Selon le
chroniqueur arabe Ibn al-Kifti (1172-1248), le général arabe Amrou ibn al-As
aurait interrogé le calife Omar sur le sort à réserver à la bibliothèque. La réponse
du calife l’aurait condamnée : 65 « Quant aux livres que tu m’as désignés, voici ma
réponse : si leur contenu est en accord avec celui d’Allah ; nous pouvons nous en
passer, puisque, dans ce cas, le livre d’Allah est plus que suffisant. S’ils
contiennent au contraire quelque chose de différent par rapport au livre d’Allah, il
n’est aucun besoin de les garder. Agis et détruis-les. »66 On aurait mis plus de six
mois à se débarrasser des ouvrages, en les distribuant aux 4000 établissements de
bains comme combustible. En fait, cette terrible histoire ne correspond pas à la
réalité : dès le milieu du IVe siècle, Epiphane de Salamine déclarait que
l’emplacement de la bibliothèque était désert.67
A lire aussi, les rappels de l'état de la science grecque à l'époque , l'astronomie alexandrine , par le physicien Carlo Rovelli ( de l'université de Marseille ).
Patito,