Perso Fred, j'ai lu l'article et je le trouve très inégal, il m'a disons moins fait rêver que d'autres, mais rien qui ne remette en cause ce pouvoir que tu as sur moi
Je voulais rester en dehors du débat, mais impossible, une fois de plus les guerres contre les peuples amérindiens sont globalement victimes de mythes et mal comprise de beaucoup, les thèses circulant et toujours développées par nombre de gens qui faisaient autorité jadis, ne tiennent ni compte des évolutions récentes de l'archéologies, ni de celle des autres sciences humaines, y compris des théories des écoles hispanoaméricaines, et du coup, les mythes ont la vie dure
Alors bien modestement, me passionnant sur le sujet, j'ai lu les mémoires de Cortès, les Ospreys, la controverse et deux bouquins hispanophones (jadis prêtés par ma prof d'espagnol) sur le thème de la Noche Triste, pour ceux que ça intéresse, Cortès,
Mémoires, Editions La découverte. Donc à mon avis je le disais faut arrêter les mythes, je ne vais pas m'amuser à citer tous les livres, mais il n'y a aucune guerre asymétrique dans la conquête espagnole
. J'ai pris la définition de wikipedia pour aller plus vite car elle cite les bons auteurs et correspond à celle, grosso modo de mes cours ESM :
"Le concept de Guerre asymétrique est une guerre qui oppose la force armée d'un État à des combattants matériellement insignifiants, qui se servent des points faibles de l'adversaire pour parvenir à leur but souvent politique ou religieux. Les guerres asymétriques englobent notamment le terrorisme et se distinguent des guerres entre États"1er mythe la supériorité technologique :
Le canon est une arme intéressante mais Cortès est systématiquement en manque de munitions, donc son impact sur les combats est minime, et puis non plus c'est pas des Gribeauval de 12 ! Il s'agit là plus d'un soutien moral pour les Espagnols, car la peur du "boum" passe très vite chez les Indiens et de la côte à la capitale, la route fut longue...
Les chevaux : les Aztèques s'y habituent très vite, à tel point qu'après la Noche Triste, des messagers envoient dans tout l'empire des morceaux d'animaux ou de soldats pour les ramener dans le giron de la puissance aztèque, histoire que tous comprennent que ce n'est pas un animal fabuleux, et même le mangent (un steack de cheval, miam)
Les vaisseaux de ligne sont des Brigantins
, dont bp sont assaillis et certains coulés dès la première attaque par les "frêles esquifs" mexicas, Cortès lui-même et capturé à bord du sien (Le Capitana) qui coule, et libéré quasi immédiatement par son charpentier Martin Lopèz. A noter qu'il se ra pris et libéré plusieurs fois, les Aztèques ayant aussi compris qu'il faut décapiter cette armée (toujours pas de guerre asymétrique donc).
L'impact de l'acier de Tolède est en revanche lui non négligeable, par les blessures qu'il engendre, et parce qu'au contraire, au bout de quelques coups, les armes en obsidiennes sont réduites à l'état de massues !
Et pour le petit détail, ce que craignent le plus les Catillans, c'est les balles des frondeurs, capables de les assomer, mais les Mexicas n'ayant pas de disciplinede tir, ça part une fois encore à l'eau.
Sur les armures, seuls les cavaliers de Cortès ont gardé leur plastron et leur casque pour la plupart et sont donc très bien protégés, mais ils sont 30 pour Pedro Alvarado, 30 pour Cristobal de Olid et 24 pour Gonzalo de Sandoval, si mes souvenirs sont bons (faudrait que je vérifie) lors du retour de Cortès (état maximum de ses effectifs car il en a 16 et 32 chevaux quand il débarque) en 1521 ! Non ce n'est pas leur armure qui fait la différence, mais leur mobilité et capacité à se désengager rapidement, amenant ainsi des appuis à l'infanterie espagnole...infanterie qui quant-à elle s'est largement dépouillée de ses attributs en acier pour ne garder simplement que le casque (Lister j'oublie systématiquement le nom espagnol de ce bicorne !!!) car il fait chaud, et côté marche, c'est la légion (sans les chèvres
). Mais c'est elle qui fait le travail, par ses formations compactes type phalange alors que les Aztèques pratiquent une guerre individuelle, en masse compacte désordonnée, les nobles et guerriers d'élite menant l'acte de combat tandis que les servants ramènent les prisonniers ou portent les armes de cette élite combattante (Guerriers jaguars, aigles...).
Elite combattante d'ailleurs qui représente en gros 10 formations, et qui pour la petite histoire n'hésite pas à se vêtir de pièces d'armures enlevées aux cadavres des Espagnols tués ou sacrifiés (gnarf gnarf)...Alors pourquoi les Aztèques n'en ont pas crées, refusant même de dupliquer des armes qui leur auraient permis, vu leur nombre de largement surpasser les Castillans. Ils fondaient bien de l'or et la metallurgie, en moins bien elles auraient été néanmoins plus efficaces que leurs cutters effritables (rappel : l'obsidienne coupe comme du rasoir).
C'EST LA PSYCHOLOGIE. Les Zoulous pouvaient au marché noir aheter autant d'armes qu'ils en voulaient, ils capturent plus de 40000 cartouches et les Martini-Henry de + de 600 British à Isandlwana, sans oublier la bataille de l'Intombi (voir le jeu Usuthu de FVM et Allalalai....dit comme ça, ça faisait auto-promo ?), et pourtant, ils utilisent encore leurs fusils à aiguille et n'équipent grosso modo que 2 amibutho environ (l'équivalent de deux compagnies pour les novices
).
Une fois encore, LA PSYCHOLOGIE. Les Zoulous pratiquent une guerre ritualisée, traditionnelle, le guerrier doit tremper son ikwa dans le sang de l'ennemi avant de pouvoir se marier, imaginez s'il va utiliser un fusil !!!!! (Je rassure les plus scientifiques d'entre vous, il a des relations avant le mariage...mais pas officialisées).
Jamais les Espagnols n'ont véritablement réalisé ça, seul Cortès l'a réalisé (c'est Jeromino de Aguilar et Malintzi qui le lui ont montré), mais il représente un Etat contre un autre Etat. (Donc déjà pas de guerre asymétrique). Ensuite, il applique une guerre de conquête et de destruction totale des capacités de décisions de l'adversaire, une guerre pour imposer sa religion (Cortès est un véritable "Zélote du catholicisme" et manque à plusieurs reprises de se brouiller avec ses alliés Tlascaltèques pour vouloir leur imposer sa religion ; c'est même le prêtre qui l'accompagne qui lui conseille prudemment d'attendre). Une différence fondamentale avec en face. Une guerre totale qui fait en 2 ans de combat 1M de morts autour du lac Texcoco (estimations à coup de tombes, crânes, sources recoupées, mais estimations) contre 1 millier de Castillans.
Les Aztèques sont prêts quelque part à perdre (ne pas mal interprêter mes mots). Leur économie de prédation, l'impossibilité de satisfaire le ravitaillement de Ténochtitlan qui les pousse parfois à se livrer au canibalisme, les divisions qui fissurent leur empire par la pressions économique constante qu'ils appliquent sur leurs "alliés", et surtout qu'on ne me cite pas l'arrivée du serpent à plume car dès la 2e semaine, l'empereur Moctezuma (non, pas Napo
) se doute déjà que Cortès n'est pas un Dieu, et tente de le faire tomber dans une embuscade en lui proposant gîte et couvert dans une des villes provinciales. Le même procédé qu'utilisera Cortès, puis son lieutenant Pedro de Alvaredo le soir de la fête mexica de Huitzilopotchli.
Enfin petit rappel, lorsqu'il se lance à la conqûête, Cortès n'a pas de bases arrières, il a d'ailleurs fait brûler ses bateaux pour contrecarrer les volontés de la 1/2 de ses hommes pro-Vélasquez, le gouverneur un poil plus tard du Yucatan et de Cuba qui s'oppose à cette aventure de peur que Cortès en récolte tous les lauriers. Précision aussi, les Tlascaltèques représentent jusqu'à 50000 hommes quand tout se passe bien, l'empire aztèque est divisé en 20 zones, chacune pouvant fournir environ 8000 hommes (une armée de 20 compagnies), aussi bien structurées que l'armée espagnole.
Non je partage l'avis de Benji, et je pense sincèrement que sur ce cas-là, l'interprétation que tu fais est trop rapide :loupe:
A noter enfin qu'on a très peu de kipu conservés ou de codex, l'inquisition a tout détruit, et que donc il est très dur de vérifier la psychologie des populations amérindiennes lors de la conquête :-?:
PS : si vous voulez en savoir plus rapidement, je vous conseille l'excellent article du Champs de Bataille n°15, et sinon lisez Cortès, c'est un peu comme César, très prenant...