Qu'il est loin le temps où les grecs combattirent unis contre l'envahisseur perse, à Marathon (-490)
Le temps où les spartiates se sacrifièrent pour le salut de toutes les cités grecques, aux Thermopyles, quelques centaines contre des milliers de perses (-480)
-431 : Voici venu le temps de la guerre totale.
Une guerre ne pouvant plus se décider par une bataille rangée, une guerre économique, morale, politique, psychologique, épidémiologique, en plus que militaire,
où la rationalité va laisser place aux passions, aux interprétations, aux impatiences et aux désespoirs, exploités par des démagogues et des aventuriers inconscients des risques encourus par les expéditions lointaines.
Une guerre dont le récit effectué par Thucydide a servi et sert encore de livre de chevet à nombre de militaires et de politiques modernes, tant les enseignements sont toujours d'actualité.
Athènes dominait alors le monde grec, sur les plans économique, culturel et par sa "modernité" politique, la démocratie.
Mais cette puissance imposait aux cités alliées et surtout aux cités mineures sa volonté grâce à la plus puissante flotte de la Méditerranée.
Démocratique (excepté pour les quelques esclaves en son sein) Athènes se comportait souvent comme une puissance impérialiste ce qui était un paradoxe.
Entre -460 et -445 il y eut une guerre classique l'opposant à Thèbes et ses alliés, dont elle sortit renforcée, mais à terme contestée par une autre puissance:
Sparte, et son oligarchie basée sur une élite d'hoplites, quasi invincibles sur un champ de bataille, et une masse de Hilotes, véritables esclaves indispensables à l'économie, mais constituant une menace interne permanente.
Athènes pouvait projeter sa force au delà des mers et contrôler économiquement et politiquement, voire militairement si besoin, une grande part du monde grec relié souvent par voie maritime.
Sparte sentit que le temps jouait pour Athènes.
Il fallait agir au plus vite avant qu'Athènes devienne définitivement hégémonique et réduise Sparte et ses alliés à ne plus être que l'ombre de leur gloire passée.
Mais l'éléphant spartiate, tout puissant sur terre, pouvant difficilement contraindre la baleine athénienne, toute puissante sur mer, à une bataille décisive entre hoplites, cette asymétrie rendait incertaine l'issue d'une guerre.
Il savait quand elle commencerait, nullement quand elle finirait ni ne pouvait prévoir les chemins inédits qu'elle emprunterait...