Notre train, depuis hier soir, sillonne la steppe que les plus grands d'entre nous peuvent voir défiler par l'étroite lucarne de notre wagon fermé de l'extérieur.
Nous allons défendre notre mère patrie menacée par l'envahisseur qui s'avance profondément en son coeur depuis un an déjà.
Avant même de combattre, plusieurs d'entre nous ont été sommairement abattus sur place par les commissaires politiques qui traquent les lâches et les traitres à la patrie.
Ils n'avaient souvent fait que se plaindre d'être malades ou simplement prononcé des paroles imprudentes …
Je tombe de sommeil mais dois tenir debout, dans chaque wagon il y a toujours un gars qui sera prêt à dénoncer celui qui se laisserait aller.
A moins qu'ils ne soient plusieurs chargés de le faire, malheur à celui qui ne le ferait pas.
Tout le monde a la trouille, les commissaires politique ont aussi la trouille...
Les officiers ont la trouille...
Il n'y a que lui...qui semble n'avoir peur de rien, forcément…
Mais… qui sait ?
Peut être craint il que Hitler gagne cette putain de guerre.
C'est pourquoi il nous envoie défendre cette ville qui porte son nom, et fait fermer nos wagons de peur que l'on s'en échappe...