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Le Crime de Napoléon (Claude Ribbe)

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Ben Moi voyons !!!
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Ben Moi voyons !!!



Semper Victor a écrit:Maljeureusement, le propre de la démocratie "moderne" à la française est de sans cesse dresser une moitié du pays contre l'autre. C'est excatement pareil avec l'histoire. Notre héritage nous divise, alors qu'il devrait nous réunir.

Cela est tellement usant (en politique et en histoire) que je ne cherche même plus désormais à nager à contre courant...

Hum... Parce que dire que Napoléon n'a pas rétablit l'esclavage par "haine raciale" mais juste par intérêt économique, tu trouves cela rassembleur ?

Ce qui m'éclate c'est que l'on est pas en désaccord sur les faits historiques. Le livre de Ribbe est un pamphlet, un écrit militant, de la propagande historique... Si l'argumentaire est de dire que sans Napoleon il n'y aurait pas eu Hitler, je suis d'accord avec vous tous.
Sur l'analyse du livre de Lentz et de Brenda par Trois-ponts, je ne conteste aucunement les faits exposés. En fait, c'est nos conclusions qui divergent. Cet article de Trois Ponts me confirme un peu plus que Napoléon a cassé un processus abolissioniste déjà bien en marche. Il a donc un rôle majeur dans l'histoire de l'esclavage. C'est un fait historique.

Jugement anachronique ? Ben, l'article de Trois Ponts par exemple, nous parle de la convention qui abolit l'esclavage en 1794. Il y avait bien un débat à l'époque sur : faut il considérer un noir comme un être humain? Sinon, pourquoi se priver d'un business qui rapporte tant ???? Comment les abolitionnistes de l'époque considéraient Napoléon? Ils avaient aussi un jugement anachronique ????

En passant, lors d'un entretien d'embauche dans le secteur de l'esclavage, si vous n'avez pas une bonne dose de haine raciale vous êtes recalé... Ben ça aide pour faire marcher le business surtout quand tes biens de productions préférés réclament un peu d'humanité...

Je me repentis? Je me dévoue pour que nous nous excusions? Non, pas plus que vous je ne me sens responsable de notre passé historique. C'est surtout ceux qui se sentent agressés quand on égratigne leur idole qui tout de suite parlent de repentance et d'excuses...

Je suis représentatif de la pensée unique? Je ressens plutôt l'inverse. Je connais pas beaucoup de films qui écorchent Napoléon. En matière de littérature je veux bien que l'on compare les pros et les antis... Je ne suis pas sur que cela illustrera une quelconque pensée unique anti Napoléon.
Et enfin, quand je me rappelle mes cours d'histoire, la place de l'esclavage se résumait à une flèche dans le schéma qui illustrait le commerce triangulaire. Et pis c'est tout... J'ai juste l'impression qu'il y a des sujets qui embarrassent et que l'on a vraiment du mal à juste reconnaître.

Je fais peut être du "Nappi Bashing" mais je vois qu'ici, certains pratiquent le "Napoléon incensing" voire carrément du "Napoléon Masturbating"...

Et en matière de jugement à la con, on peut dire qu'ici je me sens moins seul.

Trois-Ponts

Trois-Ponts

Concernant les programmes d'Histoire, rassurez-vous cela a bien changé... Et concernant les films, je n'en connais pas beaucoup qui traitent de Napoléon.

Je crois que tout le monde est d'accord pour dire que le rétablissement de l'esclavage en 1802 est très regrettable. Il constitue assurément une page noire de l'histoire napoléonienne. Mais là n'est pas le propos. Ce que je dis simplement, ce que je condamne (sans vouloir être trop arrogant), c'est qu'il est bien trop facile d'affirmer n'importe quoi (je ne parle pas précisément de vous, je vais référence au lien donné ci-dessus) et de condamner les hommes des 15e, 16e, 17e, etc. au nom de quelques principes, valeurs et sensibilités de notre temps qui n'existaient pas à l'époque.

Pour autant concernant la question du rétablissement de l'esclavage en 1802, vous marquez un point en rejetant l'argument de l'anachronisme en évoquant l'existence du "camp abolitionniste". Ces hommes là, très minoritaires semble t'il, étaient effectivement en avance sur leur temps.

Là où, personnellement, je ne suis pas d'accord avec vous, c'est lorsque vous écrivez "que Napoléon a cassé un processus abolissioniste déjà bien en marche". D'une part parce que de toute évidence vous surestimez le camp des abolitionnistes et d'autre part parce que dans votre discours vous désignez Napoléon Bonaparte comme seul responsable du rétablissement. En 1802, Napoléon Bonaparte n'est pas encore Consul à vie, il n'est pas (encore) tout puissant, loin de là. Le "lobby" esclavagiste est puissant. D'ailleurs, les deux chambres parlementaires ont votés très favorablement en faveur du rétablissement (de mémoire on était à 2/3 pour dans chacune des chambres). Il suffit d'étudier la correspondance de Napoléon Bonaparte pour se rendre compte qu'en 1799, celui-ci est opposé au rétablissement. Cet avis évolue petit à petit finalement jusqu'en 1802, du fait de ses conseillers (je pense à Cambacérès par exemple), de ses ambitions coloniales mais également de l'Angleterre. Car n'oublions pas qu'à cette époque, la paix d'Amiens vient d'être signé et que l'Angleterre, craignant que l'abolition de l'esclavage par les français entraine un certain désordre dans ses propres colonies, a discuté avec Napoléon Bonaparte de ces questions. Dernier petit argument appuyant mes dires : l'esclavage ne disparaitra pas avec Napoléon en 1814. Il faudra encore attendre plus de 30 ans, trois régimes et trois souverains pour, enfin, décider de l'abolition. Que ce soit avec Napoléon ou un autre (je pense bien entendu à Louis XVIII), l'esclavage aurait probablement, de toute façon, été rétabli. Les circonstances de l'abolition en 1794 (tout se fait en quelques jours) sont très particulières, d'ailleurs elle ne sera jamais véritablement respecté.

Il est certain que si l'on résume les faits comme ceci : abolition en 1794, rétablissement en 1802 et envoi d'une expédition militaire à Saint-Domingue la même année ; on ne peut que crier au tyran... Fondamentalement, ce résumé n'est pas faux, il énonce trois faits incontestables. Pour autant, il est bien trop simpliste, sans nuance. Si bien qu'il se révèle finalement être trompeur. Bien entendu que Napoléon a sa part de responsabilité, je ne le conteste pas, simplement il ne faut pas croire qu'il est LE responsable de cette regrettable décision.

http://troisponts.wordpress.com/

28Le Crime de Napoléon (Claude Ribbe) - Page 2 Empty Re: Le Crime de Napoléon (Claude Ribbe) Mer 22 Mai 2013 - 11:30

Charles Antoine

Charles Antoine

Trois-Ponts a écrit:
Là où, personnellement, je ne suis pas d'accord avec vous, c'est lorsque vous écrivez "que Napoléon a cassé un processus abolissioniste déjà bien en marche". D'une part parce que de toute évidence vous surestimez le camp des abolitionnistes et d'autre part parce que dans votre discours vous désignez Napoléon Bonaparte comme seul responsable du rétablissement.

C'est précisément là où est l'anachronisme, dans le fait de s'imaginer que Napoléon a mis un coup d'arrêt à une vague de liberté entre les hommes initiée par la Convention (pour qui la liberté était quelque chose de très relatif).

C'est le fait de plaquer la pensée majoritaire d'aujourd'hui sur une période de deux cent ans en arrière

D'ailleurs, il serait tout aussi anachronique de penser qu'à l'époque les révolutionnaires n'étaient guidés que par des préoccupations d'ordre moral.

Les motivations ont certainement été militaires (pour ramener le calme dans un contexte de pression exercée par les britanniques sur nos possessions des caraïbes) et politiques, voire idéologiques (l'esclavage ne saurait perdurer si on abolit le droit de propriété, puisque l'esclave est un bien meuble appartenant à son maître)

29Le Crime de Napoléon (Claude Ribbe) - Page 2 Empty Re: Le Crime de Napoléon (Claude Ribbe) Mer 22 Mai 2013 - 12:38

Semper Victor

Semper Victor

Mon point de vue (j'avais écris une lettre sur le sujet à Télérama quand ils s'étaient fait écho du livre de Ribbe) :

La question, comme évoqué par Trois Pont et Charles Antoine, est bien plus complexe que ce résumé trompeur sur "Napoléon qui a rétabli l'esclavage". L'esclavage n'a été "aboli" aux Antilles par la Convention (1794) que sur les deux îles qui lui restait : Haïti et Guadeloupe et de façon très "théorique". Les autres, déjà tombées aux mains des Anglais, son restées exclavagistes (norme - condamnable - de l'époque). Après la paix d'Amiens, Napoléon personellement anti-esclavagiste, cède aux pressions de Joséphine et de la clique des planteurs chassés par les Anglais pour "rétablir l'esclavage". Il agit ainsi par pur pragmatisme cynique pour faciliter la reprise en main des colonies perdues ou tombée dans l'anarchie. Haïti en révolte ne verra pas cette restauration, seule la Guadeloupe en subira les conséquences. Sur ce point Napoléon est donc strictement "neutre", il n'est ni plus éclairé que l'immense majorité de ces contemporains esclavagistes (Anglais, Américains, Espagnols, Français, pour l'Europe, mais le reste du monde agit de même, notamment les pays de culture mulsulmane), ni plus obscurantisme (il est opposé dans l'absolu à l'esclavage et l'a prouvé d'ailleurs en Egypte). On ne peut certes pas se féliciter de l'attitude de Napoléon mais en faire un chef d'Etat esclavagiste est un contre-sens historique, tant pour les idées que pour l'ampleur du phénomène. La vérité exacte serait de dire que les Anglais ont maintenu l'esclavage dans les colonies françaises, toute conquises par eux à cette époque (la dernière en 1809). Pensons aussi qu'il faudra 50 ans pour que l'idée murisse suffisament et définitivement en France - et 150 ans aux Etats-Unis -, et félicitons nous d'avoir été en avance sur le reste du monde.

Pour conclure et répondre à Ben Moi Voyons, la principale vertu de Napoléon est d'avoir réconcilié durablement la France révolutionnaire et la France conservatrice, au grand bénéfice du pays. On devrait insister là-dessus, voir les bons côtés, plutôt que de pointer outrageusement sur des faux procès. Napoléon a mis fin aux guerres de Vendée, mis en place le Code Civil, extrêmement moderne pour son époque (désuet aujourd'hui) et il a durablement consolidé les acquis de la Révolution qui ont failli sombrer avec elle... Au contraire de la Révolution elle même, à qui l'on doit beaucoup, je le reconnais volontiers, a été la la plus grande créatrice de guerre de son époque. La Révolution mène des guerres offensives et agressives. Napoléon, arrivé au pourvoir en décembre 1799 met fin aux guerres de la Révolution en trois campagnes défensives : 1800, 1805 et 1806/1807. A ce titre il est un finisseur de guerres et celà à un très faible coût humain. On ne peut imputer réellement à Napoléon que la campagne de Russie comme guerre préventive et offensive. La guerre d'Espagne est plus complexe et entre dans le cadre de la rivalité franco-britannique). La Révolution a également été la source de nombreux clivages dans le pays qui subsistent encore aujourd'hui et a sombré dans l'intolérance religieuse (avant les bouddhas de Bamyan, pour lesquels nous avons tranquillement joué les donneurs de leçons, des "talibans" Français ont martelé les statues des Eglises et détruit 3/4 des vitraux de l'hexagone...).

http://www.fredbey.com/

30Le Crime de Napoléon (Claude Ribbe) - Page 2 Empty Re: Le Crime de Napoléon (Claude Ribbe) Mer 22 Mai 2013 - 12:52

Semper Victor

Semper Victor

Précisons par ailleurs que la France, sans attendre la Révolution, a été à l'échelle du monde un état précusrseur de l'abolotion de l'esclavage sur son sol : "Dans le royaume de France, l'Édit du 3 juillet 1315 de Louis X le Hutin, proclama que le sol de France affranchissait quiconque y posait le pied". Cet édit a été effectivement appliqué (vous pouvez vérifier le point dans n'importe quelle encyclopédie).

Arrêtons de nous accuser nous même de tous les maux alors que notre histoire, notre héritage, devrait nous réunir et être une source de fierté.

http://www.fredbey.com/

Hamilcar

Hamilcar

La Révolution a également été la source de nombreux clivages dans le pays qui subsistent encore aujourd'hui et a sombré dans l'intolérance religieuse (avant les bouddhas de Bamyan, pour lesquels nous avons tranquillement joué les donneurs de leçons, des "talibans" Français ont martelé les statues des Eglises

Il y a une différence : les révolutionnaires pensaient détruire les symboles d'un pouvoir. Les talibans détruisent ce qui n'est pas conforme à leur idéologie.

Il y aurait moins de clivage si certains stéréotypes ("les Français donneurs de leçons") n'étaient pas systématiquement utilisés.

32Le Crime de Napoléon (Claude Ribbe) - Page 2 Empty Re: Le Crime de Napoléon (Claude Ribbe) Jeu 23 Mai 2013 - 15:14

Charles Antoine

Charles Antoine

Hamilcar a écrit:
La Révolution a également été la source de nombreux clivages dans le pays qui subsistent encore aujourd'hui et a sombré dans l'intolérance religieuse (avant les bouddhas de Bamyan, pour lesquels nous avons tranquillement joué les donneurs de leçons, des "talibans" Français ont martelé les statues des Eglises

Il y a une différence : les révolutionnaires pensaient détruire les symboles d'un pouvoir. Les talibans détruisent ce qui n'est pas conforme à leur idéologie.


Pas sûr qu’il y ait une vraie différence : les révolutionnaires avaient pour objectif de détruire ce qui représentait l’ancienne religion pour y substituer une nouvelle forme de pensée (athéisme), voire une nouvelle forme de religion (déisme), au nom d’une idéologie qui voulait mettre à bas l’ancien régime.

C’est aussi ce que font les talibans qui s’en prennent aux manifestations visibles d’une religion ancestrale pour y substituer leur propre religion, au nom de leur idéologie

Dans les deux cas, sur la base de présupposés idéologiques il y a une volonté de détruire une ancienne forme d’expression culturelle religieuse, que l’on juge néfaste

33Le Crime de Napoléon (Claude Ribbe) - Page 2 Empty Re: Le Crime de Napoléon (Claude Ribbe) Jeu 23 Mai 2013 - 17:11

Loïc

Loïc

Bigre, instituer "l'athéisme" cela me semble excessif et surtout anachronique, on dirait qu'il s'agit de la Révolution Russe et non Française. L'athéisme n'était-il pas perçu comme un vice typiquement aristocratique par les Révolutionnaires en cette fin de XVIIIe ? Les prêtres devaient être fonctionnarisés ce qui est différent d'un régime de république populaire communiste qui détruit les églises et proscrit religieux et religion...

34Le Crime de Napoléon (Claude Ribbe) - Page 2 Empty Re: Le Crime de Napoléon (Claude Ribbe) Jeu 30 Mai 2013 - 16:35

tyrkir

tyrkir

Le mieux, c'est de lire la 4e de couv' du bouquin de Ribbe.
On y apprend que Napo n'est pas que raciste mais entre autres choses homophobe! Ouah! Le salaud! Un homophobe, esclavagiste raciste né en 1769...Une exception à l'époque sans doute.
J'imagine qu'il ne croyait pas non plus à la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique et encore moins au commerce équitable et durable. Et je me retiens de supputer qu'il était lié à Monsanto et pro-OGM. Bref, il y a plein de bouquins d'Histoire à lire, y compris des livres d'Histoire critique vis à vis de Napoléon.
Cela étant, Napo=Hitler j'entendais ça quand j'étais môme déjà...

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