Bellum Gallicum est en effet très, très alléchant graphiquement...Dans la musique, on dit "c'est l'album de la maturité"
Sinon, j'ai lu avec intéret l'article sur la série TPS. J'ai été un peu étonné de la critique positive sur "Tours/Poitiers" qui m'a l'air d'être franchement bourrin (en même temps, c'est la bataille qui veut ça, ou du moins la représentation qu'on s'en fait).
Par ailleurs, ayant acquis l'opus sur la guerre du Nord, j'étais très curieux de lire la critique.
Quelques impressions personnelles pour ceux qui se tâtent (ils doivent pas être bien nombreux vu le sujet mais c'est pas une raison
):
Le matériel:
Honnêtement, le seul point qui m'a impressionné dans le matos, c'est la carte cartonnée, un grand luxe auquel je ne m'attendais pas pour une "petite production" pas trop chère.
En revanche, les choix des couleurs pour les pions sont déroutants. Pourquoi du violet pour les Suédois alors qu'aucun camp ne s'est vu attribué le bleu dans ce jeu? Un beau bleu suédois aurait été à la fois joli et plus historique. Pourquoi des Danois en orange (alors que le rouge est donné au Hanovre, qui n'entre pas en jeu à coup sûr et encore à la fin du jeu quand c'est le cas)? Pourquoi des Saxons en marron alors que le blanc est alloué aux anglo-hollandais qui ne participent au mieux qu'aux deux premiers tours de jeu?
Les seuls que l'on retrouve avec leur vert habituel ce sont les Russes. C'est déjà ça...
Un peu de variété dans les silhouettes aurait été un plus sympa mais bon, de ce côté là c'est classique sans être vilain.
Bref, des choix graphiques étranges que ne sauve pas une carte dont le seul point positif est le côté cartonné (sinon c'est tristouille sans plus).
Les règles:
Bien rédigées, courtes, écrites en gros caractères, quelques notes du concepteur ici et là, bref c'est plutôt agréable à lire et on a vite l'impression de pouvoir jouer sans se référer toutes les deux minutes au livret. En même temps, c'est un peu la promesse, l'accroche marketing de TPS. Deux points m'ont un peu chagrinés:
- la table des combats qui fait des Suédois des sortes de surhommes puisqu'il faut être à au moins 2 contre 1 pour pouvoir espérer ne pas perdre une bataille contre eux. Certes, Charles XII a douloureusement rossé tout le monde pendant près de 10 ans mais ce n'est pas vrai de ses généraux qui eux ont parfois connu la défaite et pas toujours parce qu'ils se battaient à un contre cinq. C'est un peu comme si dans un jeu napoléonien stratégique, les coalisés devaient dans une bataille donnée aligner deux PF par PF français pour espérer ne pas perdre, même quand c'est Marmont qui commande et pas l'ogre corse (et encore, dans le jeu TPS, une chance sur 6 seulement de ne pas perdre à 2 contre 1). Bref, les Suédois sont un peu survitaminés pour leur permettre de rééditer leur perofrmance historique, d'ailleurs catastrophique au final pour des raisons que le jeu ne rend pas (comme par exemple une diplomatie irrationnelle).
Autre point étonnant, les Suédois sont affublés d'un +1 pour les combats navals, comme les Danois qui ont pourtant systématiquement eu le dessus sur mer pendant ce conflit, et pour des raisons qui doivent peu au hasard (système de formation et d'enrollement des marins notamment). Surtout, les Russes ont droit à un -1 tout à fait artificiel, sachant d'une part que leur marine nouvelle était essentiellement équipée par des marins hollandais, anglais, danois, bref par des gens de mer connaissant leur affaire plutôt que par des moujiks de l'Oural et d'autre part sachant que les Russes ont plusieurs fois châtié les Suédois sur mer lors des dernières années de la guerre. Une performance dure à rééditer avec leur -1 contre le +1 Suédois. Historiquement, avec le retour du Danemark dans le conflit en 1709, les Suédois ne pourront plus maintenir une liaison efficace avec leurs possessions allemandes, ce qui entrainera leur perte. Si Charles XII sur la fin s'occupe surtout d'envahir la Norvège, c'est beaucoup parce que sa marine est incapable de projeter des forces en Allemagne ou pour un retour offensif en Livonie.
Bref, le jeu a l'air sympa mais se livre à quelques contresens historiques, sans doute au nom de la jouabilité...