J'ai regardé hier soir "Ce soir où jamais" l'émission débat de Frédéric Taddeï avec en dernière partie un énième débat sur l'enseignement de l'histoire (sujet déjà longuement évoqué sur l'Estafette).
Point de départ, la parution du livre de Dimitri Casali intitulé "L'arltermanuel d'histoire de France" qui déplore les dernières réforme et coupes des programmes et propose de restituer l'histoire telle que l'on ne l'enseigne plus : chronologie, grands personnages, vision non culpabilisante de l'histoire de France.
Autre invité, Pascal Blanchard, historien au CNRS et auteur de "la fracture coloniale" ou de "Les guerres de, mémoires", partisan on s'en doute de programme "ouverts et mondialisés" tels qu'ils sont d'ailleurs proposé aujourd'hui, partant du constat que l'on ne peut pas enseigner une histoire "classique" à la population française dans sa diversité actuelle.
Invité aussi Emmanuel Leroy Ladurie, pilier de l'école des Annales et que l'on ne présente plus.
Ce qui fut intéressant dans le débat, c'est justement la position de Leroy-Ladurie… Taddeï a lancé les échanges en présentant les réformes actuelles (exit Clovis, Jeanne d'Arc François Ier et Napoléon) comme une victoire de l'école des Annales.
Leroy-Ladurie lui a répondu de façon très ferme et l'a pris à contre-pieds total, affirmant :
- que l'enseignement type "école des Annales" c'est ce qu'il faut en université, pour des spécialistes éclairés
- qu'il fallait s'attacher aux grands personnages, à la chronologie au socle principal qu'est l'histoire de France et centre en collège et lycée le programme sur la France (sans la diluer exagérément dans celles "des" mondes). Donner d'abord goût à l'histoire sur un socle cohérent et de proximité, pour donner plus tard envie aux étudiants de s'ouvrir sur d'autres histoires
- de façon très tranché encore, il a expliqué "qu'enseigner la mémoire c'est totalement nul" qu'il "faut enseigner l'histoire, rien que l'histoire"
- que Jeanne d'Arc est une "femme qui finit sur le bucher" et qu'il ne comprend pas qu'on l'éjecte au regard, alors que justement on critique une histoire trop masculine…
Il a dit aussi beaucoup de bien de Charles VII et que les rois de France ont été dans leur immense majorité de grands hommes d'état "a l'exception de Charles X" qui était nul dans ce tout en étant un "chic type" (sic)
Bref, sur l'enseignement de l'histoire, les "progressistes" des Annales, comme Leroy Ladurie (ou Le Goff qui dit la même chose) sont extrêmement conservateurs !
Le débat a d'ailleurs dès lors presque tourné court tant le poids et le respect suscité par le maître a été important. Casali était tout surpris (et enchanté) d'avoir trouvé cet allié providentiel. Blanchard n'a plus rien dit ou presque… Très intéressant en tout cas.
Ma conclusion, comme pour l'affaire de la "méthode globale" ou du "gender", c'est de constater avec amusement que malgré la quasi unanimité des grand historiens qui comptent et malgré celle des politiques au pouvoir (la ligne Sarkozy sur l'histoire de France est on ne peut plus conservatrice…), les programmes continuaient d'évoluer dans le sens inverse à celui préconisé ou recherché sous l'influence du sérail administratif de l'EN sur lequel personne ne semble avoir le moindre contrôle et qui continue à pousser ses pions.
Point de départ, la parution du livre de Dimitri Casali intitulé "L'arltermanuel d'histoire de France" qui déplore les dernières réforme et coupes des programmes et propose de restituer l'histoire telle que l'on ne l'enseigne plus : chronologie, grands personnages, vision non culpabilisante de l'histoire de France.
Autre invité, Pascal Blanchard, historien au CNRS et auteur de "la fracture coloniale" ou de "Les guerres de, mémoires", partisan on s'en doute de programme "ouverts et mondialisés" tels qu'ils sont d'ailleurs proposé aujourd'hui, partant du constat que l'on ne peut pas enseigner une histoire "classique" à la population française dans sa diversité actuelle.
Invité aussi Emmanuel Leroy Ladurie, pilier de l'école des Annales et que l'on ne présente plus.
Ce qui fut intéressant dans le débat, c'est justement la position de Leroy-Ladurie… Taddeï a lancé les échanges en présentant les réformes actuelles (exit Clovis, Jeanne d'Arc François Ier et Napoléon) comme une victoire de l'école des Annales.
Leroy-Ladurie lui a répondu de façon très ferme et l'a pris à contre-pieds total, affirmant :
- que l'enseignement type "école des Annales" c'est ce qu'il faut en université, pour des spécialistes éclairés
- qu'il fallait s'attacher aux grands personnages, à la chronologie au socle principal qu'est l'histoire de France et centre en collège et lycée le programme sur la France (sans la diluer exagérément dans celles "des" mondes). Donner d'abord goût à l'histoire sur un socle cohérent et de proximité, pour donner plus tard envie aux étudiants de s'ouvrir sur d'autres histoires
- de façon très tranché encore, il a expliqué "qu'enseigner la mémoire c'est totalement nul" qu'il "faut enseigner l'histoire, rien que l'histoire"
- que Jeanne d'Arc est une "femme qui finit sur le bucher" et qu'il ne comprend pas qu'on l'éjecte au regard, alors que justement on critique une histoire trop masculine…
Il a dit aussi beaucoup de bien de Charles VII et que les rois de France ont été dans leur immense majorité de grands hommes d'état "a l'exception de Charles X" qui était nul dans ce tout en étant un "chic type" (sic)
Bref, sur l'enseignement de l'histoire, les "progressistes" des Annales, comme Leroy Ladurie (ou Le Goff qui dit la même chose) sont extrêmement conservateurs !
Le débat a d'ailleurs dès lors presque tourné court tant le poids et le respect suscité par le maître a été important. Casali était tout surpris (et enchanté) d'avoir trouvé cet allié providentiel. Blanchard n'a plus rien dit ou presque… Très intéressant en tout cas.
Ma conclusion, comme pour l'affaire de la "méthode globale" ou du "gender", c'est de constater avec amusement que malgré la quasi unanimité des grand historiens qui comptent et malgré celle des politiques au pouvoir (la ligne Sarkozy sur l'histoire de France est on ne peut plus conservatrice…), les programmes continuaient d'évoluer dans le sens inverse à celui préconisé ou recherché sous l'influence du sérail administratif de l'EN sur lequel personne ne semble avoir le moindre contrôle et qui continue à pousser ses pions.
Dernière édition par Semper Victor le Lun 26 Sep 2011 - 15:35, édité 1 fois