L'Histoire, la Guerre, la Résistance / Marc Bloch

J'ai commencé hier :




Je l'avais acheté à sa sortie, il y a près de deux ans, mais pas encore commencé. Je suis en phase d'économies budgétaires alors je sillonne mes étagères à la recherche de tout ce que je n'ai pas encore lu, ce qui est finalement très sain.

Bref, ce livre compile de très nombreux écrits de Marc Bloch (y compris le fameux "L'Etrange défaite"). On y trouve aussi des livres sur la Grande Guerre, la Féodalité et également des réflexions plus générales sur le métier d'historien.

J'ai commencé chronologiquement par ses Carnets de la Grande Guerre de March Nloch, dans lesquels il raconte ses souvenirs personnels au front. Et là, le choc, c'est vraiment fabuleux, écrit avec une précision et une justesse de ton impitoyables. Le récit de la journée du 10 septembre 1914, la première journée en première ligne de son régiment (le 272e RI) est une vraie merveille. C'est précis, profond, juste, humain. On ne peut plus se décoller du livre ensuite.... Et puis c'ets écrit dans un français d'une réelle beauté littéraire.

C'est pas possible Fred, tu es rentier Tu n'as pas un travail qui t'occuper !!!! Je pense qu'à toi tout seul tu remplirais un rayon de la BNF!!! Tu m'impressionnes :hail: :hail:

Je lis environ 45 minutes par jour (aller + retouir en métro), c'est tout...

Bon j'ai certes une grand bibliothèque, mais elle n'a rien d'exceptionelle.

Je n'arrive pas à trouver 5 minutes pour lire, sauf des Osprey que je m'oblige à lire pour les wargames, mais ce n'est quavant la création, ensuite je crois que je touche un livre 2-3 fois par mois,...ces derniers temps en tous cas.

J'en ai lu 30 nouvelles pages en rentrant, qu'est-ce que c'est bien...

Visiblement sa section à la Noël 14, elle n'a pas fait la trêve : deux morts et un blessé...

la trêve de Noël 14... mythe ou réalité ? myth or fact ?
en tout cas un bel objet de propagande

Quelle propagande ?

lampiao a écrit:la trêve de Noël 14... mythe ou réalité ? myth or fact ?
en tout cas un bel objet de propagande

D'après ce que je vu et lu sur le thème, c'est intermédiaire. Par endroit, il y a eu une véritable trêve, ailleurs non.
Le seul cas semblable que j'ai trouvé c'est en Arique du Nord en 41-42. Carell (bien que contesté) a trouvé une bien belle expression : "A ce moment, la guerre a retenu son souffle".

Il y a des preuves semble-t-il que le phénomènes des fraternisation de Noël ait bien eu lieu. Il est par contre peu probable qu'il ait eu une grande ampleur.

Ca a du être verrouillé dare-dare, faut dire ...

J'ai été sidéré en lisant "fusillés pour l'exemple" (du Gal Bach) du contrôle administratif très pointilleux des troupes au front, soldat par soldat ... il n'y a vraiment que dans les mélées que ça se relâchait, semble-t-il. Ca contredit la représentation que je pouvais en avoir.
Du coup, pas facile de fraterniser, je pense ...

pour propagande je parlais du traitement qui a été fait ces dernières années autour de ce "la fraternisation de noël 14" : téléfilm etc

Ce n'est pas le seul aspect de cette incompréhension face aux hommes de 14-18. Aujourd'hui beaucoup de gens partent du principe que le soldat est un pauvre citoyen envoyé contre son gré faire une guerre que seuls les puissants comprennent. Et ils projettent cette idée sur 14-18.
Or, le poilu sait très bien pourquoi il se bat et même en 17 il ne remet pas en cause le sens de ce combat.
C'est tout le problème du traitement de la victime à notre époque. Nous avons du mal à concevoir que la victime puisse être aussi cause de souffrance. Les féministes ont le même problème: des historiennes allemandes ont eu bien du mal à reconnaître que des femmes (donc des victimes du nazisme) aient pu participer aux crimes nazis.
Le poilu qui fraternise ne peut être le même que celui qui veut "casser du boche" pour son pays. Et pourtant c'est souvent bien le même...

Or, le poilu sait très bien pourquoi il se bat et même en 17 il ne remet pas en cause le sens de ce combat.

Il suffit de lire les livres d'histoire de la 3ème (jusqu'au CEP) pour comprendre que le poilu était bien conditionné. "Il y allait sans enthousiasme mais déterminé à mener sa tâche à bien" c'est à peu près une phrase de Pétain à propos des combattants de Verdun.

Le poilu qui fraternise ne peut être le même que celui qui veut "casser du boche" pour son pays. Et pourtant c'est souvent bien le même...

J'ai lu récemment le témoignage d'un combattant de 3 armoured Div à Falaise. Sans parler de "fraternisation", il reconnaissait que les allemands (ss exceptés) étaient comme eux et faisaient leur boulot. Les prisonniers (sf les ss), ils leur offraient des cigarettes, un repas et leur souhaitaient bonne route.

En tout cas les motivations de Bloch sont claires lorsqu'il écrit (1er juin 1915) dans son testament (qui finalement ne servira pas) :

"J'ai fait en partant le sacrifice de moi-même ; c'est la plus belle des fins. Je mentirais en disant que je ne regrette pas la vie même. Songez que j'aurai pu comme tant d'autres tomber au mois d'août 1914, pendant la retraite et mourir en désespérant de la France ; ce sont ceux-là qu'il faut plaindre. Moi je suis mort sûr de la victoire, et heureux - vraiment heureux, je le dis dans toute la sincérité de mlon âme - de verser mon sang ainsi."

Pourtant, Bloch est un normalien, un intellectuel, on ne peut pas le taxer de nationalisme irréfléchi.

Comme disait un ami à son sujet, Bloch est "un grand historien, un grand témoin, un grand français"

J'ai terminé les carnets (superbement illustrés par des photo de March Bloch), j'entamme le second essai qui porte sur "Les fausses nouvelles à la guerre" (rumeur etc.).
Très intéressant, ça a été écrit par Bloch en 1921.

à mettre à parallèle avec un junger...ils savaient pourquoi ils se battaient
mais par contre bloch n'était surement pas un nationaliste mais il était travaillé comme toute sa génération par la propagande anti allemande (pour faire gros) de la france de l'époque

me trompe je ?

Bloch était "patriote" ce qui pour trop de monde serait un simple synonyme de "nationaliste".

Il avait néanmoins une certaine idée de la Nation, au sens français du terme.

Bloch n'est certes pas à mettre en parallèle avec Junger. L'un est un romancier au sens noble, l'autre un historien de très haut niveau, fondateur avec Febvre, de l'école des annales, courant qui a régenté l'étude de l'histoire en France pendant pas moins de 50 ans.

Quant à être travaillé par la propagande anti-allemande? Juif, résistant, fusillé par les allemands, il me semble qu'il avait la carrure pour avoir ses propres idées...

Juif, résistant, fusillé par les allemands, il me semble qu'il avait la carrure pour avoir ses propres idées...

Il me semble en effet...

fondateur avec Febvre, de l'école des annales, courant qui a régenté l'étude de l'histoire en France pendant pas moins de 50 ans

Heureusement que l'on en est revenu néanmoins.
Si la cération de cette "école" à apporté énormément (merci à Bloch et Fèvre), son utilisation "extrémiste" et idéologique pear leurs "successeurs", pendant uen certaine période a souvent été néfaste.

Voir à ce propos comment par exemple LeGoff a fait marche arrière à son sujet.

Bah, est-ce qu'on en est vraiment sorti ?
L'approche des Annales a été enrichie et sortie de son approche trop réductrice (social, économie).
Mais quand on voit le succès de la Global History, on sent que c'est un peu Braudel qui triomphe aujourd'hui.

pour la propagande anti allemande je parlais d'avant la premiere guerre mondiale !!!
l'alsace lorraine (n'en parlons jamais mais y pensez toujours)

J'en suis arrivé dans ce recueil de livre à L'étrange défaite que j'ia commencé à relire avec plaisir (15 ans après la première lecture).

C'ets intéressant cette fois de mettre le livre en perspective de ses Carnets de la 1ere GM que j'ia lu juste avant. cela donne une autre"introduction" au livre fabuleux qu'est L'étrange défaite.

Comme quoi, l'idée de ce receuil thématique ets une très bonne idée de la part de Gallimard Quarto.

Le recueil Quatro contient également des textes de Marc Bloch sur le Moyen-âge.

J'y ai trouvé une définition très intelligente (et érudite) sur les contours de l'Europe donnée par Marc Bloch dans "Problèmes d'Europe" (1932) :

"L'Europe comme entité humaine a été une création du haut Moyen-Âge. Trois grands faits lui ont donné ses contours. Les invasions germaniques ont rapproché les peuples germains des éléments occidentaux de l'Ancien Empire, et, au sein de celui-ci, précipité la séparation que, depuis longtemps déjà annonçaient, entre la Pars Occidentalis et la Pars Orientis, de très profond contrastes. le mouvement en avant des Berbères dans le Maghreb, puis surtout les invasions islamiques ont rompu l'unité du monde méditerranéen occidental et de la mer Tyrrhénienne fait une frontière au lieu d'un lac intérieur. Les invasions scandinaves enfin, par leurs contrecoups annexèrent à l'aire européenne le Nord et jusqu'aux îles lointaines au-delà des océans. Pour comprendre ces changements, pour marquer aussi les barrières du domaine culturel ainsi déterminé, il suffit, je crois de poser une question très simple : où commençait aux diverses époques, pour un citoyen d'Arles ou de Lyon, le sentiment de total dépaysement ? Au Ive siècle, il se sentait incontestablement chez lui à Carthage ; il pouvait fort bien, s'il appartenait à la noblesse sénatoriale, posséder des propriétés en Grèce ou y avoir fait ses études ; dès le Rhin franchi, par contre, il mettait le pied en pays barbare. Au XIIe siècle, malgré les différences des langues et des coutumes, il rencontre à Lübeck, à Ratisbonne, voir sur les bords du lac Mâlar, des formes sociales auxquelles il est habitué, il peut y accomplir ses devoirs religieux, il peut même, s'il sait le latin, y lire les grandes oeuvres qui forment le fonds de son langage mental et y converser avec les doctes. A Tunis, il est chez l'Infidèle ; dans l'Orient grec, chez le Schismatique, dont les murs d'ailleurs et la culture diffère profondément des siennes ; au-delà de la Vistule, également, en pleine région étrangère, et, à son gré, presque sauvage."

L'Europe est bien née au Moyen-Âge qui a définit ses contours, idée qu'a reprise récemment Le Goff dans son livre éponyme, en bon "disciple" de Marc Bloch. Un sujet également toujours d'actualité.

ça fait un peu Les Gaules centre du monde européen si on suit ce raisonnement : dans l'Empire romain puis dans les royaumes germaniques ? c'est pas un peu nombriliste ?

Pour avoir vécu dans plusieurs régions de France et pour avoir côtoyé différentes populations, je vois plus des différences de culture (hors religion) et de mentalité entre la population méditerranéenne et la population baltique pour prendre un repaire géographique.

L'Europe ? c'est une invention politique (historique?) qu'on ne sait pas définir ou c'est tout simplement l'ancien territoire catholique germanique (conquis par les Germains qui se convertissent au dieu unique) du haut Moyen-Age qu'on a étendu aux Orthodoxes par la suite mais on ose pas se l'avouer de peur de passer pour raciste.

A l'origine, pour les grecque l'Europe c'est que leur pays et l'Asie un bout de la Turquie, alors franchement agrandir l'Europe sans cesse pour s'affilier à la culture grecque c'est un truc bancal d'intellectuel.

Autant trouver un autre terme plus précis pour parler de la civilisation médiévale basée en Europe occidentale.
D'ailleurs le terme de continent Europe est lui-même pas définit, ce qui montre bien le problème... Il n'y a qu'à voir les cartes de l'Europe, elles changent à chaque siècle ? où sont les limites ? Si on avait conquis tout le continent asiatique, ça s'appellerait l'Europe vu que ce n'est qu'un seul continent terrestre !
Mélangez des termes de géo avec de l'histoire, c'est de la politique !

oui quelle europe ?

dans la citation "dès le Rhin franchi, par contre, il mettait le pied en pays barbare". Donc il s'agit de l'allemagne actuelle, elle fait pourtant partie de l'europe telle qu'on l'entend
donc l'europe n'est pas une creation du moyen age si je poursuis mon raisonnement