Mai 1940
L'armée Française attend.
Elle attend que l'armée Allemande veuille bien l'attaquer sur ses positions défensives.
Car elle s'est forgée une doctrine après avoir subi les pires hécatombes humaines de son histoire lors des terribles combats de 14-18:
la puissance de feu est devenue telle que l'offensive serait une folie, la défense sur des positions retranchées ou préparées est la seule stratégie envisageable.
Comment pourrait on le reprocher à ces généraux, après les avoir tant critiqués pour les attaques meurtrières de 14-18 …
Une guerre longue userait l'Allemagne et permettrait aux alliés de mobiliser leurs ressources supérieures pour vaincre à nouveau.
Le mythe de la défense française héroïque de Verdun, source de la victoire finale de 1918 est le fondement de l'armée française et de la nation toute entière.
Mais cette focalisation ignore le fait que c'est la bataille des cent jours menée par les britanniques et les troupes du Commonwealth
(canadiens, australiens et néozélandais plus quelques divisions françaises) qui va briser l'armée allemande au printemps 1918, notamment lors de la bataille d'Amiens
Avec une utilisation massive de chars d'assaut et d'aviation…
Qu'est ce que la réalité ? Ce sont représentations que l'on s'en fait.
Le Haut état major est sourd à toute autre qui les contredirait...on ne contredit pas la réalité.
Un Colonel de chars propose une autre représentation …
Mais il est seul, et simplement Colonel…
En face, il en est autrement.
"Les généraux allemands ne se sentaient pas en mesure de battre la France...face au stratège révolutionnaire qu'était Hitler, ils demeuraient des guerriers timorés" ("Hitler et ses généraux" de Raymond Cartier).
Mais, en 1940, Hitler fait preuve d'une audace conceptuelle remarquable sur le plan militaire, et il est le chef.
Il peut imposer à un état major imprégné de la défaite de 1918, sa propre interprétation.
"ils n'avaient jamais pu effacer en eux les impressions de 1918. Ils avaient une frousse bleue des Français."
(Hermann Goering, procès de Nuremberg).
En plus il n'est pas seul, plusieurs généraux partagent voire, pour certains, sont à l'origine de cette représentation
Manstein, Guderian, Kleist, Hoth , Hoepner.
Ce sont les représentations qui déterminent les actes...Les représentations qui vont accoucher d'une autre façon de faire la guerre et faire de L'armée allemande une machine de guerre d'une incroyable efficacité.
"The old world is dying, and the new world struggles to be born; now is the time of monsters."
Antonio Gramsci