L'armée mexicaine était très loin et elle avait été vaincue assez facilement l'année précédente en 1835, en plein hiver, franchir les sierras et déserts pour venir à San Antonio de Bejar prendrait du temps beaucoup de temps, et elle avait été vaincue assez facilement l'année précédente en 1835.
La révolution en cours représentait une aventure pour les volontaires venant des états du sud (ceux du nord avaient refusé d'annexer le Texas car il aurait rejoint de fait les autres états esclavagistes et les aurait renforcés), une formidable opportunité pour se faire un nom, se positionner pour des affaires lucratives à venir,
ou poursuivre la vie d'hommes des frontières avec une bande de compagnons.
Au lieu de renforcer l'ancienne mission espagnole d'El Alamo (les espagnols bâtissaient des "présidios", sortes de forteresses élémentaires pour leurs garnisons et des églises pour leurs missionnaires, le sabre et le goupillon devaient structurer la croissance des colonies au Nord du Rio Grande)
les volontaires prirent le temps de faire la fête.
La mission n'était qu'un agrégat de murs et de baraquements adossés à une chapelle.
Le périmètre trop grand, les murs pas assez solides contre de l'artillerie, les crénelages absents ou trop bas.
Cela pouvait suffire contre des Comanches, qui rechignaient à ce genre de combat, certainement pas face à une armée régulière, fut elle mexicaine.
Elle comprenait néanmoins la plus grande concentration d'artillerie à l'ouest du Mississipi.
C'est avec effarement qu'ils furent distraits de leurs ivresse lorsqu'ils furent avertis de la présence à l'orée de la bourgade d'une force de cavalerie.
Suivie bientôt par de l'infanterie en nombre et une nombreuse artillerie.
Les volontaires et leurs alliés tejanos durent s'enfuir et rejoindre la mission en emportant tout ce qu'ils pouvaient.
Le siège allait commencer.
Trois hommes remarquables vont se retrouver au premier plan:
James Bowie, véritable aventurier des frontières, rescapés de nombres combats et autres duels, souvent au couteau (dont celui éponyme qu'il fit fabriquer et fut par la suite manufacturé en Angleterre.
Contrebande d'esclaves noirs, affaires multiples, il était néanmoins un ami des tejanos dont se méfiaient les colons anglo saxons, sa réputation était très grande mais assez sulfureuse.
William Barret Travis, lui, était très différent, un pur produit du milieu conservateur des colons anglo saxons, mais avec une haute idée du devoir et de l'honneur, peu connu mais d'une grande détermination à mourir, si besoin, dans Alamo.
Enfin, David Crockett, "l' homme de la frontière" devenu un mythe malgré lui, pour l'Amérique toute entière et pour l'éternité.
Devenu homme politique, il s'opposa au Président Jackson (une sorte de dictateur à la tête de la plus grande démocratie), et rejoignit la rébellion texane par goût de l'aventure.
Cette aventure qui lui fit apprécier les indiens, notamment les Cherokees, avec qui il se sentait peut être plus d'affinité qu'avec ses concitoyens de l'est.
Il comprit très vite que l'extension vers l'ouest de la frontière allait sonner le glas des tribus indiennes qui avaient accepté de vivre en paix aux cotés des colons blancs.
Il souhaitait que les indiens puissent avoir pleine souveraineté sur leurs terres pour constituer de véritables petites nations au milieu du territoire de l'Union, faute de quoi ils perdraient et leurs terres et n'auraient plus aucun droits, voire disparaitraient.
Pour Jackson c'était inenvisageable, autoriser des territoires qui échapperaient aux lois américaines aurait ouvert la porte à toutes les demandes et à
toutes les magouilles (par des blancs) pour échapper aux lois.
Travis et Bowie avaient tous deux le commandement de la mission, Crockett refusa d'en avoir une part, il entendait combattre à l'égal de sa douzaine de compagnons, un volontaire comme les autres.
Enfermé dans la mission, s'est il senti entrainé dans une aventure sans issue qu'il n'avait pas envisagée ?
Et puis le quatrième homme...Antonio Lopez de Santa Anna, élu Président du Mexique en 1932 et bien décidé à ne pas laisser la province du Tejas quitter, sur un coup de force, le territoire national mexicain.
Dans la boue et la neige parfois il mena quatre colonnes de 1500 hommes à marche forcée (chacune à deux jours de marche de la précédente) pour frapper les rebelles avant qu'ils n'aient eu le temps de se préparer, et les battre successivement tel un Napoléon de l'Ouest, et cette image, devenue ridicule, n'était pas si infondée historiquement (si seulement il n'avait pas perdu aussi piteusement à San Jacinto face à Sam Houston).
La vraie image , d'un homme de 42 ans, très différente de celle , précédente, de la légende.
Le siège va durer 13 jours...parsemé de bombardements réciproques et de petites escarmouches.
Bowie va tomber malade d'une pneumonie vraisemblablement.
Son plan d'abandonner la mission pour mener une guérilla dans les forêts texanes de l'est , plus adapté au rapport de force (moins de deux cents contre six mille) ne sera pas retenu.
Et puis...un soir, l'assaut fut décidé.
Santa Anna ne pouvait plus attendre, bien que de la grosse artillerie de siège était en route pour le rejoindre.
Il lui fallait, tel Napoléon, mener une guerre éclair, une guerre de mouvement, avant que les anglos n'aient rassemblé une armée.
Aucun quartier ne serait accordé.