Comparer le Belfast et le York ne me semble ni charitable ni juste car ce dernier est un croiseur au rabais conçu pour réduire au maximum les coûts (c'est en quelque sorte un County ayant subi la RGPP de l'époque). Il serait plus juste de comparer les classe Town (ou modified Town) aux Counties, même si, en dernière analyse, la comparaison reste difficile car les éléments les plus importants apparaissent rarement à l'analyse.
La qualité de la direction de tir, si bien mise en exergue par SeekriegV, est ainsi systématiquement absente des réflexions sur les vices et vertus des navires, alors même qu'il s'agit d'un critère décisif lors des combats navals.
Pareillement, le blindage est souvent décrit de façon trop sommaire pour avoir une idée à peu prêt correcte de la protection réelle du bâtiment. Les analyses prennent en compte l'épaisseur du blindage, sa qualité et éventuellement son inclinaison, mais omettent quasi systématiquement de préciser l'étendue de la zone protégée. En général, les croiseurs qui affichent un blindage impressionnant ne sont protégés que sur une zone assez réduite (si le sujet vous intéresse, je vous conseille « In the Shadow of the Battleship » de Richard Worth).
Par ailleurs, il est délicat de comparer des unités sans prendre en compte d'autres paramètres que l'armement, la vitesse ou la protection. Les bâtiments doivent être mesurés à l'aune de leur prix et des services qu'ils rendent. Le coût de construction et d'entretien, le rayon d'action, la fiabilité, la tenue de mer, l'habitabilité, etc. doivent être également envisagés si on veut envisager la question dans son ensemble.
L'efficacité relative des CA et CL est un vieux débat qui a fait couler beaucoup d'encre tant dans les années 30 que dans les forum spécialisés de nos jours. La réponse simple est que les pièces de 203 mm / 8 pouces sont jugées supérieures de jour en raison de leur allonge et pouvoir pénétrant supérieurs, tandis que celles de 152 mm / 6 pouces sont avantagées par une cadence de tir plus élevée lorsque la visibilité permet une distance d'engagement réduite.
Cette analyse est vérifiée par les événements. En 1941, l'amiral Cunningham se plaignait de n'avoir que des CL pour s'opposer aux CA italiens et réclamait à grand cri des Counties. A l'inverse, Ghormley puis Halsey étaient fort conscient des limites des CA américains lors des combats de nuit autour de Guadalcanal et demandaient eux des Brooklyn (puis des Cleveland) pour cette tâche.
Bien entendu, cette analyse doit être modulée par les autres qualités ou tares des navires considérés. L'allonge d'un CA ne lui servira à rien si une direction de tir médiocre ne lui permet pas d'atteindre sa cible.
Une réponse élaborée prendrait en compte la mission pour laquelle chaque classe de navire a été conçue. Les marines américaines et japonaises étaient focalisées sur le combat d'escadre et ont conçu et utilisé leurs CA comme des ersatz de cuirassés, optimisés pour le combat de surface. A l'inverse, la mission des croiseurs était dans la Royal Navy proche de celles des frégates de la marine à voile : éclairage des escadre, escorte de convois et patrouilles lointaines. Les britanniques ne cherchaient pas à construire les navires les plus puissant qui soient, mais des navires marins, endurants et fiables, pouvant être construits à moindre coût en grande quantité. L'Amirauté britannique ne se retrouvait d'ailleurs pas dans les CA, jugés trop onéreux, et souhaitait construire des CL dont les coûts de construction et d'entretien étaient bien moindres (ce furent les classes Leander et Arethusa). Ce n'est que lorsque la guerre avec l'Allemagne et le Japon est devenue inévitable que les britanniques intégrèrent dans la conception de leurs navires de guerre des qualités plus guerrières (d'où les croiseurs classe Town ou les destroyers classe Tribal).
De fait, si l'exemple de Dominique (les CL classe La Galissonnière de 1935 semblent plus puissants que les CA classe Duquesne ou Suffren de 1928-1930) est juste, on peut lui opposer des contre exemples (la classe Myoko de 1928 est mieux armée et protégée que la classe Arethusa de 1935), et pense que, sans nier l'indéniable évolution technologique, c'est la fonction du navire qui détermine avant tout ses qualités guerrières.
Je ne suis pas certain qu'on puisse situer facilement un seuil dans l'évolution technologique des navires. Chaque marine a son propre agenda technologique, budgétaire et doctrinal et en fixant un seuil, on s'expose à une foule de contre-exemples. La protection des CA français classe Suffren est minimaliste, alors qu'elle est quasi contemporaine des Zara italiens, lesquels sont renommés pour l'épaisseur de leur blindage. On pourra faire la même remarque pour les Arethusa britanniques, faiblement armés et protégés, et les Galissonnière français, considérés à juste titre comme très réussis. Je pencherai pour ma part pour une évolution continue, chaque classe tendant, dans chaque marine, à être plus aboutie (donc plus grosse, mieux armée et protégée) que la précédente (c'est très visible avec les Condotierri italiens).
La qualité de la direction de tir, si bien mise en exergue par SeekriegV, est ainsi systématiquement absente des réflexions sur les vices et vertus des navires, alors même qu'il s'agit d'un critère décisif lors des combats navals.
Pareillement, le blindage est souvent décrit de façon trop sommaire pour avoir une idée à peu prêt correcte de la protection réelle du bâtiment. Les analyses prennent en compte l'épaisseur du blindage, sa qualité et éventuellement son inclinaison, mais omettent quasi systématiquement de préciser l'étendue de la zone protégée. En général, les croiseurs qui affichent un blindage impressionnant ne sont protégés que sur une zone assez réduite (si le sujet vous intéresse, je vous conseille « In the Shadow of the Battleship » de Richard Worth).
Par ailleurs, il est délicat de comparer des unités sans prendre en compte d'autres paramètres que l'armement, la vitesse ou la protection. Les bâtiments doivent être mesurés à l'aune de leur prix et des services qu'ils rendent. Le coût de construction et d'entretien, le rayon d'action, la fiabilité, la tenue de mer, l'habitabilité, etc. doivent être également envisagés si on veut envisager la question dans son ensemble.
L'efficacité relative des CA et CL est un vieux débat qui a fait couler beaucoup d'encre tant dans les années 30 que dans les forum spécialisés de nos jours. La réponse simple est que les pièces de 203 mm / 8 pouces sont jugées supérieures de jour en raison de leur allonge et pouvoir pénétrant supérieurs, tandis que celles de 152 mm / 6 pouces sont avantagées par une cadence de tir plus élevée lorsque la visibilité permet une distance d'engagement réduite.
Cette analyse est vérifiée par les événements. En 1941, l'amiral Cunningham se plaignait de n'avoir que des CL pour s'opposer aux CA italiens et réclamait à grand cri des Counties. A l'inverse, Ghormley puis Halsey étaient fort conscient des limites des CA américains lors des combats de nuit autour de Guadalcanal et demandaient eux des Brooklyn (puis des Cleveland) pour cette tâche.
Bien entendu, cette analyse doit être modulée par les autres qualités ou tares des navires considérés. L'allonge d'un CA ne lui servira à rien si une direction de tir médiocre ne lui permet pas d'atteindre sa cible.
Une réponse élaborée prendrait en compte la mission pour laquelle chaque classe de navire a été conçue. Les marines américaines et japonaises étaient focalisées sur le combat d'escadre et ont conçu et utilisé leurs CA comme des ersatz de cuirassés, optimisés pour le combat de surface. A l'inverse, la mission des croiseurs était dans la Royal Navy proche de celles des frégates de la marine à voile : éclairage des escadre, escorte de convois et patrouilles lointaines. Les britanniques ne cherchaient pas à construire les navires les plus puissant qui soient, mais des navires marins, endurants et fiables, pouvant être construits à moindre coût en grande quantité. L'Amirauté britannique ne se retrouvait d'ailleurs pas dans les CA, jugés trop onéreux, et souhaitait construire des CL dont les coûts de construction et d'entretien étaient bien moindres (ce furent les classes Leander et Arethusa). Ce n'est que lorsque la guerre avec l'Allemagne et le Japon est devenue inévitable que les britanniques intégrèrent dans la conception de leurs navires de guerre des qualités plus guerrières (d'où les croiseurs classe Town ou les destroyers classe Tribal).
De fait, si l'exemple de Dominique (les CL classe La Galissonnière de 1935 semblent plus puissants que les CA classe Duquesne ou Suffren de 1928-1930) est juste, on peut lui opposer des contre exemples (la classe Myoko de 1928 est mieux armée et protégée que la classe Arethusa de 1935), et pense que, sans nier l'indéniable évolution technologique, c'est la fonction du navire qui détermine avant tout ses qualités guerrières.
Je ne suis pas certain qu'on puisse situer facilement un seuil dans l'évolution technologique des navires. Chaque marine a son propre agenda technologique, budgétaire et doctrinal et en fixant un seuil, on s'expose à une foule de contre-exemples. La protection des CA français classe Suffren est minimaliste, alors qu'elle est quasi contemporaine des Zara italiens, lesquels sont renommés pour l'épaisseur de leur blindage. On pourra faire la même remarque pour les Arethusa britanniques, faiblement armés et protégés, et les Galissonnière français, considérés à juste titre comme très réussis. Je pencherai pour ma part pour une évolution continue, chaque classe tendant, dans chaque marine, à être plus aboutie (donc plus grosse, mieux armée et protégée) que la précédente (c'est très visible avec les Condotierri italiens).