@pascal
Et toi, comprends-tu que les aspirations du peuple ukrainien, à supposer qu'il s'identifie au mouvement qui à renversé le pouvoir - suivez mon regard vers l'Orient - ne sont pas contradictoires avec mon constat pessimiste ? ce ne serait pas la dernière révolution détournée ou trahie même si, dans ce cas précis, je pense que le ver était dans le fruit dès le début (les néo-nazis et les technocrates pro-européens).
Tu vois un espoir dans cette situation que je juge moi, pour le moins aventureuse et ses conséquences régressives (au minimum, si l'
Ukraine ne tombe dans la guerre, elle passera au moule néolibéral du FMI et de l'UE). Mais symétriquement, la seule latitude que tu reconnais aux citoyens européens privés de leur droit politique fondamental c'est de manifester pacifiquement "parce qu'on n'est pas en Russie". En d'autres temps, nous avons pourtant chassés des rois pour moins que ça ! Bref, il y a "pouvoir illégitime" et "pouvoir illégitime". En Russie, ou en
Ukraine, la défense de la démocratie est un droit sacré qui légitimise la prise de pouvoir par la violence, mais dans l'UE le déni de ses mêmes principes ne doit aboutir qu'à des "manifetations pacifiques" en attendant, sans doute sous l'action de l'avancée des saisons, que le même gouvernement qui ne respecte pas un vote tombe de lui-même. C'est le double-standard absolu. Au nom de quoi, je te prie ? Parce que ça "marche bien en Europe " (les gens mangent, les voitures roulent) ? Parle t-on des
principes qui doivent régir une société digne, ou de l'aboutissement à
vague contentement général qui fait oublier le reste ? Sur ce sujet, une bonne référence litéraire est la parabole du grand inquisiteur, dans
Les frères Karamoz, de Dostoievski. Mais il y a aussi le discours de harvard de Soljenistine qui est surprenant.
pascal a écrit:ce que je n'aime pas c'est qu'avec ton raisonnement, sur la russie et l'occident, tu ressembles aux deputes europeens que tu detestes (et que moi aussi je n'aime pas, on se rejoint la dessus) et qui se cachent derriere leur petit doigt en permanence: on fait attention a ce qu'on dit, galvaudage des mots, on regarde de haut et on analyse les raisons qui remontent a loin, pour bien comprendre.. ce qui ne produit jamais d'opinion clair, puisque le resultat c'est une incapacite a prendre parti.
Réfère toi à mes post précédents, quand je parle du rôle de la France, par exemple : sortir de l'UE, lâcher l'OTAN, participer au ré-équilibrage nécessaire du monde. Je ne pense vraiment pas avoir des opinions peu claires derrière mon petit doigt. Quand "à analyser les raisons qui remontent de loin", je m'en glorifie et j'en fais profession. Et c'est un meilleur carburant pour la réflexion que le romantisme révolutionnaire, qu'on peut réserver pour la seule action.