Bonsoir,
J'ai acheté ce mensuel il y a une quinzaine mais il ne m'a pas laissé pour le moment une forte impression.
Le titre me gêne un peu tout d'abord. Mêler l'actualité et l'histoire ne va pas de soi, à moins que l'on ne veuille comprendre le titre comme un désir de remettre au gout du jour et en exergue la science historique mais je n'en suis pas convaincu.
Les articles en eux mêmes m'ont laissé perplexe. Celui sur les crises est à la fois trop peu historique et trop peu économique. L'histoire des crises économiques peut s'avérer passionnante, mais encore faut-il à la fois y mêler des connaissances historiques et économiques. Or si nous avons bien une énumération de différentes crises, en partant de celles des tulipes en Hollande jusqu'aux deux dernières crises de 2008-2011, cette énumération n'apporte rien car elle ne met pas en perspective les lignes de force qui traversent ces moments clés, et l'article expédie les crises les plus récentes en quelques lignes fourre tout.
C'est trop peu et l'on retrouve là encore le compartimentalisme, pour ne pas dire le cloisonnement, qui caractérise l'étude des sciences humaines (au sens large, histoire, éco, droit, philo...) en France. Cet article donne la preuve que l'on ne peut faire l'histoire des crises sans parler vraiment un peu de manière approfondie d'économie et sauf pour le néophyte complet, on reste sur notre faim.
Mais il y a pire. L'histoire peut parfois se contenter d'à peu près, mais elle ne supporte pas l'esprit partisan. Or, que dire d'autre d'un article qui porte sur la manifestation réprimée du 17 octobre 1961 et dont le titre est "17 octobre 1961, un crime d'Etat". A la limite tout est dit dans le titre, circulez, il n'y a rien à voir. C'est doublement gênant, car tout d'abord l'auteur se laisse aller à donner un jugement de valeur, et je persiste à dire que la neutralité, quelque soit le sujet historique est le seul garant de l'honnêteté historique (et c'est pourquoi je ne peux cautionner les commentaires parfois à l'emporte pièce de Kassowitz dans la série Apocalypse).
Deuxièmement, là encore, la mise en perspective manque. Comment peut on parler de cette manifestation sans dire exactement dans quelle circonstance elle se déroule (guerre d'algérie, manoeuvres du FLN sur le territoire même de la métropole pour lever des fonds par des procédés tels que l'intimidation ou le racket) ? On se contente de s'apesantir sur les mesures de restrictions prises à l'encontre des "algériens de france" sans vraiment essayer de comprendre le pourquoi de celles-ci ni d'expliquer dans quelles circonstances "extraordinaires" au sens juridique du terme, elles avaient été prises. Et de plus comment ne peut donner la parole qu'à un seul bord, à savoir, les "rescapés" de ces évènements, et parmi eux une personne avec pour nom de guerre "pigalle" qui se reconnait lui même comme un collecteur de fonds du FLN en France !!!!.
Je reste sur le sentiment d'un énième article mémoriel visant à ce que nous battions notre coulpe alors que l'objectivité obligerait à reconnaître que face à une situation de guerre, il est parfois nécessaire de recourir à des mesures d'exception (la Constituion reconnait elle même la mise en place de telles mesures par la mise en place d'une véritable dictature à la Romaine dans les mains du Président de la République [article 16]). Qu'ensuite ces mesures entraînent des débordements, sans aucun doute regrettable, c'est un fait, mais ce n'est que la conséquence de la nécessité d'avoir dû les mettre en place pour lutter contre une contrainte extérieure.
Pour le reste, un thème central portant sur le le colonialisme au sens large, terme éculé s'il en est, et qui n'apporte rien de réellement neuf, et d'autres thèmes que j'ai pu lire souvent ailleurs.
Un premier numéro, qui vous l'aurez compris, m'a laissé sur ma faim. Mais comme je suis un véritable passionné d'histoire et que je veux laissé sa chance à une prsse par trop peu nombreuse, je continuerai à l'acheter quand même en espérant une orientation plus historique et approfondie.