Quelles leçons tirer de cette partie ? (j’aime bien me dire que j’ai appris des trucs avec un wargame, ça me donne bonne conscience…)
Que voulait donc montrer Semper Victor en concevant ce jeu ? Ici, je ne peux faire que des conjectures sur ce que j’ai perçu en tant que joueur, et j’attends évidemment des remarques au cas où je ferais fausse route.
- Le poids dominant des stratagèmes.
Ils ont probablement pour objectif de montrer que la bataille n’a pas simplement consisté en l’affrontement frontal de deux armées, mais que de nombreux facteurs ont joué de façon assez peu prévisible. Les capacités tactiques (stratagèmes de tactiques navales, avantage des archers ou des spartiates) n’ont pas un effet systématique (il faut tirer le pion pour que ça marche !) et de nombreux « stratagèmes » sont en fait plutôt des évènements (retards de renforts, tempêtes…).
On peut reprocher à ce système un côté irréaliste car on peut par exemple déclencher une tempête ou un événement politique chez l’ennemi sur lequel le camp adverse n’avait en fait aucune influence (ex : retrait de Cléon). A cela on peut répondre, même si c’est un peu tiré par les cheveux, que cela peut correspondre à une capacité de renseignement : on sait avant l’autre qu’un évènement va avoir lieu et on en profite.
Cependant, certains stratagèmes ont une valeur clé : par exemple, sans le stratagème « attaque combinée », l’attaque de la passe nord a moins d’une chance sur deux d’aboutir face à des trières normales, une sur six face à des trières athéniennes aguerries. Mais avec ce stratagème, la victoire est presque assurée.
- Le manque de prise tactique sur la bataille est renforcé par la
pénurie de points d’action, qui aboutit à l’immobilisme de pans entiers des deux armées.
...Semper Victor a déjà répondu à cette question en parlant des contraintes de l’époque (trières à ramener sur la berge, poids des équipements qui interdit des combats longs ou mobiles).
-Ce qui m’étonne davantage c’est la
capacité de reconstitution des unités.
Ajoutée à la faible intensité fréquente des combats, elle aboutit à avoir presque toujours ses unités à 100% de leurs capacités. Or, certaines de ces troupes subissent un blocus. Par ailleurs, la ressource en hoplites est par définition rare et difficile à recompléter. Enfin, la médecine n’ayant pas encore fait des miracles, je doute que les blessés puissent revenir très vite sur le champ de bataille une fois leurs bobos (souvent causé par des ustensiles plutôt contondants) soignés. Pour les trières, je suppose que leur réparation de fortune pendant une campagne était assez malaisée, alors que je peux imaginer qu’on pouvait recruter rapidement de force des rameurs.
Je suppose que tout cela vise à refléter des opérations qui ne visent pas à la destruction de l’ennemi, mais des gains territoriaux, des effets psychologiques et politiques. Pour épargner au joueur la tentation du Blitzkrieg, on le rend tout simplement inopérant, à de rares exceptions près.
-
L’excellent choix de la position de Pylos par Démosthénès :
elle était apparemment à la fois difficile à attaquer par la terre et facile à protéger par la mer en verrouillant les deux passes. La bataille en devient réellement amphibie, et je ne connais pas d’autre exemple de combat où l’importance des combats sur mer et sur terre soit aussi équilibrée.