Premier essai sur le système Musket&Pike (GMT) sur un scénario de Nothing gain but Glory : Halmstad, bataille de la guerre de Scanie (Aout 1676).
J'ai reçu un compte rendu de Christian Labermussen, mousquetaire danois :
<< ... Tout avait pourtant bien commencé.
L'armée danoise sous le commandement du Generalmajor Jacob Duncan progressait en territoire suédois et avait assiégé la ville de Halmstad qui ne saurait tenir longtemps. Mais à l'annonce que des troupes suédoises avait été aperçue, il décida de provisoirement lever le siège pour sécuriser la zone. Arrivée sur le Fyllean, l'armée commença à traverser la rivière sur l'unique pont que nous avions détruit quelque jour plus tôt et que nous venions de reconstruire. Ce ne sont pas les quelques cavaliers suédois sur la crête qui allaient nous arrêter... Mais ces quelques éclaireurs se transformèrent progressivement en une armée de même taille que la nôtre. Duncan n'avait pas l'air ravi, et réussit à mettre son armée en ligne dos au fleuve (de quoi leur retirer toute envie de reculer) puis … attendit. Moi, je faisais partie des mousquetaires, et nous sommes restés sur l'autre rive pour garder les bagages, le ravitaillement, et Mme la Généramajor. Ah oui, parce qu'il avait emmené son épouse. Que faisait elle là ? Peut-être s'attendaient ils à une petite partie de campagne, la belle lande suédoise et son tapis de bruyère... Quand elle vit ce qui se tramait, elle devint toute pâle, s'enferma dans son chariot et commença à réciter des prières dans un horrible patois écossais, ça a duré toute la bataille et ça nous a sérieusement tapé sur les nerfs. Enfin bon, j'avais pas grand chose à faire et j'ai sorti la lunette que j'avais trouvée sur le corps d'un officier suédois à Landskrona. J'ai fait mon petit effet : il y avait tellement de monde autour de moi que le sergent a cru que j'avais récupéré une bouteille de gnôle. Ils étaient tous là à piaffer : « Raconte ! », « Qu'est ce que tu vois ? », « Y sont à qui ces cavaliers ? ». Ben justement, les cavaliers qui descendent le plateau vers notre aile gauche ne sont pas de chez nous. Au centre, l'infanterie suédoise se met en formation d'attaque tandis que s'échangent les premiers tirs de canons. Si le plan de Duncan est de laisser l'initiative à l'ennemi, il se déroule à la perfection...
Vers 9h, la cavalerie suédoise déboule sur notre aile gauche qui est en infériorité numérique.
Quelques tirs de pistolet claquent malgré la pluie qui avait mouillé la poudre des moins prévenants. Une mêlée de cavalerie s'engage, caracole, charges. Un bataillon d'élite suédois poursuivant des allemands en fuite s'approche un peu trop de notre infanterie et une salve refroidit quelque peu leurs ardeurs. Mais l'affaire est réglée en un peu plus d'une heure : nous n'avons plus d'aile gauche...
Les bataillons d'infanterie à proximité effectuent alors une manœuvre et se positionnent en arc de cercle vers le fleuve, pour éviter tout débordement de la cavalerie ennemie derrière nos lignes. Mais pendant ce temps, l'infanterie suédoise a toute les peines du monde à avancer. Car si des danois se sont illustrés ce jour là, il s'agit des artilleurs : leurs tirs sèment la confusion dans les rangs ennemis tandis que leur commandement en chef essaye de les remettre en ordre de bataille. Et que fait Duncan pendant ce temps ? Il envoie ordre sur ordre à l'Oberst Maximilian Rosenkranz, en charge de l'infanterie du centre. Ordres peu clairs ou délibérément non exécutés ? Peu clair, en tout cas, on se contente de tenir la position. Vers 11h, l'aile droite de cavalerie suédoise s'est reformée mais hésite à repasser à l'assaut : les lignes compactes d'infanterie danoise n'inspirent pas la charge. Mais un bataillon décide de charger une partie du régiment allemand de Hollstein. La réputation de la cavalerie suédoise n'est pas surfaite : la charge décime nos ranges et les survivants se jettent dans la rivière. Heureusement que la manque d'espace empêche d'exploiter ce résultat...
Mais c'est à 12h que tout s'est joué. Le commandant en chef de notre aile droite, l'Oberst Ugler, n'avait pas bougé d'un poil pendant toute la bataille. On pourrait mettre cela sur le compte de l'expérience, à 80 ans, il en fait des campagnes. Mais on m'a dit que comme il était presque aveugle et sourd comme un pot, il n'avait pas bien suivi ce qui se passait. Et voilà que d'un coup il se met à hurler « Chargez » et lance ses trois bataillons de cavalerie contre le régiment à cheval de Von Fersen.
Un vrai massacre, les deux bataillons de dragons de Walther sont anéantis et les suédois ont à peine bronché. Ugler mène la charge à la tête du bataillon Münchhausen, mais se trompe de cible et se dirige contre un bataillon d'infanterie lourde et son artillerie. De ma lunette, je n'en croyais pas mes yeux... Le tir défensif couche la moitié de nos cavaliers, mais les autres percutent l'infanterie suédoise dans un embrouillamini indescriptible. Ce n'est que plus tard que j'appris que l'infanterie avait été décimée et que le commandant en chef du centre suédois, Von Ascheraden, y était resté. Et ça, ils n'ont pas aimé les suédois. Ça a tiré dans tous les sens, et je n'ai pas vu un seul de nos cavaliers revenir.
Quant à Ugler, on l'a pas retrouvé. Il ne pesait pas bien lourd, peut-être qu'un boulet l'aura éparpillé aux quatre vents. Mais on m'a rapporté que dans l'après midi, à une dizaine de lieues du champ de bataille, des bergers auraient vu une sorte d'épouvantail vêtu d'oripeaux rouges et dorés traverser la lande au galop en hurlant des choses incompréhensibles en allemand, et qui effrayait les enfants. Après tout, ça colle bien à la description du vieux...
Après ça, les troupes des deux camps ont cessé de bouger et les cannons se sont tus. Des émissaires sont passés d'un camp à l'autre. Je ne sais pas ce qui s'est dit, mais les suédois ont gentiment reculé, et nous en avons fait autant. Alors, Duncan nous a dit que c'était une grande victoire pour le Danemark. Bon, on a pas bien compris parce que sur le champ de bataille, il y avait dix des nôtres pour un des leurs. Il n'y avait pas de cavaliers pour le contredire parce qu'il étaient tous morts, blessés ou en fuite... Enfin, moi, ce que j'en dis, j'ai pas tiré un coup de feu, on m'a remis ma solde complète et je suis un héro de Halmstad, alors... >>
J'ai reçu un compte rendu de Christian Labermussen, mousquetaire danois :
<< ... Tout avait pourtant bien commencé.
L'armée danoise sous le commandement du Generalmajor Jacob Duncan progressait en territoire suédois et avait assiégé la ville de Halmstad qui ne saurait tenir longtemps. Mais à l'annonce que des troupes suédoises avait été aperçue, il décida de provisoirement lever le siège pour sécuriser la zone. Arrivée sur le Fyllean, l'armée commença à traverser la rivière sur l'unique pont que nous avions détruit quelque jour plus tôt et que nous venions de reconstruire. Ce ne sont pas les quelques cavaliers suédois sur la crête qui allaient nous arrêter... Mais ces quelques éclaireurs se transformèrent progressivement en une armée de même taille que la nôtre. Duncan n'avait pas l'air ravi, et réussit à mettre son armée en ligne dos au fleuve (de quoi leur retirer toute envie de reculer) puis … attendit. Moi, je faisais partie des mousquetaires, et nous sommes restés sur l'autre rive pour garder les bagages, le ravitaillement, et Mme la Généramajor. Ah oui, parce qu'il avait emmené son épouse. Que faisait elle là ? Peut-être s'attendaient ils à une petite partie de campagne, la belle lande suédoise et son tapis de bruyère... Quand elle vit ce qui se tramait, elle devint toute pâle, s'enferma dans son chariot et commença à réciter des prières dans un horrible patois écossais, ça a duré toute la bataille et ça nous a sérieusement tapé sur les nerfs. Enfin bon, j'avais pas grand chose à faire et j'ai sorti la lunette que j'avais trouvée sur le corps d'un officier suédois à Landskrona. J'ai fait mon petit effet : il y avait tellement de monde autour de moi que le sergent a cru que j'avais récupéré une bouteille de gnôle. Ils étaient tous là à piaffer : « Raconte ! », « Qu'est ce que tu vois ? », « Y sont à qui ces cavaliers ? ». Ben justement, les cavaliers qui descendent le plateau vers notre aile gauche ne sont pas de chez nous. Au centre, l'infanterie suédoise se met en formation d'attaque tandis que s'échangent les premiers tirs de canons. Si le plan de Duncan est de laisser l'initiative à l'ennemi, il se déroule à la perfection...
Vers 9h, la cavalerie suédoise déboule sur notre aile gauche qui est en infériorité numérique.
Quelques tirs de pistolet claquent malgré la pluie qui avait mouillé la poudre des moins prévenants. Une mêlée de cavalerie s'engage, caracole, charges. Un bataillon d'élite suédois poursuivant des allemands en fuite s'approche un peu trop de notre infanterie et une salve refroidit quelque peu leurs ardeurs. Mais l'affaire est réglée en un peu plus d'une heure : nous n'avons plus d'aile gauche...
Les bataillons d'infanterie à proximité effectuent alors une manœuvre et se positionnent en arc de cercle vers le fleuve, pour éviter tout débordement de la cavalerie ennemie derrière nos lignes. Mais pendant ce temps, l'infanterie suédoise a toute les peines du monde à avancer. Car si des danois se sont illustrés ce jour là, il s'agit des artilleurs : leurs tirs sèment la confusion dans les rangs ennemis tandis que leur commandement en chef essaye de les remettre en ordre de bataille. Et que fait Duncan pendant ce temps ? Il envoie ordre sur ordre à l'Oberst Maximilian Rosenkranz, en charge de l'infanterie du centre. Ordres peu clairs ou délibérément non exécutés ? Peu clair, en tout cas, on se contente de tenir la position. Vers 11h, l'aile droite de cavalerie suédoise s'est reformée mais hésite à repasser à l'assaut : les lignes compactes d'infanterie danoise n'inspirent pas la charge. Mais un bataillon décide de charger une partie du régiment allemand de Hollstein. La réputation de la cavalerie suédoise n'est pas surfaite : la charge décime nos ranges et les survivants se jettent dans la rivière. Heureusement que la manque d'espace empêche d'exploiter ce résultat...
Mais c'est à 12h que tout s'est joué. Le commandant en chef de notre aile droite, l'Oberst Ugler, n'avait pas bougé d'un poil pendant toute la bataille. On pourrait mettre cela sur le compte de l'expérience, à 80 ans, il en fait des campagnes. Mais on m'a dit que comme il était presque aveugle et sourd comme un pot, il n'avait pas bien suivi ce qui se passait. Et voilà que d'un coup il se met à hurler « Chargez » et lance ses trois bataillons de cavalerie contre le régiment à cheval de Von Fersen.
Un vrai massacre, les deux bataillons de dragons de Walther sont anéantis et les suédois ont à peine bronché. Ugler mène la charge à la tête du bataillon Münchhausen, mais se trompe de cible et se dirige contre un bataillon d'infanterie lourde et son artillerie. De ma lunette, je n'en croyais pas mes yeux... Le tir défensif couche la moitié de nos cavaliers, mais les autres percutent l'infanterie suédoise dans un embrouillamini indescriptible. Ce n'est que plus tard que j'appris que l'infanterie avait été décimée et que le commandant en chef du centre suédois, Von Ascheraden, y était resté. Et ça, ils n'ont pas aimé les suédois. Ça a tiré dans tous les sens, et je n'ai pas vu un seul de nos cavaliers revenir.
Quant à Ugler, on l'a pas retrouvé. Il ne pesait pas bien lourd, peut-être qu'un boulet l'aura éparpillé aux quatre vents. Mais on m'a rapporté que dans l'après midi, à une dizaine de lieues du champ de bataille, des bergers auraient vu une sorte d'épouvantail vêtu d'oripeaux rouges et dorés traverser la lande au galop en hurlant des choses incompréhensibles en allemand, et qui effrayait les enfants. Après tout, ça colle bien à la description du vieux...
Après ça, les troupes des deux camps ont cessé de bouger et les cannons se sont tus. Des émissaires sont passés d'un camp à l'autre. Je ne sais pas ce qui s'est dit, mais les suédois ont gentiment reculé, et nous en avons fait autant. Alors, Duncan nous a dit que c'était une grande victoire pour le Danemark. Bon, on a pas bien compris parce que sur le champ de bataille, il y avait dix des nôtres pour un des leurs. Il n'y avait pas de cavaliers pour le contredire parce qu'il étaient tous morts, blessés ou en fuite... Enfin, moi, ce que j'en dis, j'ai pas tiré un coup de feu, on m'a remis ma solde complète et je suis un héro de Halmstad, alors... >>
Dernière édition par FVM le Mer 2 Mar 2011 - 1:02, édité 2 fois