Bon, j'ai un peu hésité avant de rédiger cette petite note: parler - en bien - de blockgames dans la maison de l'ami Desaix, c'est un peu comme lui rendre visite pour l'apéro, garer sa cage sur le parterre de pétunias, maculer le salon de traces boueuses, avant de renverser la bière dans le sofa tout neuf. Mais il a toujours été très tolérant à mon égard, donc il fermera les yeux
Les blockgames, j'adore ça. Le bon vieux "Napoléon", Rommel in the Desert. Et puis les Columbia, tout spécialement Hammer of The Scots et Liberty. Sauf que depuis, les choses s'étaient salement gâtées. J'avais décroché à Crusader Rex, que j'avais trouvé inutilement chipoté. Pour tout dire, je n'attends pas de ce type de blockgames une grande sophistication censée refléter de façon absolument fidèle un conflit. L'esprit prime à cette échelle sur la lettre. Et puis mes propres goûts me portent à vouer davantage d'intérêt aux systèmes qui font le douloureux sacrifice du chrome pour profiter à la jouabilité. Faire court, ou compact, demande du temps et des efforts. Et une sacrée dose d'humilité: pondre un système qui tourne et réduit à l'essentiel - le plaisir - c'est accepter à l'avance que votre jeu sera dans le meilleur des cas décrit comme "sympathique". Votre patient travail de réduction - comme on le fait pour une sauce afin de concentrer les sucs - restera invisible. Auriez-vous fait le trajet inverse pour multiplier les règles spéciales, les exceptions, les pages de tableaux, les unités aux usages spécifiques, il y a fort à parier que bien des joueurs vous en auraient su gré: pour ces éternels sceptiques, cette complexité apparente offrirait une garantie de sérieux. Un peu comme le gars qui veut s'acheter un appareil numérique et base son choix sur une foule de paramètres: le capteur machin, la balance des blancs truc, la plage dynamique celà. Fera-t-il pour autant une seule bonne photo ? Pas sûr. Si l'objectif est médiocre, et s'il n'a pas l'oeil, s'il regarde davantage l'appareil et ses boutons que le sujet, aucun espoir.
Tout ça pour vous dire que j'ai joué et rejoué ce Jules César et que j'y ai trouvé l'essentiel: le plaisir. Les critiques ? Un titre franchement banal et réducteur, mais que voulez-vous, faut vendre, et ce bon vieux Jules reste le VRP tout indiqué. La carte, mouais, elle semble plaire à beaucoup, mais pas trop fou de ces couleurs trop vives. Y porter des tas d'indications toponymiques, ou même certaines voies romaines (à l'est) ne menant nulle part, par simple souci pédagogique est un choix qui peut se justifier. Je suis plutôt partisan de l'économie. J'ai donc redessiné en vitesse ma propre version, et en ai profité pour distinguer plus clairement villes majeures, ports et villes normales, et l'agrandir (même si Columbia a pour une fois vu plus grand que d'habitude - pas un luxe pour carte point à point)
La divine surprise, c'est qu'avec JC, Columbia renoue avec l'esprit de simplicité de ses "grands anciens". Voilà un jeu qui ne se la pète pas grave. Vous retrouverez les grands classiques des règles maison: les blocs avec leurs steps, facteur de dé et ordre de priorité de tir. Les cartes réglant à la fois l'initiative et les points d'action. Elles accueillent aussi un nouveau principe bien vu: celui des levées. La distribution statistique des cartes fait que plus une carte offre de points d'action, moins elle apporte en revanche de levées. Or, celles-ci sont au moins aussi cruciales, pour rendre des steps à vos blocs blessés ou en créer de nouveaux. Parmi ces cartes, quelques cartes d'événement attribuées chacune à une figure mythologique. Ne plaira pas à tout le monde, c'est pas de l'événement très subtil. Mais profite à la rejouabilité, ajoute de la tension. Et puis bien souvent, tirer plusieurs événements dans sa main est surtout une plaie. Le bol, dans ce jeu, est moins lié aux dés qu'aux cartes. Une partie complète, c'est cinq ans. Et un an correspond à l'utilisation par chaque joueur d'une main de 5 cartes (ils tirent 6 cartes et peuvent en défausser une au choix). Comme d'hab, à l'issue de la 5e carte, il y a un hivernage imposant des règles de stacking plus sévères.
C'est extrêmement rapide et sans temps mort: nous avons joué 4 parties en 2 soirées, qui dit mieux? Le jeu peut aussi s'arrêter par mort subite, dès qu'un joueur totalise 10 points à la fin d'une année (2 points pour Rome ou Alexandrie, 1 point pour les autres villes majeures, 1 point par chef ennemi tué). Le jeu est assymétrique: Pompée démarre avec 7 points et peut parfois, avec pas mal de chance et un peu d'habileté, régler son sort à son rival dès la 1re année. César ne commence qu'avec un malheureux point, et la joue donc de façon très agressive, avec des troupes terrestres plutôt costaudes, Pompée ayant un léger avantage maritime. Car bien sûr, c'est là la différence avec bien des jeux Columbia similaires: le contrôle des zones de la Mare nostrum permet des transferts de troupe bien plus fluide et offre une variété d'options stratégiques beaucoup plus large que dans des jeux tels que HoTS ou Liberty, que j'aime beaucoup, mais où les mouvements vont systématiquement se concentrer sur les mêmes "couloirs", de partie en partie.
Résultat: une simulation historique rigoureuse, non, mais un pur plaisir qui fait désormais de ce jeu mon Columbia préféré.
Les blockgames, j'adore ça. Le bon vieux "Napoléon", Rommel in the Desert. Et puis les Columbia, tout spécialement Hammer of The Scots et Liberty. Sauf que depuis, les choses s'étaient salement gâtées. J'avais décroché à Crusader Rex, que j'avais trouvé inutilement chipoté. Pour tout dire, je n'attends pas de ce type de blockgames une grande sophistication censée refléter de façon absolument fidèle un conflit. L'esprit prime à cette échelle sur la lettre. Et puis mes propres goûts me portent à vouer davantage d'intérêt aux systèmes qui font le douloureux sacrifice du chrome pour profiter à la jouabilité. Faire court, ou compact, demande du temps et des efforts. Et une sacrée dose d'humilité: pondre un système qui tourne et réduit à l'essentiel - le plaisir - c'est accepter à l'avance que votre jeu sera dans le meilleur des cas décrit comme "sympathique". Votre patient travail de réduction - comme on le fait pour une sauce afin de concentrer les sucs - restera invisible. Auriez-vous fait le trajet inverse pour multiplier les règles spéciales, les exceptions, les pages de tableaux, les unités aux usages spécifiques, il y a fort à parier que bien des joueurs vous en auraient su gré: pour ces éternels sceptiques, cette complexité apparente offrirait une garantie de sérieux. Un peu comme le gars qui veut s'acheter un appareil numérique et base son choix sur une foule de paramètres: le capteur machin, la balance des blancs truc, la plage dynamique celà. Fera-t-il pour autant une seule bonne photo ? Pas sûr. Si l'objectif est médiocre, et s'il n'a pas l'oeil, s'il regarde davantage l'appareil et ses boutons que le sujet, aucun espoir.
Tout ça pour vous dire que j'ai joué et rejoué ce Jules César et que j'y ai trouvé l'essentiel: le plaisir. Les critiques ? Un titre franchement banal et réducteur, mais que voulez-vous, faut vendre, et ce bon vieux Jules reste le VRP tout indiqué. La carte, mouais, elle semble plaire à beaucoup, mais pas trop fou de ces couleurs trop vives. Y porter des tas d'indications toponymiques, ou même certaines voies romaines (à l'est) ne menant nulle part, par simple souci pédagogique est un choix qui peut se justifier. Je suis plutôt partisan de l'économie. J'ai donc redessiné en vitesse ma propre version, et en ai profité pour distinguer plus clairement villes majeures, ports et villes normales, et l'agrandir (même si Columbia a pour une fois vu plus grand que d'habitude - pas un luxe pour carte point à point)
La divine surprise, c'est qu'avec JC, Columbia renoue avec l'esprit de simplicité de ses "grands anciens". Voilà un jeu qui ne se la pète pas grave. Vous retrouverez les grands classiques des règles maison: les blocs avec leurs steps, facteur de dé et ordre de priorité de tir. Les cartes réglant à la fois l'initiative et les points d'action. Elles accueillent aussi un nouveau principe bien vu: celui des levées. La distribution statistique des cartes fait que plus une carte offre de points d'action, moins elle apporte en revanche de levées. Or, celles-ci sont au moins aussi cruciales, pour rendre des steps à vos blocs blessés ou en créer de nouveaux. Parmi ces cartes, quelques cartes d'événement attribuées chacune à une figure mythologique. Ne plaira pas à tout le monde, c'est pas de l'événement très subtil. Mais profite à la rejouabilité, ajoute de la tension. Et puis bien souvent, tirer plusieurs événements dans sa main est surtout une plaie. Le bol, dans ce jeu, est moins lié aux dés qu'aux cartes. Une partie complète, c'est cinq ans. Et un an correspond à l'utilisation par chaque joueur d'une main de 5 cartes (ils tirent 6 cartes et peuvent en défausser une au choix). Comme d'hab, à l'issue de la 5e carte, il y a un hivernage imposant des règles de stacking plus sévères.
C'est extrêmement rapide et sans temps mort: nous avons joué 4 parties en 2 soirées, qui dit mieux? Le jeu peut aussi s'arrêter par mort subite, dès qu'un joueur totalise 10 points à la fin d'une année (2 points pour Rome ou Alexandrie, 1 point pour les autres villes majeures, 1 point par chef ennemi tué). Le jeu est assymétrique: Pompée démarre avec 7 points et peut parfois, avec pas mal de chance et un peu d'habileté, régler son sort à son rival dès la 1re année. César ne commence qu'avec un malheureux point, et la joue donc de façon très agressive, avec des troupes terrestres plutôt costaudes, Pompée ayant un léger avantage maritime. Car bien sûr, c'est là la différence avec bien des jeux Columbia similaires: le contrôle des zones de la Mare nostrum permet des transferts de troupe bien plus fluide et offre une variété d'options stratégiques beaucoup plus large que dans des jeux tels que HoTS ou Liberty, que j'aime beaucoup, mais où les mouvements vont systématiquement se concentrer sur les mêmes "couloirs", de partie en partie.
Résultat: une simulation historique rigoureuse, non, mais un pur plaisir qui fait désormais de ce jeu mon Columbia préféré.