Salut
voici en détail ce qu'il ressort de l'instruction donnée par les officiers de cavalerie légère du premier Empire concernant la charge. C'est extrait du livre avant poste de cavalerie légère du général F de Brack. Recueil de leçons de commandement et de techniques de cavalier a l'usage des officiers de issus de l'école de cavalerie après les guerres du 1er Empire.
C'est une façon d'instruire qui change pas mal de ce qu'on lit dans les livres d'histoire habituels.
"D'où dépend le succès des charges ?
- De l'esprit d'à propos.
L'à propos est il difficile a saisir?
- Je le répète , la science de l'à propos est le génie de la guerre!
Quelles sont les condition utiles de l'à propos?
-1) de surprendre l'ennemi;
2) de le prendre du fort au faible lorsqu'il a perdu confiance ou entamé un faux mouvement;
3) de le rencontrer avec des cavaliers plus unis et des chevaux plus frais que les siens;
4) et de tenir avec plus d'entêtement que lui.
Que doit faire un chef de corps qui a l'ordre de charger?
- Arriver a une allure modérée le plus près possible, avec ses escadrons alignés; mettre le sabre a la main, et charger immédiatement.
Je croyais qu'il fallait mettre le sabre à la main immédiatement?
- C'est une erreur. Plus tard vous mettez le sabre à la main mieux vous faites. L'effet moral que produit une charge sur l'ennemi est pour les trois quarts dans la réussite imposante et puissante de cette charge. Il faut donc le bien combiner d'avance, et ne rien négliger de ce qui peut rendre cet effet plus surprenant, plus complet.
Si une ligne met le sabre a la main avant de s'ébranler, elle indique trop longtemps d'avance à l'ennemi ses dispositions auxquelles celui ci se prépare et s'habitue; l'instant de surprise , si puissant en guerre est passé est perdu.
Si, au contraire, le régiment qui se porte en avant a le sabre dans le fourreau s'il laisse l'ennemi dans l'indécision de la gravité du mouvement qu'il exécute, les lames sorties tout a coup en étincelant à ses yeux , ne lui permettent plus de réfléchir sur le danger dont le sentiment l'ébranle et détermine quelquefois malgré lui sa retraite. Ensuite l'effet moral produit sur l'ennemi attaqué, réagit en raison inverse sur l'attaquant par ce même mouvement.
Le cavalier qui depuis longtemps le sabre a la main perd sa fraicheur de respect et d'enthousiasme pour son arme; mais si ce même cavalier saisit son sabre à un commandement vigoureusement enlevé par son chef à l'instant même où il doit s'en servir, il le serre avec plus de force avec plus d'elan et en frappe avec plus de verve.Le cavalier qui charge est un être complet mû en un seul sentiment qui tient de l'ivresse; ne l'attiédissez pas ce sentiment si prompt, si subit; en le prolongeant, en le produisant partiellement, vous le tuerez! Tirer son sabre, appliquer les éperons au ventre de son cheval, frapper l'ennemi, doivent être un!
Quel est le devoir des commandants d'escadrons ou de pelotons dans une charge ?
-De marcher bien alignés entre eux et de faire marcher alignées les troupes qu'ils commandement en appelant par leurs noms les hommes qui retardent, jusqu'à l'instant où le commandement de chargez a été fait. Alors il ne doivent plus songer qu'à percer la ligne ennemie.
Que font les serres files dans une charge?
-Ils poussent devant eux le second rang qu'ils forcent à l'alignement, jusqu'au commandement de chargez. Si quelques lâches retardent, ils les alignent vigoureusement. Une fois entrés dans la mêlée, leur devoir de serre-files cesse, et ils sabrent a leur tour.
Les hommes chargeant doivent ils crier?
- Oui ils doivent crier en avant! mais seulement au commandement de chargez. Ce cri doit être proféré le plus haut et partir le plus ensemble possible.
Comment doit charger un cavalier?
- Courbé en avant de son cheval pour se masquer par son encolure, offrir le moins de surface aux coups de feu, moins envisager le danger et donner le plus d'élan à son cheval. Cette première position ajoute aussi plus de puissance a l'effet moral que le cavalier produit, lorsque joignant l'ennemi en criant , il se relève subitement de toute sa hauteur et de celle de ses étriers raccourcis et lui apparait menaçant.
Une fois la charge engagée que doit faire le chef du corps?
L'exciter par le commandement, et par l'exemple; puis rassembler sur le champ quelques cavaliers solides qui placés en rang en faisant ferme contenance deviennent le noyau de ralliement. Si la charge pousse en avant ce noyau marche avec elle; si elle se change en retraite, ce noyau se retire plus lentement en ne se laissant pas entamer, son exemple ralentit la retraite, la réunit et lui fait promptement reprendre l'offensive.
Faut il charger promptement?
- Les attaques les plus promptes sont toujours les plus sures, et les moins dangereuses pour ceux qui les exécutent. Il faut les pousser avec le plus de persévérance sur tel ou tel peuple, qui plus ou moins qu'un autre aventure sa cavalerie.
Une fois les Hongrois ou les Prussiens en retraite il n'y a pas de milieu, ou il faut se décider à leur tenir l'épée énergiquement dans les reins ou abandonner sur-le-champs sa charge en se ralliant ferme.
Quelles sont les meilleures charges?
- Celles qui prennent l'ennemi de flanc,en ce qu'elles lui font un double mal, en le démoralisant d'abord et ensuite en le renversant par la force de l'impulsion qui est toute à votre avantage. C'est une charge semblable que fit avec tant d'intelligence et de bravoure le colonel Bro à Waterloo lorsqu'il reprit sur la brigade Ponsomby une de nos ailes enlevée par les anglais.
Il faut donc ménager les allures de ses chevaux avant d'entamer la charge?
Oui, et une fois la charge sonnée, n'avoir qu'une allure , le galop.
Sur l'infanterie que faut il faire ?
- Charger rapidement et à fond; si l'ennemi se déconcerte que les lignes flottent, que les rangs s'ouvrent, entrez! S'il se serre, présente ses baïonnettes, et que la peur l'empêche de charger ses armes tournez autour du carré, que vous menacerez de toutes parts; étourdissez le , criez lui prisonnier; ce mot s'entend dans toutes les langues; s'il s'ébranle entrez; s'il se rend plus de coup de sabre, mais armes jetées, division immédiate des hommes, et conduite en arrière.
Si, au contraire, garanti par un obstacle, que vous n'avez pas aperçu, il vous reçoit froidement, ne s'ébranle pas et qu'il recharge ses armes, vous ne pouvez espérer de l'entamer; revenez alors à toute bride en baissant le dos , vous rallier hors de portée des balles, pour le menacer de nouveau dans son premier dépliement. Agir autrement est un sot amour propre et une ignorance de la guerre.
Si vous chargez l'infanterie en ligne?
- Tachez de la prendre par une de ses ailes vous recevrez peu de coup de fusils vous le ploierez en désordre et vous en aurez bon marché. Si vous ne le pouvez pas et que sa ligne soit étendue percez cette ligne sur son centre.
S'il faut charger un carré?
- Chargez le par les angles.
Pourquoi?
- parce que l'ennemi n'aura contre vous que des feux obliques qui sont moins dangereux que des feux directs.
Quelle est la force de pesanteur d'un cavalier lancé à la charge ?
- le poids du cavalier lancé augmenté de sa vitesse complète une masse de 370 kg qui peut et doit tout renverser!
si l'on charge de l'infanterie en colonne quel instant choisit on ?
Celui ou sa colonne s'allonge ou le terrain que vous avez a parcourir pour arriver sur elle est facile pour vos chevaux ; vous prendrez alors cette colonne par son flanc et le perçant vous divisez ses extrémités.
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