tiens puisque je passe par là, je peux vous livrer le test que j'avais écris à la sortie du jeu (il a depuis été amélioré par des patchs, mais je n'y ai pas rejoué)
Guns of August :Il sort enfin de sa tranchée !paru fin juillet après plusieurs années de développement, Guns of August nous propose rien de moins que de rejouer l’intégralité de la 1ère guerre mondiale à l’échelle stratégique. Cependant, la réalisation est bien moins ambitieuse que le thème et nous ramène dix bonnes années en arrière ! Alors ce jeu serait il donc pour autant le « der des ders » ? on aurait tort de le juger si hâtivement, car si l’ensemble reste très classique et « old school », le jeu est loin d’être inintéressant.En effet, si la seconde guerre mondiale a servi de décor à pléthores de jeux, force est de constater que la première guerre mondiale est largement délaissée par les éditeurs de jeux. Pourtant, ce conflit fut le second plus meurtrier de l’Histoire de l’Humanité et entraîna d’immenses bouleversements. De fait, Guns of August est à ma humble connaissance le seul jeu vidéo actuellement sur le marché permettant de simuler cette guerre dans son intégralité, que ce soient les aspects purement militaires ou bien la gestion de la production, en passant par la recherche et la diplomatie. Les mécanismes du jeu sont quand à eux plutôt simples, pour schématiser disons qu’ils sont plus proches de Strategic Command que de Hearts of Iron.
Le jeu se présente comme un jeu d’histoire classique avec une carte à hexagones, sur laquelle on déplace les habituels « pions » représentant les forces armées terrestres de chaque camp : corps d’armées, cavalerie, artillerie, et une fois que les technologies adéquates sont découvertes, des tanks et des troupes d’assaut !
On notera que chaque joueur contrôle toutes les nations de son camp, ainsi un joueur de la Triple Entente devra t’il jouer non seulement la France, mais également la Russie, le Royaume-Uni, la Serbie, et plus tard l’Italie, les USA et quelques autres mineurs, ce qui au final peut donner des tours assez longs à jouer, d’autant que tous les fronts sont représentés. La carte va ainsi de la Grande Bretagne à l’Irak, en passant par le front du Caucase.
L’aviation et la marine quand à elles, sont traitées abstraitement et n’apparaissent pas sur la carte. Le système utilisé est celui du tour par tour simultané (aussi appelé « WE GO »), un tour représentant généralement deux mois de temps réel, mais ceux ci sont subdivisés en un certain nombre de phases sur lesquelles nous reviendrons en détail plus loin :
- la phase stratégique au cours de laquelle on gère la production ainsi que l’utilisation de l’aviation et de la marine.
- Les impulsions, elles même divisées en deux phases :
o La phase d’activation des QG, cruciale car seules les troupes adjacentes à un QG actif peuvent entreprendre des actions offensives.
o La phase d’ordres proprement dite, consistant bien évidemment à déplacer et faire combattre nos armées.
notons que chaque tour comprend un nombre variable d’impulsions, en fonction du tour de jeu. Ainsi, les tours d’été comporteront un plus grand nombre d’impulsions que les tours d’hiver, afin de simuler le ralentissement des opérations dû au mauvais temps ; c’est d’ailleurs le seul effet météorologique rendu dans le jeu.
Le nerf de la guerre
L’économie est gérée de façon assez simple : on trouve sur la carte divers hexagones de ressources :
- la nourriture, dont le manque peut sévèrement affecter le moral et la productivité d’une nation.
- Les matières premières qui servent à alimenter les usines.
- Enfin les usines qui lorsqu’elles sont alimentées, produisent des « points économiques », ces derniers seront ensuite dépensés à votre guise en divers achats au cours de la phase stratégique : science, diplomatie, points d’offensives pour vos QG, navires, avions, remplacements, tranchées ou encore en munitions pour l’artillerie.
Les hexagones contenant des ressources sont donc des objectifs prioritaires pour les armées, de même que les villes ennemies, dont la perte signifie la diminution du moral adverse. Le moral est un aspect important du jeu, car sa diminution rends les troupes moins efficaces, puis au final se solde par la reddition du pays affecté. Si l’on prend l’exemple historique de l’Allemagne, le moral n’a pas baissé du fait de la perte de cités allemandes, le Reich n’ayant pas été envahi. En effet, c’est le manque de nourriture et le taux de pertes militaires qui fut au final responsable de l’effondrement du moral et de la reddition du pays, et ce cas de figure peut bien évidemment se produire dans Guns of August !
La phase militaire proprement dite présente quelques originalités par rapport à ce qu’on a l’habitude de voir. Ainsi, les unités ne se déplacent que d’un seul hexagone par impulsion ! de plus, seules les unités activées par un QG peuvent avancer en territoire ennemi et à fortiori, attaquer. Le tempo des opérations est donc assez lent, le temps de la blitzkrieg n’est pas encore venu ! Ce système encourage donc les joueurs à soigneusement gérer les activations de leurs QG car mener des actions offensives est extrêmement onéreux. Un pays comme la Russie, aux troupes pléthoriques, ne pourra à priori pas profiter de sa supériorité numérique dans les premières années de la guerre, pour la simple et bonne raison qu’il n’a pas assez de QG disponibles, et que son économie est au départ trop faible pour produire assez de points d’activations. Dans le même ordre d’idée, les unités d’artillerie peuvent effectuer des tirs de barrages sur les hexagones adjacents, les pertes infligées sont souvent conséquentes, et avec de la réussite – et une artillerie améliorée par le biais de la recherche – on peut détruire des niveaux de fortifications ou de tranchées. Cependant, chaque pays a un certain nombre de munitions pour l’artillerie et ces munitions ont tendance à s’épuiser très rapidement…
Par ailleurs, dès la fin de 1914, les armées vont commencer à s’enterrer dans les tranchées, rendant les assauts extrêmement périlleux. Il sera alors temps de consacrer une partie de la production à la recherche, car de nouvelles armes comme les gaz de combats, les troupes d’assaut ou encore les tanks permettront de reprendre l’offensive dans des conditions acceptables.
Globalement, les mécanismes du jeu sont simples et bien pensés, et les spécificités de la première guerre mondiale sont bien rendues, cependant, le jeu n’est pas exempt de défauts, loin de là.
Un premier abord difficile
Un des plus gros reproches que l’on pourrait faire au jeu est l’indigence de son manuel. Si les principales phases de jeu sont évidemment décrites, une grande part des règles restent peu claires voire carrément pas expliquées ! De même, certaines informations qui auraient dû être présentes sur la carte telle la séparation entre les diverses zones de mer ont carrément disparu entre la version beta et la version finale ! Si l’on ajoute à cela un certain nombre de bugs – heureusement non bloquants – et des soucis de compatibilité avec Vista, on se dit que tout ceci ne fait pas très sérieux !
C’est hélas à ce genre de détails que l’on s’aperçoit des difficultés qu’il y a à continuer à sortir des jeux de niches comme celui ci : le développement a pris plusieurs années, pour la simple et bonne raison que l’unique développeur a dû, et on peut le comprendre, se consacrer à un certain nombre d’autres projets plus rentables. On se retrouve ainsi avec un jeu dont les contraintes techniques sont celles de l’époque où a commencé le développement, il n’est ainsi jouable qu’en mode fenêtré et en une seule résolution qui est le 1024 x 768. Les graphismes sont pauvres, mais ont le mérite d’être clairs ; quand au son, on le coupera sans regrets. Le bon coté des choses est que même les possesseurs de configurations modestes pourront profiter à fond du jeu, et qu’un patch est depuis sorti, corrigeant la plupart des problèmes sus-cités.
L’interface n’est pas des plus intuitives, mais on finit par s’y faire, et passée la phase d’apprentissage, le jeu se révèle finalement assez agréable d’emploi. Comme souvent, il ne faudra pas attendre de miracles de l’intelligence artificielle du jeu, mais celle ci se révélera suffisante pour offrir une opposition décente lors des premiers pas sur le jeu. Par la suite, on se tournera bien évidemment vers le jeu par e-mail qui fait prendre au jeu une toute autre dimension. Cependant, si le jeu contre un adversaire humain se révèle très intéressant, le système de jeu, finalement assez basique, et les contraintes stratégiques font qu’il n’est pas certain que les parties se renouvellent beaucoup, et le jeu rejoindra probablement son étagère une fois jouées quelques campagnes en multi, d’autant qu’il n’y a pas d’éditeur de scenarii. D’ici là, il se sera néanmoins écoulé quelques mois de jeu, les campagnes étant tout de même relativement longues !
Type : jeu d’histoire grand stratégique en tour par tour simultané.
Public : amateurs de wargames classiques de complexité moyenne.
Config : Windows 2000/XP, Pentium III 500MHz, 256 Mo de RAM, 200Mo sur le disque dur.
Editeur : Matrix (
www.matrixgames.com)Studio de développement : Adanac Command Studies
Prix : environ 27 € pour la version en téléchargement, et 35€ pour la version boite.
Les plus :
· Enfin un jeu sur la première guerre mondiale !
· Système simple mais au rendu réaliste
· Un mode de jeu par e-mail exemplaire
Les moins :
- Une prise en main peu évidente
- Un jeu qui a techniquement 10 ans de retard
- Absence d’éditeur de scénarios, durée de vie assez moyenne.
Avis perso : le thème est ambitieux mais un certain amateurisme dans la réalisation empêche Guns of August de se hisser au niveau des meilleurs. Cependant, le jeu est agréable et devrait procurer beaucoup d’amusement aux amateurs de jeux stratégiques. Et puis, pour une fois que l’on peut jouer une France capable de résister aux assauts allemands, on ne va pas bouder notre plaisir !
Note : 7/10