Le mythe gaullien (Sudhir Hazareesingh)

J'ai commencé hier soir :

du même auteur et dans le prolongement direct du fameux


Dès les premières pages je suis sous le charme envoutant de l'essai si juste et si profond de Sudhir Hazareesingh (historien anglais d'origine Mauricienne). Son travail sur "Le mythe gaullien" est placé d'emblée dans une mise en perspective avec son travail sur la légende napoléonienne. Il s'inscrit aussi dans une sorte d'introspection familiale, le père de l'auteur ayant voué un véritable culte à la France, Napoléon et de Gaulle - bien que son île soit passé sous contrôle anglais depuis 150 ans -, alors que l'auteur a été fasciné dans sa jeunesse - en opposition avec son père - par la mystique marxiste. "Le mythe gaullien" est dédié au père de l'auteur en première page.

Le point de départ du présent livre est la cérémonie en l'honneur de Maurice Druon aux Invalides en 2009 qui suggèrent à l'auteur des réflexions sur ce qu'aurait du être en 1969 le discours programmé pour être prononcé dans le même lieu pour célébré le bicentenaire de la naissance de Napoléon (discours annulé suite à la défaite de de Gaulle au référendum d'avril 1969...).

Bref, un (deux en fait...) bouquin fabuleux !

Bien intéressant,

Je le mets dans mes tablettes !
;-)

Celui sur Napoléon a été primé par la Fondation Napoléon, celui sur de Gaulle le sera aussi, j'en met ma main à couper.

Semper Victor a écrit:Celui sur Napoléon a été primé par la Fondation Napoléon, celui sur de Gaulle le sera aussi, j'en met ma main à couper.

Mets pas ta main à couper, ça pourrait créer des tentations !
;-)

Semper Victor a écrit:Celui sur Napoléon a été primé par la Fondation Napoléon, celui sur de Gaulle le sera aussi, j'en met ma main à couper.

Ce qui me tente particulièrement, c'est le regard porté "d'ailleurs"...

Mets pas ta main à couper, ça pourrait créer des tentations !

J'ai pas dit laquelle

J'ai bien aimé the Legend of Napoleon, il se lit facilement, reste pertinent (les illustrations font partie de l'argumentaire, c'est riche) et solide mais tend à s'essouffler vers la fin. C'est un point de vue inhabituel et très bien documenté, ne défonçant pas trop les portes ouvertes. L'ouverture sur De Gaulle était prévisible dans le dernier chapître si je me souviens bien, et c'est une dérive logique et classique: d'autres parallèles ont été dressés, notamment sur le 18 brumaire. Les premières pages me laissaient me demander si ça méritait tout un livre mais en fait il y a matière à discuter.
Je me laisserai probablement tenter si un jour je finis par achever la lecture des Mémoires!

Après 115 pages, je prend toujours autant d'intérêt à lire Le mythe gaullien.

Dans la première partie, Sudhir Hazareesingh traite de la question de la Légitimité gaullienne (la reconaissance du Libérateur). Ensuite, dans le second chapitre, il traite du "sentiment et de la raison" et mert en perspective les Mémorial de Saint Helène, les Mémoires d'Outre Tombe et les Mémoires de guerre dans leur rapport aux "sentiments".

Dans le chapitre suivant, plus classique, il est question de l'Esprit du 18 juin et des célébration de l'Appel.

Enfin, j'ai remarqué que si La légende Napoléon avait été écrit en anglais puis traduit, il me semble que Le mythe gaullien ait été directement été écrit en français car je n'ai vu nulle part la moindre mention à un traducteur ?

Le chapitre suivant s'appelle "Le père de la Nation". Il traite de toutes les lettres reçues par de Gaulle, lors moment importants de sa vie politique. C'est un chapitre particulièrement émouvant. On a du mal à imaginer les Français écrivant encore des lettres de ce style à qui que ce soit dans le personnel politique actuel...

Au détour d'une de ces lettres, un comparaison entre de Gaulle et Bonaparte : c'ets un professeur d'histoire de la réunion qui écrit que de Gaulle a unir en sa personne Bossuet, Chateaubriand, Richelieu et Bonaparte mais "... un Bonaparte qui a eut l'extraodinaire mérite de refuser de lui-même le mirage napoléonien".

Jolie formule non ?

Je viens de le récupérer, il rejoint la pile...
merci du conseil, Semper Victor !

De rien, à ton service pour te pousser à le ruine...

Semper Victor a écrit:De rien, à ton service pour te pousser à le ruine...

Pas à la ruine..., à la richesse !

Semper Victor a écrit:De rien, à ton service pour te pousser à le ruine...

Il dit ça en rigolant, mais c'est le cas !!! Aujourd'hui, j'avais 4h de surveillance de bac, j'ai bientôt fini mon Bataille de Hervé Drévillon, et qu'est-ce que je vais attaquer ensuite, Soldats et Fantômes de F.Bey Il est phénoménal, ou alors libraire en herbes

Dans le dernier chapitre La consécration d'une icône, j'ai bien aimé cette citation de Régis Debré : "Un de Gaulle prend les choses à la racine, un Mitterrand, par les feuilles"

Suite à la "recommandation" de Fred je dois recevoir comme cadeau de fête des pères l'ouvrage de Sudhir Hazareesingh sur de Gaulle...

Je viens de terminer ce très beau livre...

Le chapitre conclusif porte sur Le dernier grand Français

"Le mythe gaullien fut aussi la dernière grade religion laïque française, résistant pendant longtemps avec aplomb à l'usure, puis à l'émiettement de la fête nationale" (page 208)

"Il (le général) incarne à présent, cumulativement, les quatre figures de l'héroïsme politique dessinées par Raoul Girarfet : le grand capitaine, le prophète, le législateur et le sage - résumé presque chronologique, doit dit en passant, de la vie gaullienne" (page 211)

"Imaginerait-on aujourd'hui un homme d'état français qui insisterait, comme le fit le Général n son temps, pour payer de sa poche les repas des membres de sa famille lorsqu'il les invitait à l'Elysée" (page 217)

Et enfin, sur le fil conducteur du livre, la mise en perspective Napoléon / de Gaulle :

"Ils furent tous les deux obsesivement habités par leur singularité (Napoléon aurait volontiers repris à son compte le mot du Général : "Je n'ai pas eu de prédécesseur et je n'aurai pas de successeur"). Ils cherchèrent tous les deux à dépasser le clivage de 1789, tout en intégrant ses avancées ; ils eurent d'ailleurs à ce propos des formules presque identiques (Napoléon voulait "terminer" la Révolution, de Gaulle "fermer la parenthèse ouverte par la Révolution française"). Ils furent tous les deux perçus comme des hommes providentiels, des symboles de la souveraineté populaire et de grands solitaires - dans leur exercice du pouvoir, mais aussi dans leur martyre."

Personne ne regrettera d'avoir acheté ce livre je le jure.

Semper Victor a écrit:
Personne ne regrettera d'avoir acheté ce livre je le jure.

ça c'est une grosse promesse. tu sembles avoir été touché par cet ouvrage.

une des fautes de Bonaparte fut, par contre pour moi, d'avoir recherché désespérément un successeur...

birhacheim a écrit:

Semper Victor a écrit:
Personne ne regrettera d'avoir acheté ce livre je le jure.

ça c'est une grosse promesse. tu sembles avoir été touché par cet ouvrage.

une des fautes de Bonaparte fut, par contre pour moi, d'avoir recherché désespérément un successeur...

Henry VIII aussi.....