Voilà la critique que je vais publier sur FB et AMAZON :
Avec Res Militaris, Michel Goya nous livre, au travers des notes très variées qu’il a adressées au général Georgelin (chef d’éta-major de l’armée), à des réflexions de haut vol sur les questions militaires du XXIe siècle. L’auteur s’appuie sur l’histoire ancienne – il fait par exemple référence au roi assyrien Téglathphalasar III (745 av. J.-C.) – comme sur des événements contemporains (guerre du Liban de 2006 ou contre guérilla en Afghanistan). Son propos est centré sur les problèmes spécifiques de la France face aux enjeux actuels, avec toujours une dimension historique en tête : « Au regard de cette expérience britannique (1815-1914), on voit bien que le "problème français" actuel relève surtout de la psychologie. Avec une économie ouverte et dépendante d'une multitude de flux, un environnement où la menace vitale avait disparu mais qui restait plein de défis, le Royaume-Uni de 1815 s'est lancé à l'assaut du monde. Dans la même situation, nous apparaissons bloqués par nos complexes et nos repentances jusqu'à envisager un repli sur notre sécurité intérieure en contradiction avec la défense d'intérêts propres que nous n'osons même plus évoquer » (page 20). Sans concessions et sans tabous vis à vis de notre pays, les analyses de Michel Goya savent également faire la place qu’il se doit aux dernières grandes réussites françaises dans le domaine de la guerre de contre-insurrection (Guerre du Rif, 1921-26 et expérience De Lattre en Indochine, 1950-52) et à leurs leçons. Son ouvrage, fruit d’un travail d’historien, est entièrement tourné vers l’avenir, et c’est ce qui fait tout son intérêt : « En étant accaparés par les réorganisations successives, nous sommes-nous préparés intellectuellement à des changements brutaux de forme de guerre ? En recherchant en permanence des économies à court terme, avons nous conservé le surplus de ressources nécessaires en cas d’adaptation rapide ? Sommes nous psychologiquement prêts à un retour de la violence à grande échelle ? Que reste-t-il de notre capital de compétences en matière de combat de haute intensité ? »(page 221). Res Militaris est en cela un livre à lire absolument.