GMT n'est pas le pire de ce point de vue. Les plus "limite" me semblent être MMP qui n'hésitent pas à multiplier les annonces sur leur PXXX, et régulièrement envoyer des ultimatums façon prise d'otage "si vous ne précommandez pas tt de suite, je le flingue".
En même temps, je ne fais la morale à personne, il doit y avoir des business bien plus rentables et moins risqués que celui d'éditeur de wargames par les temps qui courent. Mais le fait est que, autant je peux comprendre la raison d'une formule de souscription, le fameux PXXX, autant je regrette ses nombreux effets pervers. Le moindre n'étant pas de lisser la production: une prime pour les thèmes les plus vendeurs ("WWII - East with tanks"), les systèmes les plus "établis", les auteurs les plus cotés...
Le système PXXX profite à GMT et MMP en limitant leur risque, et mobilisant à peu de frais un public de clients enthousiastes, qui seront les agents recruteurs bénévoles de tout le programme, inquiets qu'ils sont de voir "leur" preorder bloqué, ou pire, menacé. Par contre, c'est la pire des choses pour un éditeur plus modeste que de suivre la même voie. C'est se battre sur un terrain et avec des outils où ils sont d'avance assurés d'être dans le meilleur des cas 3e, de ne ramasser que les miettes du potentiel de marché "preorder" laissé par les 2 leaders.
Il est donc réjouissant de voir que les nouveaux éditeurs apparus avec succès, cfr Hexasim , ont rejeté cette logique de preorder. Ils prennent et assument leurs risques sur un catalogue bien plus limité, mais en soutenant mieux chaque titre.
Si une floppée de jeux restent en rade dans les PXXX de GMT et MMP, ce n'est pas, ou pas uniquement à cause de la sévère récession américaine. C'est aussi parce qu'ils y balancent beaucoup, et sans doute beaucoup trop de jeux à la fois. Sans les soutenir. Encore une fois, ceci profite aux valeurs établies. Collez n'importe mot derrière "Command & Colors", et le target P500 est atteint en 2 semaines. Autrement dit, le système PXXX profite à des jeux qui pourraient très bien se passer de toute forme de souscription, et pas du tout à ceux qui mériteraient d'être soutenus, et se retrouvent noyés dans la masse.
Ces jeux-là souffrent aussi du recul de la distribution traditionnelle. Des magasins où on pouvait toujours tester dans l'arrière-boutique de nouveaux jeux et s'ouvrir à d'autres approches du wargame. Le vecteur prioritaire du wargame est devenu le web, à la fois comme canal de vente et caisse de résonnance. CSW a une vraie légitimité, mais est mal foutu ergonomiquement, et trop intimidant, peut-être volontairement, pour un public qui ne soit pas "die-hard". BGG c'est l'inverse: une data-base et des fonctionnalités de folie, mais pas assez segmentant, tout jeu avec une infime dimension combat étant décrit comme un wargame. Qui plus est, le diabolique modèle des GeekGold, thumbs et cie aboutit à une abondance de tout et n'importe quoi. Et à une logique du "ranking" et du "top ten" que je déteste parce que totalement absurde. Qui aboutit une fois encore à surtout mettre en valeur les jeux qui n'en ont pas besoin.
Mais le web offre aussi des opportunités, et il est certain qu'elles sont aujourd'hui sous-exploitées. Je ne suis pas un ardent pratiquant Facebook, mais je suis convaincu que les réseaux sociaux offrent aux "petits" éditeurs une opportunité unique de fédérer un noyau dur de clients- relais d'information.
Nous sommes une foule de wargamers à soupirer face à ce système de PXXX. Mais parfois, nous devrions nous en prendre à nous-même. Le wargamer est volontiers conformiste et fétichiste. Il accepte comme un dogme que depuis AH, tout jeu qui se respecte doit avoir une boîte, et rigide. Et des counters comme ceci ou celà, etc. Tout ceci a un coût et des conséquences pratiques. Drôlement malin donc de la part de Victory Point Games de s'être affranchi de ces contraintes-là, et d'occuper avec succès un créneau de mini-jeux ziploc rapides et pas trop cher (en valeur absolue en tout cas, car le matos est quand même fort léger pour 20 $).
Sur Lemmings, Labyrinth, et autres jeux de société, je peux respecter sans partager le jugement de Desaix. mais je suis convaincu que ces titres n'empiètent en rien sur le territoire des wargames pur jus et n'ont aucun impact sur leur rythme de sortie.