En effet, très généreux pour McClellan, sans doute en raison de son talent d'organisateur...
Le problème avec des notations simples de ce genre, c'est qu'elles ne prennent pas en compte les postes de responsabilités.
Prenez Hood: excellent chef de division, bon commandement de corps, il a échoué en tant que commandant d'armée.
Jackson a un A comme Lee. Mais placez Jackson au poste de responsabilité de Lee, je ne parierais pas un kopeck sur sa performance.
Bref, en l'absence d'une méthodologie précise et expliquée, l'encouragement à donner une "note", fréquente outre-Atlantique (influence des "ouargameurs" ?) est en fait stérile...
Petite réflexion à part. Les bons commandants d'armée sont un denrée précieuse et rare, tout particulièrement dans la guerre de Sécession ou pas un seul officier n'avait la moindre expérience de la direction d'une force dépassant une dizaine de milliers d'hommes...
Une thèse classique veut que le Sud ait eu "les meilleurs généraux". Dans les faits, quand on considère les performances des commandants d'armées (Lee, Beauregard, AS Johnston, Joseph Johnston, Bragg, Hood), il faut reconnaître qu'il n'y en eut qu'un seul de bon, Lee. C'est la conclusion de l'historien McMurry dans son livre
Two Great Rebel armies faisant une analyse comparative du destin des deux grandes armées du Sud, celle de Virginie septentrionale et celle du Tennessee. Paradoxalement, je trouve le Nord mieux fournie.
Je n'ai pas encore lu son justificatif sur la Sécession. cele ne me choque pour outre mesure (a priori).
Par contre pour moi, Grant, et surtout Sherman sont supérieurs à Lee.
Si l'on reprend la thèse traditionnelle d'un Lee sanguinaire qui mène une guerre que ne peut supporter le Sud et contribue donc à sa défaite, soit. Mais personnellement je ne suis pas d'accord avec cette thèse. Lee me semble avoir suivi une stratégie intelligente et en accord avec les besoins et les moyens. Joseph L. Harsh donne de cela une très bonne analyse dans ses deux ouvrages consacrés aux deux première années de la guerre à l'Est et centrés sur la campagne du Maryland.
Grant est le seul commandant d'armée nordiste à pouvoir concurrencer Lee pour la palme. C'est un stratège accompli. Sur le terrain il n'est pas sans défaillance (il a bien failli échouer au Fort Donelson et à Shiloh, il s'est fait manoeuvrer à la Wilderness), mais Lee a de même commis des erreurs (les Seven Days, Gettysburg): les seules "frictions" de Clausewitz suffisent à expliquer en partie ces moments difficiles.
Sherman est un grand commandant. Mais sa campagne d'Atlanta est loin d'être totalement convaincante. Sherman a eu la chance d'affronter un commandant sudiste (Johnston) qui ne désirait pas se battre, parce que lui-même ne le cherchait pas plus. Placé à la tête de l'armée du Potomac, face à un Lee plus mordant que jamais, il est loin d'être acquis qu'il aurait fait aussi bien que Grant...