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Greek & Roman Warfare (John D. Montagu)

5 participants

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1Greek & Roman Warfare (John D. Montagu) Empty Greek & Roman Warfare (John D. Montagu) Sam 8 Aoû 2009 - 19:50

Pyrrhos

Pyrrhos

Je viens de commencer cet ouvrage: Greek & Roman Warfare: Battles, tactics and trickery de John Drogo Montagu, sorti en 2006, donc assez récent.

L'auteur fait en introduction une distinction entre l'aspect "hardware" de la guerre antique, à savoir l'armement, les formations, leur organisation et manoeuvres intrinsèques, qui a fait l'oeuvre de nombreux ouvrages, et l'aspect "software", couvrant tout le reste du commandement et actions des hommes à la stratégie, planification, secret, surprise et tromperie, toutes les formes de tactiques et de ruses. D'après Montagu, cet aspect de la guerre antique a été moins étudié, et il se propose dans son ouvrage d'aboutir à une synthèse de la question, un essai de classement et de typologie.
Par exemple, on peut déjà faire une distinction entre "surprise" (qui peut être involontaire) et "surprise avec tromperie", une "tromperie sans intention de surprise" formant une troisième catégorie.
Après ce travail de synthèse dans la première partie du livre (intitulée "Eléments humains et tactiques"), la seconde partie consiste en une description de 21 batailles de Mantinée (418 av. JC) à Pharsale (48 av. JC).



Dernière édition par Pyrrhos le Sam 8 Aoû 2009 - 20:42, édité 1 fois

Semper Victor

Semper Victor

Connais pas ce bouquin...


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Pyrrhos

Pyrrhos

Il n'est pas très long, environ 250 pages assez "aérées". J'essaierai d'en dire davantage en avançant (si la Russie, les îles britanniques et Louis XIV m'en laissent le temps... study ).

Desaix

Desaix

Pyrrhos a écrit:(si la Russie, les îles britanniques et Louis XIV m'en laissent le temps... study ).
Ça, ça a l'air d'un bon bouquin ! C'est quoi ?

Desaix

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Pyrrhos

Pyrrhos

Desaix a écrit:
Pyrrhos a écrit:(si la Russie, les îles britanniques et Louis XIV m'en laissent le temps... study ).
Ça, ça a l'air d'un bon bouquin ! C'est quoi ?

Desaix

3 bouquins en fait !
Je suis en train de relire la série de la Nouvelle histoire de la France moderne pour me remettre au point sur la France moderne. J'en suis au quatrième volume sur le règne de Louis XIV.
Je suis également en train de ficher un petit manuel sur la Russie et, dans la foulée, je commencerai à ficher les pages concernant la période 1814 - 1945 de l'ouvrage collectif (Lebecq, Bensimon, Lachaud...) sur l'histoire des îles britanniques.

Parallèlement je lis à petite dose l'ouvrage de Laurent Carroué sur la géographie de la mondialisation.
A cela, on ajoute des notes prises dans les numéros de la Documentation photographique et la préparation des nouveaux programmes de sixième, et on peut se faire une idée de mes "vacances". Mais je l'ai cherché... Aga aga

Je me suis quand même offert un bol d'air en trouvant le temps de lire Giovanni Brizzi et ses livres sur le Guerrier de l'antiquité classique et sur Hannibal, que vous êtes nombreux à connaître. Et donc j'espère avoir le temps de finir le Montagu que j'ai évoqué plus haut.

Le problème avec les périodes de lectures "contraintes", c'est que c'est en général à ce moment-là qu'on a plein d'autres envies de lectures. C'est frustrant ! Par exemple, je me suis aperçu que la recherche historique sur la période de la Révolution de ces dernières années avait apporté un éclairage intéressant sur la soi-disant époque de la Terreur (je dis soi-disant car l'expression est une invention thermidorienne) et notamment sur le personnage de Robespierre, lui faisant davantage justice. Plutôt attaché au bonhomme, je meurs d'envie de voir cela de plus près, mais je vais devoir ronger mon frein au moins une année...



Dernière édition par Pyrrhos le Dim 9 Aoû 2009 - 10:30, édité 1 fois

Pyrrhos

Pyrrhos

Montagu aborde dans un premier temps la question de la planification.
Les grands stratèges ne sont pas nombreux dans le monde antique. Même César, davantage tacticien, ne fut pas brillant sur ce plan, comme l'illustre ses déboires en Bretagne.
Thémistocle, Epaminondas, Philippe, Alexandre, Hannibal et Scipion sont les principaux stratèges retenus par Montagu. Le gain en flexibilité de la phalange (notamment macédonienne) puis de la légion fut essentiel pour permettre l'évolution de la planification des batailles.
La planification est aussi celle des conflits. Montagu oppose notamment le génie stratégique d'un Alexandre (qu'illustrent par exemple ses relations avec les vaincus perses) à la pauvreté stratégique du monde hellénistique, notamment celle de l'ère des Diadoques qui ne cherchent qu'à s'éliminer les uns les autres.

Pyrrhos

Pyrrhos

Montagu aborde ensuite la question de l’élément humain.

Il regroupe les différents facteurs en quatre groupes :

  • Le génie militaire. Ce quelque chose qui semble inné, combinant excellence dans la planification, l’action et la gestion, capacité à deviner l’ennemi, à gagner la confiance et la fidélité des hommes. Les meilleures illustrations en sont Alexandre, Cyrus, Hannibal et Scipion l’Africain. Dans une moindre mesure : César et Epaminondas.

  • Des caractéristiques universelles partagées par tous les hommes à des degrés divers et pouvant influer positivement ou négativement sur les combats : moral, discipline, préparation physique et entrainement, toutes choses sur le maintien desquelles le chef à une responsabilité. Peuvent aussi être ajoutées à la liste la piété et la superstition. Bien entendu, la plus importantes de ces caractéristiques est le moral et Montagu donne plusieurs exemples des effets parfois surprenants de celui-ci.

  • Des caractéristiques favorables. Montagu retient surtout l’ingéniosité et l’esprit d’initiative. Cette dernière qualité semblent plus présente chez les Romains, phénomène à lier probablement à la plus grande flexibilité de la légion laissant davantage d’opportunités d’action aux subordonnées (on pense notamment à Cynocéphales).

  • Des caractéristiques défavorables : impatience, confiance excessive, vanité, mépris de l’ennemi, mauvais jugement, mauvaise entente entre chefs, désobéissance.

Allalalai

Allalalai

Tu es le roi de la synthèse, ça a l'air vraiment pas mal !

Pyrrhos

Pyrrhos

Allalalai a écrit:Tu es le roi de la synthèse, ça a l'air vraiment pas mal !

C'est un peu mon défaut en effet... Wink

Le livre ne révolutionne pas grand chose pour le moment, mais il met en ordre pas mal d'idées. Il fourmille d'exemples tirés de centaines d'affrontements. Les chapitres sont très courts. C'est bien structuré.



Dernière édition par Pyrrhos le Dim 9 Aoû 2009 - 21:05, édité 2 fois

Allalalai

Allalalai

Où t'es-tu procuré l'ouvrage ?

Pyrrhos

Pyrrhos

Allalalai a écrit:Où t'es-tu procuré l'ouvrage ?

Je l'ai acheté sur amazon l'an dernier.

Pyrrhos

Pyrrhos

Greek & Roman Warfare (John D. Montagu) 14316310

Semper Victor

Semper Victor

Moi je mettrai César beaucoup plus haut en génie militaire...


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Pyrrhos

Pyrrhos

Frédéric Bey a écrit:Moi je mettrai César beaucoup plus haut en génie militaire...

Je me doute. Et a priori je pensais pareil.

Cependant Montagu ne dénigre pas César: il fait bien partie des quelques grands généraux cités. Son propos est le suivant: "Julius Caesar aussi avait du génie militaire, mais il était également trop hâtif et commit trop d'erreurs pour pouvoir figurer au sommet."

Précédemment, dans le chapitre sur la planification, il écrit aussi:
"Caesar était plus tacticien que stratège. S'il avait une stratégie d'ensemble, c'était simplement d'assurer sa propre supériorité aux yeux de ses compatriotes. Ses écrits témoignent de ses fréquents manques d'anticipation. Comme le général Fuller l'a écrit: "aucune de ses campagnes n'était adéquatement préparée et certaines pas préparées du tout." Comme exemple, ses deux invasions de la Bretagne sont qualifiées d'"amateurisme à l'extrême". De son propre aveu, Caesar se lança dans sa première invasion trop tard car "l'hiver s'installe tôt dans cette région". Avec un incroyable manque de prévoyance ou une croyance aveugle en la providence, il ne prit aucun navire ou équipement supplémentaire. Quand un violent orage se produisit, nombre de ses navires furent détruits et beaucoup perdirent leurs ancres ou palans. Chaque homme disponible fut utilisé pour les réparer, récupérant des pièces sur ceux qui n'étaient plus utilisables, tandis que certains équipements durent être expédiés depuis le continent. Finalement tous les navires sauf douze purent être sauvés. D'un point de vue climatique, la seconde invasion fut une copie de la première, mais la tempête fut plus violente entraînant la perte de 40 navires. La leçon n'avait pas été retenue. En la circonstance il était nécessaire de rechercher sur le continent des équipages expérimentés.
Comme tacticien, ses termes clefs étaient rapidité et audace, mais sa remarquable célérité était souvent combinée à une hâte qui le plaçait dans des situations difficiles. Quasi systématiquement, il arrivait à se sortir de lui-même du dilemme qu'il s'était imposé mais seulement grâce à des performances impromptues. Sur la Sambre, par exemple, il ne parvint pas à repérer le piège tendu par l'ennemi et ne fut sauver du chaos et du désastre menaçant que par le courage de la fameuse Xème légion.
"

Allalalai

Allalalai

Il me tente bien, mais je ne sais pas pourquoi, j'hésite toujours à acheter des bouquins en langue étrangère...

Pyrrhos

Pyrrhos

Allalalai a écrit:Il me tente bien, mais je ne sais pas pourquoi, j'hésite toujours à acheter des bouquins en langue étrangère...

Fait des tests avec du court. Par exemple l'excellent article de Goldsworthy de 1997 sur l'Othismos: très instructif, c'est le seul historien récent, à ma connaissance, à proposer une alternative sérieuse et aboutie à la théorie de la bataille hoplitique "mêlée de rugby" (ou "presse-citron", voire "le Heysel à la grecque", c'est comme on veut... bref la "poussée de masse"). Je te l'envoie si tu veux.

Allalalai

Allalalai

Volontiers, ça me permettra de me faire une idée ; mp.

Semper Victor

Semper Victor

"Julius Caesar aussi avait du génie militaire, mais il était également trop hâtif et commit trop d'erreurs pour pouvoir figurer au sommet."

Bof... Il s'est toujours sorti de tous les mauvais coups avec une maestria incomparable.


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Pyrrhos

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Frédéric Bey a écrit:
"Julius Caesar aussi avait du génie militaire, mais il était également trop hâtif et commit trop d'erreurs pour pouvoir figurer au sommet."

Bof... Il s'est toujours sorti de tous les mauvais coups avec une maestria incomparable.

C'est bien ce que reconnaît Montagu. En l'occurence, le tacticien compensait les imprudences du stratège.

Semper Victor

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C'est le résultat qui compte, je trouve le bilan césarien finalement plus brillant que celui d'Hannibal par exemple.


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Pyrrhos

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Frédéric Bey a écrit:C'est le résultat qui compte, je trouve le bilan césarien finalement plus brillant que celui d'Hannibal par exemple.

Mais un connaisseur comme toi de la geste napoléonienne est tout à fait conscient que le résultat "sportif" (ludique ?) ne suffit pas à juger des qualités d'un stratège...
Cela dit, pour César, je ne fais que présenter l'argument de Montagu. J'attendrais pour le reste de lire Le Bohec et Goldsworthy avant de me fixer une opinion.

Semper Victor

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Moi je ne fais que dire que je place César parmi les plus grand, ce n'est que mon opinion personnelle aussi Wink


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Pyrrhos

Pyrrhos

Chapitre suivant : l’élément de la surprise.

Ici Montagu ne traite que des surprises non provoquées par un stratagème ou une duperie particulière.

Il évoque tout d’abord des situations de surprise variées difficilement classable dans une catégorie précise : des troupes faisant une sortie inattendue de leur camp ou ville, les Syracusains surpris d’être attaqués par la flotte carthaginoise à Drepanum alors qu’ils pensaient le port sans défense après un incendie, l’interception romaine sur la flotte carthaginoise aux Aegates.

Viennent ensuite des attaques contre un ennemi occupé par ailleurs.
C’est le cas d’attaques nocturnes ou à l’aube, les plus nombreuses de cette catégorie. Les campagnes d’Alexandre dans les Balkans et la révolte des Macchabées en donnent de bons exemples.
Il y a également l’attaque de l’ennemi pendant qu’il prend son repas, qu’il installe ou désinstalle son camp. Un épisode de la 3ème guerre punique donne enfin un exemple d’attaque surprenant un ennemi chargé de butin : le consul Volumnius détruisit une armée samnite qui venait de ravager la Campanie.

Pour finir, la surprise en cours de bataille. Elle découle de trois grands types de situations :
  • Des mouvements enveloppant. Ils peuvent découler d’une ligne plus étendues que celle de l’ennemi ou bien de l’évolution de la phase d’approche comme avec la classique déviation vers la droite des phalanges hoplitiques. Dans le cas d’une ligne plus étendue, la réaction de l’ennemi pour corriger cela peut entrainer l’apparition d’un trou dans sa ligne ou bien crée l’opportunité de l’attaquer en pleine manoeuvre.
  • Attaquer un ennemi en pleine manœuvre. Montagu évoque Leuctres (371), Canusium (209) et Chéronée (86) pour illustrer ce cas de figure.
  • Un trou dans la ligne de l’ennemi. Bien entendu Alexandre le Grand est cité (le Granique et Gaugamèles). D’autres cas sont évoqués, dont Mantinée 1 (417) et Pydna (168) où les trous apparus dans la phalange macédonienne permirent à des petits groupes de Romains de l’infiltrer et de massacrer leurs ennemis.

cruchot

cruchot

La description de césar rappelle un peu celle d'arthur duc de W, sinon Alexandre n'est pas une flèche (pourtant je l'apprécie bcp), mais il dispose d'excellents seconds et d'une armée très bien rodée (AMHA supérieure aux armées romaines).
En fait, AMHA, ces généraux établissaient un plan préalable (au point de vue tactique) qui fonctionnait +/- en fonction de leurs qualités sur le terrain et de celles de leurs sous-fiffres.
Pour la stratégie en campagne et la logistique scratch Whistling

Pyrrhos

Pyrrhos

Le terme de stratégie est complexe. Il peut se décliner à des échelles variées, un peu comme des poupées russes.
Le stratège planifie. Surtout, il le fait non seulement pour gagner mais aussi pour exploiter cette victoire. Alors que la tactique relève spécifiquement du terrain militaire, la stratégie va bien au-delà: définition des buts et des moyens de la guerre. Les aspects militaires se combinent ainsi à ceux relevant de l'économie (nerf de la guerre), de la politique (les buts, le jugement des rapports de puissance...) ou de la psychologie (la compréhension de l'ennemi, la volonté de ses hommes, de son peuple...).

Alexandre fut apparemment un très grand stratège. Non seulement, il sut concevoir et mener des campagnes victorieuses, mais en plus il sut bâtir quelque chose sur les fondations de ses victoires. Bien entendu il est difficile d'affirmer que le vaste empire qu'il souhaitait construire aurait été viable: le temps manqua pour juger de la solidité de l'oeuvre à venir. Mais il semble clair qu'Alexandre seul avait l'intelligence, la clairvoyance et la légitimité pour bâtir quelque chose. Son attitude vis-à-vis des Perses est très révélatrice de ce point de vue, et la désapprobation d'une partie de ses hommes témoigne qu'elle n'était pas évidente. Montagu intègre cette attitude "politique" du conquérant dans la description de son génie stratégique.

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