je viens de terminer le chapitre de 1812 dans l'Alexandre Ier de Marie-Pierre Rey. C'est pour l'instant et de loin le passage le plus intéressant.
L'auteur y développe sa thèse d'un tsar transformé par les épreuves terribles de cette guerre. Le jeune idéaliste, à tendances libérales et pacifistes, élève du jacobin La Harpe, se transforme radicalement :
Page 329/330 : Après l'incendie de la ville sacrée (ndlr: Moscou), sa conscience de plus en plus aiguë que la fin du monde est possible le rapproche de l'Apocalyspse, texte qu'il admire, ainsi qu'il le confie à Golytsine : "Là mon cher frère, il n'y a que plaies et bosses".
Dès lors, c'est dans les livres de piété et dans la Bible, devenue son ouvrage préféré, qu'il médite prie et se recueille, y puisant la sérénité et la paix que la situation politique lui refuse. A la fin de l'année 1812, alors que Napoléon a quitté le territoire russe, c'est un alexandre Ier profondément transformé qui surgit des cendres et des décombres laissés par la Grande Armée. Et c'est animé de cette foi sincère, mais encore floue, qu'il va conduire ses armées jusqu'à Paris, avec le dessein de faire du continent européen un lieu de paix et de fraternité.
On verra d'ailleurs ensuite très bien que dès que la Coalition flanchera ou doutera (après Bautzen, après Dresde, après Montmirail...) que c'est Alexandre qui trouvera les ressources et la volonté de ne jamais se détourner de sa "quête" et d'arriver jusqu'à Paris.