Décembre 1944:
Toute l'armée allemande nous est tombée dessus.
Je ne sais pas comment cela s'est passé... toute ma section a été capturée.
Nous étions anéantis.
Les SS nous ont fait marcher, encadrés par leurs panzers, le temps de rejoindre d'autres groupes de prisonniers, gardés eux aussi par des SS goguenards juchés sur des
véhicules blindés hérissés de mitrailleuses.
Ils paraissaient tellement sûrs d'eux... comme si ils allaient gagner la guerre grâce à leur offensive.
Et nous, si désorientés, si accablés par ce qui nous arrivait.
Et puis ...tout a basculé.
Je ne sais comment c'est arrivé...les allemands se sont mis à crier, puis à tirer sur nous.
Ceux qui le purent s'enfuirent droit devant, vers l'abri des bois, chaque foulée gênée par la neige qui semblait vouloir nous ralentir comme dans un cauchemar.
Chacun se demandant quand il serait touché par les balles qui pleuvaient tout autour, soulevant des gerbes de neige.
Je ne me suis retourné qu'une fois bien enfoncé dans la forêt.
Abasourdi par tant d'hommes fauchés en si peu de temps.
Nous n'étions qu'une poignée de survivants, chassés comme des loups.
Nous trouvâmes refuge dans la cave d'une maison de bois, tandis que des véhicules ennemis passaient par la route toute proche.
De temps à autre des SS entraient au dessus de nous , à la recherche de quoi boire ou manger, puis remontaient dans leur Kubelwagen ou leur camion.
Nous attendîmes la nuit pour sortir, et marchâmes des heures à la recherche d'un nouvel abri.
Sans boussole et sans repère, nous errions dans le froid et les ténèbres.
Parfois nous découvrions des corps, leurs armes gisant dans la neige.
Nous étions de nouveau armés, avec suffisamment de munitions.
C'est alors que nous le vîmes, ce trou partiellement masqué par des branchages.
Un abri, enfin.
Sans hésiter nous descendîmes dans une sorte de mine, aidés des quelques torches que nous pu trouver près de nos soldats tombés.
Mais nous n'étions pas les seuls, apparemment, dans cette obscure tanière ...
Cette fois, nous avions l'avantage.
Personne ne soupçonnait notre présence.
Nous nous sommes regardés un moment, puis d'un commun accord tacite, nous nous engagés dans les profondeurs de la mine.
(Cinq hommes, un sous officier avec un mitraillette Thompson, quatre GI s avec fusil Garand dont un tireur d'élite, le sous officier est aussi armé d'un colt 45.
Pas de grenades, armes trop dangereuses à utiliser dans un endroit aussi confiné).