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[CR] Amirauté : Opération MO

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1[CR] Amirauté : Opération MO Empty [CR] Amirauté : Opération MO Ven 2 Oct 2015 - 15:41

Francis Marliere



Voici, pour les amateurs, le compte-rendu d'un thème stratégique pour Amirauté, amputé des parties qui ne présentent ici aucun intérêt (discussions sur la modélisation et les modalités de jeu principalement).

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Pour faciliter la lecture, je précise ici la signification de quelques noms :

Lieux :

Rabaul : principale base japonaise dans le Pacifique sud.
Lae : point d'appui japonais sur la côte nord de la Nouvelle-Guinée (aéroport de fortune principalement).
Port-Moresby : principal port de la Nouvelle-Guinée, située sur sa côte sud, et principale cible de l'offensive japonaise.
Détroit de jommard : passage étroit au milieu des îles qui s'étendent à l'est de la pointe orientale de la Nouvelle-Guinée et qui séparent la mer des Salomons de la mer de Corail. Ce détroit évite un long détour par l'est aux navires venant de Rabaul.
Tulagi (ou Tulaghi) : petite île au large de Guadalcanal où est établie une base d'hydravions australiens.
Horn Island : île australienne, dans le détroit de Torres (entre l'Australie et la Nouvelle-Guinée), sur laquelle est installée une base de la RAAF.
Rossel : la plus orientale des îles qui prolongent la pointe orientale de la Nouvelle-Guinée
Russell : île isolée de l'archipel des Salomons, à environ 100 miles marins au sud de Guadalcanal.

Avions :

Zéro : principal chasseur de la marine japonaise
Val : bombardier en piqué japonais
Kate : avion-torpilleur embarqué japonais
Betty : bombardiers terrestre bimoteur à grand rayon d'action, capable d'attaquer à la torpille
Mavis : hydravion de reconnaissance quadrimoteur
Jake et Pete : hydravions de reconnaissance monomoteurs embarqués sur les croiseurs et les cuirassés
Rufe : hydravion de chasse (chasseur Zéro équipé de flotteurs)

F4F-4 Wildcat : chasseur de la marine américaine
SBD-3 Dauntless : bombardier en piqué de la marine américaine
TBD Devastator et TBF Avenger : bombardiers torpilleurs de la marine américaine
SOC Seagull : hydravion de reconnaissance embarqué américain
Walrus : hydravion embarqué de la marine australienne (et britannique)
Catalina : hydravion de reconnaissance bimoteur utillisé par l'US Navy et la RAAF
Hudson : bombardier léger de reconnaissance
A-20 Havoc : bombardier léger bimoteur de l'USAAF
B-25 et B-26 : bombardiers moyens bimoteurs de l'USAAF
B-17 : bombardier lourd quadrimoteur de l'USAAF principalement utilisé dans le théâtre pour la reconnaissance maritime
P-39 et P-400 : chasseur Airacobra de l'USAAF, inférieur au Zéro japonais. Le P-400 état la version export du P-39 (avec un canon de 20 mm en lieu et place de celui de 37 mm) surnommé "un P-40 avec un zéro au cul".

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Ce scénario est le dernier acte d'une campagne commencée en 2004. Cette campagne, sans aucun doute trop ambitieuse au vu des moyens ludiques de l'époque et de la disponibilité des participants, visait à retracer l'année 1942 dans le Pacifique en n'insistant que sur les opérations majeures. L'idée était d'enchaîner plusieurs batailles aéronavales dont les paramètres auraient été fixés par les choix stratégiques des joueurs.

Le premier scénario, consacré à une opération japonaise contre Midway, a duré 3 ans (2004-2007) et a été suivi par un autre, plus rapide (2008-2009), dont le point de départ était un raid aéronaval américain sur Wake. Le 3ème scénario, l'opération MO, s'est avéré bien plus difficile à achever que les précédents car il a duré de 2009 à 2015. L'hypothèse de départ de cette partie est que le Japon déploie en juillet des moyens navals importants dans le Pacifique sud pour appuyer un débarquement à Port-Moresby et, secondairement, à Guadalcanal.

Le plan de bataille japonais repose sur le Groupe d'Attaque Principal du vice-amiral Nagumo. Forte de cinq porte-avions (l'Akagi est en réparation) escortés 2 cuirassés, 2 croiseurs lourds et une flottille de destroyers, cette escadre doit éliminer toute opposition navale et aérienne dans la région et ouvrir la voie aux convois pour Port-Moresby et Guadalcanal.

Cette flotte est précédée par les 2 cuirassés, 8 croiseurs et 13 destroyers du Groupe Avancé (vice-amiral Kondo), qui doivent rechercher l'ennemi, soutenir les forces à la mer, engager l'ennemi lorsque c'est possible et attirer ses attaques afin d'épargner le Groupe d'Attaque Principal.

Les deux convois sont escortés par une flottille de destroyers et soutenus à distance par un groupe de couverture. Celui de Port-Moresby (MO), commandé par le vice-amiral Kurita, est fort de 3 porte-avions légers, 4 croiseurs lourds et une flottille de destroyers. Celui de Guadalcanal (KA), commandé par le contre-amiral Goto, est composé de 4 croiseurs lourds et 2 légers. Le convoi pour Port-Moresby doit passer par le détroit de Jommard, précédé par son groupe de soutien, et celui-ci pour Guadalcanal doit longer l'archipel des Salomons. L'escadre de l'amiral Goto doit patrouiller d'est en ouest entre Rossel et Rennell pour éviter toute infiltration d'unités ennemies en mer des Salomons.

Enfin, l'opération est soutenue par 3 porte-hydravions qui doivent prendre position dans les îles de la mer des Salomons, une flottille de sous-marins déployée selon une ligne sud-est / nord-ouest partant de l'île Rossel, et une forte aviation basée à Rabaul (40 chasseurs Zero, 32 bombardiers « Betty », 18 hydravions de reconnaissance « Mavis », plus 38 hydravions de chasse, bombardiers en piqué et avions de reconnaissance).

Le dispositif allié est lui écartelé entre deux commandements séparés. Le théâtre Pacifique sud-ouest (Australie), dirigé par le général Mac Arthur est fort de 144 appareils de combat éparpillés sur plusieurs bases, souvent éloignées du lieu des combats (50 chasseurs en Nouvelle-Guinée, 73 bombardiers et 21 chasseurs en Australie). Le théâtre Pacifique sud dépend lui de la marine (amiral Ghormley) et est défendu par plusieurs Task Forces et une aviation basée à terre, elle aussi déployée loin de la zone des combats. De fait, seuls les 35 B-17 et 31 Catalina déployés à Tulagi, aux Nouvelles-Hébrides, aux Fidji et en Nouvelle-Calédonie participeront à la bataille.

La TF16 du vice-amiral Halsey (porte-avions Enterprise et Hornet, 6 croiseurs et 12 destroyers) vient d'arriver aux Nouvelles-Hébrides où elle vient de mazouter. La TF-17 du vice-amiral Fletcher (porte-avions Lexington et Yorktown) patrouille à 100 nm au sud de San Cristobal. La TF44 du contre-amiral Crutchley, VC, RN, est à 50 miles à l'est de Rennell. Les sous-marins sont déployés séparément. Trois sont loin de la zone des combat, entre la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Guinée. La quatrième est placé à proximité de Rabaul, sur la route probable des navires japonais, le cinquième patrouille entre la Nouvelle-Irlande et Bougainville, tandis que le dernier est en embuscade entre Bougainville et Vella Lavella.

Les plans de bataille des deux camps témoignent de conceptions diamétralement opposés. Le chef d'équipe américain se contente de préciser les positions de départ des TF 17 et 44 et ne donne pour ainsi dire pas de consignes, préférant aviser plus tard lorsque les forces et intentions ennemies seront connues. A l'inverse, le chef d équipe japonais prépare un document bien pensé et magnifiquement réalisé d'une trentaines de pages expliquant le plan d'opérations pour chacune des forces engagées.

L'opération commence dans les premières heures du 16 juillet 1942. Les différentes formations japonaise quittent Rabaul les unes après les autres, tout au long de la matinée, tandis que des dizaines d'appareils de reconnaissance des deux camps partent en mission. Les TF 16 et 17, quant à elles, se dirigent l'une vers le nord-ouest, l'autre vers l'ouest.

A 0900, le S-47, un sous-marin américain en patrouille au sud de Rabaul repère le Groupe d'Eclairage japonais (3 porte-hydravions). Trop loin et trop lent pour intercepter l'ennemi, le sous-marin envoie un message au COMSOPAC (Commander South Pacific, cad l'amiral Ghormley), qui ne sera jamais reçu par son destinataire. Dix minutes plus tard, le même sous-marin repère le Groupe Avancé, qui se révèle lui aussi impossible à intercepter. Le message de découverte du submersible est cette-fois bien reçu par le QG de la amrine à Nouméa.

A 0930, l'hydravion Seagull du croiseur USS Chicago (de la TF44) repère les navires du Groupe de Couverture de Guadalcanal, qui patrouillent entre Rennell et Rossel. L'amiral Crutchley décide d'intercepter ses navires et la TF44 met le cap au 282 à 25 noeuds.

Entre 1130 et 1200, les appareils de reconnaissance de la TF17 repèrent eux aussi les navires de l'amiral Goto. L'amiral Fletcher est cependant désorienté par les divergences entre les rapports, qui indiquent des positions et des identifications parfois très différentes, au point qu'un moment les navires japonais sont pris pour la TF44. A 1200, les navires japonais sont à nouveau repérés, cette-fois par un Catalina des Nouvelles-Hébrides, mais son message de découverte ne passe pas. Au même moment, un hydravion japonais, catapulté d'un des croiseurs de l'amiral Goto repère les pétroliers de la TF 17.

A 1345, un Catalina australien de Tulagi repère le Groupe d'Eclairage. Pour diverses raisons, l'amiral Ghormely, décidément malchanceux avec les communications cette matinée, ne reçoit le message de découverte que pendant la nuit.

A 1400, le S-47 repère le convoi pour Port-Moresby et commence à manœuvrer pour attaquer. Une demi-heure plus tard, un hydravions japonais du groupe Goto repère la TF 17. Les japonais ont plus de chance que les américains avec leurs transmissions car le message de découverte est reçu par Goto et par Yamamoto. Au demeurant, l'amiral Goto n'a pas le temps d'apprécier ce message à sa juste valeur car au même moment, les vigies annoncent avoir repéré des navires sur l'horizon : la TF 44 vient de parvenir au contact.

Le combat entre les deux formations fut l'objet d'un thème tactique, joué entre juillet et septembre 2012, qui opposa les navires de la TF 44 (croiseurs Chicago, Australia, Canberra et Hobart ainsi que 4 destroyers américains) à ceux de l'amiral Goto (Aoba, Kinugasa, Kako, Furutaka, Tenryu et Tatsuta). Au bout d'une heure de combat incertain, l'escadre japonaise se retire après avoir perdu les deux croiseurs légers (Tenryu et Tatsuta) et coulé le HMAS Hobart. La plupart des navires survivants ont subi des dommages à leur armement principal ou à leur direction de tir et ne sont plus en état de combattre. L'amiral Crutchley décide de mettre le cap vers l'Australie pour réparer ses navires, mais Goto reçoit l'ordre de Yamamoto de rester sur zone malgré tout.

Pendant que les navires se canonnent au large de Rennell, le S-47 est passé à l'attaque contre le convoi japonais. Repéré par un destroyer de l'escorte, le submersible est grenadé à plusieurs reprises et coulé.

A 1600, le Groupe de Couverture de MO est repéré par un Catalina des Nouvelles-Hébrides, qui parvient à envoyer un message de découverte avant d'être chassé par la patrouille de combat. Endommagé, l'hydravion rentre à la base. Un quart d'heure plus tard, un autre Catalina repère à son tour l'escadre de l'amiral Kurita. L'appareil est repéré, engagé par la chasse japonaise, mais parvient à s'enfuir et se cachant dans les nuages.

A 1630, la TF16 met le cap à l'ouest. A 1700, un Catalina australien de Tulagi repère le Groupe d'Attaque Principal de l'amiral Nagumo et le suit pendant une heure sans être repéré, en se cachant dans les nuages.

A 1900, l'amiral Fujita (commandant du Groupe d'Eclairage) réalise qu'il navigue trop lentement pour atteindre sa destination en temps voulu. Il ordonne au Chiyoda et au Nisshin d'avancer à 24 noeuds tandis que le Kamoi suit derrière comme il peut.

Dans la nuit du 16 au 17 juillet, la TF17 donne dans l'extrémité nord de la ligne de sous-marins japonais. A 0300, le Ro-37, alors en surface, repère des navires à 10.000 yards au sud-est, mais est lui-même repéré au radar. Alors qu'il manœuvre pour passer à l'attaque, il est surpris en surface par des obus éclairants et des faisceaux de projecteurs. Le sous-marin lance une salve de torpilles et tente de plonger mais est engagé au canon par plusieurs destroyers tandis que les porte-avions et croiseurs abattent sur tribord. Touché à six reprises, le Ro-37 sombre avec la totalité de son équipage mais s'offre tout de même une vengeance posthume : une de ses torpilles, destinée au porte-avions Lexington, croise la route du destroyer Russel et l'envoie par le fond.

A 0600, lorsque le jour se lève, des dizaines d'appareils de reconnaissances, partis bien avant l'aube, sont en l'air. Un hydravion 'Mavis' japonais découvre la TF 44 au nord de la mer de Corail, en route vers l'Australie. Un autre repère la TF 17 et a juste le temps de prévenir Rabaul avant d'être abattu par deux chasseurs du Yorktown. Au même moment, plusieurs Dauntless de la VS-5 repèrent le Groupe Avancé de l'amiral Kondo tandis qu'un Catalina australien repère l'escadre de l'amiral Goto. L'amiral Fletcher ordonne un raid aérien contre le groupe Kondo.

A 0620, le Chiyoda et le Nisshin arrivent enfin à Milne Bay, avec 3 heures de retard sur le programme, et préparent précipitamment les vols de reconnaissance. Plus au sud, des Dauntless de la VS-2 repèrent le Groupe d'Attaque Principal japonais tandis qu'un 'Mavis' survole les pétroliers de la TF17.

A 0715, les pétroliers du TG 17.3 sont de nouveau repérés, et plus grave pour l'amiral Fletcher, un hydravion 'Jake' du Groupe avancé repère le Lexington et le Yorktown, avant d'être abattu par la chasse américaine. Peu après, un B-17 repère les croiseurs de l'amiral Goto, puis un raid japonais frappe 7-Mile Drome, le principal aéroport de Port-Moresby. Un groupe de 24 Zéros du Tainan Kokutai, parti de Lae, engage la patrouille de combat et laisse le champs libre aux 16 bombardiers en piqué venus de Rabaul. La chasse américaine perd 5 P-400 en combat aérien et 2 autres au sol (2 autres sont endommagés), et la marine japonaise, un chasseur.

A 0745, 12 bombardiers en piqué, 12 avions-torpilleurs et 12 chasseurs décollent de chaque porte-avions de la TF 17 et mettent le cap vers l'escadre de l'amiral Kondo. Un quart d'heure plus tard, 24 bombardiers bimoteurs 'Betty' armés d'une torpille s'envolent de Rabaul, à la recherche de la TF 17. Au même moment, un Catalina australien repère le convoi pour Guadalcanal, au nord de la mer des Salomons.

Un quart d'heure plus tard, le même appareil repère le convoi pour Port-Moresby, tandis qu'un B-17 détecte le Groupe d'Attaque Principal. Un autre B-17 repère les porte-avions japonais à 0830. Dans les deux cas, la patrouille de combat ne parvient pas à abattre l'intrus.

A 0900, les porte-avions de l'amiral Nagumo s'apprêtent à lancer un raid de 36 chasseurs, 45 bombardiers en piqué et 27 avions-torpilleurs à l'assaut de la TF 17 lorsqu'un de ses 'Kate' en mission de reconnaissance lui donne la position de la TF16. Nagumo décide alors d'attaquer l'escadre de l'amiral Halsey et change les ordres de ses avions, qui commencent à décoller vers 0945.

Dans ce laps de temps, le Groupe Avancé et la TF 17 sont de nouveau repérés par des appareils de reconnaissance. A 0930, la TF 16 est détectée simultanément par deux hydravions 'Mavis' différents, tandis que trois B-17 repèrent l'escadre de l'amiral Kurita et les deux convois.

Au même moment, les appareils de la TF 17 passent à l'attaque. Les bombardiers torpilleurs et en piqué se répartissent les cibles, tandis que les chasseurs, en l'absence d'appareils à combattre, mitraillent les navires japonais dans le but de réduire leur puissance de feu antiaérienne. Les navires japonais parviennent malgré tout à abattre un Devastator mais encaissent en retour de mauvais coups : si le Haruna, le Kongo, et l'Atago parviennent à éviter toutes les bombes et torpilles qui leur sont destinés, le Takao encaisse une torpille, tandis que le Myoko et le Maya sont tous les deux atteints par une bombe.
Les dégâts sont importants sur les trois navires, qui ne sont plus en état de combattre. Le Maya est encore capable de 22 nœuds, mais les deux autres croiseurs sont immobilisés. Très rapidement cependant, l'équipage du Myoko parvient à réparer les avaries de machines du bâtiment, qui peut de nouveau filer 27 n, mais le Takao, qui a embarqué beaucoup d'eau, doit être pris en remorque.

A 0945, un 'Mavis' est abattu par la patrouille de combat de la TF 17, et quelques minutes plus tard, un autre hydravions japonais repère à son tour la TF 17. Ce dernier parvient à échapper aux chasseurs américains en ce cachant dans les nuages. A 1000, un Dauntless du Yorktown largue un message sur le pont de l'Enterprise, indiquant la position de la TF 17 et des porte-avions japonais, ainsi que l'intention de Fletcher de frapper ces derniers dès qu'ils seront à portée. Halsey ordonne à ses porte-avions de préparer un raid dont le décollage est prévu à 1200.

La TF 17 est de nouveau repérée à 1030 puis à 1100. L'escadre de Kurita et le Groupe d'Attaque Principal sont eux aussi repérés par des B-17 et un des Catalina australiens.

A 1110, les appareils du Groupe d'Attaque Principal aperçoivent les vagues d'étrave des navires de la TF16. A peu prêt au même moment, les opérateurs radars des croiseurs et porte-avions américains détectent le raid japonais. Immédiatement, les patrouilles de combat sont envoyées intercepter l'ennemi et les porte-avions se mettent face au vent pour lancer de nouveaux chasseurs.

Le 'fighter sweep' japonais (18 Zero du Zuikaku) engage la patrouille de combat du Hornet (8 Wildcat) et abat rapidement 4 appareils. La patrouille de l'Enterprise (8 Wildcat également) intercepte les bombardiers en piqué du Soryu et parvient à en abattre 5 avant d'en être détournée par les Zero d'escorte. Le combat qui s'ensuit voit la destruction de 4 Zéros et 1 Wildcat mais empêche les chasseurs de l'Enterprise d'abattre d'autres bombardiers.

Quelques minutes plus tard, les chasseurs venant de décoller en urgence des porte-avions engagent in extremis le raid japonais et parviennent à abattre 7 Val du Hiryu, 2 Kate du Shokaku ainsi que 6 Kate et 1 Zero du Zuikaku ; ils perdent en retour 4 des leurs, abattus par des Zeros.

Le TG 61.2 (Hornet, 3 croiseurs et 6 destroyers) est attaqué en premier, par 20 Val et 16 Kate. L'artillerie antiaérienne de l'escadre abat 4 bombardiers en piqué et 2 avions-torpilleurs, mais les pilotes japonais, au zénith de leur art, parviennent à placer 12 bombes et 7 torpilles sur le porte-avions, qui chavire rapidement.

Le TG 62.1 (Enterprise, 3 croiseurs et 6 destroyers) n'est attaqué que par 13 bombardiers en piqué et 3 avions torpilleurs. L'artillerie antiaérienne abat 2 Val, et l'Enterprise encaisse 1 torpille et 7 bombes. La torpille frappe la poupe du navire et n'inflige que des dégâts modérés. Six des sept bombes percent le pont du porte-avions et explosent dans les entrailles du navire, où, contre toute attente, elles n'infligent que des dégâts modestes. La septième explose à l'impact, sur le pont d'envol, avariant celui-ci et déclenchant un incendie dans le hangar. Le feu détruit 4 chasseurs, 14 bombardiers en piqué et 4 torpilleurs. Le 'Big E' a embarqué beaucoup d'eau et n'est plus capable que de 17 nœuds.

Pendant le raid dévastateur sur la TF 16, diverses escadres japonaises (convoi pour Guadalcanal, Groupe d'Eclairage, escadre Kurita) sont repérés par des B-17 et un Catalina australien.

A 1150, le deuxième raid de la TF 17 (24 Dauntless) attaque le Groupe Avancé. La VS-2 décide d'attaquer le Takao, qui, en remorque, est à la traîne de l'escadre japonaise, tandis que la VS-5 pique sur le Haruna, le Kongo et le Chokai.
Le Takao, immobile, n'a quasiment aucune chance d'échapper à l’attaque américaine. Il parvient contre toute attente à abattre un appareil mais est atteint à trois reprises. Une des bombes fait exploser des torpilles, et le croiseur, éventré, sombre rapidement. Le Chokai parvient à éviter toutes les bombes et à abattre un Dauntless. Les deux cuirassés sont moins chanceux et sont tous les deux atteints, le Kongo par une bombe, et le Haruna par deux. Incapables de percer le blindage des navires de ligne, les trois projectiles ne causent cependant que des dommages superficiels.

Peu après midi, les bombardiers 'Betty' ayant décollé de Rabaul quatre heures auparavant sont détectés au radar par la TF 17. Les chasseurs du Lexington et du Yorktown interceptent le raid et abattent 14 appareils avant que ceux-ci ne passent à l'attaque. L'artillerie anti-aérienne abat quatre autres 'Betty' mais contre toute attente, le Lexington est atteint par une torpille. Sa vitesse chute à 14 nœuds.

Au même moment, d'autres événements dramatiques se déroulent 400 nautiques plus à l'est. Le deuxième raid japonais sur la TF 16 est intercepté in extremis par des Wildcat, mais ceux-ci, à court de carburant et de munitions, qui ne parviennent à abattre que deux Kate et un Zero (au prix d'un Wildcat).

L'Enterprise est attaqué par 18 Kate du Soryu et 18 Val du Zuikaku. L'artillerie antiaérienne abat un Val et un Kate mais le porte-avions est atteint par 14 torpilles et 13 bombes, et chavire avant la fin de l'attaque. Les autres appareils s'en prennent à l'escorte.

Le croiseur Boise est attaqué par 7 Kate du Shokaku. Un appareil est détruit mais le bâtiment est atteint par une torpille et gravement endommagé. Les croiseurs Honolulu et Saint-Louis sont attaqués chacun par 9 Kate de l'Hiryu. Le premier abat 3 Kate et encaisse une torpille(qui ne cause que des dommages modérés) tandis que le second abat deux avions et évite toutes les torpilles.

Les 18 Val restant (9 du Kaga et 9 du Shokaku), jusqu'alors gardés en réserve, attaquent alors le Saint-Louis, qui abat 1 Val mais encaisse 8 bombes. Le croiseur, gravement endommagé, est hors de combat (son artillerie est démolie) mais peut par chance toujours se déplacer. Face à ce désastre, l'amiral Ghormley ordonne aux navires survivants de saborder le Boise et de se retirer à grande vitesse de la zone des combats.

A 1300, l'amiral Fletcher, constatant les dégâts subis par le Lexington, décide sagement de replier ses porte-avions vers l'Australie. Il ordonne néanmoins à la 6ème division de croiseurs (New Orleans, Astoria, Minneapolis et San Francisco) de mettre le cap au nord pour intercepter le Groupe Avancé (qu'il pense être le convoi pour Port-Moresby).

Pendant ce temps, l'amiral Nagumo réfléchit à la suite des opérations et prend des décisions erronées qui vont permettre à la TF 17 de se sortir de la situation extrêmement inconfortable où elle se trouve. Ces décisions erronées sont prises sur la base d'informations elles aussi erronées et de plusieurs contraintes.

L'amiral Nagumo n'a en effet pas les moyens de, pour reprendre son expression, courir plusieurs lièvres à la fois. Ses pertes en avions (une cinquantaine d'appareils détruits, endommagés ou en panne) et surtout l'heure tardive (le deuxième raid apponte à 1400, ce qui ne laisse que 4 heures de jour pour les opérations) ne lui permettent pas de rechercher et attaquer à la fois les porte-avions opérant à l'ouest mais dont la position exacte est inconnue (la TF 17) et le troisième porte-avions supposé être au sud. Qui plus est, il a reçu lui un message de l'amiral Yamamoto lui ordonnant d'attaquer un groupe de 4 cuirassés repérés dans son sud-ouest.

Nagumo et Yamamoto sont en fait induits en erreur par des messages erronés et l'interprétation qu'ils en font. Le troisième porte-avions que Nagumo cherche à détruire en priorité n'est qu'un mirage causé par les approximations et erreurs des hydravions de reconnaissance. Deux d'entre eux ont en effet repéré l'Enterprise mais ont mal estimé sa position et son cap, ce qui a amené Nagumo à croire à l'existence de 2 porte-avions là où il n'y en avait qu'un seul.

Pareillement, les quatre cuirassés que Yamamoto ordonne d'attaquer sont en fait les croiseurs qui escortaient le Hornet et qui ont été mal identifiés par un Mavis. Toutes ces erreurs vont divertir des moyens aériens que Nagumo aurait allouer à la recherche et la destruction de la TF 17 et vont sauver la vie de l'amiral Fletcher et de ses subordonnés.

Nagumo ordonne en effet, sur la foi ces éléments dont il dispose, un raid aérien vers le sud, à la recherche du 3ème porte-avions, et une reconnaissance suivie d'un raid vers le sud-ouest afin de rechercher et couler les cuirassés. Ces missions n'aboutiront à rien, et pour cause .

A 1500, les 4 croiseurs envoyés, assez témérairement d'ailleurs, par l'amiral Fletcher, interceptent ce qu'ils pensent être le convoi japonais pour Port-Moresby. Les premières salves des cuirassés Kongo et Haruna leur font réaliser leur erreur, et très rapidement les bâtiments américains font demi-tour, poursuivis par les navires de ligne et les croiseurs japonais. Informé, l'amiral Fletcher ordonne une série de raids sur l'escadre japonaise pour relever la pression sur la CruDiv 6.

A 1600, 12 Dauntless de la VS-5 décollent du Yorktown. Une demi-heure plu tard, 15 Dauntless de la VB-5 et 12 Devastator de la VT-5 décollent à leur tour. A 1635, les 17 appareils de la VS-2 (armés de bombes de 500 livres) prennent l'air.

A 1645, la VS-5 passe à l'attaque, par sections de 3 appareils. Le Nachi abat un appareil mais le croiseur Atago est atteint par une bombe et le cuirassé Haruna, par deux projectiles. Trop bien protégé pour être mis en danger par ce genre d'attaque, le navire de ligne est pourtant bien handicapé par ces deux impacts qui démolissent sa conduite de tir et réduisent sa vitesse. Le croiseur Nachi, est lui mis hors de combat car la bombe détruit ses trois tourelles avant et sa direction de tir.

A 1705, les 16 Dauntless de la VB-2 décollent du Lexington. Dix minutes plus tard, la VB-5 et la VT-5 attaquent à leur tour les navires de l'amiral Kondo. Le Nachi abat un autre Dauntless, et le Kongo, qui attire la plupart des attaques, deux bombardiers en piqué, tandis que le Haruna détruit un Devastator. Le résultat de l'attaque est décevant pour les américains car seul le Kongo est atteint, par une bombe et une torpille qui ne causent que des dégâts modestes. Le cuirassé japonais est cependant légèrement ralenti par l'eau qu'il a embarqué et n'est plus en mesure de poursuivre les croiseurs américains.

A 1720, les 17 Dauntless de la VS-2 piquent sur le Kongo, le Chokai et le Haguro. Ce dernier parvient à abattre 2 appareils et le Kongo est de nouveau atteint par une bombe, qui ne cause pas de réels dégâts mais pulvérise une position de dca.

Dix minutes plus tard, c'est 5 Hudson de la Vème Air Force, qui entre enfin dans le vif du sujet, qui passent à l'attaque. Ces bombardiers de reconnaissance ne sont pas vraiment adaptés à la lutte anti navire et ils n'atteignent aucune de leurs cibles.

La dernière attaque a lieu à 1750. 16 Dauntless de la VB-2 plongent sur l'escadre japonaise et endommagent légèrement le croiseur Haguro sans perdre aucun appareil. L'un d'entre eux cependant s'écrase à l'appontage.
Après cette journée, si cruelle pour les américains, la bataille change de nature. Les porte-avions japonais passent la journée du 18 à mazouter et laissent s'échapper la TF 17, qui comme la TF 44 et ce qui reste de la TF 16, s'enfuit vers le sud. Le centre de gravité des opérations, qui jusque là reposait sur les porte-avions des deux camps, bascule sur la Vème Air Force et ses cibles potentielles, le Groupe Avancé, le convoi pour Port-Moresby et son Groupe de Couverture.

La Vème Air Force, qui a timidement commencé la veille à transférer des unités à Port-Moresby et à Horn Island, inaugure la journée du 18 juillet 1942 en subissant nouveau un raid matinal sur 7-Drome Field. La patrouille de combat, forte de 6 appareils, en perd 4 lors du bref et violent combat avec les Zeros du Tainan Kokutai, et les 10 P-400 qui décollent en alerte sont à leur tour étrillés, perdant dans l'affaire 3 avions. Le bombardement détruit un chasseur au sol et en endommage trois autres.

La plupart des escadres japonaises sont repérées à plusieurs reprises par les appareils de reconnaissances alliés lors de la journée, ce qui n'est pas étonnant car la plupart des navires japonais convergent vers le détroit de Jommard.

Pendant la matinée, tous les bombardiers opérationnels de la Vème Air Force rejoignent les bases du nord-est du pays et sont préparés au plus vite pour attaquer les escadres japonaises dans l'après-midi.

A 1100, les 10 B-26 et 5 Hudson qui ont rejoint Port-Moresby la veille décollent pour attaquer le Groupe Avancé. Peu après, une dizaine de B-17 venant de Cairns en Australie attaque le convoi pour MO et est engagé par des hydravions de chasse Rufe. Le combat est brutal et se solde par la perte de 2 appareils américains et 3 japonais. L'artillerie antiaérienne abat un autre B-17, et les bombardiers survivants ne mettent aucun coup au but.

A 1200, un groupe de Catalina, eux aussi basés à Cairns, effectue une attaque contre les porte-hydravions du groupe d'éclairage. Les navires japonais, pris par surprise n'opposent qu'une résistance symbolique et le Chiyoda, atteint par deux bombes, est incendié. Evacué après une vaine lutte contre les feux, il finira par couler. A 1300, les 10 B-26 et 5 Hudson attaquent sans succès le Groupe Avancé.

En fin d'après-midi, plusieurs vagues de bombardiers américains et australiens attaquent le convoi pour Port-Moresby. Les premières attaques sont effectuées par 21 B-26 et se soldent par la destruction du transport China Maru, éventré par 3 bombes de 500 livres. La seconde vague d'attaque est menée par 19 B-25, qui placent une bombe sur le Chowa Maru. Le cargo, stoppé, doit être sabordé. La 4ème attaque, menée par une vingtaine d'Hudson endommage légèrement le croiseur Abukuma, et le transport Mogamigawa Maru. La dernière vague, constituée de 6 A-24 (version terrestre du Dauntless) est la plus meurtrière : le destroyer Suzukaze et le transport Mogimawa Maru sont chacun atteints par une bombe. Le destroyer est coupé en deux, le cargo est incendié puis détruit par l'explosion de sa cargaison.

C'est un coup dur pour les Japonais, qui voient s'éloigner les perspectives d'une victoire totale. En effet les navires perdus transportaient des éléments essentiels à la réussite du plan : 500 marines du Kure 3 Rikusentai dans le Mogamigawa Maru, le 1er bataillon du 144ème régiment d'infanterie dans le China Maru, et 25 % des ingénieurs du Setsuetai 10 dans le Chowa Maru. Ces pertes rendent aléatoire l'assaut contre Port-Moresby et d'autres pertes anéantiraient toute chance de succès.

La plupart des bombardiers américains se posent à 14-Mile Drome, une des bases aériennes à proximité de Port-Moresby, dans le but d'attaquer de nouveau le convoi japonais le lendemain matin. La tâche sera malheureusement pour eux bien plus difficile car dans la nuit du 18 au 19, le convoi pour Port-Moresby, le Groupe de Couverture et le Groupe Avancé font leur jonction.
Au lever du soleil, le convoi japonais entre dans le détroit de Jommard, escorté par 3 porte-avions légers et plus d'une vingtaine de navires de guerre (du cuirassé au destroyer). Il est couvert par Groupe d'Attaque Principal, qui croise à 200 nm au sud-est. On relèvera à ce propos le rôle, historiquement modeste mais ici décisif, des bombardiers en piqué A-24. Ces derniers ont non seulement coulé la veille un transport et un destroyer, mais aussi induits l'amiral Nagumo en erreur. Identifiés à juste titre comme des Dauntless par les marins japonais, ils incitent l'intéressé à croire qu'un porte-avions américain est toujours dans les parages, et l'amènent à déployer ses avions d'assaut en ce sens (en reconnaissance navale et en réserve, armés pour un raid contre des navires) plutôt que contre les bases aériennes alliées de la région.

Face à cette armada, la Vème Air Force aligne 17 chasseurs (P-39 et P-400) et 54 bombardiers (21 Hudson, 15 B-25, 15 B-26 et 3 A-24) à Port-Moresby, 15 bombardiers légers A-20 à Horn Island et 24 appareils à long rayon d'action (12 B-17 et 12 Catalina) en Australie. Les B-17 sont envoyés en reconnaissance pendant la nuit et les autres bombardiers mis en alerte, prêts à attaquer le convoi dès que celui-ci sera repéré.

A 0700, le traditionnel raid contre Port-Moresby tourne au désastre pour les alliés, car la piste de 14-Mile Drome est cette fois-ci remplie de bombardiers armés et ravitaillés. La chasse américaine s'interpose courageusement mais ne parvient qu'à abattre un seul Val, et perd 8 appareils en combat aérien contre les Zero. Environ un tiers des bombardiers (17 sur 54) sont détruits lors du bombardement, qui scelle la fin des espoirs alliés.

A 0930, un B-17 repère le convoi japonais et à 1000 les bombardiers alliés survivants ont décollé. A 1145, les plus rapides d'entre eux (11 B-25 et autant de B-26) approchent de l'objectif, qui cette fois est fortement défendu. Les 42 chasseurs en couverture abattent 4 B-25 et 5 B-26, qui décident d'attaquer le porte-avions Shoho. Contre toute attente, le bâtiment est atteint par une bombe, qui déclenche un violent incendie. Celui-ci devient vite incontrôlable et à 1210 le porte-avions est détruit dans l'explosion de sa soute à munitions.

Lors de leur désengagement, les bombardiers ont la malchance d'être interceptés par un fort parti de Zeros envoyés couvrir le convoi par l'amiral Nagumo mais retardés par une erreur de navigation. Les chasseurs japonais abattent 3 B-25 et 5 B-26, et laissent les 4 appareils survivants dans un tel état qu'ils ne voleront probablement plus jamais.

A 1200, les 12 Catalina de Cairns passent à l'attaque. Repérés, ils sont engagés par la chasse et sont tous abattus. Une demi-heure plus tard, 13 Hudson et 2 A-24 parviennent à leur tour à proximité de l'objectif. Les Zeros les abattent les uns après les autres avant qu'ils n'atteignent le convoi. La Vème Air Force a cessé d'exister.


A ce stade de la partie, continuer n'aurait plus d'intérêt car les alliés n'ont plus rien à opposer aux japonais. Je considère que Port-Moresby sera pris malgré les pertes subies par le convoi, grâce au soutien massif de l'aéronavale et l'inexpérience des défenseurs australiens.

Le Japon ayant atteint ses objectifs et infligé de lourdes pertes à l'ennemi, je considère qu'il s'agit d'une victoire majeure japonaise, même si la perte du Shoho et des navires marchands est très dommageable.



Les pertes alliées s'élèvent à :

2 porte-avions (Enterprise, Hornet), 2 croiseurs (Hobart, Boise), 1 destroyer (Russel) et 1 sous-marin (S-47) coulés ; 1 porte-avions (Lexington), 4 croiseurs (Australia, Canberra, Honolulu, Saint-Louis) et 3 destroyers (Grayson, Gwin, Meredith) endommagés ;

402 avions détruits (72 F4F-4, 87 SBD-3/A-24, 27 TBD-1, 15 TBF-1, 129 P-39/P-400, 13 Hudson, 16 B-25, 22 B-26, 3 B-17, 12 Catalina, 2 Walrus, 4 Kingfisher).


Les pertes japonaises s'élèvent à :

1 porte-avions (Shoho), 3 croiseurs (Takao, Tenryu, Tatsuta), 1 destroyer (Suzukaze), 1 sous-marin (RO-37), 1 porte-hydravions (Chiyoda) et 3 transports (Mogamigawa Maru, China Maru, Chowa Maru) coulés (avec 1400 marines et soldats et 25 % de l'équipement du Setsuetai 10) ; 2 cuirassés (Kongo, Haruna) et 8 croiseurs (Aoba, Kinugasa, Furutaka, Kako, Myoko, Maya, Takao, Abukuma) endommagés ;

97 avions détruits (13 Zéro, 21 Val, 28 Kate, 3 Rufe, 18 Betty, 2 Mavis, 10 Jake, 2 Pete).


La victoire japonaise, prévisible, est, de mon point de vue, amplement méritée. Le plan de bataille japonais était, je l'ai déjà dit, bien pensé et admirablement présenté. L'amiral Yamamoto a été très réactif et n'a pas ménagé ses efforts pour coordonner au mieux les différentes forces à la mer. L'amiral Nagumo a commandé ses forces de façon remarquable, gérant ses groupes aériens et leurs opérations d'une main de maître : les ordres étaient pertinents, précis, exhaustifs et clairs.

Le seul bémol que j'émettrai à propos des opérations japonaises vise le groupe de couverture de Port-Moresby, dont le potentiel n'a pas été pleinement exploité. L'impression, peut-être fausse, que me donnent les consignes données à cette escadre avant et pendant l'opération est qu'elle devait faire trop avec trop peu, et qu'au final ses efforts se sont dispersés.

Les objectifs que le plan de bataille assignait à ce groupe naval étaient, si j'ai bien compris, d'attaquer les bases aériennes à Port-Moresby, provoquer la réaction de l'ennemi (afin que le Groupe d'Attaque Principal puisse l'engager), et protéger le convoi MO. Ils étaient à mon humble avis peu réalistes et incohérents avec les moyens déployés. L'escadre était à mon sens trop faible pour être utilisée comme moyen offensif, contre Port-Moresby ou contre une TF ennemie car elle n'avait ni la puissance nécessaire pour porter des coups significatifs à l'adversaire ni la capacité à encaisser ceux de l'ennemi. Avec trois porte-avions légers et quatre croiseurs lourds, elle avait trop de valeur pour être utilisée comme appât. Enfin, elle était jusqu'au 18 juillet trop éloignée du convoi MO pour le protéger.

A mon sens, cette escadre aurait été plus utile si elle avait reçu une mission unique et cohérente avec les moyens engagés, comme la recherche des Task Forces ennemies ou la protection du convoi.

Du côté américain, les opérations ont été handicapées par un double problème de commandement. Le premier, historique, relève de la division du théâtre en deux zones, qui gêne la coordination des forces. Le deuxième tient au style de commandement des commandants de chacune des deux zones (amiral Ghormley et général Brett, le commandant de la Vème Air Force).

L'amiral Ghormley a été desservi par son style de commandement lapidaire. L'absence de plan de bataille était certes compréhensible compte-tenu de l'incertitude entourant le dispositif et les intentions adverses, mais le fait de ne pas avoir suffisamment précisé certains points a probablement troublé les amiraux Fletcher et Halsey. En raison des communications aléatoires (beaucoup de messages radio ont été perdus ou reçu avec plusieurs heures de retard), il était difficile pour Ghormley de connaître la position des forces à la mer et donc de les coordonner. Ses subordonnés, Fletcher et Halsey, se sont retrouvés dans une situation délicate, ne sachant pas de quel degré d'autonomie ils disposaient. C'était d'autant plus inconfortable qu'ils n'étaient pas, comme leurs homologues japonais, guidés par un plan de bataille précis.

Au-delà du style de commandement, qu'en dernière analyse je trouve plus adapté à un thème tactique qu'une bataille aéronavale, certains choix stratégiques de l'amiral Ghormley se sont avérés malheureux. Trois des six sous-marins disponibles ont été placés en dehors de la zone des combats (entre la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Guinée), et n'ont joué aucun rôle dans l'opération. Il me semble que ces unités auraient été plus utiles si elles avaient été déployées ailleurs, comme à proximité du détroit de Jommard ou devant les objectifs japonais (Port-Moresby et Guadalcanal).

Pis, la décision de séparer largement les deux Task Force, bien que compréhensible (cela permettait de couvrir une large zone et d'être certain de ne pas laisser passer le convoi) a laissé chacune d'entre elles trop faible face aux cinq porte-avions de Nagumo. A mon sens, il aurait été préférable de faire évoluer les deux Task Force à faible distance l'une de l'autre, de sorte qu'elles puissent se soutenir et attaquer en masse.

Dans ces conditions, il était difficile pour Halsey et Fletcher de tirer leur épingle du jeu. Halsey, en particulier, mais n'a pas vraiment eu le temps de faire quoi que ce soit avant d'être coulé par l'aéronavale japonaise. Fletcher, même si son tableau de chasse (un croiseur lourd coulé) est décevant, a bien commandé sa Task Force. Ses choix tactiques et opérationnels se sont révélés bons, et ses ordres, bien que moins exhaustifs et précis que ceux de Nagumo, étaient bien rédigés.

Il est à ce propos curieux de constater comment une série d’événements, heureux ou malheureux, ont permis à la TF 17 d'échapper à l'ire des porte-avions de Nagumo. Nous avons déjà évoqué les raisons pour lesquelles ce dernier a laissé s'échapper le Lexington et le Yorktown l'après-midi du 18 juillet et relèverons juste que le torpillage du Lexington par un Betty, probablement considéré (à juste titre) par Fletcher comme une malédiction et une injustice, s'est probablement avéré avec le recul être un cadeau du ciel. Sans cet improbable succès des bombardiers japonais, la TF 17 aurait probablement chercher à engager les porte-avions japonais et aurait à coup sur connu le même sort que la TF 16.

Le général Brett n'avait pas une tâche facile, compte-tenu de la dispersion et de l'hétérogénéité de ses forces, et a eu du mal à entrer dans le jeu. La Vème Air Force, sous-utilisée, s'est fait discrète lors des deux premiers jours de la bataille, et n'a réellement commencé à donner son plein potentiel qu'une fois les porte-avions américains hors-jeu.

Handicapé par le manque de bases proches de la zone des combats et par l'inadaptation de la plupart de ses appareils au combat aéronaval, le général Brett a fait ce qu'il pouvait pour endiguer l'avance japonaise. Les bombardiers disponibles ont été, certes tardivement, envoyés dans le nord de l'Australie puis à Port-Moresby. Le choix de déployer, pour d'évidentes raisons opérationnelles, la quasi totalité des bombardiers alliés sur un aéroport déjà attaqué à deux reprises par l'aviation japonaise était dangereux mais compréhensible.

Cependant, le choix de laisser ses bombardiers en attente sur les pistes le temps que la cible soit repérée était une claire invitation au désastre, qui a offert aux japonais la victoire sur un plateau. Sans les pertes subies au sol, la Vème Air Force aurait peut-être réussi à étriller suffisamment le convoi japonais pour faire échouer l'assaut sur Port-Moresby.

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