Bonsoir à tous,
Je suis nouveau sur ce forum, que je viens de découvrir.
Je vis en Espagne et suis passionné d’histoire militaire et surtout par la guerre du « français », que j’ai redécouverte au cours d’une affectation dans la péninsule.
Je suis très surpris par les commentaires concernant le livre de Natalia Griffon de Pleineville sur la bataille de Chiclana Barrosa, car c’est un livre qui m’a énormément déçu. C’est un récit vivant et dynamique, mais je mets en doute le sérieux du travail de recherche.
Tout d’abord, on peut se rendre compte du peu d’intérêt aux sources françaises dans la bibliographie proposée. Seuls les dossiers du 8eme d’infanterie, des situations du 1er corps, de Ruffin et de Chaudron-Roussau ont été étudiés pour faire le récit de cette bataille. Cette dernière se résume-t-elle à la perte du drapeau de ce régiment ? Aucun autre historique n’a été étudié ? Doit-on se limiter aux versions britanniques d’Oman, Napier et du petit fils de Sir Blakeney (écrit 80 ans après les faits par quelqu’un absent le jour de la bataille)?
Aucune carte d’origine française de la bataille n’est présente dans le livre, sont elles sujettes à controverses ? Le SHD en est dépositaire. De fait, il est nécessaire d’avoir une carte unique, avec les distances qui séparent les deux actions principales, ainsi que la chronologie horaire des combats, afin de bien comprendre cette bataille.
Pourquoi les sources espagnoles (140, N11) ne sont elles pas exploitées ? Par manque de temps ou de compréhension de la langue ? Les rapports des différends protagonistes ne font pas l’objet d’une étude sérieuse ? De fait, le contenu de ces archives remet en cause la version « anglaise » de cette bataille, qui continue d’être vendu par le lobby « Wellingtonien » (Esdayle Ch., Lipscombe Nick, Grehan and Mace, Ian Robertson).
L’auteure passe sous silence le contexte politique particulier de 1811, où Wellington cherche à obtenir le statut de « Generalissimo » des armées alliées dans la péninsule, aidé en cela par son ambassadeur de frère auprès de « Las Cortes » de Cadix. (Réf « Sagunto la batalla por Valencia » tome 2 chap. 2, Jose Luis Arcon Domínguez) Il est donc de tradition de critiquer systématiquement tout les chefs militaires espagnols, afin de les discréditer et si les espagnols font quelque chose de bien en minimiser les conséquences afin de leur quitter tout bénéfice des succès obtenus. L’histoire de la guerre d’indépendance en est plein d’exemple (Blake, de Lapeña, etc.).
On aboutit à un livre qui nous donne la version britannique de cette bataille où seuls les anglais sont à l’ouvrage. Les espagnols resteront au contact de la division Villatte pendant huit heures, ce dernier sera obligé de déployé ses huit bataillons en tirailleurs dans la pinède, afin de contenir les troupes de De Lapeña.
L’auteure passe sous silence le rôle de la cavalerie espagnole de Whittingham sur Barrosa. Pourquoi ne se pose-t-elle pas la question de ce qui amène le Colonel Maingarnaud à être formé en carré ? Est-ce pour faire plaisir à l’artillerie qui le massacre ou du fait de la présence de la cavalerie ? Etant vulnérable face aux deux menaces il fait le choix de monter à l’assaut. Manque-t-il des symboles d’unité de cavalerie sur les cartes proposées ou est-ce une omission volontaire de la part de nos historiens britanniques ? Pourquoi page 43 Natalia ne se pose pas la bonne question : pourquoi les chefs des 8eme et 54eme d’infanterie forment-ils en carré, pour quelques chevaux ou pour la présence de la cavalerie espagnole ? Pourquoi s’en prendre à Whittingham à l’issue des combats ?
L’ouvrage est plein d’erreurs historiques. Le récit de la prise des flèches par le 95eme d’infanterie ne correspond pas avec le récit narré dans sa lettre à Villatte par le Colonel Rouzier (Historique du 95eme d’infanterie, pages 75 et 76) (sic ! Pas dans la bibliographie).
Le PC de Villatte était à Chiclana et non à la « Casa del Pino », à ce niveau (un peu plus au sud) se trouvait le campement du bataillon qui se trouvait sur la ligne, avec 4 pièces d’artillerie.
De Lapeña a détaché des troupes à Graham comme le précise les archives espagnoles (cf. page 55 du livre et archives espagnoles) mais il leur faut un certain temps pour couvrir la distance entre les deux sites.
Que dire de ce stratège le Gal Graham, qui fait demi tour à sa troupe, et qui par chance se retrouve avec son artillerie sur Barrosa. Néanmoins il oublie d’envoyer un officier d’état major afin de prévenir son chef de sa manœuvre. Il fait sa guerre dans son coin, modifie le plan de bataille élaboré, et après il se plaint.
Cette bataille est un parfait match nul. Un drapeau perdu dans chaque camp (8eme RI et Ordenes Militares). Le but de l’expédition était de rompre le siège de Cadix, résultat il faudra attendre plus d’un an. Au vu des pertes avantage aux anglo-espagnols.
Ce livre de Natalia Griffon de Pleineville reste pour moi une déception par le manque de recherche surtout au niveau de nos propres archives.