« Borgia », je parle bien de la série franco-allemande produite et diffusée par Canal +, apparaît comme une série historique plutôt décevante. Non que la « reconstitution », les acteurs ou les décors soit mauvais, ils sont plutôt bons (seule la bande musicale est médiocre), mais tout simplement à cause d’un scénario qui se complait dans une noirceur totale, sans jamais laisser émerger le moindre personnage, même parmi les seconds rôles, qui soit vaguement « positif ». Prenons juste, pour l'anecdote, le cas de Jean Burckhardt, le rigoureux et discret maître des cérémonies alsacien de la cour pontificale, qui dévoila au monde via son journal les turpitudes des Borgia : le réalisateur ne peut s'empêcher de nous le montrer volant calices et crucifix lorsque le Français envahissent Rome. Idem pour le roi de France Charles VIII que les scénaristes semblent avoir pris un malin plaisir à ridiculiser (habituel me direz vous pour une série française...). Si la trame historique est globalement bien respectée et les dévoiements terrestres de l'institution papale bien analysés, avec quelques raccourcis néanmoins, le Moyen Âge finissant est dépeint comme une période obligatoirement et totalement sombre, peuplée au mieux d'illuminés au pire de maniaques dérangés, au point de transformer Lucrèce Borgia, à qui on finissait par s'attacher un peu, en meurtrière fratricide et incestueuse. Les Borgia n'étaient certes pas des saints, personne n’a jamais d' ailleurs songer à les défendre, mais la série, plutôt que démonter leur avilissement par le choix de contre-points qui eussent pu être un tant soit peu subtiles, choisit de se complaire avec facilité dans une vision glauque et détestable de leur époque dans sa globalité. De nombreuses scènes, comme par exemple celle où Alexandre VI, totalement nu, et s'est griffé le corps et le visage après la mort de son fils, n'ont d’ailleurs absolument aucune utilité sinon de rendre l'ambiance encore plus lourde et glauque. L'histoire qui nous est racontée reste tout de même prenante et mérite d'être regardée dans sa totalité, mais si l'on espère jusqu’au bout des 12 épisodes voir surgir une petite lumière elle ne vient jamais.
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