Le dernier livre de Timothy Snyder, Bloodlands, revisite le concept de la nature du mal à la lumière des actes d’anthropophagie perpétrés pendant la famine de 1932-33 volontairement créée en Ukraine par Staline.
En voici un extrait:
«Confrontées à la famine, certaines familles se divisèrent, les parents se retournant contre les enfants et les enfants les uns contre les autres. Comme la police d’État, le Guépéou, se vit forcée de constater, en Ukraine soviétique “les familles tuent leurs membres les plus faibles, généralement les enfants, et mangent leur chair.” D’innombrables parents tuèrent et mangèrent leurs enfants, pour finir par mourir de faim quand même. Une mère fit cuire son fils pour elle et sa fille. Une fillette de six ans, sauvée par d’autres membres de la famille, vit son père pour la dernière fois aiguisant son couteau pour l’égorger. Naturellement, d’autres arrangements étaient possibles. Une famille tua la belle-fille, donna sa tête à manger aux cochons, et fit rôtir le reste du corps.»
Selon Anne Applebaum (dans sa critique de Bloodlands pour "The New York Review of Books") :
«Jusqu’à une période récente, il était politiquement incorrect en Occident d’admettre que nous avions vaincu un dictateur génocidaire avec l’aide d’un autre. Ce n’est qu’aujourd’hui… que l’étendue des meurtres de masse de l’Union soviétique devient mieux connue en Occident. Ces dernières années, certains, dans l’ancienne sphère d’influence soviétique… ont également commencé à utiliser le mot “génocide” dans des documents juridiques pour décrire les meurtres de masse de l’Union soviétique.»
Voilà un sujet "léger" pour l'estafette