Vu hier soir en DVD :
Andrzej Wajda a déclaré à propos de son Katyn : "Je ne souhaite pas que mon film soit la recherche d'une simple vérité personnelle ou un cierge allumé sur la tombe du capitaine Jakub Wajda. Je veux qu'il soit le récit du drame et des souffrances subis par de multiples familles, victimes de Staline et du silence qu'il parvint à imposer à ses alliés d'alors : la Grande-Bretagne et les Etat-Unis".
Personnellement j'ai trouvé le film excellent. Le scénario est très bien construit. Le film débute en 1939, au moment de la "récupération" des officiers polonais par l'Armée Rouge et se termine après la guerre, alors que l'occupation soviétique s'installe pour longtemps en Pologne. Le point de départ est la déportation des officiers polonais par les Russes dans des camps de prisonniers et la déportation simultanée des membres de l'université de Cracovie dans le camp de Sachshausen par les nazis : la même volonté de faire disparaître les élites polonaises.
Première qualité du film de Wajda, ce n'est pas un "film à charge", le sujet est traité avec une très grande pudeur, sans images choc, sans volonté de porter un jugement. Le film témoigne de façon finalement très détachée des événements. Le film est construit comme un récit croisé, centré autour des membres au sens large de quelques familles d'officiers polonais. On suit la même absence l'information des familles - dans un premier temps - leurs espoirs puis la découverte du drame que les Nazis s'empresse d'utiliser dans leur propagande. On suit également quelques officiers polonais, un général, un capitaine et quelques autres, dans leu captivité. Le discours du général, à la Noël 40 est magnifique (ça m'a rappelé le discours du général allemand vaincu dans le dernier épisode de Band of Brother). On voit aussi comment, après la guerre, Staline a cherché à reconstruire l'histoire pour accuser les Allemands. Une des femmes d'officier est traquée pour qu'elle fasse enlever la date 1940 sur le monument funéraire dédié à son mari (Staline affirmant que Katyn a eu lieu en 1941), un étudiant se voit interdire l'université parce qu'il a écrit que son père était mort à Katyn en 1940 etc.
Le film prend le parti de montrer comment les Polonais ont vécu le drame de Katyn (12 000 officiers exécutés au total) de manière très simple et impartiale, pas de d'images grandiloquentes, pas de "méchants" soviétiques à l'écran, le traitement du sujet est particulièrement sobre et recueilli. Le récit est chronologique avec en conclusion un retour en arrière, dans les 20 dernières minutes d'un film qui dure 2 heures, sur des les exécutions de Katyn en elle-même que l'on ne voit jamais auparavant (pas de preuves..). Ce récit est amené à l'écran via la lecture du carnet d'un capitaine, retrouvé et envoyé à sa femme bien après la guerre : là encore les images sont sobres, froides, impitoyables mais une fois encore sans que ne se dégage une quelconque rancœur vengeresse.
La scène finale (l'exécution de la dizaine du général et de la dizaine d'officiers depuis le début du film) est traitée de manière profondément humaine et émouvante. D'une beauté sobre, froide et très profonde : les Russes font sortir les officiers un à un d'un camion cellulaire (celui des dix personnes que l'on suit depuis le début du film), leur attachent les mains dans le dos et leur passent une corde autour du cou pour les maintenir, puis leur collent une balle dans la nuque devant la fosse commune. Les officiers polonais entendent ce qui se passe en dehors du camion et n'ont le temps, chacun à leur tour, que de réciter une phrase du "Notre Père" avant de recevoir leur balle. Le suivant reprend la prière ou celui d'avant l'a laissé et le Pater n'est achevé que par le dernier exécuté, laissant flotter une certaine Espérance sur les fosses communes dans lesquels ils sont tou tombés, avant qu'un bulldozzer ne les ensevelisse.
C'est in fine un très beau film, dans la lignée de l'œuvre de Wajda, un hommage plus qu'un réquisitoire. Il n'existe qu'en version (polono-russe) sous titrée en français puisqu'il malheureusement pas été distribué en France au cinéma, on se demande bien pourquoi...
Andrzej Wajda a déclaré à propos de son Katyn : "Je ne souhaite pas que mon film soit la recherche d'une simple vérité personnelle ou un cierge allumé sur la tombe du capitaine Jakub Wajda. Je veux qu'il soit le récit du drame et des souffrances subis par de multiples familles, victimes de Staline et du silence qu'il parvint à imposer à ses alliés d'alors : la Grande-Bretagne et les Etat-Unis".
Personnellement j'ai trouvé le film excellent. Le scénario est très bien construit. Le film débute en 1939, au moment de la "récupération" des officiers polonais par l'Armée Rouge et se termine après la guerre, alors que l'occupation soviétique s'installe pour longtemps en Pologne. Le point de départ est la déportation des officiers polonais par les Russes dans des camps de prisonniers et la déportation simultanée des membres de l'université de Cracovie dans le camp de Sachshausen par les nazis : la même volonté de faire disparaître les élites polonaises.
Première qualité du film de Wajda, ce n'est pas un "film à charge", le sujet est traité avec une très grande pudeur, sans images choc, sans volonté de porter un jugement. Le film témoigne de façon finalement très détachée des événements. Le film est construit comme un récit croisé, centré autour des membres au sens large de quelques familles d'officiers polonais. On suit la même absence l'information des familles - dans un premier temps - leurs espoirs puis la découverte du drame que les Nazis s'empresse d'utiliser dans leur propagande. On suit également quelques officiers polonais, un général, un capitaine et quelques autres, dans leu captivité. Le discours du général, à la Noël 40 est magnifique (ça m'a rappelé le discours du général allemand vaincu dans le dernier épisode de Band of Brother). On voit aussi comment, après la guerre, Staline a cherché à reconstruire l'histoire pour accuser les Allemands. Une des femmes d'officier est traquée pour qu'elle fasse enlever la date 1940 sur le monument funéraire dédié à son mari (Staline affirmant que Katyn a eu lieu en 1941), un étudiant se voit interdire l'université parce qu'il a écrit que son père était mort à Katyn en 1940 etc.
Le film prend le parti de montrer comment les Polonais ont vécu le drame de Katyn (12 000 officiers exécutés au total) de manière très simple et impartiale, pas de d'images grandiloquentes, pas de "méchants" soviétiques à l'écran, le traitement du sujet est particulièrement sobre et recueilli. Le récit est chronologique avec en conclusion un retour en arrière, dans les 20 dernières minutes d'un film qui dure 2 heures, sur des les exécutions de Katyn en elle-même que l'on ne voit jamais auparavant (pas de preuves..). Ce récit est amené à l'écran via la lecture du carnet d'un capitaine, retrouvé et envoyé à sa femme bien après la guerre : là encore les images sont sobres, froides, impitoyables mais une fois encore sans que ne se dégage une quelconque rancœur vengeresse.
La scène finale (l'exécution de la dizaine du général et de la dizaine d'officiers depuis le début du film) est traitée de manière profondément humaine et émouvante. D'une beauté sobre, froide et très profonde : les Russes font sortir les officiers un à un d'un camion cellulaire (celui des dix personnes que l'on suit depuis le début du film), leur attachent les mains dans le dos et leur passent une corde autour du cou pour les maintenir, puis leur collent une balle dans la nuque devant la fosse commune. Les officiers polonais entendent ce qui se passe en dehors du camion et n'ont le temps, chacun à leur tour, que de réciter une phrase du "Notre Père" avant de recevoir leur balle. Le suivant reprend la prière ou celui d'avant l'a laissé et le Pater n'est achevé que par le dernier exécuté, laissant flotter une certaine Espérance sur les fosses communes dans lesquels ils sont tou tombés, avant qu'un bulldozzer ne les ensevelisse.
C'est in fine un très beau film, dans la lignée de l'œuvre de Wajda, un hommage plus qu'un réquisitoire. Il n'existe qu'en version (polono-russe) sous titrée en français puisqu'il malheureusement pas été distribué en France au cinéma, on se demande bien pourquoi...