Un petit paragraphe (épilogue) dans le VV n°82 :
Epilogue : La prise de Cadix par les Français, le 30 septembre… 1823
Par un savoureux retournement de l’histoire, Ferdinand VII, roi tant désiré et pour lequel les Espagnols se sont tant battus entre 1808 et 1814, a tôt fait de lasser ses sujets. Son absolutisme étouffant provoque une série de soulèvements populaires à partir de 1820. Le roi est obligé d’accepter des ministres libéraux et de leur abandonner presque tous ses pouvoirs. Se considérant comme prisonnier de l’Assemblée (les Cortès), dans son palais d’Aranjuez, le souverain fait appel aux puissances étrangères pour le rétablir dans ses prérogatives. Au nom des principes légitimistes du Congrès de Vienne, la France de Louis XVIII répond à l’appel de Ferdinand. L’armée passe les Pyrénées à partir de 7 avril. Elle compte environ 95.000 hommes et on trouve parmi ses chefs de nombreux anciens de l’Empire : les maréchaux Oudinot et Moncey ou les généraux Molitor et Bordesoulle par exemple. Les Français traversent facilement le pays et attaquent Cadix, où se sont finalement réfugiés les Cortès. Le fort du Trocadéro est enlevé le 31 août et la ville capitule le 30 septembre. Les Libéraux sont contraints de négocier avec Ferdinand VII, qui ne respectera d’ailleurs ses engagements envers eux. Quoiqu’il en soit, la promenade militaire espagnole de l’armée française en 1823 ne peut que susciter l’étonnement. Chateaubriand, ravi par le succès militaire de Restauration se laisse aller à l’exaltation : « Enjamber d'un pas les Espagnes, réussir là où Bonaparte avait échoué, triompher sur ce même sol où les armes de l'homme fantastique avaient eu des revers, faire en six mois ce qu'il n'avait pu faire en sept ans, c'était un véritable prodige ! »(17). La vérité est bien entendu plus complexe. Cette fois, les Français ont vaincu car ils ont bénéficié du soutien d’une grande partie de la population espagnole : paysans, clergé, partisans du roi. Ils n’ont pas non plus été considérés comme des envahisseurs. Ils ont surtout agit avec l’accord de toute l’Europe, en jouant le rôle de bras militaire de la Sainte Alliance légitimiste scellée au Congrès de Vienne. D’action regardée comme « illégale » sous Napoléon, la marche en avant de l’armée française dans la péninsule Ibérique a cette fois l’agrément de ce que l’ont appellerait aujourd’hui la « communauté internationale ». Cela change tout, comme en témoigne la chute rapide de Cadix sous la Restauration, alors que la ville a si longtemps été assiégée et sans succès par Soult sous l’Empire.