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Les métamorphoses de la cité (Pierre Manent)

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Semper Victor

Semper Victor

Je commence aujourdh'ui :

Les métamorphoses de la cité (Pierre Manent) 41rlluuconlss500

Ancien assistant de Raymond Aron, directeur d'étude à l'EHESS, Pierre Manent est un grand spécialiste de Tocqueville (qui m'est cher).

Quatrième de couverture :
Le propos de ce livre est de présenter une interprétation de l'histoire de l'Occident, plus précisément une interprétation politique de cette révolution permanente qui a caractérisé l'Occident. Ma thèse est la suivante : la cité est la source première du développement occidental. Avant cette invention, les hommes vivaient selon l'ordre relativement immobile des familles, encore prégnant dans bien des régions du monde. Avec la cité, l'humanité s'engage dans ce nouvel élément qu'est le politique entendu comme gouvernement de la chose commune, et l'histoire de l'Occident devient alors celle de ses quatre grandes formes politiques: la cité donc, puis l'empire, l'Eglise et la nation. Cette succession n'est pas seulement chronologique, elle est aussi causale. Chaque nouvelle forme résulte de la précédente qui, parvenant au bout de ses possibilités, suscite la nouvelle. C'est ainsi que la cité, déployant ses énergies jusqu'à s'épuiser elle-même dans les luttes intestines et les guerres extérieures, donne naissance à l'empire occidental - celui d'Alexandre, puis celui de Rome. C'est ainsi que l'Eglise comme communauté universelle prend la suite de l'empire, incapable de préserver l'unité dont il portait la promesse. Pendant une grande partie de son histoire, l'Occident restera incertain de sa forme politique, hésitant entre la cité, l'empire et l'Eglise, jusqu'à ce que soit élaborée la forme politique qui permettra aux Européens de se gouverner enfin de manière rationnelle : la nation. Mais cette forme à son tour s'est détruite elle-même dans les guerres " hyperboliques" du XXe siècle, et nous sommes aujourd'hui à la recherche d'une nouvelle forme politique. Cette étude s'efforce de retracer l'histoire politique, mais aussi intellectuelle et religieuse, de l'Occident en la rattachant sans cesse au problème politique par excellence: comment nous gouverner nous-mêmes? Cette histoire raisonnée des formes politiques est donc aussi une recherche de philosophie politique.


Je vous tiendrai au courant au fil de la lecture de ces 450 pages... (à suivre)


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birhacheim

birhacheim

Excellent référence que Pierre Manent !
Je ne connais pas cet ouvrage ! Hop dans ma liste !
Wink

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Semper Victor

Semper Victor

Il est très récent (dépot légal novembre 2010).


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Semper Victor

Semper Victor

Je me suis plongé à fond ce matin dans le livre de Pierre Manent, au point d'en oublié de descendre à ma station de métro habituelle (sic). Le livre est intense, dense, mais clair, car très bien écrit. J'ai terminé la préface, écrite un 18 juin (2010), ce qui me fait dire qu'il y a derrière cette date un certain symbole.

Le propos est de tenter d'expliquer, en introduction à l'ouvrage, les formes du "projet de modernité" propre à l'Occident et qui le distingue des autres civilisations, toute aussi respectable, mais qui ne sont pas entrée dans le fil de l'histoire en suivant ces mêmes bases.

Pour Manent, le point de départ – un peu comme Hanson, mais sur un spectre différent et plus globale, celui de la politique – nous vient de la Grèce classique :

(Page 12) : La cité grecque fut la première forme de la vie humaine à produire de l'énergie politique, c'est-à-dire à déployer de l'énergie humaine d'une intensité et d'une qualité inédite. Elle fut finalement consumée par sa propre énergie dans la catastrophe de la Guerre du Péloponnèse.

Manent explique ensuite comment les évolutions de l'Occident n'ont pas fait s'éteindre le feu de cette quête de modernité.

(Page12) : La forme qui succéda à la cité ce fut l'Empire. L'empire occidental, à la différence de l'empire oriental, est une certaine continuation de la cité : la cité de Rome déploya des énergies si puissantes, qu'elle rompit toutes les limites qui circonscrivaient les cités, qu'elle s'adjoignit des populations toujours plus nombreuses et lointaines jusqu'à paraître sur le point de rassembler le genre humain tout entier. L'Empire occidental renonce à la liberté de la cité mais promet l'unité et la paix.

Une fois encore, l'échec relatif du mode impérial n'est que temporaire. (Page 12) : L'idée impériale va marquer l'Occident non seulement par le prestige durable de l'Empire romain, mais sous une forme absolument inédite, elle aussi propre à l'Europe, à savoir l'Eglise, l'Eglise catholique, c'est-à-dire universelle, qui entend réunir tous les hommes dans une communion nouvelle, plus étroite que la cité la plus close, plus étendue que l'Empire le plus vaste. de toutes les formes politiques de l'Occident, l'Eglise est la plus chargée de promesses puisqu'elle propose, je viens de le dire, une communauté qui est à la fois cité et empire, mais aussi la plus décevante parce qu'elle ne parvient jamais, loin s'en faut, à rendre effective cette association universelle dont elle a éveillé le désir.

Selon Manent, la "situation chrétienne" marquée par la concurrence des autorités, nécessite, d'un point de vue politique une réconciliation entre paroles et actes que Machiavel a perçue dans le Prince "Il y a un tel écart entre la façon dont on vit et celle dont on devrait vivre, que celui qui délaisse ce qui se fait pour ce qui devrait se faire apprend plutôt à se perdre qu'à se sauver"

La solution a été trouvée dans l'état neutre, agnostique et représentatif que nous connaissons. (Page 16) : Voilà donc comment a été résolu le problème des temps chrétiens, le problème de l'anarchie des autorités de la disjonction et de l'écart excessif entre les paroles et els actions. Il a été résolu par l'Etat souverain et le gouvernement représentatif de la société. C'est notre régime politique considéré dans son tout qui est la solution du problème : (…) le facteur décisif de la jonction, de la réconciliation entre els actions et els paroles, c'est la formation d'un parole commune par l'élaboration, le perfectionnement et la diffusion d'une langue nationale.

Pierre Manent termine sa préface sur des considérations plus contemporaines (Page 20 et 21) :
Le dispositif ou le processus qui s'impose de plus en plus en Europe est le suivant : des actions en conformité de principe avec une règle sans parole, des paroles sans rapport avec une action possible.

et

La seule chose que nous sachions c'est que ces actions sont nécessaires. Apparaissent nécessaires les actions qui ne sont accompagnées d'aucune paroles proprement politique, ou sur lesquelles les paroles politiques les plus solennelles, comme un référendum, n'ont aucune prise. Toute le monde sait bien qu'en Europe que la parole la plus solennelle que puisse formuler un peuple, à savoir un vote référendaire, est considérée d'avance comme une chose indifférente pour la classe politique européenne qui s'estime chargée d conduire le processus nécessaire de la construction européenne. la nécessité supposée du processus discrédite et invalide d'avance toute la parole politique.

Pour conclure (temporairement) en (Page 22) que : L'Europe a produit la modernité. Pendant une longue période elle en a été maîtresse et possédante, la mettant au service presque exclusif de sa puissance (…) L'Europe se trouve militairement politiquement et spirituellement désarmée dans un monde qu'elle a armé des instruments de la civilisation moderne. Elle sera bientôt incapable de se défendre. Elle est depuis longtemps incapable de se dire, puisqu'elle se confond, dans l'opinion commune européenne, avec l'humanité même en voie de pacification et d'unification. En renonçant à la forme politique qui lui était propre et dans laquelle elle avait essayé non sans succès de résoudre le problème européen. L'Europe s'est privée de l'association dans laquelle la vie européenne avait trouvé sons sens le plus riche, diffracté en une pluralité de langues nationales qui rivalisent de force et de grâce.

Il me reste 400 pages à lire, si je suis toujours aussi long dans mon compte-rendu, cela promet…
Wink



Dernière édition par Semper Victor le Lun 11 Avr 2011 - 15:58, édité 1 fois


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Semper Victor

Semper Victor

En me relisant, je ne voudrai pas laisser penser que Manent à une vision "bloquée" du futur.

Il précise bien que "Tous les efforts conservateurs n'ont réussi qu'à ralentir le mouvement (...) et que les entreprise proprement réactionnaires se sont soldées en général par une accélération du mouvement".

Ses critiques portent donc sur un projet de modernité3 à l'occidentale qu'il considère néanmoins comme toujours bien vivant.


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Vieux Chat

Vieux Chat

En tout cas c'est passionnant.
Je suis curieux de connaitre ton avis sur la suite.

Semper Victor

Semper Victor

J'ai entammé le premier chapitre intitulé "Quelle science pour la cité ?" qui analyse les formes anciennes et modernes de la science politique, au travers d'auteurs antiques, de philosophe du XVI et XVII et via Montesquieu.


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Semper Victor

Semper Victor

J'aborde le chapitre 2 : Naissance poétique de la cité.

Manent montre d'abord le rôle éminent d'Homère et Hésiode dans la construction théologique de la Grèce. C'est dans leurs poèmes qu'apparaissent les premiers récits sur la filiation et les liens entre les Dieux et leurs relations avec les héros et les hommes.

Il s'attache ensuite surtout à l'Iliade, reprenant Simone Weil pour affirmer : "L'Iliade est le poème de la force.". Il montre aussi que c'est celui de l'équité : Homère bien que Grec traite avec autant de "sympathie" Achéens et Troyens, mettant même en avant l'humanité attachante de ces derniers (notamment grâce aux femmes troyennes qui peuplent le poème).

Le point central provient de la description du camp des Grecs, véritable ville, avec ses princes et ses héros, entouré d'une vraie muraille protectrice. (Page 56) : Cette réunion de la fleur des royaumes achéens, cette extraction de leur quintessence, produite par les circonstances, ne constitue pas une cité à proprement parlé, mais on peut y reconnaître une république héroïque ou aristocratique, cette république de la persuasion querelleuse qui est l'invention de la Grèce et dont la démocratie étendra et déploiera les vertus. En somme, le camp des Achéens, cette cité "en paroles" dont Homère est le fondateur, fut la mère commune des cités grecques "réelles".

Pour ajouter ensuite, (Page 57) : On dira que la poésie d'Homère décrit la cité avant la cité, tandis que l'histoire de Thucydide décrit sinon la cité après la cité, du moins la cité en voie d'autodestruction.

Match



Dernière édition par Semper Victor le Mar 5 Avr 2011 - 22:33, édité 1 fois


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Vieux Chat

Vieux Chat

Bon.
Il me faut ce livre.

Semper Victor

Semper Victor

Il est édité par Flammarion Idea


Dans les pages suivantes, Manent poursuit sues développement que je ne peux tous résumer, sur la genèse de la cité. Pour en revenir ensuite à l'Iliade et au personnage singulier et capital d'Ulysse

(page 78) : Ulysse "que sa pensée égale à Zeus – Dii mètin atalanton". Parmi les héros de l'Iliade, Ulysse le seul reçoit ce qualificatif qui le distingue de tous les autres, Achéen comme Troyens. Il n'y a pas d'Ulysse parmi les Troyens (ce point est bien sûr décisif pour confirmer la supériorité de civilisation des Grecs : Ulysse représentent une possibilité humaine qui n'est encore venue au jour que chez les Grecs).

Pour conclure le chapitre sur :

(page 81) : Ainsi nous le voyons, l'Iliade qui, avec Achille et Agamemnon, contient la source et le modèle de toute la tragédie ultérieure, avec Ulysse le prototype du sage et pour ainsi dire la première version de Socrate, contient aussi avec Thersite les semences vivantes de la comédie. Homère fut bien en tous les sens l'éducateur de la Grèce.


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Semper Victor

Semper Victor

J'ai avancé moins vite hier étant rentré à pied et non en métro.

J'ai néanmoins commencé le chapitre sur "L'opération civique" dans lequel l'auteur s'attache aux phénomènes de transition vers la cité - non plus dans l'état de guerre comme dans Homère - mais au niveau des structures familiales. Le père comme roi etc.


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Vieux Chat

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J'ai craqué, je l'ai acheté. J'ai aussi pris "les guerres préhistoriques" car une question posée par un de mes élèves de CM2 me taraudait : "Mais maître, qui est-ce qui a inventé la guerre ?"

Semper Victor

Semper Victor

J'ai entendu parler en bien également de ce second ouvrage. Bon il faut que je lise vite, tu vas me rattraper Wink


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Semper Victor

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Le Manent est vraiment très bon, j'ai encore oublié de descendre du métro ce matin (sic) What a Face


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Semper Victor

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Le chapitre suivant s’intitule « Rome et les Grecs » et porte sur le passage de la cité à l’Empire.

Partons de la définition :
(Page 131) : « la cité est le cadre étroit d’une vie agitée dans la liberté, l’empire le domaine immense d’une vie pacifique sous un maire ».

Manent s’attarde ensuite sur les différences entre Athènes et Rome pour traiter ce sujet

(Page 135) : « En langage moderne, nous dirions que le principe du mouvement, à Athènes comme à Rome, était la lutte des classes, ou la guerre des classes. Mais cette guerre revêtit des formes très différentes dans les deux cas. »

puis :

(Page 141) : « Tandis qu’à Athènes, la montée en puissance du peuple fût conduite par une brillante succession de chefs du peuple d’origine généralement aristocratique, à Rome elle fut contrôlée – c’est-à-dire à la fois utilisée, détournée et entravée – par un corps aristocratique auquel rien ne ressemblait à Athènes, à savoir le Sénat ».

Manent pointe aussi le rôle singulier et spécifique de César dans cette mutation, avec l’invention, c’en est une, du « césarisme ».

(Page 144) : « Normalement, selon l’ordre usuel des choses, la république succède à la royauté ; ce fut le cas en Grèce et à Rome ; ce fut aussi le cas dans la plupart des pays d’Europe, à commencer par la France. Eh bien, le césarisme, en France comme à Rome – mais la Grèce ignore ce phénomène – c’est cette monarchie qui succède à une république qui avait succédé à une royauté. Une nouvelle séquence historique est ajoutée, absente de l’expérience grecque ».

Brillant et limpide…
Hoplite


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Semper Victor

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Les pages suivantes parlent de la place atypique de la royauté en Grèce.


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Semper Victor

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Dans le chapitre sur "Rome et les Grecs" :

(Page 173) : "Tandis que l'idée d'autochtonie implique que la cité d'Athènes était pour ainsi dire toujours déjà là, les relations, légendaires ou historiques de sorigines de Rome soulignent qu'elle est née pour ainsi dire de rien : ceux qui vont composer Rome sont des hommes de rien, ce sont, disons-nous, des exclus. Cette cité a été fondé par des sans-cité. Tite-Live souligne que, dans son enceinte encore vide, se refugia "une foule de toute sorte, mélenge indistinct d'hommes libres et d'esclaves, tous en quête de nouveauté". Cette foule mélangée en quête de nouveauté (avida novarum rerum) contenait en puissance une extension et un avenir sans limites."

On pourrait pratiquement appliqué le même raisonnement à la fondation des Etats-Unis.

Pour ceux qui ne connaissent pas le Grec : le sens littéral "d'autochtone" est "né de la terre". P. Brun en parlait déjà dans son livre sur Marathon pour noter l'attachement sacré des athéniens à leur terre.


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Semper Victor

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Gros chapitre, très pointu et complexe sur Cicéron. Ensuite chapitre sur l'histoire primitive de Rome.

L'analyse de du temps des rois est très percutante.


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Semper Victor

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Après la deuxième partie "L'enigme de Rome", centré sur César et Cicéron, me voilà entré dans la 3e "L'Empire, l'Eglise, la Nation"... J'en reste au titre pour l'instant.


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Semper Victor

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Dans le chapitre "La critique du paganisme", l'auteur s'attache à traiter de la séparation - ou non - du politique et du religieux.

Pour Manent, un des problème, pour comprendre notre histoire politique vient du fait que la séparation politique/religieux apparaît chez nous aujourd'hui comme un acquis intangible et raisonné (un "progrès") et il constate donc que "Le principe de séparation déploie ainsi sa force ; il se redouble entre "nous" qui savons et "eux" qui confondent - je dis en passant : ainsi que le soulignait Péguy, les principes de la raison analytique moderne nous séparent de "toutes les humanités passées", et, ajouterai-je, de toutes les humanités extérieures à l'Occident. Ce sentiment de supériorité dans lequel nous installe le redoublement de la séparation que je viens de mentionner, ne nous invite évidemment pas à étudier avec beaucoup de soin la situation, le régime, marqués par une telle "confusion". "(Page 287)


La suite du chapitre analyse Saint Augustin et sa "Cité de Dieux" en la remettant dans le contexte de son écriture (le sac de Rome par Alaric en 410).


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Sir_Lancelot

Sir_Lancelot

J'ai lu récemment la "Cité Antique" de Fustel de Coulanges, c'est un des fils du bouquins. La Cité Antique et son système d'administration (les prêtres rois notamment) sont nés et sont donc indissociables de la religion. Même si Rome a grossi grâce à la Plèbe qui n'avait pas de droit de cité ailleurs, la symbolique de l'exécution de Remus par Romulus qui avait osé franchir la ligne sacrée en dit long sur le caractère sacré du territoire de la Cité.

Les hommes antiques étaient donc différents de nous et la séparation politique religieux leur était inconnue, d'où le recul qu'il faut prendre quand on se réfère à leurs actions et institutions.

Comme la Cité Antique est un "vieux" bouquin et n'étant pas un spécialiste de ces sujets (mais qui l'est vraiment sauf à en faire son métier jocolor ), le livre de Manent permet il de mettre à jour justement ce premier travail de Fustel De Coulanges? En parle t'il d'ailleurs?

Semper Victor

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C'est bien ça qui est paradoxal, contrairement aux idées souvent véhiculées, dans la cité antique, le religieux et le politique sont bien plus indisociables que dans le Très Chrétien royaume de France.

L'apparition d'une possible "cité de Dieu" chère à Saint Augustin laisse à la cité terrestre un plus grande singularité politique.


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Semper Victor

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Conclusion du chapitre :

"Là ou la religion païenne propose au grand nombre des spectacles et des mythes scandaleux, désavoués avec plu ou moins de franchise par les meilleurs du petit nombre qui s'efforcent de promouvoir un enseignement moins corrupteur, la religion chrétienne destine à tous et oublie partout le même enseignement libérateur. Tandis que ches les païens les mystères s'enveloppent de secret et sont destinés aux seuls initiés, les mystères chrétiens sont proposés publiquement et même ostensiblement à tous. Il n'y a pas, dans le christianisme, de "doctrine secrète". Augustin a alors sur les philosophes l'avantage de la "parrèsia", cette liberté ou franchise de parole de l'apôtre chrétien qui propose la même vérité salutaire à tous." (page 349)

Les conséquences politiques de ce constats sont ensuite abordé en détail dans le chapitre suivant, Les deux cités, qui s'appuie encore largement sur Saint Augustin et aussi Rousseau ou Hobbes.


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Semper Victor

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Livre terminé hier. Les deux dernier chapitre sont ardus et complexes.

Le fil conducteur est celui de la "nationalisation" de l'Eglise comme "médiateur" au sein la socité politique.

- nationalisation chrétienne pré-nationale d'abord avec la Réforme
- nationalisation et neutralisation, avec l'émergence des états nation après la révolution française

J'y reviendrai.

Sinon j'ai déjà commencé L'instinct de Conservation de Nathanaël Dupré La Tour (Félin poche), un petit opuscule de 140 pages qui donne justement un prolongement politique intéressant au propos de Manent (dont - entre autres - il se réclame). Comme c'est avant tout "politique", et non plus "historique", j'en parlerai sur mon Blogue Consimworldplutôt qu'ici (pour ceux que cela intéresserait).

Après j'attaque le Keegan sur la Sécession (là j'en parlerai sur l'Estafette).


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Vieux Chat

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J'ai enfin commencé (après avoir fini la revue histoire et stratégie).
Et l'introduction est plutôt démoralisante.

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