Res Militaris du colonel Goya: un livre à ne pas rater !

Semper Victor a écrit:Bir Hacheim, le texte de Goya dont tu parlais c'est le même que le chapitre "L'armée contre le terrorisme : Alger 1957" de Res Militaris ?

J'ai trouvé très intéressant le chapitre sur l'Irlande du Nord également.

Un peu à la bourre en ce moment, je vais comparer. J'ai lu celui sur Alger au Cameroun. Je n'avais pas l'autre avec moi. Je reviens vers toi là dessus... jeudi ! Promis !

J'ai bien avancé ce matin (métro et salle d'attente de consultation à l'hosto)

J'en suis arrivé au chapitre 25.

Je ne trouve rien à redire au livre qui est vraiment excellent. L'auteur de ne regarde jamais le nombril, il sait être bref et pondre des papiers lumineux qui ne font que 3 ou 4 pages (cela me conforte dans l'idée que certains articles histo court dans VV peuvent viser ce même créneau de brieveté).

Un chapite m'a particulièrement marqué ce matin : "Comment transformer une armée en deux semaines", centré sur août 1914 et qui s'étend ensuite aux évolutions de doctrine française pendant la Grande Guerre.
40% des généraux français ont été limogé pendant les 5 premiers de la guerre et, comme l'explique Goya (arguments et exemples à l'appui), en deux semaines, l'armée française a changé plus vite qu'à aucune autre période de son histoire.

On notera que cela est en totale contradiction avec les thèses (approximatives) développées dans l'article "Strategy for Dummies" de Battles #2 (notamment dans sa partie "Learn the wrong lessons"). Article que j'avais trouvé d'ailleurs à l'époque si mauvais...

Lumineux et concret. Droit au but.

A lire et à relire longtemps...

J'ai lu la partie, très brillante, sur les expériences françaises réussite de contre insurrection :

- la guerre du Rif (1921-1922), qu'il compare à l'Afghanistan

- la période de Lattre en Indochine

"Cette guerre du Rif est remarquable à plusieurs titres. En premier lieu la IIIe République n'a pas hésité, malgré les difficultés économiques considérables, le souvenir de l'hémorragie de la Grande Guerre (on est en 1921) et le développement d'un fort courant courant pacifiste et anticolonialiste, à envoyer 100 000 hommes combattre au Maroc et à accepter environ 4 000 morts." (page 163)

Il insiste sur l'acceptation du prix du sang et l'obligation d'engager des effectifs importants pour réussir dans ce type de conflit.

J'ai bien aimé sa hiérarchie sur les points déterminants qui sont dans l'ordre :
- le commandement
- le nombre
- la qualité des troupes

Avec nos obsessions technologiques, ont inverse trop souvent les deux derniers éléments.

Semper Victor a écrit:J'ai lu la partie, très brillante, sur les expériences françaises réussite de contre insurrection :

"Cette guerre du Rif est remarquable à plusieurs titres. En premier lieu la IIIe République n'a pas hésité, malgré les difficultés économiques considérables, le souvenir de l'hémorragie de la Grande Guerre (on est en 1921) et le développement d'un fort courant courant pacifiste et anticolonialiste, à envoyer 100 000 hommes combattre au Maroc et à accepter environ 4 000 morts." (page 163)

Il insiste sur l'acceptation du prix du sang et l'obligation d'engager des effectifs importants pour réussir dans ce type de conflit.

Le bon bouquin pour compléter cela:

http://www.amazon.fr/guerre-rif-Maroc-1921-1926/dp/2757813544/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=books&qid=1273769927&sr=1-1

Lu ce matin le chapitre sur les opérations (réussies) par les Anglais en Malaisie contre la guérilla communiste. Très instructif.

Les chapitres sur les "Incohérences" de la contre guérilla française en Algérie et sur la "glaciation" de l'armée américaine au Vietnam sont tous les deux très décapants !

D'une certaine manière, avec les "apéros Facebook", l'actualité donne raison à Goya, qui parle dans son livre de la dernière "surprise stratégique" à laquelle la France à du faire face pendant la crise des banlieues en 2005 : la capacité fabuleuse de "mobilisation spontanée assistée par sms ou msn"

il propose une solution de type "contre guerilla " ???!!!

Non c'est dans son chapitre sur les "surprises". Son point de vue c'est qu'il est impossible que les puissances occidentales n'ai pas à faire face à des "surprises" dans l'avenir et que c'est inévitable. Il illustre cela par quelques exemples dont pour la France celui de la "mobilisation par sms des bandes de banlieue qui a dépassé tout ce qui avait été imaginé.

Il suggère d'être conscient que l'on se fera forcément surprendre, c'est tout.

Comme ça, on sera moins surpris

Je suppose qu'il parle aussi de l'Irak. Si oui, est-il plutôt optimiste ou pessimiste?
Entre ceux qui disent que c'est un échec absolu et ceux qui parlent d'une amélioration relative mais réelle de la situation, notamment sur le plan de la violence, c'est parfois dur de se faire une opinion.

tyrkir a écrit:Comme ça, on sera moins surpris

Je suppose qu'il parle aussi de l'Irak. Si oui, est-il plutôt optimiste ou pessimiste?
Entre ceux qui disent que c'est un échec absolu et ceux qui parlent d'une amélioration relative mais réelle de la situation, notamment sur le plan de la violence, c'est parfois dur de se faire une opinion.

Je ne peux que conseiller un autre ouvrage de Michel Goya, celui là consacré à l'Irak.


http://www.bir-hacheim.com/irak-les-armees-du-chaos-de-michel-goya,2009,03,18

Il n'est pas optimiste sur l'Irak et encore moins sur l'Afghanistan. Cela ne l'empêche pas néanmoins de noter les progrès américain en Irak.

Il n'est pas optimiste sur l'Irak et encore moins sur l'Afghanistan. Cela ne l'empêche pas néanmoins de noter les progrès américain en Irak.

Les américains sont devenus incontournables, ils ne peuvent pas "gagner", mais rien ne peut aboutir sans eux.

Livre terminé aujourd'hui. Bon du début à la fin.

J'ai noté le remerciement appuyé à l'ami Laurent Henninger dans la page finale

Voilà la critique que je vais publier sur FB et AMAZON :

Avec Res Militaris, Michel Goya nous livre, au travers des notes très variées qu’il a adressées au général Georgelin (chef d’éta-major de l’armée), à des réflexions de haut vol sur les questions militaires du XXIe siècle. L’auteur s’appuie sur l’histoire ancienne – il fait par exemple référence au roi assyrien Téglathphalasar III (745 av. J.-C.) – comme sur des événements contemporains (guerre du Liban de 2006 ou contre guérilla en Afghanistan). Son propos est centré sur les problèmes spécifiques de la France face aux enjeux actuels, avec toujours une dimension historique en tête : « Au regard de cette expérience britannique (1815-1914), on voit bien que le "problème français" actuel relève surtout de la psychologie. Avec une économie ouverte et dépendante d'une multitude de flux, un environnement où la menace vitale avait disparu mais qui restait plein de défis, le Royaume-Uni de 1815 s'est lancé à l'assaut du monde. Dans la même situation, nous apparaissons bloqués par nos complexes et nos repentances jusqu'à envisager un repli sur notre sécurité intérieure en contradiction avec la défense d'intérêts propres que nous n'osons même plus évoquer » (page 20). Sans concessions et sans tabous vis à vis de notre pays, les analyses de Michel Goya savent également faire la place qu’il se doit aux dernières grandes réussites françaises dans le domaine de la guerre de contre-insurrection (Guerre du Rif, 1921-26 et expérience De Lattre en Indochine, 1950-52) et à leurs leçons. Son ouvrage, fruit d’un travail d’historien, est entièrement tourné vers l’avenir, et c’est ce qui fait tout son intérêt : « En étant accaparés par les réorganisations successives, nous sommes-nous préparés intellectuellement à des changements brutaux de forme de guerre ? En recherchant en permanence des économies à court terme, avons nous conservé le surplus de ressources nécessaires en cas d’adaptation rapide ? Sommes nous psychologiquement prêts à un retour de la violence à grande échelle ? Que reste-t-il de notre capital de compétences en matière de combat de haute intensité ? »(page 221). Res Militaris est en cela un livre à lire absolument.

Semper Victor a écrit:Voilà la critique que je vais publier sur FB et AMAZON

Heureuse décision que de te voir intensifier ta production sur Amazon.
ça crée pas mal de contacts et ça favorise les bons auteurs !
Rappelle moi quelques ouvrages que tu as commenté que je te retrouve facilement stp !

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Les deux derniers que j'ai commentés sont 428 et le Dictionnaire amoureux de de Gaulle Pseudo : Aristophane (FB)

J'ai 45 commentaires en ligne et deux en attente. Je commente aussi sur Visual Bookshelves sur facebook.

Aristophane, c'est ça. Je ne me souvenais plus !